Mois : septembre 2019

  • Can 2021 : 09 mois imposés au Cameroun pour la livraison des chantiers

    Cette première visite des inspecteurs de la Caf visait uniquement les infrastructures sportives. À Yaoundé, Anthony Baffoé, le Secrétaire Général adjoint de la CAF et sa suite ont visité 2 stades de compétition et 3 d’entraînement. L’équipe a eu une assise avec le comité d’organisation de la Can question de donner les délais de livraison des chantiers en temps opportun.

    Elle a rapporté que les stades de compétition doivent être livrés  un an avant la Coupe d’Afrique des nations. C’est-à-dire au plus tard en juin 2020. Une instruction que le coordonnateur du projet de construction du stade d’Olembé a promis respecter à la lettre.  « La CAF a bien insisté sur le fait que le délai restait très court puisqu’elle veut que les terrains soient prêts un an avant l’événement. C’est-à-dire en juin 2020. Cela fait 9 mois. Ça reste un délai court mais ils ont beaucoup insisté là-dessus disant qu’il n’y avait plus de temps à perdre (…) On a prévu 6-7 mois de travaux. Il faut savoir qu’après les travaux il y a de toute façon un petit temps de réception qui peut durer 1 à 2 mois. Il y a donc zéro marge aujourd’hui », a déclaré Benoît Fabre. Il dit espérer que la construction du stade d’Olembé suspendue depuis plusieurs mois, en raison des difficultés financières, puisse  reprendre dans deux semaines.

    Il convient de rappeler que la CAF a déjà informé l’Algérie de se tenir prête en cas de  retrait de cette compétition au Cameroun. Et ce d’autant plus que, le pays des Lions Indomptables a été incapable d’organiser la 32e édition de la Coupe d’Afrique des nations de cette année 2019, faute d’infrastructures. « Oui, je le redis, il a été demandé à l’Algérie si elle pouvait organiser la CAN 2021», avait-il précisé lors d’une conférence de presse tenue le 06 août dernier. Avant d’ajouter : «Vous savez, la CAF ou même la FIFA pour la Coupe du Monde doivent avoir des plans B, C ou D pour parer à toutes les éventualités. Après, il n’est pas sûr qu’ils les utilisent (…) On souhaite vraiment que le Cameroun organise cette CAN mais dans le cas contraire, l’Algérie sera prête. Notre pays est la grande maison des Africains. Tout le monde est le bienvenu », avait-il conclu.

  • Grand dialogue national : les exigences des chefs traditionnels du Fako

    Les études de faisabilité en vue de la construction du Port en eau profonde de Limbe, sur la façade atlantique-ouest à Ngeme, dans la région du Sud-Ouest, réalisées par le cabinet Limbe Port Développent Corporation (LPDC), sont disponibles depuis 2009. Le gouvernement devait mobiliser 426 milliards Fcfa pour sa réalisation, soit moins de ce qu’a coûté la première phase de construction d’une infrastructure de même taille à Kribi dans la région du Sud (488 milliards Fcfa), laquelle est entrée en activité depuis mars 2018. En 2016, l’ex-ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), avait instruit l’Autorité portuaire nationale (Apn), d’actualiser l’étude de LPDC, pour un coût de 2,6 Fcfa. A ce jour, les financements ne sont pas disponibles et l’aggiornamento n’a toujours pas été fait.

    Profitant du prétexte de la convocation par le président de la République, Paul Biya, d’un « Grand dialogue national » autour de la crise anglophone, entre autres questions, les chefs traditionnels du Fako, département qui abrite les villes de Buea et Limbe, ont exprimé la semaine dernière au Premier ministre, dans le cadre des consultations préalables aux pourparlers de paix qui s’ouvrent le 30 septembre prochain, un certain nombre de désidérata qui, s’ils sont satisfaits, pourraient œuvrer durablement au retour de la paix dans la région. Dans un document transmis à Joseph Dion Ngute qui est un des leurs – il est non seulement originaire de la région, mais aussi chef traditionnel -, ils parlent notamment de la nécessité de concrétiser le projet de port en eau profonde de Limbe grâce auquel des milliers d’emplois vont être créés. Ils demandent également la restructuration de la Cameroon Development Corporation (CDC), la plus grande entreprises agro-industrielle du pays et le plus gros employeur après l’Etat, qui a subi plusieurs attaques menées sur ces installations par des groupes armées séparatistes.

