Mois : janvier 2018

  • Protection sociale: santé pour tous, à condition que chacun paye

    L’on en sait un peu plus sur le projet de la Couverture Santé Universelle (CSU) que le gouvernement peaufine depuis 2015. Plus que jamais, le chef de l’Etat se dit déterminé à faire bénéficier aux populations des soins de santé de qualité et accessibles à tous. « C’est dans cette optique que j’ai donné au Gouvernement l’instruction de parachever les réflexions relatives à la mise en place progressive de la Couverture Santé Universelle», a-t-il annoncé dans son Message à la nation, le 31 décembre 2017. Ce faisant, le Cameroun se positionnera en droite ligne de l’agenda des Objectifs de Développement Durable définis en 2015 dont l’objectif 3, cible 8 invite les Etats-Parties à «Faire en sorte que chacun bénéficie d’une assurance-santé, comprenant une protection contre les risques financiers et donnant accès à des services de santé essentiels de qualité et à des médicaments et vaccins essentiels sûrs, efficaces, de qualité et d’un coût abordable.» On parle des soins de base et de 185 interventions et de 101 sous interventions.

    La CSU, devra satisfaire les divers domaines de la médecine interne, la chirurgie, la gynécologie obstétrique, la pédiatrie, la stomatologie, l’otorhinolaryngologie, la vaccination et divers services communautaires. Très beau tout cela mais comme souvent, c’est au niveau du financement que la machine risque d’être grippée. Quand on sait que les dépenses totales de santé sont évaluées à 728,1milliards de FCFA par an (soit 3400 FCFA/habitant), le paiement direct des ménages reste très élevé, autour de 70 % ; que la part du budget de l’Etat alloué à la fonction Santé oscille entre5,5 et 7% depuis 2011 ; enfin, seulement 6,46 % de la population camerounaise est couverte par un mécanisme de protection sociale en santé. La majorité ne fait partie d’aucun dispositif de protection du risque financier et continue de supporter les dépenses directes de santé à travers le paiement direct des soins. L’on comprend alors que le financement de la CSU est un vrai défi.

    D’après le groupe technique national intersectoriel, qui a préparé le projet de la CSU, il faut environ 1300 milliards de FCFA pour mettre en place la CSU. Le coût total est composé du coût technique, c’est à dire l’estimation du coût des interventions du panier de soins de soins de base et les coûts de gestion de l’architecture. Les coûts de gestions représentent environ 15% du coût total. Selon les règles de prévoyance sociale, ils incluent notamment les investissements (système d’information, infrastructures et équipements, équipements, système d’immatriculation…), les salaires du personnel, les autres dépenses de fonctionnement courantes, la communication, les frais de formation. La contribution des partenaires au développement est estimée à environ 50 milliards de FCFA. Au bout du compte, il reste un gap de financement de l’ordre de 985 milliards de FCFA dans le scénario le plus ambitieux de 100% de couverture.

    Bien plus, la finalisation du projet nécessite l’adoption d’une Loi sur la Couverture Santé Universelle; la création de la structure nationale gestion ; la détermination du palier de contribution des populations ; l’élaboration d’un dossier d’investissement pour la mise à niveau des infrastructures et du plateau technique des Centres de Santé Intégrés (CSI), Centres Médicaux d’Arrondissement (CMA), Hôpitaux de District (HD) ; le ciblage de personnes pauvres extrêmes et indigentes (exonérées de cotisation).

  • Partenariat : l’Etat cherche un partenaire pour exploiter l’autoroute Kribi-Lolabé

    Cette passation de contrat, selon le Mintp, permettra à terme de créer une structure de projet avec pour mission d’exploiter l’autoroute sur une période de concession de 30 ans. Ceci en vue de rétribuer à la fois le partenaire privé et rembourser l’emprunt (250 milliards de FCFA) contracté par l’Etat du Cameroun. La construction d’une autoroute de 38 km de 2 x 2 voies a été confiée à l’entreprise chinoise China Harbour Engineering Company. L’ouvrage part du village Mboro pour déboucher à Bibolo dans l’arrondissement de Kribi II, et de 4,5 km de voie de rétablissement qui la relie à la Nationale 7 Edéa-Kribi. Il sera ainsi construit trois diffuseurs et deux grands ponts. La mission de contrôle est dirigée par le groupement Study International/Egis. Le planning d’achèvement des travaux laisse entrevoir une réception provisoire de l’autoroute autour de juin 2018.

    Au cours des derniers mois, les terrassements, des travaux préparatoires, travaux de chaussée et de revêtement de chaussée, et de la réalisation des travaux des stations de péage… ont connu des avancées significatives sur l’itinéraire Kribi-Lolabé, long de 38,5 km, avec notamment un taux d’avancement global de 70% au mois de septembre 2017. Les travaux de réalisation des couches de chaussée entamés depuis plusieurs mois sur la section d’autoroute Kribi-Lolabé se poursuivent avec une intensification sur les vingt-deux (22) premiers kilomètres.

