Mois : août 2018

  • Finances: un plan d’action judiciaire pour réduire les prêts non-performants évalués à 500 milliards

    Le gouvernement camerounais prépare actuellement un plan d’action spécifique pour réduire les prêts non-performants, évalués officiellement à environ 500 milliards de FCFA. Ce plan, apprend-on de source sûre, prévoit notamment le renforcement des capacités, de manière générale en droit des affaires, des magistrats, greffiers, avocats et huissiers de justice pour un meilleur suivi des procédures judiciaires et de l’exécution des décisions judiciaires devenues définitives. A court terme, ce renforcement des capacités vise, entre autres, la formation sur les conflits bancaires et la concentration des dossiers judiciaires bancaires sur un nombre approprié d’acteurs judiciaires (dont 30 juges au moins) d’ici décembre 2018, notamment dans les principaux centres d’activités judiciaires.

    De plus, d’ici à décembre 2018, le Conseil national du crédit validera un projet de loi sur la pénalisation du non-remboursement du crédit, qui servira de base de réflexion pour la finalisation d’un texte sur cette matière au niveau du gouvernement. Le projet de mise en place du registre des sûretés mobilières, développé avec le soutien de la Banque mondiale avec une couverture plus large, a été repoussé à décembre 2018, incluant en particulier l’adoption d’une règlementation spécifique qui a été transmise au ministère de la Justice vers fin juin 2018.

    L’un des repères structurels que l’Etat du Cameroun s’est engagé à réaliser, dans le cadre du programme économique triennal avec le Fonds monétaire international (FMI), concerne la « stratégie pour s’attaquer aux prêts non performants ». En d’autres termes, il s’agit de ces prêts dont les intérêts sont en retard de plus de 90 jours.

    Le FMI indique alors, dans son rapport produit le 16 janvier, sur le Cameroun, que les autorités camerounaises ont convenu de former un certain nombre de magistrats en matière de résolution de contentieux bancaires. Ces hommes de loi seront alors affectés aux principaux centres d’affaires du pays, avant décembre 2018. Il est aussi prévu la mise au point des solutions d’arbitrage.

    Les autres plans d’action dans le domaine couvriront  les mécanismes pour encourager la renégociation de crédits échus, en collaboration avec l’association bancaire. Il est aussi envisagé de revoir le rôle de la Société de recouvrement du Cameroun, notamment en établissant une tarification neutre pour le budget de l’Etat.

  • Finances: les organismes de placement collectif se frottent les mains

    Ainsi, explique une source autorisée à la Commission des marchés financiers (CMF), depuis le début du mois de juin, les organismes suivants peuvent entrer sur le marché : les sociétés d’asset management (sociétés de gestion d’actifs) sous la forme de Sicav (sociétés d’investissement à capital variable) et des FCP (Fonds communs de participation), tous des organismes de placement collectif en valeurs mobilières. Ceci conformément à la loi n°2016/010 du 12 juillet 2016.

    La CMF poursuit l’explication : « comme leur nom l’indique, ces sociétés de gestion de portefeuille sont comme de gros parieurs qui misent votre argent à votre place sur des produits et montages financiers, des entreprises du secteur productif afin de le faire fructifier à votre place. Ils peuvent « parier » votre argent sur une entreprise d’électricité (C’est ce qu’Actis a fait au Cameroun en injectant les pensions de retraite britanniques) ; ils peuvent le mettre dans le capital d’une entreprise en constitution […] L’argent gardé ne sert à rien, il finit par tarir. L’argent placé peut se reproduire ».

    Cet arrêté du ministre des Finances qui approuve le règlement relatif aux OPCVM élaboré par la CMF depuis un an, en intelligence avec le marché, va permettre à ces sociétés de gestion d’actifs de commencer leurs opérations.

  • Analyse: les enjeux de la dématérialisation des valeurs mobilières

    La loi considère comme valeurs mobilières «toute action ou obligation émise par une personne privée ou publique, qu’elle soit cotée ou non et qui peut être transmise par simple inscription en compte». Dans plusieurs pays dans lesquels ce type de mécanisme est en vigueur, les avantages qui l’accompagnent sont la sécurité, la réduction des coûts, et la capacité pour les gouvernements à éviter les fraudes.