    Depuis trois ans, elle est plongée dans une crise sans précédent et a besoin de 30 milliards Fcfa pour relancer ses activités sur 1000 hectares (elle en exploitait 3000 avant le déclenchement de la crise). Autre géant de l’agro-industrie qui suffoque du fait de la situation sécuritaire de la région, c’est Pamol Plantations Plc qui, en mai 2019, a déclaré des pertes sèches de l’ordre de 40 milliards Fcfa.

     

  • Commerce extérieur : le secteur privé épingle l’E-GUCE

    Dans le cadre de l’évaluation de l’amélioration de l’environnement des affaires engagée au Cameroun depuis 2009, l’Institut national de la statistique (INS) note  des limites dans l’implémentation du Guichet Unique des Opérations du Commerce Extérieur (GUCE). Lors de la session du Cameroon Business Forum (CBF), tenue le 13 mars 2017, indique l’INS, le directeur général du GUCE a souligné que la dématérialisation des procédures du commerce extérieur constitue une nécessité absolue pour une gestion plus efficace des activités commerciales. A ce titre, la consolidation des différents progrès enregistrés passe par l’adoption d’un texte juridique rendant obligatoire, la dématérialisation des procédures administratives.


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    En vue d’une meilleure exploitation de la plateforme électronique e-GUCE, le Premier ministre, Chef du gouvernement a publié de nouvelles dispositions modifiant et complétant le décret du 22 février 2013 sur le commerce extérieur. En effet, ces nouvelles dispositions, en vigueur depuis le 07 juin 2017, interviennent à la suite du dernier CBF, recommandant la signature des textes d’application devant permettre au Cameroun de poursuivre efficacement la modernisation des procédures de commerce extérieur. Aussi les articles 4, 6, 8, 10, 17 et 29 fixent les modalités d’exploitation de la plateforme e-GUCE aussi bien pour les utilisateurs que pour les partenaires du commerce extérieur.

    Des pistes d’amélioration de la réforme seraient donc, l’ouverture dans d’autres banques, la possibilité d’effectuer des virements de la taxe d’inspection et l’annulation de la superposition des charges, notamment la taxe d’inspection, scanning, PECAE, etc…

    Toutefois, de l’avis des bénéficiaires notamment le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), malgré la conduite de la procédure en ligne, il reste exigé aux entreprises la présentation de documents physiques. Des pistes d’amélioration de la réforme seraient donc, l’ouverture dans d’autres banques, la possibilité d’effectuer des virements de la taxe d’inspection et l’annulation de la superposition des charges, notamment la taxe d’inspection, scanning, PECAE, etc…

    « Au rang des défis du projet, il faudrait : renforcer les capacités des acteurs dans le domaine de la facilitation du commerce ; mettre en œuvre un plan de formation à grande échelle ; assurer la disponibilité des services électroniques mis en ligne (problème d’énergie électrique) ; assurer la connectivité des acteurs aux divers services électroniques déployés et élaborer et maintenir un processus d’amélioration continue du cadre juridique », indique l’INS.

    Formulaire du GUCE

    Le GUCE a lancé le 15 décembre 2016, le e-Force, formulaire unique des procédures du commerce extérieur, qui permet à l’usager d’accomplir les formalités de chacune des phases des opérations du commerce extérieur en remplissant un seul formulaire et, aux transporteurs de se soumettre aux exigences règlementaires déclaratives en remplissant un seul formulaire qui regroupera des données exigées. Il couvre toutes les étapes de la chaîne logistique (pré dédouanement, prise en charge à l’arrivée des marchandises, dédouanement, enlèvement et post-embarquement à l’export).

