Mois : avril 2019

  • Arrêt des vols Camair-Co en Afrique centrale et de l’Ouest

    Après échec de la rencontre entre la direction générale de la Cameroon Airlines Corporation (Camair Co) et le collectif  des syndicats nationaux des transports, suite au préavis de grève lancé le 24 avril 2019 par le Stta, le Syntas, le Snpta, le Spinac et du Snpnc, la compagnie aérienne camerounaise fait de nouveau face à une nouvelle déconvenue. L’entreprise est désormais dans l’impossibilité d’assurer les vols régionaux, vers certaines destinations d’Afrique centrale et de l’Ouest. «Chers partenaires, en attendant l’entrée en service d’un nouvel aéronef, nous sommes dans l’obligation de fermer les vols régionaux à la vente cette semaine encore. Nous vous tiendrons informés dès la mise en service du nouvel aéronef et la réouverture des vols régionaux à la vente. Les vols domestiques restent bien évidemment ouverts à la vente. Nous nous excusons pour les désagréments causés et restons à votre disposition pour toutes informations supplémentaires ». C’est à travers ce message  envoyé, ce 26 avril 2019, par la Camair Co, que les agences de voyage partenaires de la compagnie dans la commercialisation des billets d’avions et services  Camair Co ont été informés de cette suspension.


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    Loin d’être un coup de tonnerre, cette communication confirme pourtant la situation de quasi-faillite de cette entreprise qui pique du nez lentement mais sûrement.  Face à une situation de plus en plus catastrophique, la compagnie aérienne a tenu dans l’urgence un conseil d’administration. C’était le 16 avril 2019, quelques heures seulement après un coup de colère  des délégués du personnel. Au terme de ce conseil d’administration, des mesures transitoires de redressement ont été arrêtées : réduction des fréquences et des dessertes non rentables, stabilisation de la flotte,  avec au moins 1 MA60, 1 Q400, le B737 de Karinou et un autre avion de location, reconstitution de la flotte de la compagnie à très moyen terme avec l’acquisition au moins de 2 Boeing 737 NG en échange, mesures d’austérité et paiement des arriérés de salaires.


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    En application de ces instructions, apprend-on, venues du président de la République, Camair Co décide de suspendre ses vols à destination d’Abidjan, Dakar, Libreville, Bangui, Cotonou et Lagos. Si d’après ce message, les vols domestiques se poursuivent, les spécialistes du secteur doutent des capacités de la compagnie aérienne, à assurer les dessertes intérieures que sont, en provenance de Douala: Yaoundé, Bafoussam, Bamenda, Ngaoundéré, Maroua et Garoua. Ce, faute d’avions. C’est d’ailleurs l’une des raisons de la colère du collectif des syndicats nationaux des transports aériens. Ce a déposé le 24 avril 2019, un préavis de grève annonçant une cessation de travail dès le 2 mai 2019.

    Conditions

    Le collectif dénonce successivement « la paupérisation du personnel, l’arrêt quasi-total de l’exploitation de la compagnie, le manque de moyens financiers, la perte progressive de la clientèle, la dégradation du service à bord, la quasi-inexistence du cargo, le manque d’un code de rémunération, le sous-effectif des pilotes, la démission des cadres, la modification unilatérale par la direction générale des contrats de travail, l’exclusion totale de Camair Co des opérations du Hadj, le non-reversement systématique des cotisations CNPS, le non-reversement systématique des cotisations syndicales retenues à la source par l’employeur, l’ouverture manifeste du ciel camerounais aux compagnies étrangères et le non-renouvellement du conseil d’administration de Camair Co ». En plus du non-paiement de trois mois d’arriérés de salaires.

    Les syndicats posent comme conditions à la levée du préavis de grève, « le paiement sans délai de 3 mois d’arriérés de salaires à tout le personnel, la réhabilitation de la flotte de la compagnie, l’aboutissement du code de rémunération chiffré et négocié, le paiement de la médecine du travail, la prime d’assurance multirisque professionnelle des navigants, l’assurance maladie pour le personnel, la rationalisation des ressources humaines, l’exclusion d’un quelconque plan social, et la résolution de tout autre problème d’ordre social, technique, réglementaire et/ou administratif pouvant être évoqué pendant les négociations entre partenaires sociaux ».

  • Gestion publique : aucun marché du Bip 2019 passé au 30 avril dans l’Océan

    En 2018, le taux d’exécution physique du Budget d’investissement public (BIP) dans le département de l’Océan, dans la région du Sud, était de 55%. Soit l’une des plus faibles performances enregistrées au plan national pour le dernier exercice budgétaire, hormis les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest qui, depuis 2016, sont en proie à une crise sécuritaire qui plombe l’investissement aussi bien public que privé et anéantit l’économie. L’exercice 2019 risque d’être plus catastrophique dans cette partie du pays ô combien arriérée  en termes d’investissement public. Alors que l’on s’apprête à entrer dans le cinquième mois de l’année, aucun marché n’a été passé en vue de la réalisation des 129 projets inscrits dans le Bip, dont 24 à gestion départementale et 105 à gestion communale, pour une enveloppe globale de 2,476 milliards Fcfa. L’on n’en est encore qu’aux procédures administratives jugées excessivement lentes par le vice-président du comité technique départementale de suivi de l’exécution physico-financière du Bip, Me Bayi Noutossi.


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    Les magistrats municipaux, dans ce département, seraient de véritables fossoyeurs de l’investissement, du moins pour ce qui est des projets à gestion communale. En tant que maitres d’ouvrage, ils n’enverraient pas à temps les dossiers d’appel d’offres (Dao) à la commission départementale de passation des marchés, et sont le plus souvent absents lors des rencontres d’évaluation technique. Au plan national, en 2017, le taux d’exécution physique du Budget d’investissement public était de 76% ; en baisse de 20% par rapport à l’exercice précédent. Indexés comme de mauvais élèves, les ministères des Forêts et de la Faune (Minfoff) et de la Promotion de la femme et de la famille (Minproff) avaient enregistré des taux d’exécution physique de 25%.              