    L’enjeu de cette mutation est donc de taille pour le gouvernement camerounais, qui a dû faire face à de gros défis dans la gestion de la dette titrée de l’Etat. Parmi les griefs qui ont souvent été relevés, on cite fréquemment les doubles paiements, les pertes de dossiers, les coûts élevés liés aux actes de légalisation, et qui ont conduit parfois à la perte par certains de leurs droits. Depuis 2016, si l’opération de transfert s’était bien déroulée, tous les titres seraient transmis au dépositaire centrale provisoire qu’est la Caisse Autonome d’Amortissement (CAA), et cela devrait contribuer à déterminer un encours plus affiné de la dette publique.

    Par ailleurs, ceux qui sont titulaires de titres de créance sur l’Etat pourront, en principe, plus facilement obtenir du liquide contre leurs titres, puisqu’il suffira juste de procéder à un passage d’écritures de compte à compte. Ainsi, des personnes qui auront un besoin urgent de liquidités, pourront très rapidement placer leurs titres et recevoir de l’argent et ainsi de suite, donnant une nouvelle impulsion au marché secondaire de la dette publique, même pour les titres non cotés en bourse.

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    Amélioration du suivi des transactions

    Le deuxième enjeu pour le gouvernement est d’avoir une idée exacte de la capitalisation globale des entreprises immatriculées et qui opèrent dans le secteur formel. On pourra ainsi avoir une meilleure visibilité sur la contribution des nationaux au capital global des entreprises, de même qu’un meilleur suivi des transactions qui sont effectuées sur les titres. Les propriétaires de titres pourront eux aussi monétiser leurs actions plus facilement, en indiquant juste la volonté de cession à un teneur de compte ou directement au dépositaire centrale.

    La loi a prévu un délai d’une année pour transférer les différentes informations sur titre, pour leur numérisation par le dépositaire central provisoire qu’est la Caisse Autonome d’Amortissement. Pour les actions ou obligations qui auront été générées après  la promulgation de la loi, ils avaient 30 jours pour transmettre les données au dépositaire.

    Pour l’instant, cette importante loi qui va conduire à la gestion électronique des titres publics passe presque sous silence. Il est pourtant clair que dans un pays où la tradition du papier est fortement ancrée, une grosse campagne de sensibilisation sera nécessaire pour faire comprendre aux différents acteurs les enjeux et les avantages de la dématérialisation, notamment pour ce qui est de la facilité de liquidation.

    CAA, un dépositaire central sujet à caution

    La loi n’a cependant pas été très précise sur un certain nombre de points, notamment les délais d’exécution des opérations des transferts de compte à compte, qui sont fixés à la seule discrétion du dépositaire centrale. D’un autre côté, la CAA étant un démembrement de l’administration, la loi ne précise pas quelle sera le tribunal compétent en cas de survenance de problèmes dans la gestion des actifs qui seront déposés auprès d’elle.

    Sur un tout autre angle, la désignation de la CAA comme dépositaire central n’a pas toujours fait l’unanimité chez les experts de l’ingénierie financière. Pour certains d’entre eux, la confusion au sein d’une même institution de la gestion de la dette publique et des actifs ne semble pas appropriée, pour des questions d’efficience et de transparence.

    L’autre grief soulevé contre la désignation de la CAA comme dépositaire central, est le fait qu’elle soit un établissement public, qui peut poser les contraintes liées à toutes les administrations publiques au Cameroun. Enfin, les experts estiment que le faible volume d’actifs gérés sur le Douala Stock Exchange étant assez faible, l’expérience dans ce domaine n’attribue pas la garantie d’une gestion efficiente de la dématérialisation des titres au Cameroun.