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    L’avancement de ces travaux de chaussée est estimé à 46%. Et en ce qui concerne les ouvrages d’art, l’échangeur du Port situé au point kilométrique 3+610 est lui aussi en bonne voie. Les appareils d’appui et le tablier sont en cours de mise en œuvre. Quant à l’échangeur situé au croisement avec la Nationale 17 (Ebolowa-Akom II-Kribi), les pieux, colonnes et chevêtres sont déjà exécutés. Les ponts de la Kienké et de la Lobé sont à présent circulables. Le taux d’avancement global des ouvrages d’art est estimé à 74,30%. Il est en outre à mettre à l’actif de l’avancement des travaux de construction de l’autoroute Kribi-Lolabé en cette fin d’année 2017, l’aménagement entamé des aires de péage, dont les travaux portent sur la première station de péage (Pk25+800) et le complexe associé (bâtiment d’exploitation, local technique, garage, gate house) et la station du point kilométrique 30.

    Le projet de construction de la section d’autoroute Kribi-Lolabé consiste en l’aménagement d’une infrastructure dont le profil en travers se présente comme suit : 2×3 voies soit 33.5 m, 2 voies directement mises en service, Terre-plein central de 10,5 m pour extension à 2×3 voies, Bande d’arrêt d’urgence de 3 m. La vitesse de référence est de 100 km/h, selon les codes et standards chinois, équivalent à 110Km/h des standards européens. Le schéma d’aménagement de cette infrastructure prévoit entres autres la construction de trois (03) diffuseurs aux points kilométriques du 3+610 (niveau du Port en eau profonde de Kribi) ; 29+780 (niveau de la nationale N17) et 38+500 (niveau Pk fin de l’autoroute) ; la construction de deux grands ponts sur la Kienké (100 m) et sur la Lobé (140 m).

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    Les études d’Avant-Projet Détaillé du projet se sont achevées en décembre 2015 et portaient sur la chaussée, le drainage, les ponts et passages supérieurs, les équipements de sécurité, les équipements d’exploitation, la géotechnique, et l’environnement de l’infrastructure. Les travaux se sont déjà déroulés en 26 mois sur les 36 mois prévus soit 72.22% de délai consommé, et le taux d’avancement évalué au 24 septembre 2017 est de 70 %.

    Autoroute Kribi-Lolabe : le projet en bref

    Itinéraire : Kribi-Lolabe (section 1 de l’autoroute Edéa-Kribi-Lolabe) Linéaire : 38, 5 km d’autoroute + 4,5 km de voie de rétablissement Description du projet : Construction d’une autoroute de 38, 5 km de 2 x 2 voies, partant du village Mboro pour déboucher à Bibolo dans l’arrondissement de Kribi II, et de 4,5 km de voie de rétablissement qui la relie à la Nationale 7 Edéa-Kribi. Construction de 03 diffuseurs, de 02 grands ponts. Coût de l’intervention : 250 milliards ; Délai de réalisation : 42 mois ; Niveau de réalisation : 70% au mois de septembre 2017. Réception provisoire : juin 2018 ; Entreprise: China Harbour Engineering Company; Mission de contrôle : Groupement Study International/Egis.

  • Affaire Vodafone : 9,5 milliards de f.CFA de dettes laissées par Afrimax

    Me Paul Jing, le liquidateur désigné du patrimoine d’Afrimax B.V vient de vendre des actifs Vodafone Cameroun d’un montant de 10.000.000 de f.CFA. Sa qualité de liquidateur est pourtant contestée par ceux qui craignent que l’avocat ne défende que les intérêts des dirigeants d’Afrimax. Le data center, d’une valeur de 12 milliards de f. CFA vient d’être scellé.

    La décision était tombée comme un coup de tonnerre. L’entreprise Vodafone décidait le 10 novembre 2017 de mettre la clé sous le paillasson. Cette société a cessé toute activité au Cameroun, 14 mois seulement après leur démarrage. Le communiqué donne les raisons de la volte-face: « après le retrait de sa licence par le ministère des postes et télécommunications et l’autorité de régulation des télécommunications et la longue suspension de ses services, l’entreprise Afrimax Cameroon a conclu à contrecœur qu’il n’était plus commercialement viable de reprendre ses activités au Cameroun. En conséquence, Afrimax Cameroon a cessé ses opérations avec effet immédiat».

    A l’origine, il est nécessaire de rappeler que c’est Northwave Sarl qui était détenteur de la licence d’exploitation. Dame Halimatou Hassana représentait les intérêts de l’entreprise en qualité d’associée-gérante. Les actions Northwave Sarl seront plus tard rachetées par Afrimax B.V, devenant ainsi l’actionnaire unique. Afrimax B.V décide par la suite d’exploiter le nom de marque Vodafone au Cameroun, pour la vente et la distribution des solutions et produits Internet.

    De sources crédibles, le non-respect des dispositions d’un accord complémentaire passé entre les dirigeants de Northwave Sarl et ceux d’Afrimax B.V sera à l’origine de la dégradation des rapports entre les deux parties. La même source renseigne sur des mouvements de fonds suspects entre les dirigeants d’Afrimax et des partenaires internationaux.

