Jour : 4 mai 2020

  • Coronavirus : le FMI approuve un décaissement de plus de 135 milliards de F CFA au Cameroun

    Réuni ce lundi 04 mai, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a finalement apporté une réponse favorable à la demande d’appui du Cameroun dans la lutte contre le coronavirus. Il s’agit de manière concrète d’un décaissement au titre de la facilité de crédit rapide (FCR) de 226 millions de dollars soit plus de 135 milliards de F CFA. Ce montant permettra de soutenir les efforts des autorités visant à répondre aux besoins urgents de la balance des paiements du pays résultant de la pandémie de COVID-19 et des chocs des termes de l’échange résultant de la forte baisse des prix du pétrole.

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    « Le financement d’urgence du FMI au titre du FCR soutiendra les efforts du gouvernement pour atténuer l’impact des deux chocs » a déclaré Mitsuhiro Furusawa, directeur général adjoint et président par intérim dudit conseil. Le FMI a également approuvé la demande des autorités visant à proroger l’accord FEC, qui doit expirer le 25 juin 2020, jusqu’au 30 septembre 2020 avec une nouvelle phase d’accès.

    Un appui conséquent qui vient s’ajouter aux efforts d’ores et déjà consentis par les pouvoirs publics pour contenir la propagation de la pandémie et qui se heurtent à des besoins de financement extérieurs et budgétaires en raison de la détérioration importante des perspectives macroéconomiques.   L’appui du FMI contribuera à combler les besoins extérieurs immédiats et à préserver l’espace budgétaire nécessaire aux dépenses de santé essentielles liées au COVID-19. Il devrait également contribuer à catalyser un soutien supplémentaire des donateurs.

    Si le conseil appelle les partenaires au développement à soutenir davantage le pays, il ne cache pas ses ambitions d’être particulièrement regardant sur la gestion de ce soutien. «Des contrôles budgétaires stricts et la transparence seront nécessaires pour garantir que l’aide fournie dans le cadre du FCR atteigne ses objectifs » a déclaré  Mitsuhiro Furusawa.

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  • Robert Bapooh Lipot est le nouveau PCA de la SRC

    C’est le 30 avril dernier qu’il avait été  nommé par le chef de l’Etat comme membre du conseil d’administration de la Société de Recouvrement des Créances(SCR).L’ancien député de l’UPC dans le département du Nyong et Kéllé n’a pas attendu longtemps pour prendre les devants. Ce lundi 04 mai, l’hon. Robert Bapooh Lipot a été porté par ses pairs à la tête dudit conseil. Il a par ailleurs été installé ce jour même dans ses nouvelles fonctions par le Ministre des Finances Louis Paul Motaze qui assure la tutelle technique de l’établissement.

    L’honorable Robert Bapooh Lipot arrive à la tête de la SRC au moment où le chef de l’Etat a assigné de nouvelles missions à l’établissement. En plus de ses missions traditionnelles, la SRC se charge désormais du recouvrement des créances de toutes les administrations, établissements et entreprises publiques. Elle se chargera également du recouvrement des créances issues des condamnations judiciaires au profit de l’Etat prononcées par toutes les juridictions.

    Avant sa nomination, l’honorable Robert Bapooh Lipot avait été recalé pour la course aux élections législatives 2020 par le conseil constitutionnel. Il remplace à ce nouveau poste le Pr Joseph Owona, nommé quant à la lui membre du conseil constitutionnel.

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  • La CRTV cherche 40 milliards FCFA pour basculer vers la TNT

     La Cameroon Radio télévision (Crtv) pourrait parachever son basculement vers la TNT si et seulement elle obtient 40 milliards FCFA supplémentaires. L’information a été révélée par la Commission de Technique de Réhabilitation(CTR) des entreprises dans son rapport de 2019.