    En guise de statistiques, 21 466 déclarations d’importations ont été traitées sur la plateforme électronique du GUCE entre le 15 décembre 2016 et le 06 juin 2017. Plus de 714 importateurs/exportateurs et plus de 249 commissionnaires de douane agréés effectuent leurs formalités en ligne via leur compte e-Force. En outre, grâce à la mise en place de ce formulaire, on note une réduction des délais de traitement, la sécurisation des transactions financières, la suppression du contact humain, la traçabilité des informations en temps réel et, l’importateur autrefois obligé de recourir à un commissionnaire de Douane agréé pour dédouaner sa marchandise peut dorénavant sans l’intervention d’un tiers suivre ses opérations en toute quiétude.


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    Seulement, relève l’INS, Les problèmes couramment rencontrés concernent l’inscription au fichier des importateurs et exportateurs, la qualité des pièces jointes, les erreurs de référence e-FORCE dans le motif du virement bancaire, le virement de montant erroné de la taxe de vérification, les mauvaises compréhensions des motifs de rejet SGS, la souscription tardive de l’assurance, l’établissement du BESC sans référence e-FORCE, etc.

    Bémol : le Guce a tout même raccourci les délais des opérations

    La dématérialisation des opérations de commerce extérieur est une des recommandations issues des concertations entre les opérateurs économiques et l’Etat au sujet du déroulement des formalités d’importation et/ou d’exportation au port de Douala qui causent des délais longs et des coûts importants.

    En effet, lors des opérations d’importation ou d’exportations, les délais des traitements administratifs des dossiers avoisinaient 16 jours et les délais globaux 40 jours. Suite à ce constat, le gouvernement camerounais et les organismes et organisations professionnelles qui interviennent dans le processus de dédouanement des marchandises ont décidé de créer en août 2000 le Guichet Unique des Opérations du Commerce Extérieur (GUCE) afin de simplifier les procédures relatives à l’importation et l’exportation, d’en réduire les coûts et les délais par le regroupement physique et/ou virtuel de tous les intervenants publics et privés du commerce extérieur. Ce guichet est un Groupement d’Intérêt Economique (GIE) avec pour principales missions concernent le regroupement physique et/ou virtuel des formalités et la simplification d’un système informatique intégré destiné à la simplification des procédures.

    L’opérationnalisation du GUCE s’est faite en deux phases importantes: le GUCE physique qui a permis de regrouper physiquement les intervenants des procédures du commerce extérieur dans un même édifice, entraînant une réduction des délais administratifs de 16 à 4 jours à l’importation; ensuite l’e-GUCE qui permet le regroupement virtuel des acteurs du commerce extérieur.

    Le Guichet Unique électronique est mis en place depuis 2007 à travers une plateforme informatique dénommée e-GUCE qui met en relation les différents acteurs du commerce extérieur pour assurer des échanges d’informations relatives aux formalités d’importation et/ou d’exportation. Depuis la fin de l’année 2012, ce système a entièrement été redéveloppé et la migration progressive des procédures a été finalisée en octobre 2014 à la suite du décret fixant les conditions d’utilisation de la plateforme e-GUCE pour les opérations du Commerce Extérieur. Il a pour avantage de permettre un regroupement virtuel des intervenants ; supprimer le contact humain entre les usagers et l’administration avec pour effet une réduction des poches de corruption ; réduire les délais de traitement des dossiers ; permettre la traçabilité des opérations en temps quasi-réel et la sécurisation des transactions et l’amélioration des recettes.

    Les entités connectées à la plateforme e-GUCE sont : les importateurs/exportateurs, les transitaires, les Commissionnaires en Douane Agréé (CDA), ANTIC, le MINFI, le Bureau de Gestion du Fret Terrestre, la Direction générale des Douanes , la Chambre de commerce, les compagnies d’assurances, Campost, les consignataires, les aconiers, les opérateurs de terminal (DIT), Socomar, le gestionnaire de parc automobile, la SGS, le PAD, l’Oncc, le Mincommerce, le Trésor, etc.