  • Extrême-Nord: 40 tonnes de sucre de contrebande saisies

    Sans trop entrer dans les détails, le Directeur général adjoint de la Société sucrière du Cameroun (Sosucam), Samuel Second Libock, a déclaré le 27 mars dernier sur le site de l’entreprise à Mbandjock dans la région du Centre, que les réseaux de contrebande continuent de faire entrer frauduleusement du sucre sur le marché camerounais. Il aura fallu moins de deux mois pour que cette information se confirme. Le secteur des Douanes de l’Extrême-Nord, dans le cadre de la phase II de l’opération II Halte au commerce illicite (Halcomi) mise sur pied par le ministère des Finances, a annoncé le 29 avril avoir saisi 25 tonnes de sucre de contrebande en provenance du Nigeria. Moins de deux semaines plus tôt, les agents de la Douane camerounaise ont mis la main sur 15 autres tonnes importées frauduleusement de ce pays voisin. Comme à chaque veille du début du jeûne du Ramadan – du 05 mai au 04 juin prochains -, période au cours de laquelle la demande est forte au niveau de la communauté musulmane, les services de la Douane ont souvent du mal à contenir les assauts des contrebandiers, du fait de la porosité de la frontière terrestre entre le Cameroun et le Nigeria – près de 1700 kilomètres.


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    La demande de sucre au Nigeria est estimée à 1,6 million de tonnes, pour une production d’à peine 80.000 tonnes par an. D’année en année, le pays importe quelques 1,7 million de tonnes de sucre sur son marché, principalement du Brésil et de l’Inde. De manière systématique, il réexporte le surcroît de son offre vers les pays voisins d’Afrique de l’Ouest et même du Centre. Officiellement, les importations de sucre au Cameroun sont toujours gelées. Mais, la dévaluation de la monnaie nigériane, le naira, depuis quelques 2016, et surtout la faiblesse des cours mondiaux du sucre rendent compétitives les importations et optimisent les gains des contrebandiers.

  • Diplômes obtenus à l’étranger : 63 déclarés faux

    La Commission nationale d’évaluation des formations dispensées à l’étranger (CNE) a détecté 63 faux diplômes sur un total de 425 dossiers examinés au cours de ses travaux le 25 avril dernier. En effet, c’est au cours du processus de délivrance des équivalents de certains diplômes que ceux-ci ont été déclarés faux. D’après les membres de la Commission, cités par le quotidien bilingue national,  «  il fallait vérifier que les établissements ayant délivré les parchemins sont reconnus. Et qu’ils ont l’autorisation et la capacité de délivrer ces documents ».

    Sur les 63 diplômes déclarés faux, 62 sont des Baccalauréat obtenus en République centrafricaine et l’autre, un diplôme d’ingénieur obtenu en Russie. Comme l’a indiqué Yves Emvudu, directeur de la coordination des activités académiques au ministère de l’Enseignement supérieur (Minesup), c’est après avoir saisi les autorités compétentes de ces pays que ces décisions ont été prises. Et avec une analyse des méthodes d’évaluation ayant abouti à l’obtention desdits diplômes, cinq (05) autres dossiers ont été rejetés pour défaut d’autorisation de délocalisation.

    Cette 91ème Commission nationale d’évaluation des formations dispensées à l’étranger a également été l’occasion de dresser le bilan des  dernières sessions. Il en ressort qu’environ 5000 équivalences ont été accordées aux demandeurs au cours des trois dernières sessions ; et pour l’année dernière, sur un total de 3206 dossiers reçus, 44 ont été rejetés. La CNE est en effet chargée de proposer des équivalences nationales aux diplômes, titres scolaires et grades universitaires délivrés à l’étranger. Elle a également pour mission la reconnaissance des écoles étrangères ou internationales dont les parchemins sont susceptibles de permettre l’intégration dans la fonction publique camerounaise selon la réglementation en vigueur.

  • Agro-industrie: l’empire Alhadji Abbo au bord de la faillite

    Propriétaire de la Société camerounaise des moulins du centre (Scmc) et la Société camerounaise de transformation de céréales (Sctc) dans le secteur de la meunerie, de la Maïserie du Cameroun (Maïscam) qui produit du gritz à base de maïs destiné à la fabrication de la bière, des Nouvelles sucrières du Cameroun (Nosuca), une agglomerie qui transforme du sucre brut importé, de la Cameroon Salt Company (CSC) qui produit du sel de cuisine, de la Cameroon Packing Company (CPC), qui opère dans le domaine de la sacherie, El Hadj Mohamadou  Ousmanou Abbo, a pendant plusieurs décennies fait la fierté du Cameroun avec son groupe 100% camerounais. Mais, le plus grand éleveur du Cameroun a entamé depuis quelques années une longue traversée du désert. Dans une enquête publiée il y a un mois, Jeune Afrique révèle que le groupe est miné par le manque d’investissements et une bataille de succession déjà bien entamée.

    SCMC est endettée à hauteur de 11 milliards Fcfa, notamment envers des banques pour près de 8 milliards – dont Société générale – et envers ses fournisseurs (particulièrement les négociants en blé européens Cerealis et Ifaco Grain) pour 2,8 milliards Fcfa

    Aujourd’hui, « la plupart de ses usines sont à l’arrêt. D’après des documents du Tribunal de grande instance de Wouri [à Douala, Ndlr] d’août 2018 que nous avons pu consulter, les entreprises Scmc, CPC et CSC sont sous le coup d’une procédure de sauvegarde (avec nomination d’un liquidateur, évaluation des plans de redressement envisagés, plans de remboursement auprès des créanciers », écrit le journal. Qui poursuit en indiquant que SCMC est endettée à hauteur de 11 milliards Fcfa, notamment envers des banques pour près de 8 milliards – dont Société générale – et envers ses fournisseurs (particulièrement les négociants en blé européens Cerealis et Ifaco Grain) pour 2,8 milliards Fcfa. CPC et CSC sont respectivement endettées à hauteur de 1,9 milliard et 2,3 milliards Fcfa, toutes deux en majeure partie vis-à-vis d’Afriland First Bank (respectivement 880 millions et 1,9 milliard Fcfa). Enfin, d’après les informations de Jeune Afrique, les unités de SCTC et de Nosuca sont à l’arrêt. « Seul Maïscam, qui jouit du monopole de la production de gritz (transformation du maïs destinée à la fabrication de la bière) et d’un contrat de fourniture auprès du géant de la bière Castel (Brasseries du Cameroun), est en activité », souligne-t-il.


