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14 000 milliards de FCFA de total bilan pour les banques de la Cemac en 2019

Les établissements de crédits implantés au Cameroun et au Tchad sont les artificiers de cette performance en hausse de 4,3%.

Dans son rapport annuel 2019, la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (Beac) dresse une cartographie de la situation du système bancaire en 2019. De prime abord, l’on observe une hausse de 4,3% du total bilan, qui s’est consolidé à 14 093 milliards contre 13 476 milliards une année auparavant. Cette croissance est observée sur toutes les places bancaires à l’exception de la Guinée Equatoriale, où il a été enregistré une baisse de 10,3 %. Les banques du Cameroun et du Tchad sont celles qui ont affiché les plus fortes hausses, respectivement à hauteur de 564 milliards (soit 9,8 %) et 124 milliards (soit 11 %). Dans les détails, les dépôts collectés se sont élevés à 10 394 milliards (73,8 % du total de bilan) au 31 décembre 2019.

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Ils se sont accrus de 517 milliards, soit 5,2 % en variation annuelle. Cette hausse est imputable aux effets des paiements de la dette intérieure par certains pays et de la légère reprise économique observée dans la CEMAC. Elle a été observée au Cameroun (376 milliards, 6,1 %), au Tchad (172 milliards, 26 %), au Congo (76 milliards, 8,5 %), au Gabon (34 milliards, 1,6 %) et en République Centrafricaine (32 milliards, 17,4 %). Seule la Guinée Equatoriale enregistré une baisse significative (173 milliards, 13,7 %). Quant aux crédits bruts à la clientèle, ils sont ressortis à 8 442 milliards au 31 décembre 2019en baisse de -4,6 % par rapport à leur niveau à fin décembre 2018. Ce segment comprend les crédits aux administrations publiques, aux entreprises publiques, au secteur privé, aux non résident et au crédit-bail. La Beac explique ce repli par à la titrisation d’une créance en Guinée Equatoriale déclassée parmi les opérations de trésorerie et interbancaires, et d’autre part, à la prudence dans la distribution des crédits en raison du contexte macroéconomique peu favorable malgré la relance perceptible depuis quelques mois dans la région.

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Etablissements financiers

Le total agrégé des bilans des établissements financiers de la CEMAC s’est établi à 457 milliards au 31 décembre 2019, en régression de 1,8 % en glissement annuel. Cette régression est uniquement observée au Gabon. Notons tout de même que dans la sous-région, le système financier de la CEMAC comptait neuf établissements financiers. Ils sont répartis entre le Cameroun (sept) et le Gabon (deux). Ici, les dépôts collectés se sont élevés à 55 milliards, et les crédits à la clientèle sont ressortis à 305 milliards, en baisse de 2 milliards (soit -0,7 %).

Situation prudentielle

Autre critère à partir duquel la Beac analyse la situation du système bancaire, c’est l’évolution du niveau des fonds propres nets déterminés selon le règlement COBAC R-2016/03 et leur conformité aux normes prudentielles en vigueur. Selon la Beac, sur les 50 banques de la Cemac, 16 ont été en infraction par rapport aux dispositions relatives à la représentation du capital minimum, neuf banques ont enfreint la limite globale de l’octuple des fonds propres nets pour la somme des risques pondérés supérieurs à 15 % desdits fonds propres, dix-sept banques ne sont pas parvenues à financer au moins à hauteur de 50 % (seuil réglementaire) leurs emplois à plus de cinq ans de durée résiduelle par des ressources permanentes et cinq banques ont affiché un rapport de liquidité inférieur au minimum réglementaire de 100 % entres autres.

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Les créances en souffrance baissent de 4%

La frilosité des banques à octroyer plus de crédit tient aussi et surtout du niveau de risque très élevé en zone Cemac. D’après la Beac, le risque de crédit est demeuré l’un des principaux risques auxquels les banques de la Cemac ont été exposées malgré le renforcement du dispositif prudentiel de la Commission bancaire d’Afrique Centrale (Cobac) afférant au risque de crédit, à la classification et au provisionnement des créances. Au 31 décembre 2019 l’encours des créances en souffrance dans la sous-région s’est élevé à 1 783 milliards, en baisse de 73 milliards (-3,9 %) un an auparavant. Dans cette portion, les créances douteuses représentent la part la plus importante avec 60,3 % du total. Notons que les créances douteuses sont des créances de toute nature, même assorties de garantie, qui présentent un risque probable de non-recouvrement total ou partiel. Elles se sont établies à 1 075 milliards, contre 1 066 milliards au 31 décembre 2018 (+ 9,1 milliards (+ 0,9 %)).

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Cette évolution a été significative dans les banques du Congo, de l’ordre de 31,3 milliards (soit + 25,8 %), du Cameroun, de l’ordre de 35,5 milliards (soit +7,8 %) et de la Guinée Equatoriale, à hauteur de 10,1 milliards (soit +5,9 %). A l’inverse, les créances douteuses ont baissé de 33,1 milliards (soit -21,8 %) au Gabon, de 29,9 milliards (soit -21,4 %) au Tchad et de 4, 8 milliards (- 18 %) en République Centrafricaine.

Autre type de créance en souffrance qui détériore la qualité du portefeuille de crédits des banques de la Cemac, c’est les créances immobilisés. Au sens l’article 7 du règlement Cobac relatif à la classification, a la comptabilisation et au provisionnement des créances des établissements de crédits, « Les créances immobilisées sont des créances directes sur l’Etat ou garanties par ce dernier, les avances sur les marchés publics inscrits au budget de l’Etat et nantis et dont les paiements sont domiciliés de façon irrévocable dans les livres de l’établissement de crédit, et les avances sur les titres émis par l’Etat, échues depuis plus de 90 jours mais dont le remboursement final, sans être compromis, ne peut être effectué immédiatement par l’Etat ou le débiteur garanti». En 2019, cette catégorie de créances se sont inscrites en hausse, passant de 512 milliards à 521 milliards (+8 milliards, soit +1,6 %) en glissement annuel. Cette hausse a été constatée essentiellement auprès des banques de la Guinée Equatoriale dont les créances immobilisées ont progressé de 17 milliards, soit +5,8 % et du Congo de 19 milliards, soit +16,2 %. Toutefois, la croissance globale des créances immobilisées a été atténuée par les baisses observées au Cameroun, au Gabon et au Tchad respectivement de 81% à 5 milliards, de 81,8% à 20 milliards, et de 4,4% à 3 milliards. Quant aux banques centrafricaines, elles n’ont pas enregistré de créances immobilisées « Il y a lieu de relever la persistance de la tendance haussière des créances immobilisées sur les sept dernières années qui sont passées de 14 milliards à 520 milliards entre décembre 2012 et décembre 2019, en progression de 506 milliards » souligne la Beac.

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