    Suite à la dématérialisation de ces différentes procédures et services, des résultats appréciables sur les délais ont été observés. En effet, le dédouanement des véhicules qui prenaient plus de de 7 jours est désormais de 48 heures lorsque toutes les conditions sont réunies, le délai de liquidation de la déclaration de douane est passé de 6 jours et plus en moyenne à moins de 3 heures ; le délai de délivrance des quittances PVI est passé d’environ 72 heures à moins de 15 minutes, le délai de délivrance des déclarations d’Importation (DI) du

    Mincommerce est passé d’environ 8 heures en moyenne à moins de 15 minutes et le délai de chargement du manifeste (300 pages) est passé d’environ 7 jours en moyenne à moins d’une minute. Globalement, les délais des intervenants au GUCE Physique sont passés de 15 jours et plus au début du projet à 3 jours en moyenne. Les délais globaux quant à eux sont passés de 40 jours et plus au début du projet à 17 jours en moyenne.


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    A court et à moyen terme, le projet de dématérialisation des procédures du commerce extérieur envisage de finaliser les activités en cours de ce projet, d’assurer la couverture nationale de la plateforme (régions, corridors, nouveaux ports, etc.), d’opérationnaliser les formalités de transit (e-transit) et d’assurer le leadership pour la mise en œuvre du Guichet unique régional (CEMAC).Grâce à des financements de la Banque mondiale, les systèmes informatisés des administrations techniques intervenant dans les formalités du commerce extérieur seront développés et l’infrastructure du data center renforcé.

  • Dotation générale de la décentralisation : Dion Ngute veut auditer la gestion des 94,1 milliards de 2019

    Neuf mois après sa nomination au poste de Premier ministre, Joseph Dion Ngute a, en sa qualité de président de cette instance, présidé le 17 septembre dernier à Yaoundé, sa toute première session ordinaire du Conseil national de la décentralisation (CND). L’on a appris au sortir de ces travaux, que les ressources d’investissement public transférées aux collectivités territoriales décentralisées (CTD) au titre du seul exercice 2019 s’élèvent à 91,4 milliards Fcfa. Elles ainsi bondi  de 53,4% en valeur relative, par rapport l’année dernière. Dans le détail, 36 milliards Fcfa ont été répartis à part égale à 360 communes, soit 100 millions Fcfa alloués à chacune, dans le cadre de la dotation générale à la décentralisation, volet investissement ; 55,4 milliards Fcfa ont été transférés sous forme de dotations aux communes et aux communautés urbaines, par les administrations sectorielles.


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    • Selon le ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, Alamine Ousmane Mey, les ressources d’investissement transférées aux CTD ont été mises à la disposition des maires sous forme d’autorisations de dépenses, conformément aux dispositions de la circulaire n°001/C/Minfi du 28 décembre 2018, relative à l’exécution du budget de l’Etat et des autres entités publiques, au titre de l’exercice 2019. Le Premier ministre a exigé qu’il soit procédé à « l’évaluation de cette opération avec les acteurs opérationnels, tant sur le transfert effectif desdites compétences par les administrations concernées, que sur l’exercice de celles-ci par les communes bénéficiaires ». Dion Ngute redoute, en effet, une transposition des mauvaises pratiques de gouvernance de l’Etat central  aux communautés territoriales décentralisées, qui rendrait nuls les efforts déployés par les pouvoirs publics dans le sens de l’accélération  du processus de décentralisation.

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    D’ores-et-déjà, « au 30 juin 2019, la synthèse des données collectées à la suite de la tenue des comités locaux de suivi de l’exécution physico-financière de l’investissement public, a permis de relever une exécution physique des projets sur le terrain de 18,50%, contre 14,57% à la même période l’année dernière ; soit une hausse de 3,93%. L’exécution financière quant à elle, est estimée à 9,71%, contre 6,20% à la même période l’année dernière ; soit une hausse de 3,51% », renseigne le Minepat. Toutefois, regrette-t-il, bien qu’en hausse, lesdits résultats demeurent peu satisfaisants, comparés à l’exercice 2018.

  • Le programme détaillé du Grand Dialogue National est connu

    Les contours du Grand Dialogue National, convoqué par le président de la République en vue de résoudre la crise dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, sont connus. Le communiqué rendu public par Georges Ewane, porte-parole des assises, Georges Ewane, les activités se dérouleront du lundi 30 septembre au vendredi 4 octobre, sous la conduite du Premier ministre, Joseph Dion Ngute. Les échanges se feront lors des séances plénières et en commissions.