  • Valeurs mobilières: clash entre le Gicam et la Caisse autonome d’amortissement

    C’est une bataille à fleuret moucheté qui s’observe entre le Groupement patronal du Cameroun (Gicam) et la Caisse autonome d’amortissement (CAA), organe en charge de la conservation, de la coordination, du contrôle et de la supervision des opérations de dématérialisation. C’est justement au sujet de la dématérialisation des titres des valeurs mobilières. C’est un processus qui consiste en la substitution des titres physiques de la propriété des actions dans une entreprise par une conservation immatérielle, représentée par une inscription dans un compte ouvert au nom du propriétaire, et tenu soit par la société émettrice ou son mandataire pour les titres nominatifs, soit par un teneur de compte conservateur agréé pour les titres au porteur. Qu’est-ce qui fait problème ?

    Dans un communiqué publié le 4 septembre 2018, Richard Evina Obam précise que plusieurs sociétés émettrices et leurs actionnaires sont acquittés de leurs obligations légales dans ce processus de dématérialisation. Mais, note-t-il, « S’agissant de celles n’étant pas en règle, elles sont invitées à s’y conformer, le processus de dématérialisation et la rémunération des prestations y afférentes se poursuivant sans entrave, aucune indication contraire n’ayant été formulée ni par la Commission des marchés financiers, responsable de la régulation du processus, ni par la CAA ». Le processus de dématérialisation des titres des valeurs mobilières n’a donc pas été abrogé au Cameroun. Bien au contraire, il se poursuit.

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    A cet effet, il a été prescrit aux sociétés émettrices la codification et l’inscription en compte auprès de la CAA de leur(s) émission(s) avant le 5 mai 2016 et aux actionnaires de déposer les titres physiques en leur possession auprès de la société émettrice ou, auprès de teneurs de compte conservateur au plus tard le 24 avril 2018. Ce processus qui n’entache pas le principe de l’anonymat des titres et autres valeurs mobilières. De fait, dans l’objectif de la modernisation de son système financier et son arrimage aux standards internationaux des métiers de titres financiers, le Cameroun a entrepris depuis 2014 la dématérialisation des valeurs immobilières et titre financiers émis ou en circulation dans son territoire.

    Sauf qu’en juillet 2018, le Gicam disait exactement le contraire de ce que la CAA affirme actuellement. Car, le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) s’est réjoui en juillet dernier d’avoir obtenu la suspension des opérations de dématérialisation des valeurs mobilières au Cameroun. Dans une note publiée par le Groupement, l’on apprend que le président du Gicam, Célestin Tawamba, et Richard Evina Obam, le directeur général de la Caisse autonome d’amortissement du Cameroun (CAA), organisme en charge de la gestion de la dette publique, ont convenu de « surseoir à l’application des conditions tarifaires des opérations de dématérialisation des valeurs mobilières au Cameroun».

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    En outre, Célestin Tawamba, le directeur général de la CAA a marqué son accord quant à l’organisation d’une rencontre d’échanges à la mi-septembre 2018 avec les chefs d’entreprises pour convenir des modalités les plus adéquates pour cette opération. Cette suspension du processus fait suite à une série de préoccupations des entreprises adressées au Gicam. En effet, plusieurs entreprises souhaitaient une rallonge des délais, le temps d’être « prêt » pour la dématérialisation des valeurs mobilières.

  • Des banques commerciales pour sauver la Banque des PME

    En difficulté juste après son lancement en 2015, la Banque camerounaise des Petites et moyennes entreprises (PME) va bénéficier du secours des banques commerciales. L’on ne connaît pas encore lesquelles seront choisies parmi les 15 banques en activité au Camerounais, mais l’on sait, grâce au rapport publié le 31 août 2018 que, des concertations entre les autorités camerounaises avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD) ont été entamées et un plan de restructuration a été décidé au mois d’août 2018.

    Le nouveau modèle économique de cet établissement bancaire public, « s’appuiera sur le financement indirect auprès des banques commerciales (garanties, lignes de financement) et le cofinancement avec les banques commerciales et prévoira un abandon progressif du financement direct des PME au guichet de la banque ». Par ailleurs, ajoute nos sources, le nouveau modèle permettra notamment de s’appuyer sur l’expertise des banques commerciales en termes de gestion des risques et aura un effet multiplicateur en incitant les banques commerciales à octroyer plus de crédits aux PME.