    Une plainte sera ainsi déposée par le Centre du Commerce Extérieur et des Relations Extérieures (Ccere), représentant légal de Dame Halimatou Hassana, associée-gérante de Northwave Sarl, contre Lars Stork, Antoine Pamboro et Wilfried Sama, des dirigeants d’Afrimax B.V. La plainte du Ccere portait sur des présumés faits de «blanchiment d’argent, financement du terrorisme, fraude sur la législation des changes, abus de confiance, escroquerie aggravée, faux en écritures privées et de commerce.

    Alors que les tribunaux sont en ébullition, Le 14 novembre 2017, Me Paul Jing du Cabinet Jing & partners, est désigné liquidateur des actifs de Vodafone par les représentants d’Afrimax B.V. Ce qui suscite la colère du Ccere, soutenu par un groupe d’ex-employés de Vodafone Cameroun. «Il appartient à la justice de prononcer la liquidation d’une entreprise. L’avocat d’Afrimax ne peut être également liquidateur de ses actifs», pense Ibrahim Zakari, le Directeur général du Ccere. Me Paul Jing confirme pourtant bel et bien sa qualité de liquidateur, car, dit l’avocat, «Afrimax étant actionnaire unique, la loi lui autorise de désigner son liquidateur selon la procédure de liquidation à l’amiable».

    Les ex-employés Vodafone et le Ccere s’inquiètent d’une possible liquidation profitable uniquement aux dirigeants d’Afrimax, au détriment des autres créanciers, Etat du Cameroun, ex-employés, divers prestataires etc…. A ce sujet, le liquidateur se veut encore rassurant: «la priorité pour nous c’est de payer nos ex-employés que nous considérons comme nos enfants. Nos émoluments passent même après leur règlement», justifie Me Paul Jing. L’avocat avoue avoir déjà liquidé des actifs Vodafone d’une valeur de 10.000.000 de f.CFA. Cette première cagnotte a permis de payer les droits de 14 ex-employés, rassure-t-il. Au total, ce sont 81 ex-employés Vodafone qui sont concernés par la procédure de liquidation (79 nationaux et 2 expatriés), tous signataires novembre 2017, d’un procès-verbal de conciliation totale liant l’entreprise en liquidation.

    L’ardoise débitrice totale laissée par Vodafone Cameroun s’élève à 9,5 milliards de f.CFA, dont 1,5 concernent les droits des ex-employés. «Le patrimoine de Vodafone peut largement couvrir ses dettes», selon Me Paul Jing. Sauf que, l’un des fleurons de cet actif, le data-center, d’une valeur de 12 milliards de f.CFA a été placé sous-scellés le 12 janvier 2018, par le Commissaire divisionnaire de police Oko Petis de la Direction des enquêtes économiques et financières, au moment où pendent plusieurs procédures judiciaires dans ce qui est désormais convenu d’appeler l’affaire Vodafone. «Une tentative de détournement du data center orchestrée par des personnes tapis dans l’ombre», s’insurge l’avocat, qui confirme au même moment, «être en pourparlers avancés avec des repreneurs du secteur des télécommunications camerounais», un repreneur britannique ayant jeté l’éponge au dernier moment. Me Paul Jing prévoit dès lors deux éventualités. Soit le repreneur achète les actifs, soit celui-ci rachète le patrimoine restant, en préservant les emplois les ex-employés. Un nouveau départ donc.

    Vodafone Cameroun c’était un investissement de près de 14 milliards de f.CFA, 1,8 milliards de f.CFA de droits de douanes versés, 2,1 milliards de f.CFA d’impôts contribués, 116 emplois directs et 1000 emplois indirects. Pour le Ccere, l’investissement d’Afrimax B.V au Cameroun relevait tout simplement de la « supercherie «.

  • Made in Cameroon : La pierre de Pouma menacée par les carreaux chinois

    La qualité de la pierre décorative de Pouma fait l’unanimité dans le monde entier. Sa solidité et sa couleur font la singularité de cette pierre. En 2015 par exemple, la ville éponyme a été appelée à la présenter au Salon Marmomacc (manifestation leader au niveau mondial pour l’industrie de la pierre et du marbre). Même si la notoriété de ce produit minier fait aujourd’hui la fierté et la réputation de sa ville, la pierre de Pouma souffre encore de sa non reconnaissance sur le marché local. En concurrence avec le marbre importé, la pierre de Pouma ne fait pas le poids côté prix. Vendue à pas moins de 5 000 FCFA le m2, elle a du mal à s’imposer face aux carreaux importés de Chine dont le  m2  coûte 2 000 FCFA . Soit une différence de 3 000 FCFA qui fait pencher le cœur des consommateurs camerounais vers les produits chinois. « Je ne vends plus la pierre de Pouma dans ma boutique, ça ne passe pas. Les clients préfèrent acheter les carreaux importés qui sont moins chers » déclare Martin N. commerçant de marbre au quartier Biyem-Assi « pour trouver la pierre de Pouma au ici à Yaoundé il faut aller dans les grands magasins ou à des endroits spécialisés mais ici dans les quartiers » a-t-il ajouté. Pour, André Bassog artisan à Pouma cette situation représente non seulement un problème pour l’économie Camerounaise en général mais également pour les petits artisans qui n’arrivent pas à vivre du fruit de leur travail. La valorisation de ce potentiel minier pourrait être d’un grand avantage pour le Cameroun. Pour cela, il convient d’industrialiser cette l’activité qui jusqu’ici se fait de façon rudimentaire avec de matériaux archaïques. Ce qui pourrait permettre de rendre le produit concurrentiel sur le marché national et international. Encore que cette mesure nécessite des financements.