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    Pour le journal, l’exemple le plus éloquent de  l’effondrement de l’empire Abbo est sans nul doute celui des minoteries SCMC et SCTC. De 2007 à 2013, ces entreprises, qui comprennent un moulin à Douala, un à Yaoundé et un autre à Foumbot (Ouest), vivent une sorte d’âge d’or multipliant par trois leurs ventes de farine annuelles (de 20000 à 63000 tonnes) comme leur chiffre d’affaires (de 6,5 à 21 milliards Fcfa). « Des indicateurs qui stagnent ensuite de 2013 à 2015, puis s’écroulent brutalement à partir de 2016. En cause, notamment, la concurrence féroce qui sévit au pays depuis l’arrivée en 2011 du singapourien Olam, lequel a mené une véritable guerre des prix. Entre 2013 et 2016, le prix du sac de farine au Cameroun a ainsi diminué de plus de 20 %. La plupart des minotiers déjà présents, dont Somdiaa et La Pasta, ont réagi à cette offensive en investissant massivement dans leurs capacités de production… mais pas le groupe Abbo », analyse l’hebdomadaire basé à Paris.

    le patriarche s’est peu à peu éloigné de la direction opérationnelle de ses sociétés, tentant de les confier à ses enfants, en particulier à partir de 2005, à la fin du long partenariat qu’il avait noué avec Somdiaa dans le sucre et dans la meune

    Avançant en âge, note JA, le patriarche s’est peu à peu éloigné de la direction opérationnelle de ses sociétés, tentant de les confier à ses enfants, en particulier à partir de 2005, à la fin du long partenariat qu’il avait noué avec Somdiaa dans le sucre et dans la meunerie. « De 2008 à 2015, comme pour d’autres entités du groupe, Abbo décide de confier la gestion de SCMC et de SCTC à CCDI Group (aujourd’hui en liquidation amiable mais ressuscité sous le nom de 55 Africa Capital). Une dévolution judicieuse. Sous sa coupe, les moulins vont revoir leurs gammes, innover dans la farine à beignet, s’allier à Soacam – société de distribution de Nana Bouba – et lancer une campagne de communication axée sur la qualité. Leur puissance de feu est alors énorme. Avec Soacam, ils bénéficient d’un réseau de distribution exceptionnel qui couvre toutes les grandes villes du pays comme les marchés les plus reculés », confie un bon connaisseur du marché de la meunerie au Cameroun cité par le journal.


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    Dans la foulée, en 2010, une ligne de production est transférée de Yaoundé à Douala pour réaliser des économies sur le transport. « La stratégie est gagnante, et le beignet devient rapidement le premier produit issu de la transformation de la farine au Cameroun, devant le pain et les pâtes. Mais, à partir de 2012, CCDI va commencer à demander à Abbo de mettre la main à la poche pour développer les capacités de production des moulins et des usines de sel et renouveler le matériel industriel de CPC, jugés inadaptés. Fin de non-recevoir. D’après plusieurs sources, Abbo a en fait l’intention de vendre. Plusieurs groupes sont d’ailleurs intéressés, dont Olam, Afisa et le gérant, CCDI. Mais aucun n’en offrira le prix demandé, autour de 80 millions d’euros [soit environ 52,5 milliards Fcfa, Ndlr], jugé trop élevé.

    L’enquête pointe une mauvaise gestion, des investissements trop faibles, ou les deux, et relève que tous les comptes des entreprises du groupe plongent. A l’en croire, les pertes s’accumulent, les impayés auprès des fournisseurs se multiplient

    Castel, via sa filiale Somdiaa, propriétaire de la Société sucrière du Cameroun (Sosucam), est lui fortement intéressé par le rachat de Maïscam, pour laquelle il est prêt à offrir plus de 10 millions d’euros, soit un peu plus de 6,5 milliards Fcfa. « Mais, là encore, estime Jeune Afrique, Abbo est trop gourmand… Fatigué par son intransigeance, CCDI va finalement jeter l’éponge à l’été 2015. Pour renouveler le management, le patriarche nomme alors à des postes clés certains de ses enfants, notamment ceux de sa quatrième épouse, parfois au détriment de ceux issus des mariages précédents; Rachid, jeune contrôleur des impôts, et Farida, qui revient au Cameroun en 2016 après sept années passées au Canada à travailler pour la banque locale CIBC ».


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    L’enquête pointe une mauvaise gestion, des investissements trop faibles, ou les deux, et relève que tous les comptes des entreprises du groupe plongent. A l’en croire, les pertes s’accumulent, les impayés auprès des fournisseurs se multiplient, et El Hadji Abbo refuse invariablement de renflouer le groupe sur ses deniers personnels. « C’est là que démarre, en 2017, « l’affaire de la cargaison de blé disparue ». M. Abbo va accuser du vol de plus de 15000 tonnes de blé l’ancien représentant du groupe CCDI qui gérait cinq de ses sept entreprises, un Français du nom de Bernard Lafontan, ancien collaborateur de Somdiaa. Après neuf mois d’investigations, l’enquête diligentée par la police judiciaire camerounaise, sur instruction de la présidence, et confiée à la Division des affaires économiques et financières, est abandonnée. En revanche, par l’intermédiaire de Credendo, l’assureur-crédit belge, ses fournisseurs, Cerealis et Ifaco Grain, vont engager des procédures contre Abbo en France, où ses biens sont saisis, notamment ses appartements neuilléens [Neuilly sur Seine, Ndlr]  ». Pour un observateur averti cité par JA, « aujourd’hui, Maïscam est la seule entreprise du groupe qui se porte à peu près bien, car elle est en position de monopole. Nosuca, CSC et CPC peuvent encore être relancés, mais pour les minoteries SCMC et SCTC, cela paraît compromis vu l’avance prise par la concurrence. De toute façon, Abbo semble se complaire dans ce statu quo. La question est désormais de savoir ce qui lui survivra… »


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    Persévérant, le groupe, dont les deux moulins de Ngaoundéré et Douala sont loués à Sali Moussa, un autre grand commerçant du Nord, a profité des déboires du groupe Abbo pour prendre en location-gérance les moulins de SCMC et de SCTC, dans l’idée de les relancer, indique Jeune Afrique.

  • Système informatique : comment 508 millions de FCFA ont disparu des caisses de La Régionale

    La Régionale a porté plainte contre Moukouri Mpondo, ex chef du département contrôle permanent, Roger Ayongwa, ancien chef d’agence Mfoundi, Xavier Belibi Nomo, sous-directeur de la comptabilité et Evariste Ngassa Yamake, chef du département informatique. Traduits au Tribunal de grande instance de Yaoundé (TGI), la microfinance accuse ses anciens hauts cadres d’abus de confiance, d’introduction et de suppression sans droit des données électroniques de l’entreprise. Selon la structure, ces derniers auraient effectuées des retraits frauduleux à hauteur de 508 millions de FCFA, entre 2013 et 2017.

