Mois : janvier 2019

  • Indépendance monétaire l’Italie demande à la France de «libérer» le Cameroun

    Le fait est particulier en ce sens que ce sont des médias occidentaux qui portent le débat sur le FCFA, sur la place publique, à travers une crise diplomatique. En effet, les téléspectateurs ont suivi, médusés, sur les antennes de « France 24 », des accusations du vice-Premier ministre italien Luigi Di Maio, dimanche 20 janvier dernier. Le leader du Mouvement 5 Étoiles a accusé Paris « d’appauvrir l’Afrique», et donc le Cameroun, à travers l’instrument de domination qu’est la monnaie. «Si aujourd’hui il y a des gens qui partent, c’est parce que certains pays européens, la France en tête, n’ont jamais cessé de coloniser des dizaines de pays africains », a-t-il lancé, affirmant que le franc CFA, monnaie de 14 pays africains imprimée en France, «finance la dette publique française».


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    Selon plusieurs spécialistes en économie au Cameroun, il y a un certain nombre de règles qui obligent les Etats utilisant le franc CFA à avoir des taux d’inflation faibles, parce qu’ils sont calés sur la politique de la Banque centrale européenne

    L’autre vice-Premier ministre italien, Matteo Salvini, lui a emboîté le pas, mardi, estimant que « la France n’a aucun intérêt à stabiliser la situation » en Libye car elle y possèderait des intérêts liés au pétrole. Puis, mercredi, le patron de La Ligue s’en est pris directement à Emmanuel Macron : «J’espère que les Français pourront se libérer d’un très mauvais président« , a-t-il écrit sur Facebook.

    Interrogé par RFI, la journaliste Fanny Pigeaud qui publie chez La Découverte L’arme invisible de la Françafrique, déclare : « Il dit des choses qui, effectivement, doivent être étudiées de près, mais qui ne sont pas fausses. Est-ce que cela a une influence sur les migrations ? Oui, forcément. Parce que le franc CFA, d’abord, est une monnaie surévaluée. Elle est, il faut le rappeler, ancrée à l’euro, qui est une monnaie forte. Les économies de ces quatorze pays sont des économies faibles. Donc, avoir une monnaie surévaluée handicape au niveau des exportations et, par contre, donne un avantage aux importations, ce qui ne facilite pas l’industrialisation de ces pays».

    Pour Fanny Pigeaud, c’est dommage qu’on ne voie plus d’hommes politiques, en Europe et en France en particulier, s’intéresser à la question du franc CFA, prendre position et se rendre compte qu’il y a effectivement un problème.

    Selon plusieurs spécialistes en économie au Cameroun, il y a un certain nombre de règles qui obligent les Etats utilisant le franc CFA à avoir des taux d’inflation faibles, parce qu’ils sont calés sur la politique de la Banque centrale européenne. Donc, il faut avoir moins de 3% d’inflation, et cela les oblige aussi à avoir des règles de suivi budgétaire assez strictes. Certes, il y a une stabilité, l’inflation, les prix augmentent peu. Mais cette stabilité a un coût. Les banques centrales africaines s’obligent à restreindre les crédits qu’elles accordent aux Etats, aux ménages et aux banques commerciales, pour faire en sorte que les réserves de change restent au même niveau sur les comptes d’opération. Cela veut dire que cela bloque toutes les capacités productives de ces pays. Les officiels français ne se rendent pas compte de ce que génère ce franc CFA en termes, aussi, de ressentiment vis-à-vis de la France.

    Le compte d’opérations de la Beac auprès du trésor français est excédentaire de quelque 2600 milliards de FCFA en 2017, contre un déficit de 78,6 milliards fin 1993

    Il fait régulièrement polémique dans les 14 pays d’Afrique, dont le Cameroun, qui l’utilisent et pourtant, le franc CFA a plus de 70 ans ! Signe particulier : sa parité fixe avec la monnaie unique européenne. Un euro s’échange contre 655 francs CFA. Ses partisans vantent sa stabilité : pas d’inflation, pas de risque de change. Ses détracteurs lui reprochent d’être une survivance coloniale au service d’une élite… Franc CFA, mode d’emploi et perspectives.

    La France détient près de 1600 milliards du Cameroun

    Les avoirs auprès du Trésor français se répartissent comme suit entre les Etats membres de la Cemac et la Banque centrale : la BEAC dispose de 441,609 milliards FCFA. Le Cameroun, 1 579,571 milliards FCFA ; c’est plus du quart du budget du Cameroun. Le Congo, 138,338 milliards FCFA. Le Gabon, 383,667 milliards FCFA. La Guinée équatoriale, -50,809 milliards FCFA et le Tchad a aussi un solde négatif de -118,421 milliards FCFA.

    La BEAC fait observer que la forte hausse du niveau des avoirs déposés au compte d’opérations sur l’année 2017 (+ 120,7 %) comparativement à 2016 (la Cemac disposait de 1 155 milliards), « est principalement liée à la cession partielle et aux tombées d’échéance enregistrées sur le portefeuille d’investissement de la Banque centrale ».

    Le compte d’opérations est celui ouvert par la Banque des Etats de l’Afrique centrale au service de contrôle budgétaire et comptable ministériel du ministère des Finances et des Comptes publics de la France. La Banque centrale, d’après ses conventions, doit impérativement y déposer 50% de ses avoirs extérieurs. Toutefois, la convention du 3 octobre 2014 stipule que cette quotité peut être abaissée en deçà de 50% mais, sans être inférieure à 40%.


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    Le compte d’opérations de la Beac auprès du trésor français est excédentaire de quelque 2600 milliards de FCFA en 2017, contre un déficit de 78,6 milliards fin 1993. En moyenne, le taux de couverture extérieure de la monnaie était de 21,9% sur la période 1990-1993, contre 80,9% sur la période 2013-2016 et une prévision de 60,4% sur la période 2017-2020.