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    Aussi, la démarche de labélisation entamée par le gouvernement pourrait également présager une sortie de crise. En effet, en début d’année dernière, le Cameroun avait introduit 15 nouvelles propositions de labellisation à l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle parmi lesquelles la pierre de Pouma qui pourra bientôt inscrire son nom dans la liste des indications géographiques au côté du miel d’Oku et du poivre de Penja. De quoi donner une meilleure visibilité au produit, augmenter la demande et apporter un revenu consistant aux artisans. Toutefois, ces roches granitiques et granitoïdes constituent des ressources pour les populations de la localité qui en font un commerce. Malheureusement aucune recherche sérieuse n’a jamais été entreprise pour connaître la qualité et la couverture spatiale de ce gisement. Néanmoins, ce que l’on sait c’est que les pierres granitiques que l’on retrouve dans la zone de Sackbayeme 2 et Log Mbon (villages du département) ne sont pas encore exploitées.

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  • Port de kribi : Révélations sur les manigances de Necotrans

    C’est finalement ce 18 janvier 2018 que Louis Paul Motaze, le ministre de l’économie, du plan et de l’aménagement du territoire, président du Comité de pilotage et de suivi de la réalisation du Complexe industriel-portuaire de Kribi, a acté l’annulation de la procédure ayant conduit au recrutement du Groupement Necotrans/Kpmo, en vue de l’exploitation et la maintenance du terminal polyvalent du port en eau profonde de Kribi. Un jour seulement après le communiqué du Premier Ministre constatant «la défaillance» du groupement Necotrans/Kpmo. Tout part du 26 août 2015. Philémon Yang, le Premier Ministre annonce l’exploitation du terminal polyvalent de Kribi par le groupement Necotrans/Kpmo. Necotrans, ancien Getma, séduit le gouvernement camerounais pour «sa longue expérience dans la logistique et la maintenance portuaire». Quant à Kpmo (Kribi Port Multi-Operators), c’est un consortium de 9 entreprises camerounaises composé de Transimex, Apm, Sapem, 2M, 3 T Cameroun, Camtransit, Copem et Star & Gos, toutes spécialisées dans la maintenance et l’exploitation des terminaux. Mais les rapports entre les deux partenaires vont très vite virer à la méfiance. Kpmo crève l’abcès des divergences avec Necotrans.

    Diviser pour mieux régner

    D’abord sur le «statut juridique de la Kpmo». « Necotrans opère un revirement à 180° sur ce point capital en totale contradiction avec le processus ayant abouti à la décision d’adjudication matérialisée par le communiqué du Premier ministre officialisant le nom de l’exploitant du terminal polyvalent de Kribi «, disait Gabriel Manimben, le Directeur général d’APM.

    En clair, l’adjudicataire du Terminal polyvalent du port en eau profonde de Kribi (Tpk) est constitué d’un groupement à deux têtes et à deux personnes morales, Necotrans (51%) et Kpmo (49%). Ainsi, tous les actes et divers documents, notamment les procès-verbaux sanctionnant l’évolution des négociations entre le partenaire privé et le partenaire public, ont été signés par les représentants des deux parties et non par les 10 entreprises membres du groupement Necotrans/Kpmo. «Necotrans ne voulait plus traiter avec la personne morale Kpmo. Il souhaitait négocier directement avec les différents membres qui constituent ce groupement pour mieux les contrôler et disloquer leur force unitaire. Cette évolution stratégique hégémonique a été rejetée par Kpmo qui a pris conscience du danger qui planait sur leurs têtes «, constate Gabriel Manimben.

     

    Batailles pour le contrôle des postes

    Ensuite sur «la gouvernance rotative au sein de la société de projet Tpk». L’accord de groupement d’entreprises signé en 2013 entre Necotrans et Kpmo avait en effet jeté les bases d’une collaboration saine entre ces deux partenaires, seuls actionnaires de la société de projet Tpk. L’accord de groupement prévoyait expressément les modalités de gestion et de gouvernance rotative dans les principaux postes de direction de l’entreprise : à savoir ceux de Président du conseil d’administration, de Directeur général, Directeur général adjoint, Directeur administratif et financier, Contrôleur financier, Directeur de l’exploitation et Directeur technique. La rotation conformément à l’accord, devait s’effectuer tous les 5 ans. « Non seulement Necotrans manifestait des velléités de contrôle absolu des différents postes de direction, mais envisageait éliminer de l’organigramme les postes stratégiques destinés à la partie camerounaise, à savoir le Dga et le Contrôleur de gestion, puisqu’il s’était arrogé les postes de Dg et Daf», réagi de nouveau Kpmo.

