Mois : avril 2018

  • Gestion de la solde: le gouvernement face au serpent de mer des agents fictifs

    Bien malin, celui que peut dire combien ils sont, ces agents publics, fonctionnaires à la retraite ou ayant droit qui émargent chaque mois au budget de l’Etat. Ni le ministre des Finances (Minfi) ni celui de la Fonction publique et de la réforme administrative (Minfopra) n’ont pu, à ce jour donner une réponse satisfaisante à cette question. Normal donc que le président de la République prescrive dans sa circulaire du 20 juin 2017, préparatoire au budget de l’Etat pour l’exercice 2018, une opération de « comptage physique » des personnels de l’Etat pour les actifs et de contrôle et de sécurisation des ayants-droits pour les pensionnés. Le temps a semblé passé et les petits malins qui siphonnent le Trésor public chaque mois sans contrepartie commençaient à jubiler. Erreur…

    Depuis quelques jours, il faut montrer patte blanche pour accéder à sa solde. C’est l’opération de comptage physique des personnels de l’Etat (Coppe). Sont concernés, les agents publics en activité ayant perçu au moins un salaire comme tel entre janvier et mars 2018. Tout agent de l’Etat qui veut toucher son pécule doit fournir des pièces justificatives  aux agents du Minfi et du Minfopra qu’il trouvera auprès des banques, établissements de microfinance  et postes comptables assignataires. Entre pièces exigées, une demi-photo 4×4, une photocopie de la CNI, une photocopie de l’acte de recrutement, une photocopie du dernier acte de reclassement ou d’avancement, l’original d’une attestation de présence effective signée par l’autorité compétente, une photocopie de l’acte de nomination (éventuellement).

    Pour le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, «ce dénombrement qui a pour but d’identifier et d’expurger du fichier solde de l’Etat tous les agents publics y émargeant irrégulièrement, du fait d’une absence non justifiée, d’une démission ou d’un décès non déclaré, va s’étaler sur la période allant d’avril à juin 2018 pour la collecte des données ». Conscient des risques de complicités diverses, le ministre a mis sur pied un sous-comité de dénonciations. Un box sera disponible dans chaque point de comptage pour permettre aux citoyens de retirer une fiche  à remplir et la glisser en toute discrétion. Les citoyens désireux de dénoncer les agents fictifs  pourront également appeler ou faire des SMS aux numéros de téléphone 242 94 2413 ou 663 17 01 04. Il est également possible d’adresser un courriel à l’adresse dénonciation. coppe2018@minfi .cm.

    Serpent de mer

    Serpent de mer La maitrise des effectifs de la fonction publique s’apparente à un serpent de mer au Cameroun. Depuis plus de deux décennies, le gouvernement tente d’enrayer le phénomène des agents fictifs, sans grand succès. En juin 2017, le Minfopra a annoncé qu’une enquête administrative menée en août 2015 p sur 14 134 fonctionnaires présumés fictifs  avait conduit à la suspension de solde, depuis janvier 2016, de 2817 agents de l’Etat .Début avril 2010, l’on apprenait que 15 000 nouveaux fonctionnaires fantômes, qui s’ajoutaient à 200 autres agents de l’État ayant atteint l’âge limite de la retraite et qui, par divers trucages, continuaient d’émarger dans les caisses publiques, avaient été débusqués dans le fi chier solde, percevant des indemnités et des salaires indus avec un lourd préjudice pour le Trésor public. En mars 2009, 3000 autres agents fictifs  étaient découverts dans le fi chier solde public pour la période 2003- 2005, le mode opératoire prenant sa racine au niveau des recrutements et l’évolution des carrières.

    la masse salariale prive l’Etat de la moindre marge de manœuvre

    Primes de rendements, primes pour travaux spécifiques  et primes spécifiques s, indemnités de mission (au Cameroun ou à l’étranger), heures supplémentaires, gratifications  des indemnités spécifiques , indemnités forfaitaires de tournées et de risque, indemnités de permanence, dotation en carburant, etc., contrairement à ce qu’il veut faire croire, le fonctionnaire n’a vraiment pas de quoi se plaindre. L’on comprend donc que certains bailleurs de fonds trouvent que cela est un « trop généreux », en cette période de conjoncture difficile. Pour la Banque mondiale, le Cameroun doit supprimer les avantages des fonctionnaires. Ces mesures préalables pour son appui budgétaire prévoient une « réforme de la Fonction Publique

    Afin  d’améliorer la transparence et l’efficacité  dans la gestion de la solde et contrôler la masse salariale, la Banque mondiale demande au gouvernement de « prendre un texte portant sur les modalités de création des commissions, comités et groupes de travail et réglementant la tenue de leurs sessions et la rémunération de leurs membres ; mettre en œuvre le nouveau système de gestion de la solde, Sigipes II, dans dix ministères.

    La question figure  aussi parmi les principales recommandations de politique générale de la Mission du FMI qui a séjourné au Cameroun du 24 octobre au 3 novembre 2017. Il y est question était d’«intensifier  les efforts pour améliorer la gestion des finances  publiques afin  de réduire les opérations budgétaires irrégulières, renforcer la gestion de trésorerie et réduire les risques budgétaires

    De fait, les salaires absorbent chaque année près du quart du budget de l’Etat, et représente plus de 5% du PIB. Or selon le FMI, les meilleures pratiques internationales plafonnent ce ratio à 5% du PIB ou 20% du budget. Au sein du ministère des Finances, l’on reconnait que la masse salariale a été un sérieux problème macroéconomique et budgétaire dans le passé puisqu’elle réduit fortement l’enveloppe budgétaire à affecter à d’autres secteurs. La masse salariale est ainsi en train de redevenir un problème alors que n’est pas traitée la question capitale du rôle incitatif des rémunérations relatives au sein de l’administration, entre l’administration et les établissements publics ou le secteur privé. Les choix budgétaires courants sont ainsi réduits par la lourde charge des dépenses récurrentes ou à termes échus que sont les salaires, le service de la dette publique et les pensions. Cette année par exemple, ce sont exactement 1024 milliards FCFA que l’Etat va consacrer au paiement des salaires de son personnel (DP). De 2010 à 2017, les dépenses en personnel ont augmenté de 63,5% contre une hausse de 60,24% du PIB et seulement 58,76% pour le budget de l’Etat. En clair, les charges deviennent de plus en plus lourdes au niveau des principales rubriques de dépenses de l’Etat, notamment les salaires et pensions, la dette publique.