    Le principal procédé consistait pour la bande à créer normalement un compte en déposant 10 000 FCFA exigés. Ensuite, une somme de 20 millions FCFA était transférée dans ledit compte qui donnait lieu à un retrait effectué par les membres du gang

    Le 16 avril 2019 au TGI, Alexandre Komje, le directeur général adjoint (DGA) de La Régionale a témoigné aux juges du Tribunal qu’au mois de mai 2017, des dénonciations en interne ont permis de démasquer un vaste réseau de fraudes opérées par des cadres de la microfinance. Il a été constaté des retraits frauduleux effectués à la caisse et dans les guichets automatiques par les individus cités. D’ailleurs pour voir plus clair, la microfinance a fait appel à l’expert Delta, concepteur du logiciel utilisé dans l’entreprise. Les analyses réalisées par l’expert ont étalé le mode opératoire des accusés.


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    Le principal procédé consistait pour la bande à créer normalement un compte en déposant 10 000 FCFA exigés. Ensuite, une somme de 20 millions FCFA était transférée dans ledit compte qui donnait lieu à un retrait effectué par les membres du gang. Les retraits litigieux se faisaient à la caisse ou au guichet automatique à travers des cartes magnétiques créées pour les besoins de la fraude. Une fois l’argent totalement vidé, le compte était par la suite supprimé dans le fichier informatique de la microfinance. Le DGA fait savoir que les inculpés exécutaient leur forfait  au moment du traitement des données reçues du Trésor public relative aux salaires des fonctionnaires et paiement de divers  prestataires.


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    Etant donné que les accusés se déclarent non coupables, le ministère public a interrogé le DGA de La Régionale sur les raisons l’amenant à penser  ces anciens employés seraient réellement les auteurs de l’infraction. Alexandre Komje a répondu que si les incriminés avaient chacun fait son travail, eu égard aux postes qu’ils occupaient au moment des faits, le détournement décrié n’aurait pas eu lieu. Il a également relevé que lorsque MM. Belibi et Moukouri avaient été interpellés pour s’expliquer devant la loi, ils ont appelé l’archiviste de la microfinance, demandant à ce dernier de détruire les pièces se rapportant aux comptes querellés en contrepartie d’une offre financière. Il a ajouté qu’un listing téléphonique retranscrivant les « SMS » échangés montre qu’ils se concertaient régulièrement avant d’opérer. Pour avoir un supplément de preuves et de témoignages, le procès a été renvoyé au 21 mai prochain.

  • Financement : l’Etat compte gonfler sa dette de 3307 milliards d’ici 2021

    Le Comité national de la dette publique vient de publier la stratégie d’endettement du Cameroun pour la période 2019-2021. Selon cette stratégie, le Cameroun vise à terme un portefeuille global de 79% de dette extérieure et 21% de dette intérieure, partant d’une composition à fin 2018 estimée à 76,9% de dette extérieure et 23,1% de dette intérieure. Le besoin d’endettement de l’Etat y compris les appuis budgétaires (354 milliards de FCFA) pour le triennat 2019 –2021, est estimé à environ 3 307 milliards de FCFA sur le triennat, dont 1 260 milliards de FCFA en 2019.

    Le besoin d’endettement 2019 sera comblé par la mobilisation effective de 74,2% de dette extérieure (935 milliards de FCFA, dont 347 milliards de FCFA d’appuis budgétaires) et de 25,8% de dette intérieure (325 milliards de FCFA). Le plafond des nouveaux engagements extérieurs pour la période 2019- 2021, est fixé à 2 150 milliards de FCFA, dont 650 milliards de FCFA en 2019.

    Ce plafond tient compte des contraintes liées au programme avec le FMI et notamment le maintien de la viabilité de la dette publique du Cameroun avec un risque de surendettement au plus modéré. Le plafond des nouveaux engagements intérieurs sur la même période s’élève à 1 055 milliards de FCFA, dont 325 milliards de FCFA pour l’année 2019. Le plafond des avals à accorder par l’Etat est fixé à 120 milliards de FCFA pour la période 2019-2021, dont 40 milliards de FCFA pour 2019.


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    Au terme de l’analyse des quatre stratégies proposées visant à optimiser les coûts et les risques pour l’atteinte des objectifs fixés à l’horizon 2021, la stratégie retenue (S1) fait ressortir les résultats ci-après : le ratio dette/PIB baissera d’un point sur la période, de son niveau actuel (34,5%) pour s’établir à 33,7% à fin 2021 ; le coût de l’endettement restera stable à 2,5% ; le risque de refinancement du portefeuille sera atténué dans la mesure où la durée moyenne du portefeuille global passera de 7,8 ans en 2018 à 9,0 ans à fin 2021 ; le temps moyen pour refixer la dette à fin 2021 passera de 7,3 à 8,4 ans ; la part de dette à taux d’intérêt variable sera maintenue à 21,3% ; la part de la dette effectivement exposée aux fluctuations de taux de change (autre que la dette libellée en euro) baissera de 1,7 point pour se situer à 41,8%.

    La mise en œuvre de cette stratégie permettra de maintenir la dette publique viable avec un risque de surendettement modéré. Avec la révision du nouveau cadre de viabilité de la dette, les risques de liquidité sont beaucoup plus à craindre du fait de la faiblesse des recettes d’exportations, nécessaires pour assurer le service de la dette à bonne date. Il est recommandé l’accélération de la mise en œuvre des mesures effectives visant l’amélioration des recettes d’exportations (à travers la diversification des produits exportés, l’accroissement de la production existante et la transformation locale des produits), ainsi qu’une gestion optimale de la dépense publique. Ces mesures en plus de l’amélioration de la qualité de la gouvernance des projets, contribueront au développement durable des populations camerounaises et à une maitrise de son endettement.