    Contrat de concession exclusif

    Enfin, sur «le Pacte d’actionnaire». Dernier verrou vers la signature d’un contrat de concession, ce document a également empoisonné l’évolution du processus d’exploitation du port en eau profonde de Kribi. Kpmo y voyait, une fois de plus, un mauvais jeu de son partenaire: « l’objectif de Necotrans était d’imposer un pacte d’actionnaire à son avantage exclusif, lui permettant de contrôler totalement la société Tpk. Ce qui semblait inacceptable pour Kpmo car l’adjudicataire du terminal polyvalent du port de Kribi est le groupement Necotrans/Kpmo. Ses deux membres doivent être les deux actionnaires de la société Tpk avec des droits quasiment équivalents. Necotrans n’aurait pas probablement obtenu la concession sans la présence de Kpmo et sa dimension locale», s’insurge-t-on du côté de Kpmo. Le logisticien français aura donc usé de tous les subterfuges pour se tailler la part du lion de la concession, en non-conformité avec le contrat de partenariat signé avec son partenaire camerounais. Ces pratiques douteuses visaient certainement à remettre sur pied la filiale camerounaise de Necotrans qui battait de l’aile financièrement. Coup de théâtre, alors que la pression de l’État du Cameroun avait fait accélérer le processus d’exploitation du port en eau profonde de Kribi et de son terminal, juin 2017, Necotrans demande et obtient la liquidation judiciaire partielle de ses actifs en France et en Afrique dont le Cameroun. Le 25 août 2017, le tribunal de commerce de Paris rend son verdict. Une correspondance du 11 juillet 2017, du secrétaire général de la Présidence de la République au Premier ministre prescrit au gouvernement de «constater la carence du Groupement Necotrans/Kpmo». Mais aussi, de « proposer, par la suite, des solutions alternatives pour un démarrage rapide des activités sur le terminal polyvalent du port en eau profonde de Kribi «. Ce sera finalement R-logistic, une entreprise française spécialisée dans le secteur d’activité des auxiliaires des transports par eau, dans la logistique et la gestion des terminaux, qui succédera à Necotrans. Ses responsables, dont Fabrice Viguier, le directeur général ont d’ailleurs séjourné au Cameroun décembre 2017. Plusieurs défis en attente: rétablir la confiance entre les actionnaires de la société d’économie TPK, rouvrir les discussions avec ses futurs associés camerounais dont Kpmo, nommer un nouveau président du conseil d’administration etc….

    D’un coût de 207,270 milliards FCFA, le port en eau profonde de Kribi, dont l’inauguration est par ailleurs attendue depuis plus d’un an, a été réalisé par la China Harbour Engeneering Company (CHEC), sur la base d’un accord de prêt conclu entre le Cameroun et Eximbank of China, et dispose d’un tirant d’eau de 15 mètres et d’un accès direct à la mer prévu pour accueillir de grands navires transportant jusqu’à 8000 conteneurs.

    Après une première phase d’exploitation de 5 ans, et avec une activité estimée à 1,4 million de tonnes de fret annuel dès la 2ème année, une seconde phase de 15 ans prévoit la mise à disposition d’un quai adjacent de 350 mètres, mais aussi d’installations et équipements complémentaires pour une activité supérieure à 3 millions de tonnes annuels.

    Dans cette 2ème phase, les travaux de construction de terminaux aluminium, hydrocarbures, gaz naturel liquéfié ainsi que d’un appontement minéralier pour le fer de 24 mètres de tirant d’eau, seront financés par des opérateurs économiques et industriels et selon le schéma «Built Operate Transfer» (BOT).

  • Gouvernance : Pourquoi le FMI a rejeté le plan de restructuration de 5 banques en faillite

    Dans son rapport sur le Cameroun le 16 janvier, le Fonds monétaire international (FMI) révèle que, dans le cadre du programme économique triennal (2017-2019), le Cameroun a manqué un repère structurel. Notamment celui qui concerne la restructuration de cinq banques camerounaises, dont deux connues (Banque des PME, CBC), actuellement dans le rouge. « Le repère structurel d’août [2017], concernant le plan de résolution des banques en difficulté, n’a pas été respecté ; le plan reçu en septembre manquait d’éléments importants comme les projections financières et une bonne valorisation des portefeuilles de prêts improductifs », rapporte l’institution financière. Qui ajoute que par conséquent, les services du FMI et les autorités sont convenus qu’un plan révisé visant à minimiser les coûts budgétaires et à se conformer à la réglementation de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) serait élaboré en concertation avec les services du FMI (nouveau repère structurel). Les autorités camerounaises ont convenu que le plan de résolution des banques en difficulté doit être renforcé tout en limitant les coûts budgétaires. Dans l’attente d’une réponse de la Cobac, les services du FMI et les autorités camerounaises ont proposé de repousser ce repère structurel d’août 2017 à juin 2018, afin de renforcer les capacités de la Société de recouvrement des créances du Cameroun (SRC) à travers une assistance technique du FMI et d’ajouter à la stratégie une analyse approfondie de toutes les options qui pourraient être envisagées afin d’en minimiser les coûts budgétaires.