  • Microfinance : enquête sur la descente aux enfers de Comeci

    Dans un communiqué publié dans la presse, le 18 avril, par Abbas Mahamat Tolli, président de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) a annoncé la mise sous administration provisoire de la société de microfinance  Compagnie équatoriale pour le commerce et le crédit d’investissement (Comeci). Cette décision actée depuis le 16 janvier 2018, à Libreville, au Gabon, a été prise, selon la Cobac « au regard de la situation financière et prudentielle critique de la Comeci et compte tenu de l’incapacité de ses dirigeants sociaux à restaurer la solvabilité de cet établissement ». Immédiatement, la Commission a désigné un administrateur provisoire en la personne de Mvogo Bernard. Son mandat est de six mois. « Cette désignation opère sur le décaissement du conseil d’administration et de la direction générale de Comeci », précise la Commission bancaire. La mise sous administration de cette institution de microfinance  dotée d’un capital de 2,7 milliards FCFA semblait inéluctable. Car, dès les premiers signes de tensions de trésorerie en 2016, les dirigeants de l’établissement avaient multiplié les vaines promesses à l’endroit des épargnants qui réclamaient leurs dépôts. Comment en est-on arrivé à cette situation ? « Démenti à la communication de la Société crédit capital Ltd ». C’est l’objet de la correspondance que la Société commerciale de banque SA (SCB), filiale  camerounaise du groupe marocain Attijariwafa, a fait publier dans l’édition du 11 janvier 2017 du quotidien à capitaux publics «Cameroon-tribune». La correspondance est adressée personnellement à Marie Claire Nnana, directeur de la publication. « Madame, en date du 21 décembre 2016, est parue dans votre journal en page 23, une annonce de la société Suisse crédit capital dans les termes ci-après : « Suisse Crédit Capital Ltd, informe les opérateurs économiques, les entrepreneurs, les industriels camerounais et ceux opérant dans la sous-région, de sa relation effective avec les deux banques locales de premier ordre, notamment SCB (Société camerounaise de banque SA) et … [UBA, United Bank for Arica] ». « Les deux banques retrouvent ainsi les 405 autres affiliés  et correspondants à notre plateforme financière.

     Nous sommes également l’institution de tête de fi le du fond d’investissement Grand Impex-Trading Ltd qui dispose d’une allocation financière  de plusieurs milliards de dollars sous la référence S.A CMI-GIT – SA179A-1 », poursuit la correspondance de la SCB. Qui révèle : «En réaction, nous vous indiquons que, SCB Cameroun, n’entretient aucune relation avec ladite société, et n’est ni une banque affiliée, ni une correspondante à sa plate-forme financière ».

    Lire aussi : Microfinance : confusion autour du paiement des créances à Comeci S.A

    Le démenti d’Attijariwafa et de UBA

    La filiale  camerounaise d’Attijariwafa dément formellement n’être pas en affaire avec Suisse Crédit Capital le partenaire douteux de Comeci. Et SCB de déclarer qu’elle « se réserve le droit d’engager telle action juridique qu’elle jugerait nécessaire, pour se prémunir contre tout impact négatif que cette fausse nouvelle pourrait provoquer ». Une semaine avant la sortie musclée de la SCB, la banque UBA avait fait publier un démenti dans des termes quasiment similaires. De fait, les démentis presque synchronisés de la SCB et UBA découlent d’un malaise. Celui d’être associées à une société inconnue de la place financière suisse, présentée il y a quelques mois comme le sauveur de la microfinance « Compagnie équatoriale pour l’épargne et le crédit d’investissement » (Comeci) dans l’incapacité de restituer les épargnes de milliers de personnes parce que ses comptes sont au rouge. La manœuvre de Comeci était pourtant de rassurer ses clients. A cet effet, l’établissement financier avait alors annoncé par voie de presse en octobre 2016 qu’après la délivrance de la lettre de confort, le 25 août 2016, et la signature d’un accord de financement le 29 août entre lui et son partenaire financier Grand Impex Trading Ltd, des lignes de crédit de 50 milliards de FCFA lui avaient été promises par Crédit Capital Suisse. Et que « les formalités de déblocage des fonds en vue de financer les micro-projets se poursuivent normalement». A ce sujet, avait indiqué la microfinance , une séance de travail inclusive s’était tenue le 25 octobre 2016 à Douala avec les représentants de la Comeci, Grand ImpexTrading Ltd et la « Suisse Crédit Capital Ltd » représentée par un certain Nabil Osman, directeur pour l’Afrique et le Moyen orient. Il serait ressorti de cette réunion que « des échanges très avancés ont eu lieu avec une banque locale où seront hébergés lesdits fonds». Ce qui aurait rendu Comeci optimiste quant à « la reprise progressive des opérations des transactions financières à ses guichets dans les brefs délais ». Bien qu’inconnue dans le monde de la finance, la « Suisse Crédit Capital », s’est présentée comme une « institution financière  basée à Londres, agréée par la Banque centrale anglaise ». Et qu’elle aurait déjà financé  des projets dans plusieurs pays africains, en Tanzanie, Angola et Ghana. Les démentis de SCB Cameroun et UBA jettent un sérieux doute sur tous ces partenaires de la Comeci qui ne présentent pas là des gages de remboursement les économies de ses épargnant.