    Chargée de la migration de l’analogie vers le numérique l’office de radio-télévision publique, la CTR affirme que six après son lancement, le processus n’est toujours pas achevé. Confié à l’entreprise chinoise StarTimes, la migration vers le numérique de la CRTV prends plus de temps que prévu à cause du manque de fonds pour financer l’achat des équipements nécessaires. Pour être précis, le rapport évoque un premier besoin chiffré à 40 milliards  FCFA alors même que le coût global du projet est de 110 milliards de FCFA.

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    Pour parvenir à réunir ce montant,  la CTR suggère à l’office de radio-télévision publique un prêt auprès de  la banque chinoise Eximbank. Cet argent permettra de réaliser le basculement vers le numérique, et d’activer le volet commercial des décodeurs. Ceci devrait générer des fonds pour rembourser le premier crédit, et financer les phases suivantes du projet. Seulement, une telle solution ne peut être envisagée que si le gouvernement inscrit ce projet dans la liste des projets sur financement extérieur du Cameroun à négocier avec le Fonds monétaire international (FMI) souligne le document.

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  • Aéroports du Cameroun : 70% des activités perturbées

    L’avenir s’annonce bien sombre pour les Aéroports du Cameroun (ADC).  Le Directeur de l’exploitation Léopold Longo, parle d’une baisse des activités de l’ordre de 70% depuis la décision du gouvernement le 17 mars de fermer les frontières aériennes.  L’estimation pourrait s’alourdir au regard de la situation de la pandémie du Covid-19 qui est loin d’être achevée. Depuis la création des ADC le 12 août 1994 et la signature de convention  de concession avec l’Etat le 1er octobre de la même année,  c’est la première fois que ses Aéroports internationaux se trouvent face à une situation de quasi-arrêt des activités « C’est un visage très sombre, les Aéroports continuent uniquement à fonctionner avec les vols de rapatriement et les vols cargo. Nous avons été obligés de mettre une bonne partie de notre personnel en congé annuel anticipé » relate Directeur de l’exploitation chez ADC.

    Samedi 2 Mai, à l’Aéroport -international de Nsimalen c’est une ambiance peu ordinaire qui prévalait. Quatre vols étaient programmés, mais seront malheureusement annulés. « Pour le mois de mars, c’est plus de 70%  des activités qui sont en arrêt.  Nous vivons dans cette situation depuis le mois de février qui a eu son pic à la fermeture des frontières  explique le directeur de l’exploitation.  Une baisse des activités qui a pour conséquence, la baisse des activités dans les parkings » indique Basile Mbarga, chef de la session des parkings. Il a cessé de compter les nombreux véhicules qui transportent les passagers. Ses tickets d’accès au parc ne sont plus distribués « Nous avons un effectif de 33 taxis, depuis l’apparition du coronavirus,  l’effectif est totalement réduit. Nous n’avons plus d’entrée concernant les recettes parkings » s’indigne-t-il.  

    Face à cette pandémie qui fragilise les sept aéroports placés sous la concession des ADC, et surtout pour éviter à son personnel d’être infecté, Thomas Owona Assoumou,  le Directeur général a adopté des mesures barrières tels que le départ de la quasi-totalité des personnels de l’exploitation et de l’assistance au sol et les personnels n’ayant pas bénéficié de leurs congés annuels en 2018 et 2019.

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  • Débits de boissons : le lavage des mains désormais obligatoire

    Le 30 avril, le Premier ministre Joseph Dion Ngute procédait à l’assouplissement des mesures gouvernementales de riposte contre le Coronavirus au Cameroun. 19 points avaient marqué son allocution du jour qui avait fait de nombreux heureux. Parmi eux, les restaurateurs, exploitants de débits de boisson, hôteliers dont les commerces pourront désormais ouvrir au-delà de 18h tout en respectant les mesures édictées les 17 mars et 9 avril 2020.