    Paris centralise plus de 50% des réserves des pays de la zone franc

    Lors de la réunion des 14 ministres des Finances et de l’Economie de la zone Franc, en octobre 2017, les participants n’ont pas éludé la question de la monnaie commune à ces Etats. Si les différents protagonistes affirment que le sujet n’a pas été évoqué, lors de la réunion parce qu’il n’était pas à l’ordre du jour, bien qu’il y ait des discussions informelles, une source du ministère français de l’Economie et des Finances, citée par l’hebdomadaire panafricain « Jeune Afrique », prend de haut la polémique qui enfle sur cette devise continentale et excipe de la fixité de la parité par rapport à l’Euro.

    «La France est, via le franc CFA, un filet de sécurité régionale des pays africains de la zone», lâche ce responsable. Car, souligne l’hebdomadaire panafricain, les pays de la zone bénéficient d’un découvert illimité en cas d’épuisement des réserves au Trésor français. Une situation que trouve avantageuse le gouverneur de la Banque des Etats d’Afrique centrale, Mahamat Abbas Tolli.

    «La monnaie, prise de façon isolée, ne fait pas le développement ; et les Etats ont décidé de rester ensemble parce que c’est utile », a-t-il indiqué lors de la conférence de presse. Malgré la baisse de 50% du volume des devises déposées au Trésor français par la zone, Bruno Le Maire, ministre français de l’Economie, indique que la France reste disposée à discuter des perspectives et du destin du compte d’opérations dont les dépôts pourraient encore diminuer sur la demande des Etats.

    «Il ne faut pas confondre ces difficultés économiques réelles liées à la chute des cours des matières premières avec le fait d’appartenir à une zone monétaire commune», a expliqué Bruno Le Maire, lors de la conférence de presse de clôture de la réunion. «La monnaie est là pour garantir la stabilité et la protection contre l’inflation des économies des épargnants. Là-dessus, les objectifs sont remplis», souligne-t-il en réfutant l’idée d’une probable dévaluation du franc CFA.

    Au sujet des décisions de portée générale, les assises d’automne ont arrêté que les pays de la zone, face à la conjoncture économique difficile, rendue défavorable par la baisse des cours des matières premières, déploient davantage d’efforts dans la mobilisation des ressources propres. Ils ont adopté 21 résolutions devant permettre une sortie de crise, au nombre desquelles figurent l’élargissement de l’assiette fiscale, la réduction des déficits publics, la maîtrise de l’endettement, le respect des critères de convergence.


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    Les argentiers de la zone Franc se sont également accordés sur la réduction de l’économie informelle et la promotion des paiements en ligne afin de limiter la manipulation des espèces. «On ne peut pas envisager de réduction durable de la dette ni de relance de l’économie et de croissance sans mobilisation des recettes fiscales», précise le ministre français de l’Economie.

    Au sujet de la dette des Etats, le ministre camerounais de l’Economie, Louis Paul Motaze, indique, quant à lui : « on a des pays qui ont un niveau d’endettement moins élevé tandis que d’autres ont dépassé les critères de convergence, à savoir le seuil de 70% ». Dans un contexte marqué par la chute des cours des matières premières, notamment le pétrole, la Banque de France relève que la zone Franc reste un gage de stabilité économique. Pour François Villeroy de Galhau, gouverneur de cette institution, les deux sous-ensembles, la CEMAC et l’UEMOA, ont su maîtriser l’inflation et, aujourd’hui, affichent des taux de croissance qui dépassent ceux des pays non producteurs d’hydrocarbures, en particulier, et de l’Afrique subsaharienne en général.

  • Diplomatie économique: la Chine doublement gagnante en tant que bailleur du Cameroun

    L’actualité camerounaise est marquée depuis le début de la semaine par un nouveau « glissement », celui de la vraie fausse annulation de la dette chinoise due par le Cameroun. S’appuyant sur une affirmation largement partagée sur le réseau social Whatsapp et dont l’origine précise n’a pas encore été tracée, l’information s’est propagée très rapidement. Au sein de l’opinion publique, les pro-gouvernementaux n’ont pas manqué de saluer une victoire forte de la diplomatie de sagesse de Paul Biya, le président de la République. « N’oublions pas que le président de la République a effectué deux voyage en Chine en 2018 et que la Chine s’était engagée à réduire la dette des pays africains à deux conditions. La première, c’est que le pays soit économiquement faible, la deuxième, c’est que le pays fasse montre d’une bonne gestion économique. Cette réduction de dette de 3000 milliards de FCFA est la preuve de la force diplomatique du président Paul Biya et aussi la reconnaissance des efforts de gouvernance économique au Cameroun », a indiqué un professeur de l’institut des relations internationales, dans un débat télévisé sur une des chaînes privées basées Yaoundé. A Douala par contre, l’opinion publique s’inquiète des concessions qui auraient été faites par le gouvernement de Paul Biya pour parvenir à un tel niveau de réduction de dette.


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    Des critères précis d’annulation qui semblent n’avoir pas été analysés

    Même si les questions que soulève cette réduction de dette sont cohérentes, les différentes analyses se sont appuyées sur des informations erronées. Sur le site de la présidence de la République, le communiqué officiel donnait pourtant des premiers indicateurs sur le type de dettes qui bénéficierait d’une annulation par la partie chinoise. « Le représentant spécial du Chef de l’Etat chinois a annoncé au Chef de l’Etat, l’allégement de la dette sans intérêt du Cameroun envers la Chine à l’échéance fin 2018. L’on se rappelle que lors des entretiens avec le président Xi Jinping à Beijing en septembre dernier, le président Paul Biya avait plaidé pour un allègement de la dette de notre pays envers la Chine. La partie chinoise a donc répondu favorablement à cette demande », peut-on lire dans le document officiel. Cette information indiquait ainsi, qu’il n’est aucunement question d’une annulation, mais d’un allègement, et que cela ne portait pas sur l’ensemble de la dette due par le Cameroun à la Chine, mais à celle n’ayant pas de taux et arrivant à échéance à la fin 2018. Ces deux détails sur les critères de l’annulation de la dette chinoise, ont comme échappé aux analystes du week-end, et il a fallu avoir les éclairages du ministère en charge de l’Economie et du Plan et de l’Aménagement du Territoire, retranscrits par le site d’information « Investir au Cameroun », pour avoir le premier chiffre officiel de l’annulation, qui lui parle de 45 milliards de FCFA. Aujourd’hui, plusieurs questions restent sans réponse. Le chiffre de 3 200 milliards de FCFA est-il à mettre dans l’absolue ? Bien qu’on soit actuellement seulement à 45 milliards de FCFA, l’allègement de la dette s’est-elle faite sans contrepartie ? Telles sont les orientations que prennent désormais les discussions.