    La filiale camerounaise d’Attijariwafa dément formellement n’être pas en affaire avec Suisse Crédit Capital le partenaire douteux de Comeci. Et SCB de déclarer qu’elle « se réserve le droit d’engager telle action juridique qu’elle jugerait nécessaire, pour se prémunir contre tout impact négatif que cette fausse nouvelle pourrait provoquer ». Une semaine avant la sortie musclée de la SCB, la banque UBA avait fait publier un démenti dans des termes quasiment similaires. De fait, les démentis presque synchronisés de la SCB et UBA découlent d’un malaise. Celui d’être associées à une société inconnue de la place financière  suisse, présentée il y a quelques mois comme le sauveur de la microfinance « Compagnie équatoriale pour l’épargne et le crédit d’investissement » (Comeci) dans l’incapacité de restituer les épargnes de milliers de personnes parce que ses comptes sont au rouge. La manœuvre de Comeci était pourtant de rassurer ses clients. A cet effet, l’établissement financier avait alors annoncé par voie de presse en octobre 2016 qu’après la délivrance de la lettre de confort, le 25 août 2016, et la signature d’un accord de financement  le 29 août entre lui et son partenaire financier Grand Impex Trading Ltd, des lignes de crédit de 50 milliards de FCFA lui avaient été promises par Crédit Capital Suisse. Et que « les formalités de déblocage des fonds en vue de financer  les micro-projets se poursuivent normalement». A ce sujet, avait indiqué la microfinance , une séance de travail inclusive s’était tenue le 25 octobre 2016 à Douala avec les représentants de la Comeci, Grand Impex Trading Ltd et la « Suisse Crédit Capital Ltd » représentée par un certain Nabil Osman, directeur pour l’Afrique et le Moyen orient. Il serait ressorti de cette réunion que « des échanges très avancés ont eu lieu avec une banque locale où seront hébergés lesdits fonds». Ce qui aurait rendu Comeci optimiste quant à « la reprise progressive des opérations des transactions financières à ses guichets dans les brefs délais ». Bien qu’inconnue dans le monde de la finance, la « Suisse Crédit Capital », s’est présentée comme une « institution financière  basée à Londres, agréée par la Banque centrale anglaise ». Et qu’elle aurait déjà financé  des projets dans plusieurs pays africains, en Tanzanie, Angola et Ghana. Les démentis de SCB Cameroun et UBA jettent un sérieux doute sur tous ces partenaires de la Comeci qui ne présentent pas là des gages de remboursement les économies de ses épargnant.

    Lire aussi : Projet World Dream Investment: environ 6000 milliards de FCFA attendus de Grand Impex

    Impex Trading, le partenaire douteux de Comeci

    Comeci s’est entichée d’un partenaire, pour dire le moins, suspect. Et pour cause, « Grand Impex Trading», cette société dite de trading, qui a promis de faciliter un prêt de 50 milliards de FCFA à la microfinance  traîne, elle-même, un passé tellement sulfureux que des doutes pèsent sur sa capacité à aider Comeci à sortir du rouge. Et pour cause, en 2012, cette Impex a lancé un programme d’investissement baptisé « World Dream » dont la composante culturelle vendait le rêve de faire venir au Cameroun de grosses pointures mondiales du showbiz (Manu Dibango, Eminem, 50 Cents, EVE, Jermaine Dupri, Shontelle, etc.) dans l’optique d’organiser un méga concert initialement fixé  au 28 avril 2012. Ce qui allait donner, selon Impex et son promoteur Junior Abraham Ngosso, une visibilité au pays et par conséquent attirer des investisseurs. Dans le fond, l’idée n’est pas mauvaise. Elle est même audacieuse. Sauf que les notes musicales de concert vont rester dans le domaine de la science-fiction. Sans obtenir l’accord de Manu Dibango et Cie, l’équipe de « World Dream » se met à diffuser des spots publicitaires sur les stars du concert qui a, entre temps, été repoussé sine die. Claire Diboa, manageuse du chanteur d’origine camerounaise Manu Dibango va le dénoncer violemment dans un mail le 30 avril 2012. Deux jours avant, le 28 avril 2012 à 15h 29, c’était déjà la réaction de Georges Williams de l’agence Next-Level basée aux Etats-Unis et spécialisée dans le booking d’artistes qui compte dans son CV l’organisation des stars comme Sean Paul, Eve, Ja-rule, T-Pain, Jermaine Dupri, etc. « Pourquoi avez-vous communiqué et annoncé la participation de Manu Dibango sans autorisation et sans même vous être acquitté des 70 000 euros que vous lui devez toujours en violation flagrante  des accords signés avec Next-Level Agency ». Georges William poursuit : « Il est donc inutile ici Junior, d’utiliser des méthodes dilatoires, méthodes condamnables et dont je ne suis pas dupe de la finalité. Acquittes toi de toutes tes dettes auprès des artistes internationaux et artistes Camerounais. Paye les dettes relatives aux engagements souscrites auprès des hôtesses dont la plupart sont de jeunes et innocentes filles  qui ont travaillé pour vendre vos tickets de tombola. Remboursez à ces hôtesses les 3000 francs CFA que vous avez exigés à celles-ci, comme seule condition pour leur embauche. Vous savez pertinemment que c’est illégal au regard du droit du travail pour une société qui dit avoir des milliards et immoral de faire payer de jeunes filles qui sont vos petites sœurs, sous prétexte qu’elles vont  en retour avoir un emploi qui sera rémunéré à 100 000 francs cfa à condition qu’elles vendent chacune 75% des billets de tombola que vous leur avez remis ».

  • Finances : le Cameroun dispose de 1 579,5 milliards auprès du Trésor français

    Dans son rapport 2017, la Banque des Etats de l’Afrique centrale fait le point sur le Compte d’opérations auprès du Trésor français. Ledit compte reçoit au moins 50 % des avoirs extérieurs nets de la Zone depuis le 1er juillet 2009. Le surplus des fonds déposés par la BEAC peut être logé dans un compte intitulé « Compte spécial de nivellement ». Les avoirs en Compte d’opérations sont rémunérés au taux de la facilité de prêt marginal de la Banque Centrale Européenne (BCE), tandis que les avoirs du Compte spécial de nivellement sont rémunérés au taux de refinancement  (REFI) de la BCE.