    La dette a atteint 7 131 milliards de FCFA entre 2015 et 2018

    Au 31 décembre 2015, l’encours de la dette publique et à garantie publique représente 26,5% du PIB, soit 4 844 milliards de FCFA, composé de (i) 72,1% de dette extérieure (3 492 milliards de FCFA, soit 19,1% du PIB), (ii) 26,3% de dette intérieure (1 272 milliards de FCFA, soit 7,0% du PIB) et (iii) 1,7% de dette avalisée (80 milliards de FCFA, soit 0,4% du PIB). A fin 2016, du fait des tirages effectués pour la réalisation de nombreux projets, cet encours a connu une augmentation de 10,1% en glissement annuel pour s’établir à 5 332 milliards de FCFA équivalent à 27,9% du PIB. Il était composé de 74,3% de dette extérieure (3 961 milliards de FCFA), 24,5% de dette intérieure (1304 milliards FCFA) et 1,2% de dette avalisée (66 milliards de FCFA).

    A fin 2017, l’encours de la dette publique et à garantie publique évalué à 6 255 milliards de FCFA (30,8% du PIB), enregistre une augmentation de 17,3% en glissement annuel. Cette évolution s’explique par les tirages effectués dans le cadre de la réalisation de projets d’infrastructures et le remboursement du capital du capital dû au cours de l’exercice 2017. En termes de répartition, il se constitue de 73,9% de dette extérieure (4 625 milliards de FCFA, soit 22,8% du PIB), 23,2% de dette intérieure (1 578 milliards de FCFA, soit 7,8% du PIB) et 0,8% de dette garantie par l’Etat (52 milliards de FCFA, soit 0,3% du PIB). Au 31 août 2018, l’encours de la dette publique et à garantie publique est de 6 834 milliards de FCFA (33,1% du PIB).

    En termes d’évaluation, cet encours a connu une augmentation de 27,1% par rapport au 31 août 2017, du fait principalement (i) des décaissements des appuis budgétaires obtenus dans le cadre du Programme Economique et Financier (PEF) en cours (472 milliards de FCFA sur la période) ; (ii) de l’accélération des décaissements pour la réalisation des travaux des grands projets d’infrastructures ; (iii) de la consolidation en décembre dernier, des avances statutaires (instrument de court terme), en un prêt de longue maturité (577 milliards de FCFA).


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    En termes de composition, il est constitué de 76,5% de dette extérieure (5 226 milliards de FCFA, soit 25,3% du PIB), 22,9% de dette intérieure (1 562 milliards de FCFA, soit 7,6% du PIB) et 0,7% de dette avalisée (46 milliards de FCFA, soit 0,2% du PIB). Au 31 décembre 2018, le Comité national de la dette publique estime l’encours de la dette publique et à garantie publique (hors Restes à Payer /arriérés intérieurs et remboursements des crédits TVA) à 7 131 milliards de FCFA (33,5% du PIB), soit une augmentation de l’ordre de 14,0% par rapport à fin 2017.

    En marge des raisons justifiant l’augmentation au 31 août 2018, évoquées ci-dessus, cette évolution s’explique également par les nouveaux décaissements potentiels pour le quatrième trimestre 2018, estimés à 289 milliards de FCFA sur la base des appels des fonds non encore exécutés, y compris la troisième tranche de la Facilité Elargie de Crédit (43,6 milliards de FCFA) à décaisser auprès du FMI au terme de la troisième revu du PEF. Sa composition serait alors de 76,5% de dette extérieure (5 456 milliards de FCFA), de 22,9% de dette intérieure (1 634 milliards de FCFA) et de 0,6% de dette avalisée (41 milliards de FCFA).

    Règlements : La dette dans tous ses états

    Sur la période allant de janvier 2015 à août 2018, l’apurement de la dette publique due aux créanciers de l’Etat a porté sur un montant global de 2 039,1 milliards de FCFA, soit une moyenne annuelle de 509,8 milliards de FCFA. Ce service effectif se décompose en remboursement du principal pour un montant de 1 570,7 milliards de FCFA et en paiement des intérêts pour 468,4 milliards de FCFA, dont respectivement 350,4 milliards de FCFA et 112,4 milliards de FCFA pour le principal et les intérêts payés entre janvier et août 2018.

    L’estimation des tirages effectifs sur la période 2015-2018 est de 4 409 milliards de FCFA, dont 73,8% effectues auprès des bailleurs de fonds extérieurs contre 26,2% auprès des banques locales. Les décaissements extérieurs du 1er janvier 2015 au 31 août 2018 sont estimé s à 3 254 milliards de FCFA, dont 755 milliards d’appuis budgétaires provenant de l’AFD, du FMI, de la Banque Mondiale et de la BAD. Les décaissements de 2018 s’évaluent à 53% pour les projets provenant des bailleurs de fonds multilatéraux. A fin août 2018, les décaissements sur les prêts extérieurs hors appuis budgétaires sont évalués à 428 milliards de FCFA comparés au plafond annuel de 571 milliards de FCFA fixé dans le programme en cours.


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    Du 1er janvier 2015 au 31 août 2018, les emprunts totaux contractés par l’Etat se sont élevés à 5 631 milliards de FCFA, dont 79,6% auprès des bailleurs de fonds extérieurs et 20,4% sur les marchés financier et bancaire domestiques. Les nouveaux engagements extérieurs (hors appuis budgétaires) effectués par le Gouvernement entre janvier 2015 et août 2018 sont évalués à 4 485 milliards de FCFA, dont 322 milliards de FCFA au cours des huit premiers mois de l’année 2018 sur le plafond annuel fixé à 681 milliards de FCFA par ordonnance du Chef de l’Etat du 04 juin 2018.


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    S’agissant des nouveaux engagements par type de concessionnalité, 78% du montant total des conventions signées du 1er janvier au 31 août 2018 sont à des termes non-concessionnels, contre 22% concessionnels. Suivant la méthodologie de détermination de la concessionnalité d’un financement adoptée dans le mémorandum du Programme économique et financier (PEF), un prêt est considéré comme étant concessionnel si l’élément don est supérieur ou égal à 35%. L’élément don est calculé sur la base du différentiel entre la valeur faciale du prêt et la valeur actualisée du service de la dette, rapportée au montant nominal du prêt, en utilisant un taux d’actualisation de 5%. En termes d’évaluation par rapport aux instruments définis dans la stratégie d’endettement 2018, le tableau ci-après présente les nouveaux engagements par instrument de dette.