    cet allègement de dette est un repositionnement du gouvernement chinois, qui souhaite se laver des critiques indiquant que son pays accable ses partenaires africains, d’une dette malsaine

    Un encours de prêt effectif de 3200 milliards de FCFA, mais une dette échue beaucoup plus faible

    La confusion est venue finalement, semble-t-il, d’une mauvaise manipulation du concept de dette publique. Selon des statistiques officielles sur la dette chinoise en Afrique, le total des prêts et avances obtenus par le Cameroun de son partenaire chinois, atteignait à la fin de l’année 2017, le montant de 5,568 milliards $ (3 216 milliards de FCFA, au cours actuel de la devise américaine). Mais cet encours global des prêts chinois ne donne pas toutes les informations, car il représente le total des crédits obtenus du Cameroun à partir de la Chine. Mais le détail des chiffres renseigne de plusieurs faits. Les premiers prêts chinois d’envergure ont véritablement débuté en 2007, avec une avance reçue de 67 millions $. Le record de prêts reçus par le Cameroun de la Chine date de 2012 lorsque le partenaire du Cameroun lui a remis un total de 1,5 milliard $. En 2015 et 2016, le Cameroun a aussi reçu de volumes importants de prêts chinois avant que le rythme ne tombe drastiquement à seulement 448 millions $. La question d’une réduction de la dette n’a pas été abordée seulement aujourd’hui. En 2002, des responsables chinois et Camerounais avait signé un accord visant à restructurer la dette en cas de besoin. Aussi, cet allègement de dette est un repositionnement du gouvernement chinois, qui souhaite se laver des critiques indiquant que son pays accable ses partenaires africains, d’une dette malsaine. Enfin, sur ce montant global, certaines dettes déjà arrivées à échéance, ont été réglées et d’autres devront l’être dans le futur


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    La Chine doublement gagnante dans son statut de bailleur du Cameroun

    Un autre argument voudrait que le président Camerounais Paul Biya aurait fait des concessions au chinois. Une des conséquences espérées est la reprise des arrestations de personnalités de la République, ayant commis des actes de détournement. Même si les questions de politique interne peuvent se confondre avec les politiques diplomatiques, une telle hypothèse n’est pas cohérente dans l’absolue. En réalité, le gain chinois a été réalisé en amont. Des chiffres officiels chinois indiquent par exemple, que les revenus des entreprises chinoises attributaires des contrats de construction, n’ont cessé de progresser. En 2016, ces revenus atteignaient un total de 6,8 milliards $, soit près de 1,3 milliard $ de plus que l’ensemble des prêts reçus de ce pays. Ainsi non seulement, la Chine a gagné en contrat pour ses entreprises, mais en plus le Cameroun doit lui verser du cash, pour rembourser les « dettes nés des différents prêts qu’il a reçus de son partenaire, avec pour certains un taux d’intérêt. A cela, il faut ajouter les exonérations discrétionnaires, qui ont permis à des commerçants chinois de prospérer notamment à Douala, la capitale économique, où ils occupent une bonne place dans le commerce du détail. Le Cameroun a reçu plusieurs infrastructures, mais à l’heure actuelle, ceux-ci tardent encore à générer l’impact souhaité sur son économie.

  • Stade Paul Biya à Olembe: l’autre scandale de la CAN 2019

    Un silence assourdissant sur le site de construction du stade Paul Biya à Olembe à Yaoundé. Les mouvements d’humeur qui ont paralysé, il y a quelques jours les travaux sur ce chantier, un des plus importants dans le cadre de la CAN que le Cameroun devait accueillir en 2019, ont certes cédé la place à un calme apparent. Mais derrière cette ambiance, se cachent les pleurs des centaines d’ouvriers mécontents. Licenciés après plusieurs mois d’arriérés de salaires, ils ont le sentiment d’avoir été victimes d’une arnaque  et ne savent plus à quel saint se vouer.

    C’est le cas de Gabin, recruté le 8 septembre 2018 et mis à la disposition de Panzeri, le sous-traitant de Piccini qui supervise l’essentiel des travaux sur le site. Au bout de quatre mois d’activités, il revendique déjà deux mois d’arriérés de salaire, après son licenciement. L’ouvrier témoigne qu’il ne percevait souvent qu’une partie de son salaire ; des paiements qui intervenaient parfois avec beaucoup de retards. Tous ces griefs ont poussé les employés à se révolter, le mardi 15 janvier 2019.

    Entre autres revendications, le règlement des arriérés de salaires pouvant aller à 5 mois pour certains, les primes de risque, l’affiliation à la CNPS …

    Tout commence quelques jours plus tôt par de simples revendications et appels au dialogue. « Nous avons interpellé certains de nos employeurs de Videcom et Ecotek directement, ainsi que ceux de Piccini. Nous avons demandé ce dialogue-là qui n’a jamais eu lieu », raconte Blaise Bonny, porte-parole de ces ex-employés. Sans aucune suite, ces derniers décident de suspendre le travail. Même la rencontre avec des responsables du chantier ne permet pas de répondre aux préoccupations des grévistes, notamment sur la disponibilité de leurs salaires. Le responsable de Panzeri va se retirer, rejetant la responsabilité sur les autres, le DGA de Piccini lui, avance payer les factures tous les trois mois, et le directeur de Videcom quant à lui, affirme n’avoir pas reçu l’argent. Un jeu de « ping-pong » des responsables qui pousse les employés mécontents à durcir le ton en érigeant des barricades sur une voie d’accès au site.


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    Cette poignée sera rejointe plus tard mercredi dernier par des employés d’autres entreprises de sous-traitance. Entre autres revendications, le règlement des arriérés de salaires pouvant aller à 5 mois pour certains, les primes de risque, l’affiliation à la CNPS … La masse des grévistes qui s’étoffe davantage met la pression aux responsables du chantier. C’est finalement à partir de jeudi dernier dans la nuit que les salaires commencent à tomber, « après concertations entre le gouverneur, le DGA de Piccini, et une banque de la place », révèle le Porte-parole des ouvriers licenciés.