    La vérification  du respect des dispositions de la Convention du Compte d’opérations est assurée par le Collège des Censeurs. A cet effet, la vérification  du respect du taux de centralisation des avoirs extérieurs déposés au Compte d’opérations est effectuée une fois par an par le Collège des Censeurs. Pour l’exercice clos au 31 décembre 2017, cette vérification a été réalisée du 21 au 22 février 2018. Dans son rapport, le rapport du Collège des Censeurs mentionne que, sur la dernière décade du mois de décembre 2017, le taux de centralisation ressort à 101,76 %, ce qui signifie  qu’une fraction des avoirs n’entrant pas dans l’assiette de centralisation était également logée au compte d’opérations.

    Les avoirs auprès du Trésor français se répartissent comme suit entre les Etats membres et la Banque Centrale: Beac dispose de 441,6 milliards, le Cameroun (1 579,5 milliards), le Congo (138,33 milliards), le Gabon (383,66 milliards), la Guinée équatoriale (-50 809 milliards) et le Tchad (-118, 42 milliards). Ce qui fait un total de 2 551, 843 milliards de FCFA pour l’ensemble des pays de la Cemac. La répartition des avoirs auprès du Trésor français entre les Etats membres découle des transferts entrants et sortants effectués par les Etats (Trésors, Comptables publics, banques et autres organisations), ainsi que des opérations inter Etats. La forte hausse du niveau des avoirs déposés au Compte d’Opérations sur l’année 2017 (+ 120,7 %) est principalement liée à la cession partielle et aux tombées d’échéance enregistrées sur le portefeuille d’investissement de la Banque Centrale.

    Le Cameroun détient 29 954, 023 onces, soit 21, 1 milliards de FCFA à la Beac

    Le stock d’or de la Banque Centrale est réparti sur deux comptes : dépositaires or, pour la partie mise non investie et contreparties or, pour les placements effectués. Au 31 décembre 2017, le stock d’or de la Banque Centrale est exprimé en quantité à 201 865,777 onces, soit le même niveau qu’en fin  d’exercice 2016. Il est totalement placé auprès des contreparties de la Salle des Marchés. Il est coté à 704 498 FCFA à l’once, contre 712 678 FCFA à fin 2016. La valeur de l’encaisse-Or de la Banque Centrale se chiffre ainsi à 142 196 millions contre 143 865 millions au 31 décembre 2016. La répartition du stock d’or au 31 décembre 2017, entre les Etats membres se décline comme suit : Cameroun (29 954, 023 onces, soit 21, 1 milliards de FCFA), Centrafrique (11 126,03 onces d’or, soit 7,837 milliards), Congo (11 126, 209 onces d’or, soit 7,837 milliards), le Gabon (12 837,266 onces, soit 9,043 milliards), le Tchad (11 125,762 onces, soit 7, 837 milliards) et la Beac (125 696,481 onces d’or, soit 88 542 milliards de FCFA). Ce qui fait un total de 201 865,777 onces d’or pour un équivalent de 142, 196 milliards de FCFA.

    50, 355 milliards en termes de devises

    La variation des quotes-parts en devises est faible en valeur nette. Seul le Congo enregistre une hausse de sa quote-part suite au paiement qu’il a effectué en 2017 pour se conformer à l’augmentation de quotes-parts en devises décidée en 2011 et dont l’exécution avait été gelée, suite à un accord entre le FMI et les Etats. Ce poste est réparti comme suit :

    Le Cameroun caracole dans les autres avoirs extérieurs

    Les autres avoirs extérieurs se répartissent comme suit entre les Etats membres : Cameroun (152, 313 milliards), RCA (17,153 milliards), Congo (13, 339 milliards),

    Gabon (36,996 milliards), (Guinée équatoriale (- 4 899 milliards) et le Tchad (-11 419 milliards). Ce qui fait un total de 203, 483 milliards de FCFA.

    La contraction du poste « autres avoirs extérieurs » comme le montre le tableau ci-contre fait suite aux cessions massives de titres de trading intervenues au mois de mars 2017, afin de respecter les dispositions de la convention de compte d’opérations. La constitution du portefeuille de trading était intervenue fin  2016 par reclassement d’une fraction du portefeuille d’investissement, en prévision des cessions envisagées en 2017. Cette opération de reclassement avait été effectuée dans le respect du référentiel appliqué par la BEAC, tel que défi ni par la note 2.10.1 relative à la gestion du portefeuille de titres, en particulier la cession du portefeuille d’investissement. Seuls les titres arrivant à échéance en 2018 avaient été conservés en portefeuille d’investissement. Ainsi, la durée moyenne de placement du portefeuille d’investissement au 31 décembre 2017 est inférieure à 1 an, dans la mesure où l’ensemble des titres arriveront à maturité au cours de l’année 2018. Le rendement moyen de ces titres est de 2,62 % contre 2,4 % à fin  2016.

    Fin  décembre 2017, la répartition par devises de la position de change gérée en direct par la Salle des Marchés fait ressortir un portefeuille constitué presqu’exclusivement d’avoir  en Euro. En termes d’utilisation, 100 % des avoirs sont investis sur des lignes de titres obligataires. Les avoirs en compte à vue chez les correspondants sont non significatifs ; aucune position n’est détenue en dépôts. Le solde des comptes courants chez les correspondants étrangers représente les comptes espèces ouverts auprès des correspondants agréés et les comptes titres ouverts auprès des dépositaires des titres agréés. Les soldes des intérêts courus et des ajustements titres y sont également inclus.