    Du côté du quartier Ngoa-ekelle à Yaoundé, les activités reprennent du poil de la bête. Thierry est un jeune gérant d’un débit de boisson et comme depuis le début de la pandémie il procède, chaque matin, au nettoyage minutieux de son espace de commerce.  Ici la mesure du chef du gouvernement est bien accueillie mais l’on continue à mettre l’accent sur les mesures d’hygiènes. « Quand une personne arrive, j’exige qu’elle se lave d’abord les mains, le dispositif est installé à l’entrée. Vu que je n’ai pas un grand espace je limite le nombre de clients ce qui permet d’avoir une certaine distance entre eux. Pour ceux qui arrivent à plus de 18h, je n’admets pas plus de 7 personnes », confie-t-il.

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    Du côté des restaurants, c’est pratiquement la même chose. « Nous avons installé un robinet la dehors pour que tous nos clients lavent leurs mains avant d’entrer », nous dit Hamidou, serveur dans un restaurant du même quartier.

    Pour les transporteurs, l’on mise plus sur le port du cache-nez, « moi je demande à mes clients de porter leurs cache-nez étant dans mon véhicule, c’est vraiment la moindre des choses », nous confie un conducteur de taxi rencontré.

    Toutes ces personnes exerçant dans ses différents secteurs d’activités espèrent donc qu’avec ces mesures d’assouplissement, ils pourront se refaire des revenus assez conséquents.

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  • Mairie de Douala : les ex-délégués du personnel réintégrés

    C’est ce lundi 4 mai 2020 que les ex-délégués du personnel de la Communauté urbaine de Douala reprennent officiellement service. L’annonce a été faite par Roger Mbassa Ndine, le Maire de la ville de Douala, dans un message adressé ce 1er mai 2020 au personnel de cette institution. «Je vous rappelle ma démarche vis-à-vis du personnel. Il s’agit tout d’abord de la préservation de la qualité du climat social. C’est ainsi que je vous ai annoncé  mon désir de travailler avec tout le monde, sans chasse aux sorcières. J’ai décidé de réintégrer les ex-délégués du personnel qui étaient en conflit avec la communauté urbaine de Douala, après la perte de leur emploi», déclaré. Il s’agit plus précisément de Koussoh Andrianne, Charly Ekanga Ntongla, Sosso Samuel, Doume Elolongue Louis, Bioto Paolo Isidoro, Ngwa Elombo Jean Narcisse, Douala Sosso George, Mekinda Valentine, Piakiari Paul et Balla née Ngo Tchek Hermine.  Ils avaient été suspendus de leurs fonctions en avril 2017, puis licenciés le 17 janvier 2020 en par le Dr. Fritz Ntone Ntone, alors délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Douala, pour «faute lourde».

    Les 10 délégués du personnel avaient observé un mouvement de grève, revendiquant la mise sur pied au sein de la communauté urbaine de Douala, d’une police d’assurance-maladie au profit du millier d’employés de la grande mairie du Wouri. Leur retour signe ainsi la fin d’un long bras de fer juridico-administratif qui aura duré 37 mois. 

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    L’arrivée de Roger Mbassa Ndine à la tête de la Mairie de Douala a en effet constitué un tournant décisif pour ces derniers. De sources dignes de foi, la réintégration des grévistes du 10 avril 2017 est le fruit de nombreuses négociations avec l’exécutif communal. Une commission ad hoc mise sur pied par le Maire de Douala conduisait le processus. Ladite commission présidée le secrétaire général de la Mairie de Douala, Georges Wangue Liberté, était composée, du receveur municipal, du contrôleur financier, du conseiller technique en charge des ressources humaines et des services juridiques, et la directrice des ressources humaines. Accompagnés de leurs avocats, les ex-délégués du personnel ont obtenu leur réhabilitation au bout de quatre rounds de pourparlers houleux et parfois tendus. « Il y’a eu beaucoup de tractations de couloir, beaucoup de concessions pour arriver à un compromis d’apaisement», a confié notre source. 