    Mais Piccini va décider de se séparer d’une bonne partie des ouvriers, sans toutefois veiller à régler leurs arriérés de salaires. Joint au téléphone, le responsable de Bati Pont, un des sous-traitants, confie que Piccini n’a pas réglé ses factures depuis septembre. Face à cette situation, l’entreprise a pris la décision d’arrêter. Mais, soutient-il, tous les ouvriers seront payés. D’après ce dernier, Piccini leur a confié au cours d’un entretien qu’il y a des réclamations avec l’Etat. Le coordonnateur de Cacess, sous-traitant chargé du nettoyage, estime quant à lui qu’il n’a pas besoin de signer des contrats pour cette activité qui est temporaire.

    Entreprises Activités Responsables Nombres d’employés Nombre de mois de salaires impayé Montant des  salaires non payés 
    Ecotec Electricité-plomberie-froid et chaud-soudure Appolinaire Tematio 50 02 12 millions
    Gecam   Daniel Gwet 50 05 30 millions
    Geomesure Feraille-nettoyage Eric 100 03 36 millions
    Bati pont Feraille-Nettoyage- pose des chaises-toitures Arnaud Fogang 100 05 60 millions
    Natanael Metal Soudure nettoyage Onana 150 06 108 millions
    Ste Expesinde   NjohFrancko/Ebelle Daniel 50 03 180 millions
    Cacess Nettoyage-feraille Batock Moise 100 04 48 millions
    Gecc Feraille-soudure Bayiha Mboua 60 03 22 millions
    Videcom Electricité-plomberie-froid et chaud-soudure Adam Hamel/ Georges Fabo 150 1/2 9 millions
    Aesys Plomberie-soudure   20 00  
    Ac3n Tuyauterie   50 03 18 millions

    Entreprises sous traitantes et montant des salaires non payés aux ouvriers licenciés

    Flou dans la sous-traitance et les paiements

    Entre la société Panzeri, qui supervise l’essentiel des travaux, et quelques autres sous-traitants de Piccini, il semble difficile de distinguer les tâches précises de chacun, notamment pour ce qui concerne la paie. Sur le chantier d’Olembe, les entreprises sous-traitantes se succèdent au rythme des saisons, emportant avec elles les arriérés de salaires de nombreux ouvriers qui pourtant font couler leur sueur pour faire avancer les travaux. Pas moins de 12 y officient encore (ou y ont déjà) depuis le lancement du chantier, parfois pour les mêmes tâches.

    Rien que pour la plomberie, l’électricité et la soudure, on compte Ecotec, BC et CC, et Videcom. Geo Mesure, Bati Pont, Natanael Métal, Cacess et Gecc se partagent les tâches liées à la ferraille, au nettoyage et à la soudure. Chacune d’elles a déjà englouti entre deux et cinq mois d’arriérés de salaires de plus de deux cent employés. Ceux qui sont payés ne perçoivent parfois qu’une partie de leur dû.

    Les ouvriers déplorent aussi l’absence des bulletins de paie ; une situation qui favorise la surfacturation par les sous-traitants. « On a souvent observé des écarts entre les montants perçus par les ouvriers et ceux déclarés au niveau de Piccini », témoigne Blaise Bonny, porte-parole des ouvriers licenciés. Malgré de nombreux mouvements d’humeur, ces derniers n’ont pas pu recouvrer ce qui leur revient de droit. Panzeri qui supervise les travaux demande aux ouvriers de se référer aux sous-traitants qui les recrutent, alors que pour les sous-traitants, c’est Piccini qui ne paie pas ses factures.

    Menaces sur le respect des délais

    Les grèves à répétition sur cet important chantier font planer le doute sur la capacité à tenir le délai de mars annoncé par les responsables des travaux. Dès le mois de juin 2018, les employés avaient organisé une grève sur le chantier à Olembe. Les ouvriers avaient été rejoints dans leur mouvement d’humeur par les populations riveraines qui contestaient le recrutement massif de personnes venues d’ailleurs au détriment des leurs. Le ministre du Travail et de la Sécurité sociale avait alors organisé une réunion d’urgence avec les responsables des entreprises opérant sur le chantier pour désamorcer la crise.L’option de la réduction de la taille du personnel laisse croire que les autorités ont abandonné la priorité du délai, surtout que la CAN 2019 ne se jouera plus au Cameroun. Selon les estimations, c’est plus de la moitié des ouvriers qui ont vu interrompre leurs contrats. A en croire le porte-parole des ouvriers licenciés, le consultant de Panzeri a dit vouloir garder seulement 150 ouvriers sur le chantier, l’équivalent du nombre d’employés d’un sous-traitant.

    Cette compression d’une bonne partie du personnel, à la suite des grèves ayant paralysé, a considérablement ralenti les travaux, observe le responsable de Bati Pont. D’après les ouvriers, les activités au niveau du centre commercial et de l’hôtel, qui font la particularité de ce projet, ont été mis en veille. Le personnel retenu est uniquement concentré sur le stade proprement dit, le complexe devrait encore attendre.

     

    Blaise Tarcin Bonny: « Nos salaires ont été réduits entre 70 et 80 000 FCFA »

    Blaise Bonny: Que réclamez-vous concrètement, après la grève sur le chantier, qui s’est soldée par votre licenciement ?

    EcoMatin: Nous réclamons tout simplement ce qui revient de droit à un employé, c’est-à-dire un contrat de bonne qualité, des modalités de paiement conformes. Par exemple, nos contrats ne spécifiaient pas la catégorie, il n’y avait pas de prime, même pas la prime de risque. Il n’y avait pas de date de paiement. Vous pouvez travailler trois mois, on vous paie un demi-mois. Le personnel n’est pas assuré, ce qui veut dire que tout ce qu’il y a comme danger, accident et autre ne sera pas pris en compte par l’employeur. Nous avons réclamé cela, et demandé l’affiliation à la CNPS, parce que les employés des sous-traitants ne sont pas affiliés à la CNPS. Il y a eu des transactions depuis ATC qui a été le premier sous-traitant, BCC et Ecotek, puis Videcom. De toutes ces entreprises, aucune n’a affilié ses employés à la CNPS.