    Les dites commissions sont au nombre de huit, correspondant chacun à une thématique précise. Elles portent respectivement sur le bilinguisme, la diversité culturelle et la cohésion sociale ; le système éducatif ; le système judiciaire ; la décentralisation et le développement local ; la reconstruction et le développement des régions touchées par la crise ; le retour des réfugiés et des personnes déplacées ; le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des ex combattants ; et enfin, le rôle de la diaspora dans la crise et sa contribution au développement.

    Le premier jour, quelque 1 000 personnes se retrouvent au Palais des Congrès de Yaoundé pour la cérémonie solennelle d’ouverture du Grand Dialogue National, avec comme articulations principales l’allocution du délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé (Cuy) et le discours du Premier ministre qui va donner les grandes orientations. Suivra ensuite la première séance plénière ponctuée par un débat général tout au long de la journée qui va s’achever par la constitution des commissions. Les journées de mardi et mercredi seront quant à elles uniquement réservées aux travaux en commissions. Au total, près de 500 personnes y sont attendues. Ce sont, entre autres, des parlementaires, hommes politiques, leaders d’opinion, intellectuels, opérateurs économiques, autorités traditionnelles et religieuses, leaders de la diaspora, représentants des forces de défense et de de sécurité, ainsi que les représentants des groupes armés et ceux des victimes de la crise dans le Nord-ouest et le Sud-ouest. L’objectif étant de donner la parole à un public représentatif des composantes sociales du pays.

    Jeudi, la deuxième séance plénière se tiendra pour la présentation des rapports de ces travaux. Les participants vont par la suite examiner, amender puis adopter le rapport final du Grand Dialogue National. Lequel sera lu par le rapporteur général, vendredi dès 11 heures, lors de la séance solennelle de clôture toujours présidée par Joseph Dion Ngute. A signaler que les enregistrements des participants commencent dimanche 29 septembre sur le lieu de la tenue du Dialogue.

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  • Environnement : colère des paysans du Sud contre l’exploitation de 60 000 hectares de forêt

    La société privée Camvert Sarl veut abattre des arbres sur une superficie de 60 000 hectares de terrain le long des arrondissements de Nyete et Campo. L’ambition est de créer une unité de production d’huile de palme et un complexe agro-industriel de transformation. Sauf que les populations de cette communauté et les Ong de défense de l’environnement sont contre. « Compte tenu du contexte de la zone, dans la mesure où nous avons déjà Socapalm et Hévécam qui sont opérationnels, il n’est pas bon que ce projet puisse prospérer. Étant entendu que ces sociétés n’ont pas fondamentalement changé la vie des populations. Les enjeux agro-environnementaux, de biodiversité et de conservation doivent prendre le dessus », confie Aristide Chacgom, coordonnateur de l’Ong Green Development Advocates (GDA).

    Romain Kowe, chef traditionnel d’Ebodje, arrondissement de Campo, n’est pas également à l’aise avec ce projet agro-industriel. « A ce rythme, nous n’aurons plus de terres pour nos fils et petit-fils. Nos activités traditionnelles, la pêche notamment, sont menacées. En tant que peuple de la forêt, il y a des forêts sacrées dans lesquelles nous faisons nos rites qui risquent de disparaître. Certes, ils nous promettent des emplois et des activités alternatives comme l’élevage bovin. Mais, les choses ne seront plus comme avant », martèle cet homme de troisième âge.

    Le Cameroun connait un déficit de production en huile de palme. La mise en service d’une unité de production d’huile de palme pourrait participer à réduire  les importations camerounaises estimées à 130 000 tonnes par an. Malheureusement, le projet de Camvert ne trouve pas un écho favorable à Nyeté et Campo. « Pour faire face au déficit en huile de palme, le gouvernement a développé une stratégie qui met l’accent sur les petits producteurs pour approvisionner le marché local. La solution n’est pas l’agro-industriel », rajoute Aristide Chacgom.