    Au moment où ces agents reprennent service un flou total persiste sur le consensus arrêté avec l’exécutif de la mairie.  Les ex-grévistes ont-ils signé une clause de bonne conduite ? Recevront-ils rétroactivement leur 37 mois de salaires réclamés ? Auront-ils droit à une indemnité  compensatoire? Réintégreront-ils leurs postes d’avant-suspension? Les points d’ombre sur leur nouvelle situation juridique au sein de la mairie de Douala ne désemplissent pas. «Les menus et détails ne sont pas à révéler au grand public, puisqu’il s’agit d’une affaire entre patron et personnel continuant la collaboration dans le cadre de l’administration publique qui exige de la réserve», dira in fine notre source.

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  • Dépenses publiques : des coupes sombres en perspectives

    Comment renforcer les moyens de lutte contre la propagation de la pandé­mie du Covid-19, tout en garantissant le fonction­nement régulier de l’État dans un contexte de baisse des recettes budgétaires ? Tout dépend du degré d’efficacité des politiques sanitaires et macroécono­miques qui seront mises en œuvre, rétorque-t-on du côté de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac). Le problème, c’est que la marge de manœuvre du gouvernement camerounais semble bien limitée.

    Par nature économique, la loi de Finances initiale a reparti les dépenses budgétaires 2020 entre les dépenses cou­rantes (2 735, 38 milliards de FCFA), les dépenses en capital (1 496,31 milliards) et la dette publique (720,010 milliards). Les spécialistes des finances publiques rappellent que pour crédi­biliser sa signature, l’Etat doit payer à bonne date les salaires, les pensions et sa dette. Les trois rubriques représentent 2 027 milliards de FCFA, soit plus de 20% du budget 2020.

    Bouffée d’oxygène, mais…

    Le report du service de la dette, décidé par le G20 le 15 avril dernier, pour près de 180 milliards de FCFA, est une bouffée d’oxygène certes, mais bien insuffisante par rapport aux besoins. Dans l’impossibilité de ré­duire la masse salariale, il va falloir opérer des économies ailleurs. Dans les prévisions de dépenses en capital, les lignes « Construction, agrandissement, réhabili­tation d’immeubles » (151 milliards), « Achats, instal­lations et rénovations des équipements des immeubles » (144,5 milliards) pour­raient être dégarnies.

    Au niveau des dépenses courantes et en raison de l’option de privilégier le télétravail, des efforts sup­plémentaires peuvent être faits dans la réduction du train de vie de l’Etat, no­tamment dans les lignes « Consommations des biens et services » (516,2 milliards de FCFA).

    En marge de ces coupes sur les prévisions des dépenses ; le gouvernement peut relever le volume des émis­sions des titres publics. Pour 2020, la loi de Finances a autorisé des émissions des titres publics pour un mon­tant maximum de 350 mil­liards de FCFA.

    « Il faut préserver à tous les prix les secteurs stratégiques et d’import-substitution »

    DIEUDONNÉ ESSOMBA, Economiste

    Malgré des marges de manœuvres bud­gétaires limitées, l’analyste suggère un soutien fort de l’Etat à tout le sec­teur d’exportation et d’import-substitu­tion.

    Comment peut-on appré­hender l’impact de la conjoncture internationale actuelle sur l’économie nationale ?

    Il faut noter que dans cette crise, presque tous les sec­teurs sont touchés, en rai­son des interrelations qu’ils entretiennent entre eux, mais pas dans les mêmes proportions. Les raisons pour lesquelles un secteur peut être affecté par la crise sont multiples. Il peut être frappé directement dans ses débouchés. Les entreprises n’arrivent plus à vendre parce que le marché est directement frappé par le confinement. C’est le cas des débits de boisson qui voient leur chiffre d’affaires baisser drastiquement, ce qui se transmet naturelle­ment aux industries brassi­coles, et par ricochet, sur les Finances publiques qui pré­lèvent la taxe sur la valeur ajoutée. C’est également le cas du transport et du tou­risme. C’est enfin le cas du secteur d’exportation dont la demande est sérieusement affectée par la crise. On peut notamment citer le pétrole qui a vu son prix passer de 60 dollars à 25 dollars.