    Aucune autorité gouvernementale ne nous a approchés, aucun responsable de nos entreprises ne nous a approché, hormis le mardi quand nous avons commencé le mouvement

    Est-ce qu’entre-temps vous avez été approchés par les autorités ?

    Non. Aucune autorité gouvernementale ne nous a approchés, aucun responsable de nos entreprises ne nous a approché, hormis le mardi quand nous avons commencé le mouvement. Ce jour, le directeur adjoint du projet, M. Benoît, le responsable N°2 de Panzeri et le directeur général de Videcom sont venus sur les lieux voir ce qui se passe. Et nous leur avons soumis nos doléances qu’ils n’ont malheureusement pas prises en compte. Après eux, le gouverneur était sur le terrain mercredi, mais il s’est arrêté à Piccini, il n’est pas arrivé à notre base. Curieusement, il parait que c’est lui qui a débloqué de l’argent. Et là encore on se demande comment est-ce qu’il débloque de l’argent sans avoir discuté avec nous. Nous avons vu nos salaires du mois de décembre tranchés, et on dit que c’est lui qui a débloqué de l’argent, et que c’est lui qui a fait les états, donc que c’est lui qui retient l’autre partie de l’argent. Nos salaires ont été réduits de 70 à 80 000 FCFA, et le contact de Videcom dit que c’est le gouverneur qui est responsable de ces réductions. Aucune autre autorité ne nous a approchés, mais quand même les éléments des services de sécurité nous ont posés des questions auxquelles nous avons répondu.


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    Et que comptez-vous faire à présent pour rentrer dans vos droits ?

    Déjà, on a beaucoup fait, on a beaucoup dénoncé. Déjà, nous ne sommes pas des avocats, nous ne sommes pas dans le monde du droit, nous sommes des électriciens, des plombiers, des chaudronniers, donc notre souhait était que quelqu’un nous approche, parce que s’il faut commettre un avocat, ça va demander des honoraires que nous ne pourrons pas payer. On a suffisamment dénoncé, certains médias nous ont aidés en expliquant à la nation ce qui se passe. Donc ce que nous comptons faire, c’est d’appeler au responsable de la condition du travail au Cameroun de prendre en considération ces revendications, même si ce n’est pas pour ceux qui sont dehors, mais ceux qui sont restés.

     

  • Pièces de monnaie: la pénurie fait les bonnes affaires des stations-service

    Dimanche 27 janvier dernier, maman Nadège, résidente du quartier Mendong dans la ville de Yaoundé et mère de trois enfants, cherche de la petite monnaie afin d’accompagner ses enfants à l’école le lendemain sans difficultés. Elle possède un billet de 5 000 FCFA et pour la circonstance, se rend auprès d’une station-service du coin. Mais ici, on lui apprend qu’elle ne l’aura qu’à condition de débourser 200 Fcfa. Une situation qu’elle n’apprécie pas, mais vu le besoin, elle est contrainte de céder : « Comme je n’ai pas d’autres issues, je vais faire comment ? J’ai besoin de monnaie, donc je suis obligé de leur donner ».

    En effet, dans cette station-service, pour avoir la petite monnaie, il faut débourser entre 150 Fcfa et 500 Fcfa selon la valeur des billets du requérant. « C’est un business dans toutes les stations-services, pas seulement ici », déclare un employé qui requiert l’anonymat. Il mène ce commerce depuis plusieurs années et avoue qu’il ne manque pas « quelque chose » en longueur de journée : « Des gens viennent en permanence pour demander la monnaie : commerçants, conducteurs d’automobiles à titre onéreux, personnes civiles. Et comme les pièces se font rares ces jours surtout, je pose mes conditions car nous-mêmes en avons besoin ». Ce langage est pratiquement le même dans une station-service du quartier ‘’Jouvence’’. Un phénomène qui met les populations en quête du précieux sésame dans une posture inconfortable.


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    « C’est pénible quand on ne dispose pas de la monnaie exacte pour acheter un article. D’abord on demande à gauche et à droite en vain. Puis, quand on trouve enfin la solution, il faut encore soustraire quelques francs», rétorque Eric, étudiant domicilié au quartier Mendong, visiblement en colère. En fait, il a dû parcourir quelques kilomètres à pieds avant d’emprunter un taxi, à cause de son manque de petite monnaie. Comme lui, Lucie également a subi les conséquences de cette pénurie. Il lui a fallu attendre plus d’une heure pour trouver un taximan disposant de la monnaie nécessaire pour lui rembourser à destination : « Je ne peux même pas dénombrer les taxis qui sont déjà repartis parce que je n’avais pas de monnaie. J’ai déjà fait pratiquement deux heures ici debout ».

    En effet, la rareté des pièces de monnaie est un phénomène que les populations de la ville de Yaoundé et même du Cameroun en général déplorent depuis plusieurs années. Que ce soit pour les coupures de 10 000 Fcfa comme celles de 500 Fcfa, obtenir la petite monnaie à partir d’un billet est devenu un véritable parcours du combattant.


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    Toutefois, certains commerçants touchés par le phénomène, semblent avoir trouvé une stratégie pour y remédier : « Je donne des bouts de papiers à mes clients (communément appelés chèques), sur lesquels, je marque le reste à rembourser et ma signature. Et, ils reviennent plus tard chercher leur monnaie », nous rapporte Felix, boutiquier du Rond-point Express. S’il opte pour des « chèques », chez d’autres commerçants, la différence se rend par d’autres articles du comptoir : « Quand je fais mes courses et que je rencontre des problèmes de monnaie, la vendeuse me propose généralement de prendre des cubes, du sel ou des bonbons pour lui faciliter la tâche », précise Mireille Ebong, ménagère.

    En ce qui concerne les causes de cette pénurie, elles sont encore indéterminées de manière officielle. Mais des témoignages recueillis font état de ce que ces pièces de monnaie sont exportées vers l’Asie pour la fabrication des bijoux. En attendant les résultats de l’enquête que mène la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), les usagers multiplient les astuces pour faire face à ce problème. 