    La révélation sur les cinq banques camerounaises en faillite a été faite par Mitsuhiro Furusawa, le directeur général adjoint (DGA) du FMI en visite au Cameroun du 14 au 15 septembre 2017. « Cinq banques de petite taille et non importantes pour le système sont insolvables ; la plupart le sont depuis de nombreuses années », avait lâché Mitsuhiro Furusawa. Le DGA s’est bien gardé de citer nommément les noms de banques insolvables de peur de créer la panique. Il s’est juste contenter d’indiquer à l’adresse des autorités camerounaises : « Votre secteur bancaire s’est montré jusqu’à présent résilient face à la crise. Mais il existe des signes de tension. La liquidité diminue et les prêts improductifs sont en hausse ».Mitsuhiro Furusawa avait alors indiqué que, les autorités camerounaises ont commencé à chercher à remédier à la situation des banques insolvables et à réduire les prêts improductifs.

  • Crise du poisson : le plat le moins cher au Cameroun mis en difficulté par la crise de devises

    Les consommateurs sont aux abois, le poisson se fait de plus en plus rare dans les marchés. De toutes les variétés, c’est le maquereau, (consommé par 70% de la population camerounaise, selon le ministère du Commerce) très prisé dans la cuisine locale qui manque le plus. Le riz accompagné du maquereau dans sa sauce d’arachide est surement le plat le plus accessible et le plus consommé au Cameroun. Il faut noter que ce plat est mangé par les classes impécunieuses. Ainsi, la crise de ce poisson représente un problème alimentaire pour les ménages.

    Même si certains exportateurs à l’instar des responsables de Congelcam, leader du marché affirme que le pays ne fait pas face à une pénurie, en attendant, les prix eux sont à la hausse. Le carton qui, il y’a quelques temps coutait 25000 FCFA, va aujourd’hui chercher dans les 29 voire 30 000 FCFA. « Chaque jour quand je vais au marché je trouve de nouveau prix. Et il y’a personne pour nous expliquer pourquoi » s’exclame Mama Marie, braiseuse de poisson au quartier Mendong. « Nous les petits détaillants de poisson (sous toutes le formes) sommes obligés de surenchérir les prix pour trouver des bénéfices» a-t-elle ajoutée. Et, cette inflation se fait au détriment des consommateurs dont le portefeuille ne s’est pas amélioré.

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    La grande majorité de poisson consommé au Cameroun vient de l’extérieur. Selon les chiffres du Centre du Commerce international, Les importations de poisson et autres produits de mer représentent en moyenne 149 milliards de FCFA par an entre 2011 et 2016, soit 6% des exportations du pays en produits alimentaires. Ce qui classe ces produits en deuxième place des produits alimentaires importés derrière le riz. Cela explique alors la frénésie autour d’une potentielle crise de cette denrée.

    Pour les importateurs, c’est le circuit d’approvisionnement sur le marché mondial qui est en cause. Ces derniers déclarent avoir des difficultés pour payer leurs fournisseurs à cause du renchérissement des coûts de transfert de devises. En effet, les opérations commerciales en monnaies étrangères sont sous le contrôle de la Banque centrale. Celle-ci a entre autres pour rôle de rationner les devises. Ce qui peut parfois ralentir les paiements en devises étrangères et entrainer une crise de devises. Et, selon les estimations du FMI (Fonds Monétaire International), cette crise peut continuer jusqu’à 2021. D’ailleurs, l’analyste économique Dieudonné Essomba avait prédit que cette situation ferait en sorte que la Banque centrale n’aura plus assez de devises pour acheter et par conséquent les pays qui vivent des importations vont mourir de faim. Car, après le poisson aujourd’hui, d’autres denrées d’importations pourraient suivre. En ce qui concerne principalement le poisson, la solution serait de booster la production et à limiter les importations.

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  • High-tech : Silicon Mountain, le fleuron des startups du numérique

    Au pied du Mont Cameroun, la ville de Buea dans la région du Sud-Ouest vit une explosion technologique. Comme cette terre fertile a favorisée le développement de l’agriculture, elle en fait autant pour les startups aujourd’hui. Ainsi, Silicon Mountain est le nom qui a été choisi désigner cet écosystème technologique (cluster).

    Favorisé par la présence des universités telles que l’Université de Buea, l’Université catholique de Buea, l’Université Saint Monica et de nombreuses autres, la Silicon Mountain abrite une communauté croissante de développeurs, concepteurs, professionnels des affaires, à l’instar de la fameuse Silicon Valley américaine, la Silicon Mountain camerounaise est aujourd’hui réputée pour son nombre exponentiel de start-ups et sa facilitation dans la croissance et la mise en œuvre des technologies modernes.