    Lire aussi : Relance post-Covid : les propositions du Gicam pour «sauver» le secteur privé

    Dans le cadre du programme économique triennal (2017-2019) qui lie le FMI au Cameroun, le Fonds monétaire international (FMI) a proposé une restructuration de la Banque des petites et moyennes entreprises fonctionnelle seulement depuis trois ans. « Le plan d’affaires de la Banque des PME sera remis à jour. En particulier, nous étudierons la possibilité de favoriser l’octroi de garanties ou de lignes de financement à des banques commerciales plutôt que l’octroi de prêts directs.», indique le FMI dans son rapport publié sur le Cameroun, le 16 janvier.

    L’institution de Bretton Woods explique que l’accès élargi aux services financiers, particulièrement pour les PME, reste évasif. Afin de remédier à ce problème et d’en limiter les risques, les services du FMI ont vivement encouragé les autorités camerounaises à fournir un calendrier pour leur stratégie visant à mettre à jour le plan d’affaires de la Banque des PME garantissant ainsi, sa viabilité. Les autorités du FMI s’engagent à appuyer également le renforcement de l’évaluation des risques de crédit en poursuivant la mise en place et en élargissant la portée, d’une base de données d’informations financières.

    Lire aussi : La Banque des PME perd annuellement au moins 1 milliard de F CFA

    Ouverte en 2015, la Banque des PME fait partie des banques camerounaises que le gouvernement envisage de recapitaliser à hauteur de 27,5 milliards de FCFA. En juillet 2017, cet établissement bancaire public a présenté un bilan selon lequel, il a accordé 11,5 milliards FCfa de prêts et près de 40 milliards de caution, au profit de 1 600 personnes, à des conditions de garanties souples. Mais la rentabilité de ces prêts n’a pas produit les effets escomptés; d’où la restructuration en cours.

    Accès des PME aux financements

    Invité à exposer sur la stratégie d’amélioration de l’accès des PME au crédit bancaire, au cours du Conseil de cabinet tenu le 25 janvier 2018 à Yaoundé, l’ex-ministre des Finances, Alamine Ousmane Mey, avait énuméré deux principaux obstacles qui se dressent sur le chemin du financement des PME dans le pays. Il s’agit principalement, révèle le communiqué officiel ayant sanctionné la grand’messe mensuelle du gouvernement camerounais, de la faible structuration de ces entreprises, caractérisée par une absence de plan d’affaires ; et une capacité limitée d’autofinancement, qui ne permet pas de couvrir leurs besoins prioritaires en investissement.

    «Pour pallier ces insuffisances, le gouvernement a engagé plusieurs initiatives, notamment la création de l’Agence de promotion des PME et de la Banque camerounaise des PME ; la mise en place des Centres de formalités de création d’entreprise et la promotion des Centres de gestion agréés pour assister les dirigeants des PME ; la baisse de un million à 100 000 Fcfa du montant minimum du capital social des Sociétés à responsabilité limitée (Sarl) ; l’ouverture d’un Bureau de mise à niveau des entreprises évoluant dans le secteur industriel.», énumère le communiqué susmentionné. A côté de ce dispositif, a ajouté le ministre des PME au cours du Conseil, le gouvernement camerounais encourage d’autres canaux de financements des PME, à l’instar du Crédit-bail ou encore le financement participatif, encore appelé Crowdfunding.

    Chronique de la faillite programmée de la Banque des PME

    Avec seulement 10 milliards de capital pour un début, la Banque des PME était programmée pour échouer. En effet, ses performances sont restées insuffisantes par rapport aux sollicitations et besoins du marché. Le tissu économique du Cameroun est constitué à 90% de PME qui font face à d’énormes difficultés de financement. Selon un financier, le résultat des activités déjà réalisé par la BC-PME est susceptible d’être améliorée, mais à condition que l’Etat tienne ses engagements suffisamment à temps en libérant des ressources longues pour lui permettre de jouer pleinement son rôle.