     

  • Aviation civile : l’aéroport international de Douala sous la menace d’une suspension de l’Oaci

    C’est le branle-bas aux Aéroports du Cameroun (Adc). Des experts de l’Organisation de l’aviation civile internationale (Oaci) sont attendus au Cameroun, courant avril 2018. Depuis cette annonce, une grande fébrilité est tout à coup perceptible au sein de l’administration. Pour preuve, une vaste opération de déguerpissement a été lancée ce 6 avril 2018. L’opération conjointe Communauté urbaine de Douala/ Aéroports du Cameroun/ Autorité aéronautique, visait à «libérer la zone de sûreté aéroportuaire occupée par les populations et certains opérateurs économiques», expliquera Bertrand Mache, le Préfet du Wouri. Les constructions illégales de ce périmètre couvrant les quartiers «Bois des singes, Youpwe et Bafia» ont été systématiquement détruites. Le gouvernement camerounais craint en effet la sanction de l’Oaci, au terme d’un audit de l’aéroport international de Douala. Audit qui intervient deux mois après la correspondance incendiaire de 15 compagnies aériennes regroupées au sein de l’Association des compagnies aériennes de Douala, relevant «le report et l’approximation de la maintenance de l’infrastructure aéroportuaire, sous prétexte de travaux de réhabilitation, bâtiment d’une saleté repoussante, exclusion faite de quelques parties du cheminement passagers : peintures défraîchies, murs décrépits, toilettes infréquentables, faux plafonds sales ou manquants, travaux d’aménagement abandonnés, huisseries fatiguées, branchements électriques ou informatiques incohérents aux circuits, forêt inextricable de câbles extérieurs pendant le long des façades, climatisations absentes ou insuffisantes, matériel informatique et banques d’enregistrement sales et mal entretenus, éclairages défaillants, dégradation avancée des aires de service, galerie bagages, zones de stockage des conteneurs, voies de circulation du matériel sol, revêtements dégradés, nids de poule etc… «.

    Considérés comme «une mauvaise publicité pour le Cameroun», par le Préfet du Wouri, le gouvernement camerounais craint «une mise en parenthèse» de la première plateforme aéroportuaire de notre pays. En clair, le rappel à l’ordre des autorités aéronautiques ou la suspension de la plateforme par l’Oapi. On se souvient qu’au lendemain de la sortie des compagnies aériennes de Douala (Camair co, Air France, Brussels Airlines, Turkish Airlines, Asky, Ethiopian Airlines, South African Airlines, Royal Air Maroc, Kenya Airways, Cronos, Ceiba, Transair Congo, Rwandair, Air Côte d’Ivoire), Thomas Assoumou Owona, le Directeur général des Adc et Alain Edgard Mebe Ngo’o, alors ministre des transports rassuraient. L’un le 23 février 2018: «l’état de l’aéroport de Douala n’est pas alarmant….ces récriminations me semblent excessives…. Nous allons continuer à échanger avec les compagnies aériennes, et toujours prendre en compte leurs préoccupations». L’autre le 24 février 2018: « Nous avons examiné ces récriminations et elles sont pertinentes. En plus de celles-ci, il y a un déficit de communication entre les ADC et les compagnies aériennes qui  opèrent».

    L’épée de Damoclès semble donc plus rapprochée que jamais sur la tête des autorités administratives et des principaux responsables de l’aéroport international de Douala. Un conseil d’administration s’est d’ailleurs tenu, les 15 et 16 mars 2018 à Douala, sur convocation de Pokossy Doumbe Dipita, le président du Conseil d’administration des Adc. Selon nos sources, ce conseil visait «à incorporer les dépenses des travaux de réhabilitation de l’aéroport international de Douala dans le budget 2018». Des travaux entamés depuis 2015. Malgré, l’Association des compagnies aériennes de Douala continuent de relever «…..». En plus de l’incroyable occupation de l’espace aéroportuaire par des habitations, commerces, entreprises et même le bétail. «Les opérations se poursuivront», prévient le Préfet du Wouri aux concernés, informés de la situation depuis 2016.

     

  • Financement : la banque agricole renvoyée aux calendes grecques

    La nouvelle est tombée comme un couperet. Le gouvernement camerounais se désengage de son projet de création d’une banque agricole au Cameroun. Au ministère des finances en charge de piloter le processus de mise en place de ladite banque, on parle sous cape d’une «suspension». Des sources dignes de foi au sein de ce département ministériel justifient  ce revirement par «une conjoncture économique difficile».

    Annoncée en grande pompe par le Président de la République à l’occasion du Comice agro-pastoral d’Ebolawa en janvier 2011, l’idée de la création de la banque agricole camerounaise s’est lentement mais sûrement éloignée des objectifs du gouvernement. Objectif pourtant très attendue des millions d’agriculteurs nationaux. 13 millions de personnes vivraient dans les campagnes camerounaises, soit 70% de la population totale du pays. Paul Biya promettaient lors de son discours de campagne électorale de 2011 à Maroua, «une agriculture de seconde génération, moderne et mécanisée». Étaient attendus pour le lancement des activités de la Banque agricole, 10 milliards f.CFA de l’Etat du Cameroun, actionnaire unique, conformément aux dispositions communautaires de la Cobac, la Commission bancaire de l’Afrique centrale.

    Les conséquences de ce volte-face du gouvernement camerounais seront certainement désastreuses pour la communauté agricole dont le taux d’accès aux financements reste très faible. Avec la suspension de ce processus, la liste des projets avortés en soutien au monde agricole se rallonge. Après le Fonader, le Cafruc, le Crédit agricole du Cameroun ou le Fogape, des institutions spécialisées dans le financement des projets agro-pastoraux. En réalité, la banque agricole dont l’Etat du Cameroun devait être le seul actionnaire, fait les frais des rigoureuses conditionnalités des institutions de Bretton Woods, le Fonds monétaire international (Fmi) notamment, signataire d’un programme de Facilité élargie de crédit de 370 milliards de f.CFA, de 2017 à 2019, avec le Cameroun. C’était déjà le cas lors des années 80 et 2000, lorsque l’économie camerounaise avait été mise sous ajustement structurel et plan d’austérité.

  • Marché du travail : le secteur informel, premier employeur au moins jusqu’en 2020

    Le deuxième recensement général des entreprises réalisé par l’Institut National de la Statistique (INS) a la particularité d’avoir pris en compte certaines activités spécifiques exercées souvent en plein air sur des sites aménagés (laveries auto, dépôt de vente de sables, etc.) dont certains opérateurs sont généralement considérés comme faisant partie du secteur informel. C’est dire que sans cet élargissement, le nombre total d’emplois recensés serait plus faible. La conjoncture morose que traverse le Cameroun depuis 2014 n’augure pas de perspectives flatteuses en termes de création d’emplois dans l’économie moderne.