    Au moment où l’État, à travers le ministère des Forets et de la Faune (Minfof) veut accompagner ce projet, les organisations de la société civile demandent au gouvernement de revenir sur sa décision et d’annuler l’avis public. Dans l’arrondissement d’Adjap, par Niété, le sous-préfet Mbotiji Baliba rapporte que si l’Etat a pensé à ce projet, c’est pour le développement de la localité. Et, conscient de ce que la population a besoin de l’espace vital pour vaquer sereinement à ses activités quotidiennes, « l’État a déjà trouvé des zones de compensation à Yabassi et dans le Moungo. Il faut donc engager une réflexion poussée autour de cet espace vital, même si on est en train de donner des parcelles pour l’agro-industrie. Cette démarche participative permettra d’éviter d’éventuels conflits », indique le sous-préfet.

  • Fin des concertations : les bons et les mauvais points des rencontres chez le Premier ministre

    Exit les concertations relatives au déroulement du Grand Dialogue National. Au cours des deux semaines précédentes, Joseph Dion Ngute a reçu, dans ses services, des dizaines de délégations afin de recueillir les propositions pour la résolution de la crise dans les zones anglophones du Cameroun. Le rythme effréné de ces concertations a permis de peaufiner le cadre des assises prévues dès lundi 30 septembre 2019 au Palais des Congrès, sur les hauteurs de la colline Nkol Nyada. Au terme de ces concertations, des constats mitigés ont pu être relevés.

    L’un des plus importants est que la quasi-totalité de la population, aussi bien les nationaux que les expatriés, a adhéré positivement à la tenue de ce Dialogue. Il était temps que le président de la République convoquât cet événement, après trois ans d’un conflit qui a déjà occasionné plus de 3 000 décès, des centaines de milliers de déplacés et de réfugiés, avec d’importants dégâts sur l’économie du pays.

    L’annonce faite par Paul Biya le 10 septembre a donc suscité un engouement inédit au sein de l’opinion publique. Le ballet des délégations dans les services du Premier ministre à l’Immeuble Etoile de Yaoundé en est un indicateur majeur. Tout comme il a été apprécié la volonté manifeste du gouvernement d’associer toutes les composantes de la société camerounaise en retenant un échantillon très représentatif. Ce qui dévoile les perspectives d’un dialogue inclusif, comme l’ont souhaité, entre autres, la communauté internationale dans son ensemble.  

    Outre cet engouement populaire et l’implication de l’ensemble des composantes sociales, il y a en bonne place l’adhésion de certains groupes qui semblaient jusque-là radicalement opposés au Dialogue. Samedi 21 septembre, par exemple, des chefs traditionnels de la région du Sud-ouest se sont prononcés sur la position de certains groupes armés, laquelle découlerait des consultations auprès de la base. Selon eux, ces groupes armés sont prêts à participer au dialogue, si leur intégrité physique est garantie. Et aussi, si tous les prisonniers de la crise sont libérés.

    Points sombres  

    Cette adhésion a cependant été entachée de plusieurs points noirs. Les exigences de certains groupes sociopolitiques comme préalables à leur participation constituent un obstacle. Grosso modo, et de ce qui a pu filtrer des rencontres tenues à huis clos, de nombreuses propositions se sont éloignées du sujet principal qui est le retour à la paix dans les régions du Nord-ouest et du Sud. L’on peut aussi regretter la décision d’une dizaine de groupes armés, qui refusent de participer aux assises, préférant constituer une plateforme politico-militaire unifiée en vue des négociations de la séparation avec la République du Cameroun.

    Parmi les autres aspects ayant contribué à ternir l’image de ces consultations, il y a, en bonne place, la rocambolesque affaire des per diem octroyés à certaines délégations pour assurer leurs « frais de taxi ». La pratique est courante dans le pays, mais l’implémenter dans un moment aussi important de l’histoire du Cameroun pourrait laisser croire que beaucoup de personnalités et de participants y vont juste pour assurer « leurs parts ». L’on a semblé se focaliser sur les billets de banques qui circulaient, au lieu de penser à la résolution de la crise. Ce qui contribue à décrédibiliser l’ensemble du processus.