  • Décideur : Emmanuel Néossi, patron de la  transformation du cacao made in Cameroun

    Visionnaire, leaders ou audacieux ? Les trois sans doute.  Emmanuel Néossi  dirige aujourd’hui l’une des unités industrielles les plus importantes au Cameroun, en sous-région voir en Afrique.  L’homme d’affaire est le promoteur de NEO Industry, usine de transformation des fèves de cacao. Elle a été inaugurée vendredi 26 avril 2019 à Kekem département du Haut-Nkam, région de l’Ouest, en présence du Premier ministre, chef du gouvernement, Joseph Dion Ngute. Née dans cette localité il y a 46 ans, l’industriel Emmanuel Néossi  réalise ainsi un rêve d’enfance qui  vient de se concrétiser. « J’ai grandi dans les plantations de cacao, c’est là que m’est née la passion pour sa fève », résume le jeune patron.  Surnommé « Monsieur cacao », il justifie le choix du site de Kekem, son village natale, qui paradoxalement n’est pas une zone industrielle, pour lutter contre l’exode rurale des jeunes. «Mon objectif est de permettre à mes frères de rester ici, d’avoir le boulot au lieu d’aller en ville pour ne rien faire », assure-t-il.

     Pour mettre sur pied Neo Industry, Emmanuel Néossi  a concocté un investissement d’un montant total de 54 milliards FCFA, avec un financement de l’État camerounais de l’ordre de 1,2 milliards FCFA. La capacité de traitement de l’unité industriel de Kekem est d’environ 32 000 tonnes de fèves de cacao par an. Elle représente 10% de la production nationale annuelle évaluée à près de 300 000 tonnes. Le projet de l’homme d’affaires a pu créer 825 emplois directs  et 2000 emplois indirects. Décoré grand officier de l’ordre du mérite camerounais,  le PDG de Neo Industry tient à dire aux jeunes de retrousser les manches et de se mettre au travail. « Ce n’est pas un miracle. Emmanuel Néossi n’est pas un miracle. C’est le travail. Il faut oser, il faut croire en son projet, en ses ambitions, croire en son pays, oser et avancer. Tel on croit en son pays, on ose, on réussit », indique-t-il.

    A Kekem, il a bâti l’entreprise sur une superficie de 4,5 hectares. Il soutient que la réalisation de cet  investissement participe d’une volonté de promouvoir l’industrialisation du pays et le Made in Cameroon. Avec 13% de taux de broyage des fèves de cacao en 2010, le Cameroun, qui a actuellement un taux de broyage évalué à 32% avec l’entrée en scène de Neo industry, espère atteindre la barre de 40% d’ici 2020. Son promoteur a l’ambition de devenir un des plus importants broyeurs de cacao au monde. D’ailleurs à court terme, il entend ériger une chocolaterie afin de fabriquer les tablettes de chocolat de même que la pâte à tartiner.

  • Finances: jusqu’où peut aller Louis Paul Motaze ?

    Avec le début, depuis la semaine dernière, de la 4ème revue de l’équipe conduite  par Corinne Déléchat du Fonds monétaire international (FMI) au Cameroun, c’est le 4ème examen du genre que passe le pays. Un examen qui devrait, sans doute comme les trois premiers, enregistrer un succès. Ce notamment, grâce aux mesures structurelles importantes prises par les pouvoirs publics, dont le ministère des Finances en est l’un des maillons les plus importants. Des mesures structurelles portant notamment sur l’amélioration de la viabilité budgétaire et la gestion du secteur public, le renforcement de la mobilisation des revenus non pétroliers, la réforme du système de passation des marchés publics, ainsi que la gestion de la Fonction et des entreprises publiques.


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    Ce programme économique et financier appuyé sur une facilité élargie de crédit  conclu avec le FMI le 26 juin 2016 connait un franc succès grâce au pilotage de Louis Paul Motaze, le ministre des Finances. Ce succès a déjà permis au Cameroun de bénéficier de nombreux financements. Notamment, lors du grand oral inaugural de novembre 2017, qui a permis un décaissement de 161,9 milliards de FCFA, tout comme les 1302 milliards de FCFA d’appuis budgétaires attendus des partenaires techniques et financiers. Bref, au terme de ce programme avec le FMI, le Cameroun devrait bénéficier des décaissements du Fonds de l’ordre 415 milliards de FCFA. Mais à ce jour, le montant total des décaissements du FMI en faveur du Cameroun s’établit à 252,85 milliards de FCFA. Les autres partenaires engagés dans le cadre de la FEC, notamment la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, l’Union européenne et l’Agence française de développement contribuant à hauteur de 887 milliards de FCFA sur trois ans sous diverses conditions.

    36 milliards de FCFA d’économie par an à réaliser sur le fichier solde

    Si le Cameroun passe avec succès les différentes revues dans le cadre du programme économique et financier signé avec le FMI, c’est sans nul doute grâce à certaines mesures audacieuses prescrites par le Chef de l’Etat et mises en branle par Louis Paul Motaze au ministère des Finances. C’est notamment le cas de l’opération de comptage physique des personnels de l’Etat (Coppe) en 2018. Une opération visant à rationaliser les dépenses publiques et à réduire le train de vie de l’Etat, dans un contexte marqué par les déficits publics enregistrés par les Etats de la Cemac. Il est question à travers cette opération de ramener la masse salariale à son niveau réel, car les effectifs de la Fonction  publique sont passés de 163 000 agents en 2006 à environ 322 000 en 2017. Pendant que la masse salariale à son tour  passait du simple au triple,  culminant de 393 milliards en 2006 à 945 milliards de FCFA en 2017.


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    Au cours de l’exercice budgétaire 2018, l’enveloppe destinée aux personnels de l’Etat était de 1185,5 milliards de FCFA, dont 1 024 milliards de FCFA pour les salaires et 161,5 milliards de FCFA pour les pensions. Mais après l’examen de la situation de 300 000 personnels de l’Etat dans le cadre du Coppe, bien que les résultats définitifs ne soient encore pas connus, 280 000 personnes ont été recensées, et des soldes indument perçues suspendues. Toute chose qui a permis de réaliser des économies de l’ordre  de 03 milliards de FCFA par mois sur la masse salariale, soit 36 milliards de FCFA par an.