    D’autres secteurs sont affec­tés de manière assez indi­recte, à travers les interre­lations qu’ils entretiennent avec d’autres secteurs. Ain­si, le confinement des popu­lations dans les villes réduit la consommation et par suite, la demande de tous les secteurs et des fournisseurs de ces secteurs, et ainsi de suite.

    Néanmoins, la lésion subie par un secteur dépend de sa nature. Certains secteurs peuvent se reconstituer spontanément après la crise, comme l’informel urbain ou l’agriculture artisanale. A l’autre extrême, d’autres peuvent s’effondrer défini­tivement, à l’instar de de la production pétrolière avec l’effondrement des cours, les agro industries et les grands hôtels de luxe qui jouent un rôle important dans le tou­risme des étrangers.

    Entre ces deux cas extrêmes, on trouve une vaste palette d’impacts différentiés.

    Quels secteurs écono­miques ont le plus besoin du soutien de l’Etat ?

    L’action à court terme de l’Etat consistera à appuyer les secteurs stratégiques dont la lésion peut être irré­versible et qui stabilisent le système productif. Il s’agit notamment de tout le sec­teur d’exportation qui doit être préservé à tous les prix, à savoir, toutes les chaînes de production du pétrole, du cacao, du café, du coton, de la banane, de l’aluminium, etc. Corrélativement, il faut à tout prix sauvegarder le secteur d’import-substitu­tion, autrement dit, les sec­teurs dont l’offre locale est en compétition avec les im­portations. Il s’agit notam­ment de l’industrie manu­facturière comme la Cicam. A ces deux grands secteurs, on peut ajouter le tourisme qui procure les devises, ainsi que des secteurs d’accompa­gnement comme l’électricité ou les télécommunications.

    Quels instruments budgé­taires faut-il mobiliser pour l’appui à l’économie soit aussi efficace que possible ?

    Le recours à l’instrument budgétaire est très difficile dans notre contexte actuel, en raison de contraintes multiples. La situation anté­rieure du budget de l’Etat, avant même la pandémie n’était déjà pas bonne, et on sait que le FMI est là depuis 2017. Or, le FMI se comporte comme un gen­darme qui nous contraint dans nos marges budgé­taires. Les crises sécuritaires ont imposé une contrainte supplémentaire qui absorbe d’importantes ressources. Dans ces conditions, le Gou­vernement ne peut faire que des efforts à portée plutôt symbolique. En réalité, les Camerounais doivent inté­grer le fait que leur Etat n’est pas assez riche pour soutenir une politique sociale signifi­cative.

    Dans quels secteurs ou administrations opérer les économies nécessaires ?

    Une fois de plus, l’adminis­tration n’est pas un lieu des économies. C’est une erreur récurrente très en vogue en Afrique Noire, créée et en­tretenue par les vecteurs du libéralisme idéologique que sont les institutions de Bret­tons-Wood. Il vaut mieux parler de la rationalisation de la dépense publique, autrement dit, l’affectation optimale des ressources dis­ponibles pour le développe­ment du pays.

    Et de ce point de vue, l’une des dépenses les plus impro­ductives pour une Nation est justement la guerre civile, surtout lorsqu’elle est ali­mentée par des motifs pure­ment idéologiques ! Vous ne pouvez pas parler d’éco­nomie dans un pays qui traîne une sécession armée de l’ampleur de la Séces­sion anglophone ! A elle seule, ses impacts plombent le budget et paralysent tout le pays à travers un effet en ciseaux : d’un côté, elle dis­traie d’importantes sommes de sécurité et de reconstruc­tion, et de l’autre, elle ver­rouille la production dans le NOSO, mettant le Gou­vernement en devoir d’y consacrer des ressources qui auraient pu servir ailleurs. Sans une solution à cette crise, toute autre action re­lève des économies de bouts de chandelle qui ne peuvent avoir aucun impact signifi­catif

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  • Recettes budgétaires : la menace qui vient du secteur tertiaire

    Le ministère des Finances (Minfi) est sans équivoque : les perspectives macroéco­nomiques et les projections budgétaires 2020 seront né­gativement affectées par les perturbations économiques causées par la pandémie du coronavirus (Covid-19). La Chine et l’Union européenne, les plus grands partenaires commerciaux du Cameroun sont durement touchés, ce qui aura des répercussions sur l’économie camerou­naise, tout comme la chute des cours du pétrole, que l’on observe depuis le mois de mars 2020.