    On peut enfin déplorer l’hyper représentativité du parti au pouvoir dans les délégations des régions qui sont allées rencontrer le Premier ministre. Cette coloration à un seul parti politique laisse à penser au sein de l’opinion que l’on s’achemine vers un monologue du Rdpc, mieux encore, à un « congrès extraordinaire » du parti de Paul Biya, comme certains le surnomment déjà. Quoi qu’il en soit, place maintenant au Grand Dialogue National.

     

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  • Grand dialogue national : les désidératas des médias présentés au Premier ministre

    Au cours de la journée du mercredi 25 septembre, le Premier ministre, Joseph Dion Ngute a échangé avec les patrons des médias, que ce soit la presse écrite, audiovisuelle ou cybernétique, dans le sillage des concertations en vue d’un bon déroulement du Grand Dialogue National. A la tête de la forte délégation de ces hommes et femmes des médias, indifféremment à capitaux publics et privés, Jean Pierre Amougou Belinga, président directeur général du groupe L’Anecdote. De manière globale, les échanges avec le PM ont porté sur la crise dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, la contribution de la presse camerounaise au déroulement des assises du Grand Dialogue National, mais aussi du quotidien de leurs organes d’information.

    Relevant le caractère exceptionnel de cette rencontre – les médias sont généralement tenus à l’écart des affaires de la Nation – le magnat de la presse au Cameroun a rappelé le contexte difficile dans lequel évolue les professionnels de ce secteur d’activités. La question de la régulation a également été abordée, sous le prisme d’une réforme afin qu’elle ne soit plus une affaire du Conseil national de la Communication (Cnc), mais plutôt des professionnels du métier.

    Georges Alain Boyomo, directeur de la publication Mutations et porte-parole de la délégation, a par la suite plaidé pour une réduction considérable des délais de paiement des factures des organes de presse, notamment privés, qui contribuerait à une nette amélioration de leur santé financière. Ainsi, ce secteur pourra mieux jouer son rôle de baromètre de la démocratie au Cameroun. La presse locale pourra ainsi jouer amplement son rôle dans la préservation de la paix, les crises naissant et prospérant facilement dans un environnement où la liberté de parole est réprimée. Un avis partagé par Marie-Claire Nnana, patronne du quotidien gouvernemental Cameroon Tribune, qui en a profité pour relever que la presse à capitaux publics rencontre elle aussi de nombreuses difficultés, contrairement à des idées reçues.

    A l’inverse de ce qui était prévu, le champ des interventions a été élargi. Dieudonné Mveng du groupe de presse La Météo, Jean François Channon et Pauline Biyong respectivement directeurs des publications Le Messager et The Spark, se sont exprimés à leur tour. Les deux premiers ont fait au gouvernement la recommandation d’impliquer davantage la presse camerounaise dans les activités liées à la vie de la Nation, et la dernière s’est épanchée sur le rôle que peut et doit jouer la communication digitale au Cameroun.

    Rappelons qu’avant cela, le Premier ministre avait reçu les médias d’expression exclusivement anglaise à travers une association des journalistes anglophones. Plus tôt, il avait échangé avec l’Union des journalistes du Cameroun (Ujc) et le Syndicat national des journalistes du Cameroun.

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  • Créations d’emplois au Cameroun : les propositions de la Banque africaine de développement

    La Banque africaine de développement (BAD) a présenté à la mi-septembre 2019 son rapport intitulé « Création d’emplois décents : stratégies, politiques et instruments ». Ce rapport coordonné par Célestin Monga, vice-président et économiste à la BAD parle des caractéristiques particulières des marchés du travail en Afrique, et propose davantage de solutions pour la création d’emplois dans le continent africain. 

    Dans le contexte africain, en général, le principal objectif d’une stratégie efficace de création d’emplois et de stimulation de la croissance devrait consister à ce que les 80 à 90% de la population, occupant actuellement des activités à faible productivité ou de subsistance, se reconvertissent dans l’industrie, y compris les activités agro-industrielles et certains nouveaux services marchands.

