Mois : janvier 2018

  • Accidents de Circulation : le secteur des assurances étonnamment muet sur le sujet

    Au cours d’une conférence de presse organisée le 7 septembre 2017 à Yaoundé, le ministre Issa Tchiroma Bakary en charge de la communication et porte-parole du gouvernement, s’est exprimé sur la récurrence des cas d’accidents de la route au Cameroun. « En termes d’accidents de circulation routière, alors que nous étions à environ 3088 cas pour l’année 2014, l’on dénombre déjà pour les huit premiers mois de l’année 2017, c’est-à-dire jusqu’à la fin du mois d’août, 4190 accidents dont 179 mortels, 784 corporels et 3227 matériels », a déclaré le ministre. Le mois d’août 2017 aura été particulièrement mortel avec un total de 626 accidents toutes catégories confondues, dont 34 mortels, 79 corporels et 513 matériels. Au-delà du débat sur les causes et les responsabilités, le responsable du gouvernement a apporté une précision de taille. Il a notamment parlé des causes matérielles. « Elles sont directement liées à l’état technique des véhicules majoritairement caractérisé par l’usure des pneus, la défaillance des systèmes de freinage, la complaisance coupable des agents chargés d’assurer la visite technique des véhicules.», a relevé le Mincom. Enfin, il a cité les causes infrastructurelles. « Elles concernent d’une manière générale le mauvais état des routes avec la fréquence de nids de poules, les défaillances dues à l’envahissement des accotements par la broussaille et donc, le défaut de cartonnage des abords de chaussée… » En clair, il a mis en avant de manière indirecte, les processus d’évaluation de risque par les assureurs, et leurs stratégies de contractualisation des contrat d’assurance automobile, le plus répandu sur le marché. A quelques exceptions près, on ne retrouve pas beaucoup de production des assureurs sur le phénomène des accidents de circulation au Cameroun. Pourtant la survenance de ce sinistre de manière répétitive, devrait impacter sur leurs résultats. L’assurance est généralement définie comme une opération par laquelle une partie, l’assuré, se fait promettre moyennant paiement de la prime sa substitution par l’assureur en cas de réalisation du risque assuré. Il faut noter qu’il existe plusieurs branches d’assurances : les assurances de personnes, les assurances de dommages non maritimes, les assurances IARD pour ne citer que ces cas. En assurance automobile, la loi l’a rendu obligatoire pour protéger les citoyens contre les dérives de certains conducteurs, parfois préposés des assurés, qui ne peuvent pas par eux-mêmes assumer les conséquences de leurs actes. En d’autre terme, une hausse des accidents de la circulation devrait inquiéter les assureurs, car cela signifierait aussi une augmentation des réparations des sinistres, toute chose qui pèse sur la rentabilité.

    La question a été posée à certains acteurs du secteur, et la vérité c’est que les sociétés d’assurance opérant au Cameroun sont dans plusieurs dilemme, qui prend la forme de retard dans la réception des informations, un prix des primes homologué et négocié qui est désavantageux et le comportement irresponsable de certains assurés ou encore passager.

     

    Asymétrie de responsabilité entre acteurs

    La réparation d’un dommage, débute normalement selon des experts en assurance, avec la réception de du procès-verbal de police et le rapport d’accident. De sources proches du secteur, ce rapport met parfois des mois pour être transmis et tant que ce rapport n’est pas reçu, l’assureur ne peut déclencher le processus de réparation du dommage. Le processus lui-même ne va pas de soi. La compagnie d’assurance doit mener sa propre enquête, afin de savoir si aucune faute n’a été commise par l’assuré. Ces fautes comportent des éléments comme la surcharge. Généralement, l’assurance automobile couvre un nombre de place bien précis et une surcharge sur des places virtuelles, entraîne la déchéance de l’assuré et des passagers qu’il transporte. Dans la pratique, des passagers peu éduqués, acceptent volontiers de se faire surcharger et critiquent même ceux qui refusent cela. Or Dans le cas ou survient un accident, ceux-ci sont déchus de tout remboursement. L’hypothèse est que les assureurs qui connaissent mieux les contours d’un contrat d’assurance, ne s’attardent pas souvent sur ces risques d’éviction. Ainsi une police sera vendue, alors même qu’aucune visite technique n’a été faite sur le véhicule. Lorsque survient l’accident, l’assuré est informé des fautes et manquement commis et n’obtient pas de gain de cause.

     

    Une Dynamique des prix qui n’est pas favorable

    Mais on peut bien comprendre cette attitude du secteur des assurances dans une certaine mesure. L’activité vie de ce qu’un maximum de prime est perçu contre un minimum de sinistres réglés. Dans le cas du Cameroun, ce dilemme est encore plus fort en raison de primes d’assurance jugées faibles. « Le coût provisoire de réparation d’augmentation fortement probable, est de 6,407 milliards de FCFA. Les résultats sont en moyenne, en valeur relative, de 85%. Ce qui signifie que sur 100F de prime perçue, l’assureur doit dépenser 85 F pour payer les sinistres ; lorsqu’on diminue la prime de 15F au titre des frais d’acquisition, 5F au titre de la réassurance et 5F pour différents autres frais, le résultat est lourdement déficitaire pour l’ensemble, il est de 113% au minimum, et l’assureur professionnel doit à défaut de revoir son tarif à la hausse, appliquer les minimas résultant des grilles officielles », explique l’association des assureurs camerounais dans son dernier magazine.