  • Eau et Energie: vers l’amélioration de la qualité du service

    « Nous continuerons à améliorer encore plus l’accès à l’eau potable et à l’électricité, y compris dans les zones rurales ». C’est cette phrase du Chef de l’Etat lors de son discours du 31 décembre  2018 à la nation, qui a meublé les échanges des responsables des services centraux et déconcentrés du ministère de l’Eau et de l’Energie, lors de leur conférence annuelle 2019, mercredi dernier.

    En effet, au regard des plaintes enregistrées sur la qualité du service public de l’eau et de l’électricité depuis un certain temps sur l’étendue du territoire, le ministre de l’Eau et de l’Energie, Gaston Eloundou Essomba, lors de cette conférence, a prescrit un certain nombre de mesures en vue d’atteindre les objectifs fixés par le Chef de l’Etat ; entre autres, la mise en service des nouveaux ouvrages de production d’énergie de Memve’ele et Mekin au cours de cette année et le suivi des projets et travaux d’infrastructures de production d’eau et d’énergie. Parmi ces projets, l’on note la poursuite de l’alimentation en eau potable de la ville de Yaoundé en mesure d’urgence et la poursuite du plan d’Urgence triennal concernant la réalisation de 3000 forages dans la zone septentrionale du Cameroun.

    En ce qui concerne l’électricité, la meilleure qualité du service passera tout d’abord par la « réduction sensible du nombre mais aussi du temps de coupure », puis « l’opérationnalisation complète de la Société nationale de Transport de l’électricité (Sonatrel) ». Les actions prioritaires, selon le ministre, seront structurées autour des travaux d’électrification rurale et la mise en service de plusieurs centrales solaires.

    Dans le domaine des produits pétroliers, l’atteinte des objectifs fixés sera orientée autour du bouclage financier et le démarrage des travaux de la deuxième phase du projet d’extension et de modernisation de la Sonara, du projet de construction du pipeline Limbe-Douala, l’augmentation des capacités de stockage des dépôts de gaz domestiques et l’entrée sur le marché de nouvelles bouteilles. Autant de tâches à accomplir pour atteindre l’émergence en 2035.

    Tout en saluant les actions qui sont menées jusqu’ici dans l’optique d’améliorer la qualité du service de l’eau et de l’énergie, le ministre a rappelé les failles observées dans les services et a prescrit par la même occasion, le « respect strict des principes qui guident l’action publique ».

  • Finances publiques: comment parvenir à l’équilibre budgétaire au Cameroun ?

    La thématique vaut son pesant d’or. Comment aboutir à l’équilibre budgétaire au Cameroun ? Une ambition sans doute louable, mais encore loin de la réalité. Car, le déficit ne fait que se creuser. Mais au demeurant, la question préoccupe les responsables du ministère des Finances. Au point où elle a été retenue comme thématique centrale de la conférence annuelle des responsables des services centraux, déconcentrés et extérieurs de ce département ministériel. Des assises qui se sont tenues à Yaoundé, les 24 et 25 janvier derniers. A l’ordre du jour de ce brainstorming, deux exposés : « l’équilibre budgétaire : le principe à l’épreuve de la réalité (enjeux et défis) et déficit budgétaire : optimalité et soutenabilité ». Il s’agit à travers ces deux exposés de trouver des voies et moyens de parvenir, sinon de réduire de manière sensible le déficit budgétaire. En rappel, le déficit budgétaire s’est creusé à hauteur de 662 milliards FCFA à fin septembre 2018.

    Ces mesures prises par le gouvernement pour diminuer le déficit budgétaire concernaient notamment le renforcement de la mobilisation des recettes non pétrolières, le resserrement de la régulation budgétaire et l’amélioration du contrôle de l’effectivité de la dépense publique

    L’exécution budgétaire du Cameroun publiée par le (Minfi), indique qu’au terme des neuf premiers mois de l’exercice 2018, reflétant les recettes et dons mobilisés et les dépenses exécutées, le solde primaire se situait à -318,4 milliards FCFA. Le solde primaire non pétrolier, quant à lui, s’établit à 662 milliards FCFA. Ce déficit budgétaire s’est ainsi aggravé car, à fin juin 2018, il était de 601,2 milliards FCFA. Le solde primaire se situait en cette période à -190,5 milliards FCFA. Le solde primaire non pétrolier, lui, s’établissait à -410,7 milliards FCFA. Comme au premier trimestre 2018, le Minfi indiquait qu’afin d’assurer une bonne exécution du budget de l’Etat et l’atteinte des objectifs de l’exercice 2018, dans un contexte économique, social et budgétaire relativement difficile, la mise en œuvre des mesures prises depuis le début du second semestre 2018 s’était poursuivi.

    Ces mesures prises par le gouvernement pour diminuer le déficit budgétaire concernaient notamment le renforcement de la mobilisation des recettes non pétrolières, le resserrement de la régulation budgétaire et l’amélioration du contrôle de l’effectivité de la dépense publique. Mais, rassurait le « Budget Citoyen » publié par le Minfi, l’Etat finance le déficit budgétaire par des emprunts. Cependant, ces emprunts ne financent pas uniquement le déficit budgétaire. Ils financent aussi l’amortissement de la dette, le remboursement des crédits de TVA et autres.  Dans le budget 2019, les besoins de financement de l’Etat camerounais s’élèvent à 1 342 milliards FCFA.

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  • Planification: le gouvernement avoue l’échec du DSCE

    Le Cameroun tient à son émergence à l’horizon 2035. Paul Biya, le président de la République, lors de son traditionnel message à la nation, le 31 décembre 2018, en a même fait une « cause nationale ». Dans la stratégie de développement élaborée par le président Paul Biya, après les « Grandes ambitions », les « Grandes réalisations » et les « Grandes opportunités », ce sera l’émergence à l’horizon 2035. Et cet aboutissement qui devrait intervenir dans une quinzaine d’années devrait, à son avis, voir passer le Cameroun de « l’état de sous-développement à celui de pays développé ». Et, lors de sa communication spéciale au cours du conseil des ministres du 16 janvier dernier au Palais de l’Unité, Paul Biya a tracé une feuille de route au nouveau gouvernement Dion Ngute, laquelle retrace les grandes lignes de l’action du nouveau gouvernement qui devrait  consolider les acquis et être prêt à saisir les nouvelles opportunités, avec pour priorité l’atteinte de l’émergence à l’horizon 2035.