    La Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) projette sur une chute de 3,1% du PIB du Cameroun alors que l’Union africaine craint une perte de 20 à 30% des re­cettes fiscales et douanières. De telles prévisions boule­versent l’équilibre budgé­taire initial, conduisant à un collectif budgétaire. Le bud­get modifié devrait affecter les principales composantes des recettes et des dépenses, consacrer le changement des priorités budgétaires avec une réallocation des res­sources publiques entre les départements ministériels et les programmes.

    Si les hypothèses des ana­lystes de l’UA se réalisent, le Trésor public Camerounais pourrait se retrouver avec un manque à gagner variant entre 592,44 et 888,66 mil­liards de FCFA sur ses pré­visions de recettes fiscales et douanières ; compte non tenu de la chute recettes pétro­lières initialement projetées à 443 milliards de FCFA dont la redevance SNH (293,2 milliards), la redevance gaz (48,3 milliards) et l’impôt sur les sociétés pétrolières.

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    Manque à gagner

    Si l’on prend en compte que les sources de croissance du PIB du Cameroun, on peut anticiper sur les types de recettes fiscales qui vont connaitre une contraction. Adossée sur la consomma­tion, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et le chiffre d’affaires ne devrait pas rap­porter les 1 210,928 milliards de FCFA escomptés dans le budget initial. Il en sera pro­bablement de même pour les droits et taxes à l’importation (359,361 milliards de FCFA) qui vont subir l’impact et de l’impact prévisible de la fermeture des frontières sur le secteur des exportations. Le ralentissement de l’acti­vité économique et les pertes d’emplois qui s’en suivent vont se traduire par une baisse logique de la cagnotte des impôts sur les bénéfices des sociétés non pétrolières (370 milliards) et les impôts sur les revenus des personnes physiques (315,320 mil­liards).

    Initialement, la croissance devait être tirée cette an­née par le secteur tertiaire (+4,6%). Ce secteur devait être porté par les branches « Transports, entrepôts et com­munications » qui contri­buerait pour 5%, devant la branche « Restaurants et hôtels » (4,8%), suivie de « Commerce et réparation des véhicules » (4,4%) et « Infor­mations et télécommunica­tions » (1,5%). Le secteur primaire devait contribuer pour 3,6% à la croissance nationale cette année, tiré par l’Agriculture des pro­duits vivriers (4,7%) suivie l’Agriculture industrielle et d’exportation (2,3%) puis la Sylviculture et l’exploitation forestière (1%). Quant au secteur secondaire, il devait contribuer pour 3,1% grâce aux Bâtiments et travaux publics (6%), les Industries agroalimentaires (3,8%) et les autres industries manu­facturières.

    Cette désagrégation des sources de la croissance éco­nomique permet d’entrevoir les déterminants des arbi­trages que le gouvernement peut être amené à faire dans la perspective d’un plan de soutien à l’économie.

  • Budget 2020 : une loi de Finances rectificative en étude

    Pour son budget 2020, le Cameroun a tablé sur une croissance du PIB réel de 4%, un taux d’inflation de 2,2%, un prix du baril de pétrole camerounais à 54,4 dollars et une production pétrolière de 26,5 millions de barils, un taux de change du dollar à 555,1 FCFA. Des hypothèses macroéconomiques devenues irréalistes, au regard de l’im­pact de la pandémie du coro­navirus (Covid-19) à travers le monde. A tel point que les responsables de la direction générale du budget (DGB) du ministère des Finances (Minfi) ont presque perdu le sommeil. Du moins, les res­ponsables du Programme 274 « Gestion budgétaire de l’Etat » ne cachent pas leur inquié­tude.