    La DG de la Banque Agnès Ndoumbe Mandeng, elle-même, avait déjà soufflé en 2016 : « Il est impératif que soit mis à disposition de la banque, des fonds nécessaires au déploiement de son mécanisme de garantie pour le montant initialement convenu de 5 milliards FCFA. Cet influx permettra d’amortir les chocs liés à l’investissement de démarrage des activités financées et permettra de respecter la norme sur la représentation du capital minimum édictée par la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) ».

    Un autre facteur limitant les possibilités d’octroi des crédits au niveau marché bancaire national est la nature des ressources déposées auprès des banques, constituées des dépôts à très court terme et à vue, qui ne permettent pas d’opérer des financements à moyen et long termes. Une situation qui vient en rajouter aux difficultés éprouvées par les promoteurs nationaux de Petites et moyennes entreprises, soumis aux énormes contraintes de financement et qui ont vu en la BC-PME, une sorte de bouée de sauvetage.  « La structure des ressources actuellement disponibles sur le marché ne permettra pas au système financier national, et encore moins à la BC-PME, d’impulser une meilleure contribution des PME à la croissance nationale par la facilitation de l’accès au financement. D’où, en plus des 5 milliards FCFA requis pour son décollage, la nécessité de mettre à disposition de la banque des ressources supplémentaires, en volume en typologie », avait confessé la DG en novembre 2016.

    Il est également déplorable de constater que dans un contexte de boom numérique qui induit la création de plusieurs Startup, la BC-PME reconnaisse son incapacité à apporter des solutions à leurs problèmes de financement. « Généralement porteuses de projets nécessitant des investissements à moyen ou long terme, les Startups représentent un risque bien trop élevé que les ressources actuelles de la banque ne peuvent satisfaire », confiait Agnès Ndoumbe Mandeng.

    Lire aussi : Coronavirus : quel fonds de soutien pour les PME ?

    Recapitalisation

    Toutes ces difficultés ont amené les pouvoirs publics à penser la restructuration de la Banque des PME entre autres. En effet, l’assainissement du secteur financier camerounais annoncé par le Secrétaire général du Ministère des finances, lundi 24 juillet 2017, prévoyait une capitalisation d’un montant total de 27,5 milliards de FCFA, afin de recapitaliser la Commercial Bank of Cameroon, mais aussi la Banque Camerounaise des PME  récemment créée.

    Le management de la banque des PME a récemment défendu son bilan dans lequel elle a accordé 11,5 milliards de prêts et près de 40 milliards de caution, au profit de 1600 personnes, à des conditions de garanties souples. Il semble que la rentabilité n’ait pas vraiment suivi. Le plan d’assainissement prévoit aussi une recapitalisation, par leurs actionnaires, de trois banques privées en difficultés, à hauteur de 33 milliards de FCFA. Dans l’incapacité, pour ces actionnaires, de suivre, l’Etat pourrait intervenir, à condition que l’opération entraîne une prise de participation qui soit justifiée par un besoin de stabilité nationale.

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  • Production: 1,924 milliards FCFA pour développer le bambou et le rotin

    La filière bambou et rotin est au centre de toutes les attentions depuis quelques temps au Cameroun. Plusieurs conventions ont déjà été signées entre le Cameroun, y compris des organisations exerçant dans le pays, et le réseau international pour le bambou et le rotin (Inbar) basé en Chine. La dernière en date, c’est celle signée avec le gouvernement lors de la visite du chef de l’Etat en Chine, faisant de la capitale camerounaise la base régionale de l’Inbar en Afrique centrale. On évoque dans ce sillage le lancement de deux projets sur l’amélioration des chaînes de valeurs du bambou et sur l’usage de cette ressource dans la restauration des sols. Une opportunité d’affaires pour le Cameroun, compte tenu de son potentiel en matière du bambou et du rotin, selon Hans Friederich, directeur général de l’Inbar.