    Parlant du Cameroun, la transformation structurelle, c’est-à-dire la réaffectation de l’activité économique et de la main-d’œuvre des secteurs les moins productifs de l’économie vers des secteurs plus productifs, devrait se faire rapidement si le pays veut compter parmi ceux à fort taux de croissance. « À l’exception de quelques économies exportatrices de pétrole, aucun pays n’est jamais devenu riche ni n’a créé suffisamment d’emplois pour sa main-d’œuvre sans s’industrialiser », souligne le rapport de la BAD.

    L’institution panafricaine préconise à cet effet l’industrialisation qui constitue l’un des principaux moteurs du développement économique.  « C’est un moteur de changement économique et social de plus en plus puissant dans le contexte de la mondialisation, car elle offre un fort potentiel de croissance, en particulier  pour  de  nombreux  pays  à  faible  revenu », indique-t-on.

    Dans cette lancée, une première priorité consiste, pour l’Etat camerounais, à encourager le passage à des voies de croissance qui absorbent la main-d’œuvre. Il devrait mettre en place des programmes et des politiques visant à moderniser le secteur agricole, qui emploie la majeure partie de la population et constitue généralement la principale étape de l’industrialisation. Une autre priorité est d’investir dans le capital humain, en particulier dans les compétences entrepreneuriales des jeunes, afin de faciliter la transition vers des secteurs   modernes à haute productivité dans lesquels chaque pays dispose d’un avantage comparatif. La dernière priorité consiste à améliorer la gouvernance économique et à mettre en place des institutions crédibles pour une prise de décision efficace.

  • Financements : l’AFD a injecté 179 milliards FCFA dans l’économie camerounaise

    Selon son rapport d’activité de l’année dernière, rendu public en fin août 2019, l’Agence française de développement (AFD) a débloqué une enveloppe globale de 272,6 millions d’euros, soit 178,8 milliards de FCFA. Ces ressources ont été injectées dans de nombreux projets de développement au Cameroun. Notamment le deuxième pont sur le Wouri financé par l’Agence à hauteur de 65,6 milliards de FCFA.

    L’année 2018 de l’AFD au Cameroun a été également marquée par la signature de la convention du 2e appui budgétaire et celle de la convention du projet Nachtigal sous des modalités innovantes de financement en partenariat public-privé. Ce projet a d’ailleurs été couronné par le prix Global multilatéral Deal of the year. L’on retient aussi le démarrage des travaux « Capitales régionales » dans les villes de Bafoussam, Garoua et Bertoua. Ces projets de l’AFD sont financés à la fois sur les ressources du Contrat de désendettement et de développement (C2D) mais aussi grâce aux outils financiers issus d’une large palette au premier rang desquels les prêts souverains concessionnels (qui bénéficient d’une bonification de l’Etat français). Cette palette s’est enrichie avec des prêts peu ou non concessionnels, des prêts non souverains (prêts à des emprunteurs publics sans garantie de l’Etat). A cette liste s’ajoutent des garanties, participations et plus récemment des subventions.

    De manière générale,  les financements accordés par l’AFD au Cameroun sont estimés  à près de 150 milliards FCFA par an en moyenne depuis 2002. Les secteurs d’intervention de l’AFD sont diversifiés : agriculture, secteur forestier, infrastructures, éducation, santé, énergie, secteur privé, entre autres.   En tout, près de 250 000 agriculteurs ont bénéficié d’un conseil technique et économique depuis 2008 ; plus de 2 000 Pme camerounaises ont été soutenues ces 10 dernières années.

    Le Cameroun n’est pas le seul. Le rapport explique qu’à travers le monde, l’Agence s’est engagée pour un investissement d’un montant de 11,4 milliards d’euros, soit 7 477,9 milliards de FCFA. Ces financements ont accompagné de nombreux projets dans les domaines de la santé, du climat, de la biodiversité, la paix et l’éducation, le tout en cours de réalisation dans 115 pays avec un impact réel. Ainsi 463 000 filles ont été scolarisées, 14 millions de personnes ont un meilleur accès à la santé, 826 000 autres à l’eau potable et 7 millions de personnes ont bénéficié de l’électricité. Sans oublier la protection et la restauration de 50 000 kilomètres carrés d’espaces naturels et le soutien à 60 000 PME.

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