    En février 2012, «Les Cahiers Economiques du Cameroun», l’étude sectorielle réalisée depuis 2011 par le bureau de la Banque mondiale (BM) au Cameroun, soulignaient déjà que, comme dans d’autres pays du continent, le secteur formel occupe bien peu d’actifs. 10% des salariés au Cameroun (secteur public et privé confondu, selon les chiffres de l’Institut national de la Statistique), contre 90% pour le secteur informel dont 53% pour l’informel agricole et 37% pour l’informel non agricole. L’étude notait aussi que si «le taux de chômage est relativement bas selon l’OIT (3,8%). Par contre, le sous-emploi touche plus de 70% de la main d’œuvre, majoritairement en milieu rural (78%) et surtout les femmes (77%)». Mais plus inquiétant, les analystes de la banque projetaient que «le secteur occupera encore 86% des actifs en 2020», ce qui contraste avec les objectifs du gouvernement qui tablent sur un taux de sous-emploi de 40% à cette échéance.

    En cause, selon l’équipe de la banque, l’inadéquation formation emploi. Les analystes relèvent que «les faibles résultats dans l’éducation de base laisse supposer que la majeure partie de la population ne possède pas les compétences de base (savoir lire, écrire et compter) à la fin du cycle primaire; l’enseignement technique et professionnel, permettant de se doter de compétences utilisables immédiatement sur le marché du travail représente moins de 20% des effectifs du cycle secondaire tandis que dans l’enseignement supérieur, les filières stratégiques ne représentent que 5% des effectifs (cycle d’ingénieur) et 2% (études médicales) alors que le gros des effectifs se concentre dans les filières «Economie et gestion»(26%), «Droit» (24%), «Sciences» (22%), «Sciences humaines» (20%) et seulement 5% dans le cycle d’ingénieur et 2% dans la Santé». Et ce, alors même que le pays annonce un vaste programme de projets structurants où le besoin en main d’œuvre qualifié est certain.

    Lire aussi : Marché du travail : les gisements d’emplois à explorer en 2021

    Toutefois, l’offre d’une main d’œuvre qualifiée n’est pas le seul facteur pour dynamiser le marché du travail, indique l’étude. «Le manque d’infrastructures et un climat d’investissement globalement défavorable au développement du secteur formel font qu’il est difficile d’atteindre les taux de croissance nécessaires à une réduction durable de la pauvreté», concluent les analystes de la BM, en relevant les progrès en matière de création d’entreprises. Les Cahiers Economiques du Cameroun suggèrent  deux pistes d’interventions. Celles qui accroissent l’offre de la main d’œuvre et celles qui stimulent la demande des biens et services produits.

  • Commerce : l’Inde veut négocier un accord de libre-échange avec l’Afrique

    Le ministre indien du Commerce et de l’Industrie, Suresh Prabhu (photo), a plaidé le 25 mars dernier pour la signature d’un accord de libre-échange entre l’Inde et l’Afrique pour booster les échanges commerciaux bilatéraux. «L’Inde et l’Afrique gagneraient à négocier un accord de libre échange pour renforcer les échanges commerciaux bilatéraux qui demeurent en deçà de leur potentiel», a-t-il déclaré.

    Lire aussi : La Covid-19 fait chuter de 46% les échanges commerciaux entre le Cameroun et l’Inde

    S’exprimant lors d’une conférence organisée par l’Exim Bank of India à New Delhi sur le thème du «Partenariat Inde-Afrique», le ministre a également précisé qu’un accord de libre-échange permettra de «diversifier le panier des échanges commerciaux» et «sera bénéfique aux pays signataires de l’accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA)

    Quarante-quatre pays africains ont signé le 21 mars dernier à Kigali un accord créant une zone de libre-échange continentale, perçue comme essentielle au développement économique de l’Afrique, par le biais d’une hausse du commerce intra-africain. La création de cette zone, présentée comme la plus vaste au monde en nombre de pays membres, est l’un des projets clés de l’Union africaine (UA) pour renforcer l’intégration continentale.

    Lire aussi : Institution monétaire: comment Yaoundé perd le Fonds monétaire Africain

    Prabhu a également précisé que la seule utilisation du régime préférentiel indien de franchise de droits les pays les moins avancés (DFTP) est en mesure faire passer les échanges commerciaux entre l’Inde et l’Afrique de 53 milliards de dollars en 2017 à 150 milliards d’ici cinq ans.

  • Développement : l’agro-industrie de toutes les attentes

    Dans son palmarès 2016 des 500 premières entreprises africaines, Jeune Afrique, révèle que deux des 100 premières entreprises agro-industrielles du continent sont camerounaises: la Sodecoton (78e/100) et la Société alimentaire du Cameroun (93e/100). Mieux, dans le classement régional, le Cameroun qui domine le palmarès (avec 40 entreprises classées sur 70 et 54% des revenus cumulés) affiche sept entreprises agro-industrielles sur les 70 classées en Afrique centrale. Sodecoton (31e/70), Olam Cam (41e/70), Sosucam (51e/70), Cameroon Development Corp (52e/70), Sic Cacaos (55e/170), Socapalm (58e/70), SCR Maya et Cie (59e/70), Chococam (70e) figurent dans le ranking. Toutefois, le ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement Technologique (Minmidt) rappelle que c’est le commerce et l’agriculture vivrière qui sont les deux principales branches créatrices de richesses de l’économie camerounaise depuis 1993. Même si ces deux branches font du Cameroun une économie fortement spéculative et plus précisément de «comptoir». Malgré ses potentialités agro-écologiques, le pays est encore obligé de recourir aux importations pour combler la demande locale. Le Cameroun a ainsi importé 1,388 million de tonnes de produits alimentaires en 2015 pour plus de 800 milliards FCFA, dépassant ainsi, pour la 1ère fois, les hydrocarbures (1,294 million de tonnes) et le clinker (1,323 million de tonnes). Principalement, il s’agit du riz (730 000 tonnes), du poisson (217 000 tonnes), du sel de cuisine (139 000 tonnes) et divers autres produits alimentaires (301 000 tonnes).