    Le potentiel du Cameroun dans la production du bambou et du rotin n’est jusqu’ici bien chiffré, selon les responsables du ministère des Forêts et de la faune (Minfof) en charge des produits forestiers non ligneux. A priori, ces plantes poussent à pertes de vue, à en croire ce dernier. Selon un inventaire du bambou réalisé sur appel d’offres financé par le BIP 2015, il ressort que quatre régions du Cameroun à fort potentiel, notamment le Centre, Littoral, Sud et Sud-ouest (phrase incomplète). Un plan de gestion du bambou de Chine au Cameroun a été élaboré et adopté en décembre 2016. Lequel plan a un coût total de 1,924 milliards FCFA pour une durée de 5 ans. Il est notamment prévu la création des plantations expérimentales avec la collaboration des communes qui en sollicitent. L’ARMP a par ailleurs lancé en février 2017 un appel d’offres en vue de l’élaboration d’un plan de promotion et d’utilisation du bambou de Chine au Cameroun.

    Selon les experts, le bambou est une matière première pour la fabrication du matériel nécessaire aux travaux dans des secteurs tels que le génie civil, l’hydraulique, l’élevage. Par exemple les conduites d’eau, les lambris, le bois de charpente, le charbon pour les ménages, etc. Un mémorandum d’entente a été signé entre l’association Forêts et développement rural (Foder) et l’Inbar en mai 2017 en vue de promouvoir la chaîne de valeur de ces produits non ligneux au Cameroun. Il est question de créer des unités de transformation du bambou dans lesquelles on pourra produire du charbon, des lambris pour parquet, tables bancs et des lamelles à assembler pour former des planches. Au niveau mondial, le bambou et le rotin rapportent plus de 11 300 milliards de FCFA avec plus de 200 produits dérivés impliquant divers secteurs. En Chine, ce produit non ligneux qui a aussi une valeur spirituelle permet d’injecter plus de 30milliards de dollars US par an dans le circuit économique. Les activités tournant autour du bambou dans la seule province du Zhejiang pèsent pour près de 70% de toutes les activités économiques, avec des retombées en termes d’emplois et de ressources financières.

  • CNPS: l’assurance volontaire en déça des espérances

    L’assurance volontaire instaurée et mise en place par le gouvernement depuis plus de trois ans a certes rencontré l’assentiment des acteurs du secteur informel qui jusqu’ici n’étaient pas couverts par le système d’assurance jadis en place, mais le versement effectif des cotisations reste limité. Pour ses trois premières années, ce régime d’assurance a permis à la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) de collecter un total de 686,638 millions FCFA. D’un peu plus de 162 millions FCFA de cotisation pour la première année en 2015, l’assurance volontaire a connu une croissance à 284,123 millions FCFA en 2016, avant de dégringoler à 239,732 millions de FCFA en 2017, soit une baisse de 15,62%. Cette chute est due à l’assainissement intervenu dans ce fichier, selon Simon Meyanga, responsable de la communication à la CNPS. Sur les 170 000 personnes affiliées à ce régime d’assurance depuis 2014, seulement 71 000 payent régulièrement leurs cotisations, explique le responsable.

    Le suivi des assurés volontaires semble assez complexe. La CNPS a signé des conventions avec certaines banques et microfinances de la place en vue de percevoir les cotisations des personnes inscrites à ce régime, mais les versements ne sont pas réguliers pour la plupart des assurés volontaires. C’est le cas de Donald, vendeur de chaussures ambulant dans les rues de Yaoundé, inscrit à l’assurance volontaire en 2015. Après avoir contribué régulièrement pendant plus d’un an, il a dû interrompre brutalement ses versements  suite à l’arrêt de son activité. Donald espère renouer avec sa cotisation très prochainement, mais s’inquiète de ne plus retrouver son compte. Quant à Elvis, étudiant à l’université de Yaoundé I, le compte a été suspendu depuis quelques mois. Il s’était engagé à verser 3 046 FCFA tous les mois auprès d’une microfinance, l’équivalent de la cotisation pour un salaire de 36 270 FCFA correspondant au SMIG. Depuis qu’il s’est inscrit à l’assurance volontaire, le jeune étudiant n’a pas honoré ses engagements pour indisponibilité, dit-il. En cas de non versement de sa cotisation au bout d’une période, le compte est suspendu au grand dam de l’assuré, explique un cadre de la CNPS.