    La première phase  de ce document allait de 2010 à 2019. Au cours de cette période, le Cameroun était censé voir sa croissance s’accélérer. Ce qui n’a pas été le cas

    Cette détermination du sommet de l’Etat d’amener le Cameroun à l’émergence peut néanmoins être butée à des entraves, c’est le cas par exemple de l’outil de planification. Celui en vigueur pour le moment, le Document de Stratégie pour la Croissance et l’emploi (DSCE), et qui s’achève le 31 décembre 2019, semble visiblement n’avoir pas atteint les objectifs qui lui étaient escomptés. Le gouvernement lui-même le reconnait d’ailleurs. Lors des travaux d’élaboration d’un nouveau cadre de référence pour le développement du pays, les 23 et 24 janvier derniers à Yaoundé, Paul Tasong, le ministre délégué à l’Economie, à la Planification et l’Aménagement du Territoire (Minepat) a fait une évaluation sommaire du Dsce qui sera obsolète cette fin d’année. Selon lui, « le tout premier indicateur portait sur une croissance économique soutenue pendant les 10 ans. Le souhait était d’atteindre une croissance moyenne de 5,5% sur la période de planification. A ce jour, nous n’avons pas atteint de manière totalement satisfaisante ce taux de croissance. Le taux de croissance moyen de nos jours est de 4,5% », a confessé le membre du gouvernement.

    Toujours, selon M. Tasong, le Cameroun a fait reculer la pauvreté de 3% là où l’on attendait 10%. Seulement, a-t-il précisé, ses objectifs non atteints s’expliquent par le fait que le pays a fait face à un choc exogène avec, notamment, la chute du cours du pétrole. Par ailleurs, le pays connaît un choc sécuritaire à cause des crises dans les régions du Nord-ouest, le Sud-ouest, à l’Est et dans l’Extrême-Nord. En effet, le Cameroun a adopté en 2009 une vision de développement à long terme : le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE). La première phase  de ce document allait de 2010 à 2019. Au cours de cette période, le Cameroun était censé voir sa croissance s’accélérer. Ce qui n’a pas été le cas. De 2020 à 2027, le pays doit accéder au statut de pays à revenu intermédiaire de la tranche haute. Ceci en mettant l’accent sur ses atouts immédiats : l’agriculture et l’extraction minière, tout en veillant à une répartition moins inégalitaire des revenus. La troisième phase (2028-2035) est celle au cours de laquelle le Cameroun doit devenir un pays industrialisé. Un objectif encore lointain au regard de l’évolution actuelle des choses.

  • BIP Centre 2018: seules 7 communes sur 70 atteignent un taux de 100% de réalisation

    Les mauvaises pratiques tant décriées dans l’exécution du Budget d’investissement public (Bip) au niveau de l’Etat central sont visiblement en train de se répercuter au niveau des collectivités territoriales décentralisées. Selon le comité régional de l’exécution physico-financière du Bip dans le Centre, instance présidée par le député Luc Koah, seules 7 communes sur les 70 que compte cette circonscription administrative ont atteint un taux de réalisation de 100% en 2018. Les projets à gestion régionale ont été réalisés à 63,08%, contre environ 85% pour ceux à gestion départementale et plus de 60% pour les ressources transférées aux communes. Soit un taux global de 67%, en baisse de 6% par rapport à 2017. La plus grande performance est enregistrée dans le département de la Haute-Sanaga, avec 82% de taux de réalisation. A l’inverse, le Mbam et Kim est à la remorque des autres départements. Il affiche un taux d’exécution des projets du Bip d’à peine 29%.


    >> Lire aussi – Budget de l’Etat: cinq programmes affichent un taux d’exécution de 0%


    Aristide Ndo, vice-président du comité régional de l’exécution physico-financière du Bip dans le Centre indique quelques contraintes que le gouvernement va devoir lever dans l’urgence pour plus de résultats. « Que les pouvoirs publics mettent à la disposition du comité, outre les produits d’investissement public, toutes les autres sources de financement ; et que le ministère des Marchés publics prenne les mesures urgentes en ce qui concerne la catégorisation des entreprises afin que les maîtres d’ouvrage puissent sélectionner les plus performantes et plus à même d’exécuter les projets ».

     

  • Budget 2018: les actes manqués de la Cemac

    La fin de l’errance de la Commission, la libre circulation avec le passeport biométrique effectif dans 4 pays, la fusion des deux places boursières, la réussite du PREF-Cemac, l’évolution du taux de croissance de la Cemac: ce sont quelques points positifs enregistrés par la Commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Cemac) en 2018. Daniel Ona Ondo, le président de la Commission parle « d’acquis« . C’était lors de la réunion de Cabinet qu’il a présidée le lundi 14 janvier 2019 à Malabo, en Guinée équatoriale. Effleurant à peine l’une des plus grosses déceptions communautaires, décriées sans succès: le rapatriement des recettes d’exportation des ressources minières communautaires par les grandes multinationales. Sur la reconstitution des  réserves de change des pays sous régionaux, les patrons des compagnies exploitant les ressources naturelles  sont invités  à mobiliser leur contribution légale à cet effort communautaire. En rapatriant les recettes d’exportation des ressources naturelles dans les pays où ils opèrent. Selon un récent rapport du Fonds Monétaire International (FMI), les réserves de change de la  Cemac stockées dans le compte des opérations du Trésor français est passé de 6000 milliards de FCFA en 2010 à 2000 milliards de FCFA en 2016. Ainsi, d’après le dispositif juridique et réglementaire en vigueur dans les 6 Etats de la sous-région, le rapatriement des recettes d’exportation des ressources naturelles est « une obligation légale« . Seulement, assure Daniel Ona Ondo, « plusieurs entreprises, au mépris de cette disposition, ignorent leurs responsabilités et privent les Etats d’importants moyens financiers ». 7 mois après, ce rappel à l’ordre reste ignoré  par les entreprises minières de la Cemac.