    Les comptes des décomptes sont bons pour la CAN 2021

    Il a souvent été cité comme l’un des facteurs bloquants de la bonne avancée des travaux liés à l’organisation de la Coupe  d’Afrique des nations (CAN 2021) que devrait abriter le Cameroun. Notamment, du fait non-paiement des décomptes des entreprises adjudicataires des marchés des infrastructures de cette compétition. Pourtant, le Minfi, sous la diligence de Louis Paul Motaze se targue être à jour du paiement de tous ces décomptes, notamment ceux validés par les maîtres d’ouvrages. Ainsi, au 30 mars 2019, 150 milliards de FCFA ont déjà été payés aux entreprises concernées par les travaux de la CAN,  soit 40 milliards de FCFA en 2017 et 110 milliards de FCFA en 2018, informe-t-on. Parmi les bénéficiaires de ces paiements, l’entreprise Prime Potomac, adjudicataire des marchés de certaines infrastructures du site de Garoua dont des stades et des hôtels, a perçu en 2017 un montant de  3,8 milliards de FCFA. Et en 2018, le même prestataire a à nouveau encaissé 12,7 milliards de FCFA. Les derniers 500 millions de FCFA inhérents à cette enveloppe lui ont été débloqués en date du 28 novembre 2018, explique-t-on au Minfi.


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    Les réclamations de paiement des décomptes adressées par cette entreprise au Minfi relèvent par conséquent tout simplement des décomptes liés aux travaux déjà réalisés, mais en attente de validation par les maîtres d’ouvrage, en l’occurrence les ministères des Sports et de l’Education physique et celui du Tourisme et des Loisirs, précise-t-on. Quant à l’entreprise chinoise China Engineering Corporation, elle a régulièrement perçu 9,115 milliards de FCFA en 2016, mais aussi, 12 milliards de FCFA dont 500 millions en 2017 et le reste en 2018. Ce n’est pas tout, 3,192 milliards lui ont également octroyés en 2019, dont 500 millions en cours d’exécution. Il faut rappeler que les chantiers du complexe sportif d’Olembé à Yaoundé et du stade de Japoma à Douala sont adossés sur un montage financier qui prévoit un apport en financements extérieurs de 75 à 80% et une contrepartie de 15 à 20% de l’Etat du Cameroun. Pour l’heure, informe-t-on au Minfi, un plan de trésorerie a d’ores et déjà été élaboré aux fins de continuer à solder les factures en attente de paiement dans les délais.  Parmi les entreprises concernées, il y a Didon Conseil (109,6 millions), Eneo (1,5 milliard), Razel Cameroun (268,28 millions), Botas (1,5 milliard), Comar (465,6 millions), Super Confort (560 millions), Yenigun (1,9 milliard), Camec (2,82 milliards) Groupement Leonardo (670, 3 millions). Soit un total de 10,8 milliards qui seront bientôt payés.

    La confiance débordante des souscripteurs de l’emprunt obligataire

    Si le Minfi arrive à tenir ses engagements vis-à-vis des prestataires de l’Etat, en dépit du péril sécuritaire qui engloutit d’importantes ressources financières, c’est grâce à une cagnotte débordante du road-show de l’emprunt obligataire. C’est notamment le cas de l’opération lancée au mois d’octobre 2018 et devait prendre fin le 09 novembre. Sur les 150 milliards de FCFA recherchés par l’Etat, un montant de 204 milliards de FCFA a finalement été mis à la disposition du Trésor public, au taux de 5,6% sur la période 2018-2023.


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    Le succès de cette opération va amener le gouvernement au regard des besoins de financement d’introduire une demande de surlocation auprès de la Commission des marchés financiers, le régulateur de la Bourse de Douala. Cette  démarche permettra au Trésor public de bénéficier de tout ou partie des 54 milliards de FCFA supplémentaires, portant ainsi l’enveloppe globale définitive de cet emprunt obligataire à plus de 200 milliards de FCFA. En rappel, cet appel public à l’épargne devait permettre de financer une quarantaine de projets d’infrastructures en cours dans le pays, et principalement ceux liés à l’organisation de la CAN 2021.

    15 milliards garantis par trimestre aux CTD

    C’est une véritable bouffée d’oxygène pour les Collectivités territoriales décentralisées (CTD). Celles-ci disposeront désormais d’un peu plus de moyens financiers pour assurer leur autonomie et réaliser leurs propres projets. En effet, informe-t-on au Minfi, depuis janvier 2019, un nouveau dispositif a été mis sur pied par Louis Paul Motaze, à travers un compte séquestre ouvert dans les livres de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), dédié au financement de la décentralisation. Ce dispositif est fondé sur un mécanisme de prélèvement automatique d’un montant de  5 milliards de Fcfa tous les mois sur le compte unique du Trésor. Ce qui permet donc de disposer à la fin de chaque trimestre de 15 milliards de Fcfa pour payer les centimes additionnels communaux (CAC) dont la moyenne trimestrielle oscille entre 17 et 20 milliards de Fcfa. Ainsi, disposant déjà de 15 milliards, il est plus facile pour le Trésor de mobiliser le montant complémentaire afin de payer d’un trait toutes les CTD.


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    Ainsi, ce mécanisme, précise-t-on, a permis au terme des trois premiers mois, de payer intégralement les CAC du 4ème trimestre 2018. Avec ce dispositif, l’on est certain au Minfi que les CTD seront payées de manière régulière tous les trois mois, ce qui leur permettra de mieux planifier l’exécution de leur budget. Le paiement des CAC étant garanti par ce mécanisme, les autres ressources des CTD issues notamment de la Dotation générale de la décentralisation et des divers transferts budgétaires feront l’objet d’un paiement chronologique comme toutes les autres dépenses budgétaires de l’Etat. Si ce nouveau dispositif ne règle pas entièrement le problème de financement de la décentralisation, Il convient tout de même de relever qu’il apporte un début de solution, significative et pérenne, pense-t-on au Minfi. En effet, explique-t-on, les contraintes de trésorerie de ces dernières années, du fait de la montée en puissance des dépenses sécuritaires n’ont pas permis au Trésor public de régler à date et dans l’intégralité le montant trimestriel des CAC. Dans une approche graduelle, le Trésor a payé en priorité les communes bénéficiaires des petits montants. D’où, le retard constaté dans le transfert effectif des ressources.

    Purge à la Douane camerounaise

    L’assainissement a également été au cœur de l’action de Louis Paul Motaze au Minfi. Ce sont cinq agents de la direction générale des Douanes qui ont payé, il y a quelques semaines, le lourd tribut de cette politique. Ceux-ci ont été suspendus de leurs fonctions pendant une période de trois mois à compter du 12 février 2019, date de la signature d’une décision à cet effet du ministre des Finances. Ce, pour manquement grave à l’éthique et à la déontologie professionnelle. Par la suite, ce sont les recettes de douanes et les postes assignataires au titre des exercices budgétaires 2015, 2016, 2017 et 2018, qui vont être audités. L’on y  soupçonne la mise en place d’un système de fraude consistant à détourner les droits de douanes à travers la mise en circulation des quittances parallèles avec la complicité des services du Trésor.