    Mise en place il y a un peu plus de trois ans, l’assurance volontaire avait pourtant eu un écho favorable auprès des acteurs du secteur informel. La mesure gouvernementale permettait en effet à une catégorie jusqu’ici non assurée de bénéficier d’un système de garantie de paiement d’une pension ou d’une allocation retraite moyennant le versement  volontaire d’une cotisation mensuelle à l’effet de bénéficier de cette contribution en cas de vieillesse, d’invalidité ou de décès. Pour l’année 2017 seulement, ils ont été 33 499 à s’inscrire à  ce régime d’assurance contre 60 196 employés du secteur public et privés immatriculés au cours de la même année, selon les statistiques de la CNPS. Au bout de trois ans, 159 822 étaient inscrits à l’assurance volontaire. Les femmes sont moins nombreuses à solliciter ce régime. Sur les trois premières années, on compte 58 994 femmes pour 159 822 hommes. Les tranches d’âges allant de 20 à 24 ans s’intéressent particulièrement au régime volontaire. 8 252 personnes appartiennent à cette catégorie d’âge pour l’année 2017 seulement. Alors que les 65 ans et plus sont les moins représentés.

    Principe

    Lire aussi : Performances: 180 milliards de trésorerie à la fin 2017 pour la Cnps

    Comment fonctionne l’assurance volontaire

    L’article 2 du décret du Premier ministre fixant les conditions et les modalités de prise en charge des assurés volontaires stipule que sont considérés comme assurés volontaires, notamment les travailleurs qui ne remplissent pas les conditions d’affiliation au régime général, au régime des personnels de l’Etat, ou à un quelconque régime spécial de sécurité sociale ; et les anciens assurés sociaux qui cessent de remplir les conditions d’assujettissement au régime général. Selon les services techniques de la CNPS, l’assuré qui verse une cotisation sociale de 3 046 FCFA (le taux le plus bas, correspondant au SMIG, 36 270 F) tous les mois pendant 15 ans aura versé à la CNPS un montant cumulé de cotisations sociales de 548 280F. La plus petite pension payée en ce moment par la CNPS étant de 19 000F, l’assuré aura récupéré au bout de 28 mois (deux ans 4 mois) tout ce qu’il aura versé à la CNPS. Mais la CNPS continuera à lui payer sa pension retraite jusqu’à son décès, et même après à ses ayants droit (épouse, enfants mineurs), précise un cadre.

    La CNPS a mis en place des structures particulières, les secrétariats sociaux, à travers le pays, pour faciliter l’adhésion à l’assurance volontaire. Estimé à environ 74 sur l’étendue du territoire, leur rôle est de collecter et d’acheminer les dossiers des volontaires dans les centres de prévoyance sociale. Pour bénéficier de l’assurance volontaire, il faut se munir d’un certain nombre de pièces parmi lesquelles une demande d’immatriculation signée par l’intéressé. Le revenu annuel à déclarer par le candidat à l’assurance volontaire est plafonné à 750 000 FCFA par an, soit une cotisation mensuelle de 63 000 FCFA. Ce montant est payé par l’assuré volontaire auprès des banques et établissements financiers agréés, au plus tard le 15è jour du mois qui suit la période d’échéance retenue pour le paiement. Le mouvement des employés d’un régime à l’autre est possible, note le service technique de la CNPS. Selon les statistiques, 40 travailleurs ont quitté le régime obligatoire pour le régime volontaire et 13 du volontaire pour l’obligatoire. En effet, un ancien travailleur n’ayant pas rempli les 180 mois de cotisation prévus par le régime obligatoire de la sécurité sociale peut être reversé dans le régime volontaire. L’assuré volontaire peut à partir de 50 ans, solliciter le paiement des différentes prestations prévues par la législation. Chaque année de cotisation en plus des 180 mois ajoute 1% au taux de calcul de la pension.