    D’autre part, la Silicon Mountain représente un vrai potentiel économique pour le Cameroun. Ce sont des centaines d’emplois directs et indirects qui se créent chaque jour à travers pour des jeunes. Même si ces projets ne brassent pas encore des milliards de dollars à l’image du géant Facebook, il n’en demeure pas moins vrai que ces entreprises numériques soient des sources de revenus fiables.

    Certaines start-up sont devenues des références sur le plan africain et même mondial.

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    Njorku qui est aujourd’hui l’un des plus grands moteurs de recherche d’emplois en Afrique. Avec plus de 50 000 visiteurs chaque semaine, le site est accessible en français et en anglais, et permet de rechercher des emplois dans près d’une quinzaine de pays. Derrière cette plateforme se cache le brillant Churchill Mambe Nanje. A tous juste 30 ans, avec son équipe d’une dizaine de membres, il travaille 24 heures sur 24 pour faire évoluer son entreprise, qui vient de remporter le prix de l’entreprise la plus innovante du continent. Une reconnaissance qui lui permet de garder espoir.

    Skademy formée à partir des mots « Skills » (compétences) et « Academy » (académie) est une plateforme e-learning africaine. Fondée par Otto Akama, la startup Skademy aide les gens à se former sur différentes technologies avec l’appui de tuteurs privés et des institutions reconnues en Afrique.

    Viva, c’est une plateforme de divertissement pour les bus et les trains. Elle permet aux opérateurs des transports d’offrir à leurs clients des divertissements semblables à ceux disponibles en avion. C’est un réseau WIFI sécurisé et privé. Il existe également un réseau social pour les passagers. Le fondateur de la startup finaliste du Challenge Entrepreneuriat en 2016 est Mohamed Felata. Les utilisateurs accèdent au contenu VIVA avec leurs smartphones, tablettes ou dans des bus équipés d’écrans TV. Le système met ainsi fin à la monotonie des voyages routiers.

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    Feem, c’est le meilleur moyen de transférer des fichiers (photos, vidéos, et documents) entre téléphones, tablettes et ordinateurs en local. Autrement dit sans Internet, sans câbles. Dans un contexte où l’on n’a pas toujours les accessoires de son téléphone pour transférer des fichiers vers son ordinateur, ou encore des téléphones dotés de Bluetooth, le Camerounais Fritz Ekwoge a développé Feem. Originaire de la région du Sud-ouest, Fritz Ekwoge, qui est le fondateur de l’entreprise Feeperfect, il a eu l’idée de concevoir cette solution à cause du faible pouvoir d’achat qui empêche encore les détenteurs de téléphones portables de contracter une connexion Internet mobile. En téléchargement gratuit sur le site www.tryfeem.com, l’application Feem est en téléchargement payant sur l’Appstore d’Apple.

  • Politique budgétaire : le gouvernement en panne de solution pour relancer de la croissance

    Tic tac tic tac… les fournisseurs de l’Etat ont le chrono en main. Leurs complaintes sont parvenus jusqu’aux oreilles du chef de d’Etat qui s’en est fait l’écho lors de son Message à la nation, le 31 décembre 2017 : « Une attention particulière sera accordée à la situation des PME, notamment pour ce qui est du règlement prioritaire de la dette qui leur est due comme de l’amélioration de leur accès au crédit bancaire», a annoncé Paul Biya lors de son adresse. C’est que, les entreprises locales qui sont en affaires avec l’Etat sont au bord de l’asphyxie. Et pour cause, « la conjoncture internationale défavorable, en raison notamment, de la baisse persistante des cours des matières premières, a négativement impacté la croissance économique (…). Il en est en outre résulté des difficultés de trésorerie, dont les fournisseurs de l’Etat et particulièrement les Petites et Moyennes Entreprises, ont fortement pâti. » Cette annonce a eu un écho très favorable dans les milieux d’affaires. Dans un communiqué rendu public le 8 janvier 2018, le Conseil exécutif du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) se félicité de la prise en compte par le chef de l’Etat de cette doléance en faveur de la dette des Petites et Moyennes Entreprises et de leur accès au crédit. Ce satisfecit repose sur la conviction que « les PME sont appelées à jouer un rôle majeur croissant dans le tissu économique du Cameroun, au regard de leur potentiel de création des richesses et d’emplois», poursuit le communiqué. En effet, souligne le président du Gicam, Célestin Tawamba, « les PME représentent plus de 90% du tissu économique national camerounais. Elles contribuent à hauteur de 34% du PIB et comptent pour une proportion plus élevée au regard des effectifs employés. »

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    De fait, la loi des finances 2018 prévoit 1027 milliards de FCFA pour le paiement de la dette publique cette année, dont 670 milliards (+267,1milliards) pour la dette intérieure. Dans cette enveloppe, les PME espèrent bien être « prioritaires », murmure-t-on dans les couloirs de l’agence de promotion des PME à Yaoundé. Ici, l’on rappelle en 2017, le gouvernement n’a prévu de payer que 87 milliards de FCFA aux PME soit 10% de ce qui leurs est dû. Cette année, les regroupements des PME souhaitent que ce taux soit significativement revu à la hausse pour que les PME reçoivent au moins 250 milliards. Au 30 juin 2017, indique la Caisse autonome d’amortissement (CAA), l’organisme public en charge de la gestion de la dette de l’Etat, « l’encours de la dette intérieure s’élève à 1390 milliards de FCFA, dont 281 milliards de FCFA d’avances statutaires». Cette dette connait une « hausse une augmentation de 20,3% en glissement annuel. Cette hausse s’explique entre autres par les émissions de titres publics et la mobilisation des ressources dédiées à l’organisation de la CAN 2019 », précise La Note de conjoncture trimestrielle de la dette publique du Cameroun, publiée en août 2017. On peut donc dire que le gouvernement a décidé d’éponger la dette intérieure pour ne pas hypothéquer les chantiers de la CAN 2019.