    Lire aussi : Attractivité : Il y a trois ans, la conférence « Invertir au Cameroun »

    Dominée par les exploitations familiales, l’agriculture reste une activité de subsistance où, sur environ 2 millions d’exploitations agricoles déclarées, 72% sont polyvalentes, 25% sont spécialisées dans les productions végétales et 3% opèrent dans l’élevage. Lors du Sommet de l’Union Africaine de Maputo tenu en 2003, les chefs d’Etat et des gouvernements ont adopté le Programme Détaillé pour le Développement de l’Agriculture Africaine (Pddaa). Dans le cadre de sa mise en œuvre, les Etats membres se sont engagés à atteindre progressivement un seuil d’allocation de 10% du budget national au développement du secteur agricole. C’est en droite ligne avec la vision du développement à l’horizon 2035 et le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce) que le gouvernement a installé en 2011, une Equipe Pays Multisectorielle chargée de la mise en œuvre du Pddaa. Ainsi, un Plan National d’Investissement Agricole (Pnia) a été adopté en avril 2014 pour un coût total de 3551 milliards de FCFA sur la période 2014-2020. Le Pnia vise, pour le secteur agricole et rural une croissance annuelle moyenne de 7% entre 2014 et 2020 et de 10% après cette période. Un taux spécifique de 8,4% l’an est recherché pour l’agriculture industrielle et d’exportation, contre 7,7% pour l’agriculture vivrière et 9,3% pour l’élevage.

  • Banque : Ecobank Cameroun connaît un déficit de 1,5 milliard dans son résultat net

    Ecobank Cameroun a publié ses performances pour l’exercice 2017. Ainsi, la banque informe a réalisé un résultat net de 6 milliards de FCFA. Ce chiffre est en baisse comparé au bénéfice d’un montant de 7,5 milliards après impôt obtenu en 2016. Ecobank Cameroun note également des légères baisses pour ce qui concerne par exemple son produit bancaire au cours de la période sous revue. Il est de 38,95 milliards de FCFA contre 39,31 milliards en 2016. Son coefficient d’exploitation est passé de 58,9% en 2017 à 56,9% en 2016

    La banque explique ces performances baissières par le fait que, « l’environnement économique de 2017a été « difficile ». Bien plus, c’est au cours du même exercice que l’établissement bancaire a dû faire face aux défis d’implémentation de la stratégie de digitalisation qui consiste à privilégier les plateformes numériques et une réduire le personnel et le nombre de ses agence

    Il faut noter que Ecobank Cameroun paie un peu le prix de son option vers la digitalisation tous azimuts en 2017. En effet, dans un communiqué diffusé le 21 juillet de cette année-là, la banque panafricaine Ecobank a informé que depuis le 1er février 2017, elle privilégie les plateformes de banques numériques et cela va entraîner une réduction de son personnel et le nombre d’agences.

    « Comme l’a affirmé Mme Gwendoline Abunaw, directrice générale désignée d’Ecobank Cameroun : nous nous concentrons davantage sur l’innovation et les plateformes technologiques afin de fournir à nos clients nos produits et services, de manière simple et pratique, partout à tout moment.», peut-on lire dans le communiqué. Qui ajoute : «La fusion de certaines de nos agences n’est pas propre qu’à Ecobank Cameroun, mais fait partie de la stratégie du Groupe Ecobank visant à réduire l’affluence dans les agences physiques tout en tirant partie des canaux numériques évolutifs pour étendre nos services».

    D’après l’établissement bancaire, ce « voyage numérique » stratégique entrepris, ne saurait être sans impact sur son effectif. La priorité serait toutefois accordée au redéploiement des employés vers d’autres unités et rôles au sein de l’entreprise. « La réduction des effectifs si nécessaire est la dernière option et se ferait en conformité avec les lois et règlements en vigueur.», précise Ecobank

    La filiale camerounaise opère sur le marché depuis 2001, et a obtenu en 2016 un résultat net après impôts de 7,5 milliards de Fcfa. Selon le dernier pointage fait par la banque elle-même en 2013, elle compte une trentaine d’agences sur le territoire camerounais, et emploie 374 personnes.

  • Financement : les PME toujours marginalisées dans l’octroi des crédits

    Création d’une banque des PME, promotion du crédit-bail et de l’affacturage, des organismes de placement collectif en valeur mobilière, Agence de promotion des PME, les Centres de formalités de création d’entreprise, Centres de gestion agréés, baisse de 1 000 000 à 100 000 FCFA le montant minimum du capital social des Sociétés à responsabilité limitée (Sarl) ; autant d’initiatives qui montrent la place centrale qu’occupe la question du financement des PME dans l’agenda du Gouvernement.

    Lire aussi : Régulation : la Beac en guerre contre le phénomène des crédits douteux

    En effet, les PME constituent un maillon essentiel du tissu économique national. Selon les résultats préliminaires du deuxième recensement général des entreprises réalisé par l’Institut national de la statistique en 2016, La géographie de l’écosystème économique national est composée de très petites entreprises (TPE, 75%) ; de petites entreprises (PE, 19%) ; de moyennes entreprises (ME, 5,2%) et de grandes entreprises (GE, 0,8%).D’après les analystes, le secteur des PME (99% des entreprises, 35% du PIB) représente contribue énormément à la croissance économique du Cameroun et assure 70% de la création des emplois. L’essor économique du pays est donc lié à la santé des PME, dominé par les microentreprises (79,1%) et essentiellement constitué d’entreprises individuelles (97% en 2016 contre 89% en 2009). Mais encore faudrait-il que le secteur vienne à bout de sa bête noire : le financement.