  • Port de Kribi: où sont passées les fonds d’indemnisation?

    La ville de Kribi a connu une forte poussée de fièvre le  17 août 2018, au quartier Mbeeka, niveau pont sur la Lobe, petit fleuve arrosant cette cité balnéaire. Plusieurs dizaines d’habitants des villages Mabi, Batanga et  Iyassa ont érigé des barricades sur l’artère Kribi-Mboro. Munis de pancartes, les protestataires manifestaient leur mécontentement après une sortie médiatique de Philémon Alfred Mendo, le Directeur adjoint du Terminal à conteneurs de Kribi (KCT). Sortie dans laquelle ce dernier indiquait sur les antennes de Cameroon Radio and television (Crtv), le paiement effectué des indemnisations suite aux travaux de construction du port en eaux profondes de Kribi, ainsi que du recrutement des jeunes de la localité dans cette même structure. Indemnisations que les populations jurent n’avoir jamais reçu après 4 ans d’attente. La tension est heureusement retombée après plusieurs interventions dont celle des chefs traditionnels de la localité.

    Ces notabilités traditionnelles de la bande côtière Kribi-Campo, réunies le 24 août 2018, ont effectué une mise au point sur la situation causale. 27 chefs traditionnels au total. Sur ce qui est qualifié dans le communiqué final de cette concertation, « d’escalade de revendications » et  « d’accusations graves » portées contre Philémon Alfred Mendo, reconnu par ailleurs, « compétent », les chefs traditionnels de la bande côtière Kribi-Campo  se désengagent totalement de la marche de protestation du 17 août 2018. En prenant conséquemment fait et cause pour le Dga du Kct :  » les propos de ce haut responsable et digne fils de la Région du Sud ont été mal interprétés et repris par une certaine presse, l’indexant comme responsable, et présentant faussement la chefferie traditionnelle comme instigatrice et organisatrice du mouvement d’humeur ». La mise au point dûment signée mentionne clairement, « une amorce de réponses aux revendications dignement et paisiblement portées par le Collectif des Chefs traditionnels de la bande côtière Kribi-Campo », à l’issue de son forum du 22 février 2018. Amorce sur  la programmation des indemnisations, le recrutement progressif des jeunes de Kribi par KCT, l’implication du Directeur général du Port autonome de Kribi (PAK) dans le recrutement des jeunes de Kribi par les entreprises concessionnaires.

    En dénonçant avec « la dernière énergie » les actes malheureux du pont sur la Lobe, les 27 chefs traditionnels Batanga, Iyassa et Mabi pointent, dans la même mise au point, un doigt accusateur sur « une élite politique en mal de notoriété, aux fins de récupération et de manipulation portant atteinte au vivre-ensemble… ». Ils constatent par ailleurs un dessein malicieux de ladite élite sur « le projet structurant dont est doté la cité balnéaire ». Dans une habile esquive, la mise au point ne donne aucune indication sur la personnalité politique indexée. Après recoupement, il s’agit en effet du Sénateur Grégoire Mba Mba, pourtant également contre la manifestation à en croire ses propos tenus au plus fort de la marche de protestation :  » vous pouvez revendiquer vos droits, mais si c’est pour barrer les routes, je ne suis pas d’accord avec vous », réagissait à chaud l’homme politique, le 22 août 2018. Un coup savamment fomenté, semblent insister les Chefs traditionnels de la bande côtière Kribi-Campo. Qui parlent même « d’une organisation machiavélique orchestrée par cette élite », dont on connaît, précisent-ils encore « le peu de considération pour les autorités traditionnelles, et dont le souci aujourd’hui est de redorer son blason ».

    Les notabilités traditionnelles Batanga, Iyassa et Mabi rappellent, dans cette sortie, leur attachement à la paix et à l’hospitalité ». Sont de surcroît favorable au développement de la ville de Kribi. Dans le camp du Sénateur Grégoire Mba Mba, c’est encore le mutisme total sur la sortie des chefs traditionnels.

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