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    Dans ces conditions, éponger la dette publique intérieure revêt un enjeu de consolidation du tissu économique puisque l’accumulation de la dette étatique est un frein au développement de ces entreprises et sape les efforts qu’elles déploient pour se sortir de la trappe de la vulnérabilité. D’ailleurs, les économistes sont unanimes que la dette publique intérieure est au mieux un frein à la croissance des entreprises et au pire une cause de faillite pour celles qui n’ont pas un matelas financier assez large. La question qui se pose est donc de savoir si le paiement de la dette intérieure due aux PME suffira à relancer une économie qui tourne au ralentie depuis 2014.

  • Politique économique : les enjeux de la baisse des dépenses en capital sur le secteur privé

    Le budget 2018 est donc sur les rails. Après le niveau central, le lancement au niveau des régions a eu lieu le 10 janvier dernier. L’analyse des différentes rubriques permet de noter une augmentation de l’enveloppe dédiée aux dépenses courantes à 2195 milliards de FCFA (+75,8 milliards de FCFA) et une baisse des dépenses en capital à 1291,5 milliards de FCFA (-295,39 milliards). En d’autres termes, pendant que l’on attend que l’Etat se mette à la diète, le gouvernement a décidé d’appliquer sa cure d’amaigrissement ailleurs que sur le train de vie de l’Etat. D’une manière générale, le budget d’investissement public est en chute libre. Les plus fortes baisses s’enregistrent dans les ministères des Travaux Publics (-136,141 milliards), le ministère de l’Eau et de l’Energie (-60,525 milliards), le ministère de l’Habitat et du développement urbain (-46,852 milliards), le ministère de la Santé publique (-44,119 milliards), le ministère de l’Agriculture et du développement rural (-34,684 milliards) et le ministère des Postes et Télécommunications (-6,242 milliards). Cette baisse des dépenses d’investissement affecte donc particulièrement les activités sociales et économiques.

    Ainsi, il semble plus facile d’agir (réduire) sur les dépenses d’investissement dans les infrastructures que sur le service de la dette ou sur le traitement des fonctionnaires comme en témoigne la contraction de l’investissement public durant la période d’ajustement structurel. Mais il faut craindre un « retour de balancier » puisque, soulignent les économistes, «la mauvaise dépense chasse la bonne», à savoir la dépense en capital qui permet à la fois de stimuler le potentiel de croissance et, par conséquent, d’améliorer les perspectives de financement des dépenses publiques à plus long terme. En effet, dans un article publié en 2007 dans la revue Afrique contemporaine, l’économiste togolais Kako Nubukpo rappelle que « les résultats obtenus par les théoriciens de la croissance endogène montrent l’impact généralement positif des dépenses publiques d’investissement, notamment dans les infrastructures de transport, de santé et d’éducation, sur la croissance économique. » Les amputations des dépenses d’investissement risquent de porter un coup dur au développement du pays pour autant qu’elles se concentrent sur des activités socio-économiques stratégiques.

    Pour l’année écoulée, le gouvernement reconnait plus de 414 milliards de dépenses non réalisées à fin septembre 2017. L’information est contenue dans une note de synthèse de l’exécution budgétaire au 3e trimestre 2017, publiée le 02 janvier 2018 par le ministère des Finances (Minfi). Le document indique que durant cette période, sur les 3170,2 milliards de FCFA de dépenses budgétaires prévues, seules 2755,9 milliards ont été exécutées, soit un taux d’exécution de 86,9%.Une fois de plus, ce sont les dépenses d’investissement pâtissent le plus. Elles représentent plus de la moitié du volume des dépenses non réalisées.

    Ainsi, faute de vouloir réduire le train de vie luxueux de l’administration, rationaliser le parc automobile de l’État et s’attaquer véritablement à la corruption endémique, le gouvernement est condamné à tailler dans les dépenses en capital physique et humain. Finalement, le gouvernement n’a pas résisté (sous la pression du FMI ?) à la tentation de renouer avec la politique des coupes claires dans les dépenses en capital menée dans le cadre du programme d’ajustement structurel. Mais une solution durable au marasme économique du Cameroun passe certainement par des réformes structurelles efficaces que le gouvernement hésite à mettre en œuvre : réforme de l’administration publique (baisse de la masse salariale, réforme de des pensions des fonctionnaires, etc.

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