  • Quand la baisse du budget de la Santé remet en cause le projet de couverture santé universelle

    Les dépenses de santé sont l’une des principales causes de pauvreté dans les ménages au Cameroun. Fort de ce constat, le gouvernement par le biais du ministre de la Santé publique, André Mama veut mettre en place la couverture santé universelle(CSU). Une offre qui sera effective à la fin de l’année 2019. Pour le Minsanté, Cette mesure va permettre de réduire les inégalités d’accès aux soins de santé dans les ménages. La couverture santé universelle englobe d’une part l’organisation et le financement de la demande de santé et d’autre part l’organisation et le financement de l’offre des soins. Ce qui permettra de veiller sur la mise en œuvre de la réforme hospitalière telle que conçue en 2003, notamment dans ses volets consacrés à l’amélioration de la qualité de l’accueil et de la prise en charge dans les hôpitaux, à une meilleure disponibilité des médicaments, à la proximité des centres de santé et à la formation continue du personnel médical. Au-delà du fait qu’elle va permette d’améliorer les conditions de vie des ménages, la couverture santé universelle ne fait pas l’unanimité, surtout en ce qui concerne son financement. En effet, depuis deux ans déjà, l’enveloppe budgétaire allouée au Minsante est en baisse. De 236 milliards de FCFA en 2016, le budget du Minsanté est descendu à 208 milliards en 2017 pour se situer en 2018 à 174 milliards pour 90 milliards réservés à l’investissement. Une baisse qui appelle à se demander comment sera financé ce projet de la couverture santé universelle.

    Selon les déclarations du ministre de la Santé publique, le Cameroun aura besoin de 1.300 milliards de francs CFA pour mettre en place son système de CSU. Pour mobiliser cette enveloppe, en plus de ses fonds propres le Cameroun devra compter sur ses partenaires institutionnels et financiers. Une chose est certaine, toute la population camerounaise sera mise à contribution.

    Outre le financement, l’effectivité de cette réforme santé implique la qualité et la quantité des spécialistes de santé et également une efficience de la recherche scientifique dans le domaine. A cet effet, on pourrait dire que la récente création de la Faculté de médecine de Garoua qui pour sa première année va former 85 étudiants, d’après l’appel à candidature lancé par le ministre de l’Enseignement supérieur. En outre, les responsables du Minsanté ont assuré que le paquet de soins de base qui devrait être mis en place pour le lancement de la couverture santé universelle, contient un total de 182 spécialités dans les domaines de la cardiologie, la pneumologie, l‘hépato-gastroentérologie, la néphrologie, la neurologie, la rhumatologie, l’endocrinologie, les maladies infectieuses, la psychiatrie, l’oncologie, l’hématologie, la dermatologie, la néonatologie, la cardiologie et la pneumologie pédiatrique, les accidents domestiques et les sévices ainsi que la santé de l’adolescent. Qui sont les spécialités choisies pour le lancement du projet.

    La recherche scientifique en matière de santé quant à elle souffre cruellement d’un manque de financement. Par ailleurs, huit hôpitaux de référence seront construits dans les autres régions afin de remédier aux évacuations sanitaires.

    Couverture santé universelle ou assurance santé universelle ?

    La question de la gestion des soins de santé au Cameroun a tout de suite mis en confrontation les spécialistes de la santé et le gouvernement. Si les premiers préconisent le système d’assurance santé universelle, le gouvernement lui penche pour la couverture santé universelle. Dans son fonctionnement, le système d’assurance maladie universelle, selon le Syndicat des médecins du Cameroun (Symec), repose sur la mise en place d’une structure nationale unique de gestion technique et financière de la couverture de santé. Pour y avoir accès, chaque citoyen camerounais devra disposer d’une carte de couverture en santé avec un numéro d’identifiant unique. Il pourra recevoir des soins et services sur toute l’étendue du territoire. Ceci passe par l’immatriculation biométrique de tous. L’enregistrement s’effectuera via des points d’enrôlement.

    Pour ce qui est des contributions financières, elles seront prélevées automatiquement sur la pension par les services compétents des finances et du trésor public pour les agents de l’Etat à la retraite. Tandis que pour ceux du secteur privé à la retraite, les prélèvements se feront sur la pension par la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps). Dans le cas des travailleurs des secteurs informel et agricole, il sera question de majorer les taxes ou impôts du montant de la cotisation à l’assurance-maladie. Pour ce qui est des personnes pauvres et vulnérables, leur affiliation sera effectuée par les collectivités territoriales décentralisées, sur la base d’une méthodologie et des critères définis au niveau national. Tout compte fait, les simulations du Symec donneraient un minimum de 300 milliards de FCFA à la caisse d’assurance maladie. 543.25 Milliards de FCFA soit plus de 2/3 des dépenses de santé des Camerounais collectées sur les produits brassicoles, les passagers dans les ports et aéroports et sur le secteur de la téléphonie mobile.

    Le gouvernement cherche tout de suite à poser la différence. « La CSU englobe d’une part l’organisation et le financement de la demande de santé et d’autre part l’organisation et le financement de l’offre des soins » a tenu à préciser le Minsanté. Pour cela, le gouvernement cherche à appliquer des mécanismes de dépenses améliorés et plus appropriés pour la santé et la promotion de la sécurité financière des ménages.

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