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    En effet, c’est suite à une lettre de dénonciation que Louis Paul Motaze a décidé de lancer un audit sur les recettes des douanes des quatre dernières années. C’est ainsi qu’il  a signé une lettre de mission, le 11 mars dernier, désignant les responsables du Minfi pour effectuer une mission d’investigation sur toute l’étendue du territoire national dans les recettes de douanes et les postes assignataires  au titre des exercices budgétaires 2015, 2016, 2017 et 2018. Cette mission qui a  une durée de 75 jours a pour but de faire toute la lumière autour de cette affaire.

    Du baume au cœur des retraités

    Ils ne l’oublieront jamais de sitôt, les retraités. Déjà en tant directeur général de la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), Louis Paul Motaze a mis en place des réformes visant à alléger le paiement des pensions. Mais en tant que Minfi, outre l’amélioration réclamée à ses collaborateurs de la qualité de service aux usagers en général et aux pensionnés en particulier, il a décidé au profit de ces derniers, le 1er avril dernier, la reprise en solde depuis la période des salaires du mois de mars 2019, des personnels de l’Etat dont la prépension a été suspendue depuis plusieurs mois pour cause de déchéance quadriennale. En effet, tout prépensionné n’ayant pas déposé son dossier de pension dûment constitué auprès des services compétents quatre ans après la fin de sa carrière administrative perd automatiquement le droit à la prépension et, est donc suspendu de solde. Et depuis 2016, près de 2000 prépensionnés s’étaient retrouvés en porte à faux avec cette disposition et étaient privés de leurs revenus. Louis Paul Motaze vient donc de leur donner un moratoire de deux ans supplémentaires. Une mesure qui bénéficie également à ceux des prépensionnés dont les délais n’étaient pas encore échus.

    Le pilote et des grands projets des « Grandes réalisations »

    Les missions de Paul Biya à Louis Paul Motaze n’ont pas commencé avec le ministère des Finances. Déjà au Secrétariat général de la Primature, tout comme ses passages au ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (Minepat), Louis Paul Motaze a été le grand pilote des grands projets des « Grandes réalisations ». Outre la recherche des financements pour la mise en œuvre de ces grands projets à travers le Minepat, en négociant avec succès plusieurs accords de financement avec les bailleurs bilatéraux et multilatéraux. Louis Paul Motaze a conduit la réalisation physique de certains d’entre eux, en présidant le comité de pilotage de ces derniers. C’est le cas par exemple du projet de construction du complexe industrialo-portuaire de Kribi dans la région du  Sud, tout comme la centrale hydro-électrique de Mékin. Louis Paul Motaze, il faut d’ailleurs le préciser, est d’ailleurs l’un des initiateurs du Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE), la matrice de développement du Cameroun. Toutes choses qui ont fait dire à certains observateurs que Louis Paul Motaze est « l’homme du Président », « l’architecte du pays », « le stratège ». Et pour d’autres, c’est « le bulldozer », « Monsieur projets structurants », ou encore « le bâtisseur », « l’homme de tous les chantiers ». Si ce n’est pour certains que le « joker » du gouvernement.

    La facilitation du service au rendez-vous

    Outre du sang neuf injecté dans le staff managérial du Minfi, avec pas moins de 40 hauts fonctionnaires et plus de 100 responsables à travers divers niveaux installés dans leurs nouvelles fonctions, le 25 septembre 2019. Louis Paul Motaze a fait de la facilitation du service au Minfi, son crédo. Notamment, à travers la dématérialisation des procédures. Ainsi, le bulletin de solde est désormais consultable et/ou téléchargeable en ligne gratuitement. Un service dont l’obtention constituait la croix et la bannière pour les usagers qui s’en remettaient aux intermédiaires et autres démarcheurs, moyennant 1000 ou 2000 FCFA.

  • Barrages hydroélectriques: le Cameroun invité à s’expliquer sur l’échec de Mekin

    De sources proches du dossier, une délégation camerounaise composée de représentants du gouvernement et de l’entreprise Hydromekin, laquelle est chargée de l’exploitation du barrage hydroélectrique de Mekin dans la région du Sud, se rendra ce mois de mai 2019 en Chine pour s’expliquer devant le bailleur de fonds Eximbank China, sur l’échec de ce projet. Ce sera en présence de responsables de la China national Electric Engineering Corporation (CNEEC), la société chinoise qui a réalisé les travaux de cette infrastructure.

    Celle-ci a d’ailleurs adressé il y a quelques mois au gouvernement camerounais, une requête dans laquelle elle exige de celui-ci qu’il lui reverse 5 milliards Fcfa représentant le montant des travaux supplémentaires ou correctifs réalisés ou en cours réalisation sur ce barrage qui présente une multitude de défaillances techniques.

    Si les autorités camerounaises répondent favorablement à la requête chinoise, le montant global du financement des travaux du barrage hydroélectrique de Mekin sera de ce fait porté à 30 milliards Fcfa, au lieu de l’enveloppe initiale de 25 milliards Fcfa.

    Défectueuse, la turbine numéro 2 du barrage doit purement et simplement être remplacée. Les quatre groupes sont également en panne alors que l’ouvrage n’est pas entré en exploitation.

    Beaucoup d’autres problèmes socio-environnementaux rendent impossible l’exploitation de ce barrage, et des études d’impact sont en cours de réalisation pour les régler. Il s’agit, entre autres, de l’ennoiement des zones non prévues en aval et en amont du périmètre de la retenue d’eau ; ce qui nécessite de nouveaux déguerpissements des populations. Si les autorités camerounaises répondent favorablement à la requête chinoise, le montant global du financement des travaux du barrage hydroélectrique de Mekin sera de ce fait porté à 30 milliards Fcfa, au lieu de l’enveloppe initiale de 25 milliards Fcfa.

    Les émissaires du gouvernement camerounais devraient également, à l’occasion du voyage en préparation, renégocier l’échéancier de remboursement de la dette contractée auprès d’Eximbank China pour réaliser ce projet.


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    D’une capacité installée de 15 Mw, le barrage hydroélectrique de Mekin, construit sur le fleuve Dja, est censé permettre la sécurisation de la partie australe du Réseau interconnecté sud (Ris). Il alimentera prioritairement les huit communes du Dja et Lobo, le département d’origine du chef de l’Etat, Paul Biya.

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