    >> Lire aussi – Cemac: disparités sous régionales sur la politique monétaire de la Beac


    Le Pr. Daniel Ona Ondo a récemment sollicité l’appui de Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), précisément sur les questions relatives à la « fuite des capitaux » et à « la diminution des réserves de change dans la zone« . « Ces phénomènes conduisent à une spéculation accrue qui ne sont pas de nature à encourager une reprise plus rapide« , pense le président de la Commission de la Cemac. Soutenu par le ministre de l’Economie du Gabon, président de l’Umac, (Union monétaire d’Afrique centrale), Jean Marie Ogandaga, du gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), Abbas Mahamat Tolli et du Secrétaire général de la Commission bancaire d’Afrique centrale (Cobac), la délégation de haut niveau a requis de la directrice générale du FMI « un relai de ce plaidoyer auprès des grandes entreprises présentes dans la Cemac, afin que le rapatriement des recettes contribue à sa juste part à l’amélioration de la situation économique« . Autre déception, la mise en application des nouvelles dispositions monétaires en zone Cemac, le rôle de la banque centrale dans un contexte de transition vers « le tout marché », les difficultés d’harmonisation de la politique monétaire sous régionale, etc.


    >> Lire aussi – Cemac : taux d’avancement insatisfaisant du Programme des réformes économiques et financières


    Daniel Ona Ondo prévoit néanmoins une redynamisation  du Programme Economique Régionale, la préparation scrupuleuse de la Réunion des Ministres de la Zone Franc (Rmzf), la rédaction d’un opuscule sur la crise en zone Cemac, la préparation par anticipation d’une feuille de route pour le nouveau président en exercice. Parmi les « urgences » de la Commission de la CemFodec figurent la prochaine réunion du Conseil des ministres de la Cemac, le 8 février 2019, précédée par le Comité Inter-Etats les 5 et 6, le prochain Conseil des ministres de l’Ueac, le réaménagement du budget de la Communauté, exercice 2019, du budget du Fodec, l’installation des cours de Justice et des comptes à N’Djamena, et les projets de textes révisant les actes régissant le fonctionnement du Conseil des ministres de l’Ueac et du Comité Inter-Etats.

    L’année budgétaire communautaire intervient au moment où quatre pays de la sous-région sont sous ajustement structurel avec le Fonds monétaire international (FMI): le Cameroun, le Gabon, la Centrafrique et le Tchad.

  • Par Xavier Messe
    – Luigi Di Maio, Monsieur courage !

    Cette semaine, l’Italie a demandé à l’Union européenne de sanctionner la France pour le Franc Cfa et la colonisation des pays africains. Le vice-président du Conseil des ministres italien et dirigeant du Mouvement cinq étoiles (M5S), Luigi Di Maio, a appelé l’Union européenne à instaurer des sanctions à l’encontre des pays qui, selon lui, «appauvrissent l’Afrique» et sont ainsi à l’origine de la crise migratoire, dont la France figure en tête de liste.

    «certains pays européens, la France en tête, n’ont jamais cessé de coloniser des dizaines de pays africains»

    Il dit: “L’UE devrait sanctionner la France et tous les pays qui comme la France appauvrissent l’Afrique et font partir ces personnes [les migrants, ndlr], parce que la place des Africains est en Afrique pas au fond de la Méditerranée”, a-t-il déclaré dimanche, lors de son déplacement dans les abruzzes. Selon lui, «certains pays européens, la France en tête, n’ont jamais cessé de coloniser des dizaines de pays africains». Di Maio estime également que la France qui «imprime une monnaie, le franc des colonies», dans «des dizaines de pays africains», finance ainsi sa dette publique. “Si la France n’avait pas les colonies africaines, parce que c’est ainsi qu’il faut les appeler, elle serait la 15e puissance économique mondiale, alors qu’elle est parmi les premières grâce à ce qu’elle est en train de faire en Afrique», a-t-il conclu. Il a donc annoncé “une initiative parlementaire du M5S dans les prochaines semaines”, impliquant notamment le gouvernement et les institutions européennes, visant “à sanctionner tous les pays qui ne décolonisent pas l’Afrique”.

    Ce ne sont pas de simples paroles en l’air. Le vice Premier ministre italien Luigui Di Maio, annonce que la France sera bientôt convoquée devant le Conseil de l’Union Européenne pour être sanctionnée pour des crimes d’ ” esclavage ” à l’origine de l’immigration. C’est d’abord le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini qui avait accusé Paris en octobre 2018, de renvoyer les migrants et le vice-président du Conseil des ministres italien et dirigeant du Mouvement cinq étoiles (M5S), Luigi Di Maio, a appelé l’Union européenne à instaurer des sanctions à l’encontre des pays qui, selon lui, «appauvrissent l’Afrique» et sont ainsi à l’origine de la crise migratoire, dont la France figure en tête de liste.

    Depuis janvier 2018 jusqu’en octobre 2018, la police française a mené plus de 45 000 procédures de refoulement, sur la côte, à Vintimille, ou en montagne, selon le ministère de l’Intérieur français

    Depuis janvier 2018 jusqu’en octobre 2018, la police française a mené plus de 45 000 procédures de refoulement, sur la côte, à Vintimille, ou en montagne, selon le ministère de l’Intérieur français. Ce que dénoncent les associations de défense des migrants. L’Italie estime que c’est la France qui doit s’occuper des migrants, puisque c’est elle qui pille ses richesses. “Maintenant, les temps ont changé et nous n’acceptons pas que des étrangers arrêtés en territoire français soient amenés en Italie sans que nos forces de l’ordre puissent vérifier leur identité. ”

    Ce Blanc pur-sang de 32 ans, Luigi Di Maio ne connaît pas la colonisation. Il a un autre regard du monde qu’il voudrait voir juste. Il ne supporte pas la misère des Africains maintenus sous une colonisation déguisée. Les chefs d’Etats africains frileux ne lui emboîteront jamais le pas. Mais, il faut que tout Africain prenne son arme – la plume – pour accompagner Luigi Di Maio au front du combat pour la libération de l’Afrique !

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