    En effet pour leur développement, les PME ont besoin de financement pour leurs investissements (machines, sites de productions, etc.) ; de fonds de roulement (stocks, facteurs de production, charges courantes d’exploitation, etc.) ou d’une combinaison en investissement et en fonds de roulement. Or, l’analyse de la répartition des crédits par le secteur bancaire montre une prédominance des crédits aux entreprises privées (majorité en volume pour GE), ne laissant qu’une portion congrue aux entreprises individuelles assimilables aux PME (TPE, PE, ME).

    Maladies infantiles

    En cause, une organisation du secteur caractérisée par des structures fortement personnalisées, l’insuffisance d’une culture du respect des engagements, le lancement des activités par simple imitation, la mauvaise tenue de comptabilité, les lacunes dans la gestion financières, une connaissance insuffisante du marché, un environnement règlementaire inapproprié (très peu contraignant envers les débiteurs), un accompagnement de l’Etat à développer, une faible structuration des filières de l’économie, l’absence ou l’insuffisance de sûretés, une fiscalité pas très adaptée. Actuellement au Cameroun, il n’existe pas un dispositif public ou privé de financement de la création des entreprises impliquant la mise en place des crédits de longues durées en faveur des PME. Dès lors, beaucoup de PME ayant un réel besoin de financement pour le démarrage de leurs activités, n’en trouvent pas. Leur bilan d’ouverture est alors fortement déséquilibré à cause de la faiblesse des capitaux propres. Ce déficit initial des capitaux permanents, s’il n’entraine pas rapidement la faillite de la PME, aura des conséquences négatives le long de la vie de l’entreprise. Ainsi par la suite, les tensions financières seront aggravées au niveau du cycle d’exploitation avec notamment des délais de recouvrement très longs imposés par les créanciers et complétement en inadéquation avec la structure financière d’une petite entreprise.

    Lire aussi : De nouvelles missions pour l’APME

    Comment l’Etat pousse les PME à la faillite

    Dans le Document de Stratégie de Croissance et d’Emploi du Cameroun, l’un des objectifs de croissance et d’emploi est de ramener le sous-emploi actuel, de 75,8% à moins de 50% en 2020 à travers la création de dizaines de milliers d’emplois formels par an pendant les dix prochaines années en s’appuyant sur un tissu de plus en plus dense des PME/PMI. Le Gouvernement a donc mis les PME/PMI au cœur de la stratégie de relance de la croissance et de l’emploi

    . Malgré la loi du 13 avril 2010 portant promotion des PME au Cameroun, force est de constater que peu ou presque rien n’est fait pour s’attaquer de façon significative et de façon conséquente au problème majeur que rencontrent les PME, à savoir le financement de leurs investissements et/ou de leurs exploitations courantes.

    Discours de fin d’année du président de la République, Cameroon business forum (CBF), Foire internationale des Affaires du Cameroun (FIAC), la question du financement des PME semble incontournable, avec une constance : la responsabilité de l’Etat, mauvais payeur. Pour l’économiste Dieudonné Essomba, « Une des grosses contraintes que vivent les PME locales dans un contexte ou L’Etat est le principal client est celui du conflit entre les délais de paiements et les engagements sociaux. Beaucoup de jeunes entreprises meurent avant la fin de leur troisième année, parce qu’il y a une pratique qui s’est installée au Cameroun, le non-paiement des factures. L’Etat est au-devant de cette pratique. Imaginez seulement que le stock de la dette intérieure, détenue essentiellement par les PME est de plusieurs centaines de milliards de Fcfa dont certaines durent depuis des années. »

    En effet, la Caisse autonome d’amortissement(CAA), organisme en charge de la gestion de la dette publique du Cameroun, estime l’encours de la dette intérieure à plus de 1000 milliards de FCFA au 31 décembre 2017. La dette due aux entreprises locales qui comprend la dette non structurée et la dette structurée non bancaire se situerait à un peu plus de 270 milliards de FCFA. Si on y ajoute, les «restes à payer» qui se situent à plus de 500 milliards de FCFA, estime Protais Ayangma, vice-président de la Plateforme des organisations du secteur privé, l’Etat devrait aux entreprises non bancaires un peu plus de 750 milliards de FCFA. « Pour mieux se rendre compte de l’ampleur de ce montant, on pourrait le mettre en parallèle avec le chiffre d’affaire annuel moyen des entreprises au Cameroun qui a été estimé par l’Institut national à l’issue du 2ème recensement général des entreprises à environ 64 millions de FCFA », a-t-il confié Protais Ayangma, le 12 mars 2018 à Douala lors de la 9ème session du CBF, sur le thème « Financement des petites et moyennes entreprises et développement du tissu industriel camerounais».

    C’est donc avec raison que la loi des Finances 2018 prévoit de consacrer 1027 milliards de FCFA pour le remboursement de la dette publique soit 22,76% du budget. Dans cette enveloppe, la dette publique extérieure représente 357 milliards de FCFA contre 670 milliards pour la dette publique intérieure. Si ces projections sont réalisées, ce sera donc une bouffée d’oxygène pour les entreprises locales. Ce d’autant plus que dans son Message de fin d’année 2017 à la Nation, le chef de l’Etat a annoncé qu’«une attention particulière sera accordée à la situation des PME, notamment pour ce qui est du règlement prioritaire de la dette qui leur est due, comme de l’amélioration de leur accès au crédit bancaire.»

    Déjà en 2017, pour soutenir les activités des entreprises pénalisées par les difficultés de trésorerie de l’Etat, principal pourvoyeur des contrats dans le pays, le président de la République a dû instruire le paiement exceptionnel de 180 milliards de FCFA au profit des entreprises. Ce qui a été fait à partir du 21 août 2017. Il s’agissait notamment du paiement des factures des prestataires de l’Etat et du remboursement des crédits TVA, pour une enveloppe totale de 100 milliards de FCFA. Selon le ministère des Finances, 80 milliards de FCFA ont été mis à la disposition des banques pour la relance des crédits aux entreprises. Cette mesure présidentielle venait en complément au Compte séquestre dédié au remboursement des crédits de TVA, opérationnel depuis mai 2017 ; une dotation six milliards de FCFA y est automatiquement versée tous les 15 de chaque mois à cette fin.

Bouton retour en haut de la page