    La deuxième réunion de dialogue de gestion du pro­gramme 274, tenue le 20 avril 2020 dans les locaux de la DGB, a été consacrée à « l’évaluation de l’impact de la pandémie de Covid-19 sur la conduite du Plan de Travail Annuel 2020 ». Autour du directeur général du budget, Cyril Edou Alo’o, les respon­sables d’actions, le contrôleur de Gestion et l’assistant tech­nique de la DGB se sont atte­lés à redéfinir les priorités de l’exercice 2020 au regard des contraintes liées aux mesures de riposte du gouvernement.

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    Le compte rendu de la séance souligne « la nécessité d’un collectif budgétaire tenant compte des hypothèses ac­tuelles de récession écono­mique et l’organisation du Fonds de solidarité contre le Covid-19 ». En effet, on note une récession au niveau mon­dial en général et de la zone Cemac en particulier avec la chute drastique et continue des cours de pétrole et des matières premières agricoles. Les prévisions de la Banque des Etats de l’Afrique cen­trale (Beac) à fin mars 2020 et l’étude d’impact de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), projettent un recul de 3% et 3,1% du produit inté­rieur brut (PIB) du Cameroun cette année, du fait de la chute des recettes d’exportation.

    Chute des recettes

    Depuis plus d’un mois, le baril de pétrole s’échange à moins de 30 dollars, tombant même à moins de 20 dollars le 20 avril 2020. Difficile dans ces conditions d’atteindre l’objectif de 443 milliards de FCFA projetés pour les recettes pétrolières en 2020. De même, « nous savons éga­lement qu’avec la diminution des échanges extérieurs, les importations vont baisser. Et si les importations baissent, les recettes douanières vont baisser », a expliqué le mi­nistre des Finances, Louis Paul Motaze, à l’issue de la session extraordinaire du programme de réformes éco­nomiques et financières de la Cemac (Pref-Cemac), le 28 mars 2020 à Brazzaville au Congo.

    Bien que chaque pays tente de tirer son épingle du jeu, la démarche du Cameroun s’ins­crit dans une action concertée au niveau sous régional. Au cours de la session du Pref- Cemac du 28 mars 2020 de Brazzaville, les ministres en charge des Finances et de l’Economie ont ainsi recom­mandé aux Etats de l’espace communautaire « d’adopter, dans les plus brefs délais, des lois de Finances rectificatives 2020 pour aligner la gestion des finances publiques sur des prévisions actualisées et réa­listes des recettes budgétaires et des dépenses publiques, en vue de renforcer les moyens de lutte contre la propaga­tion de la pandémie du Co­vid-19, tout en garantissant le fonctionnement régulier de l’État ».

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  • « Le secteur de l’hôtellerie est en situation de catastrophe »

    Madame la présidente, cela fait déjà deux mois que la pandémie du co­ronavirus sévit au Ca­meroun, avec toutes les conséquences que cela implique dans divers secteurs d’activités, dont la branche hôtellerie et tourisme. Peut-on avoir un état des lieux de ce secteur d’activités avec la crise du Covid-19 ?

    Depuis deux mois que le Covid-19 est arrivé dans notre pays, l’économie toute entière est en berne. Evidemment, le secteur du tourisme et de l’hôtellerie parce que nous sommes les premières victimes, étant entendu qu’on parle de déplacements, de voyages. Avec toutes les frontières qui sont fermées, nous avons vu l’essentiel de nos activités s’effondrer. C’est donc un secteur vraiment sinistré. Les premières mesures gouvernementales qui ont été prises, notam­ment la fermeture des éta­blissements de tourisme et de loisirs dès 18 heures, n’ont pas donné une bonne visibilité au secteur. En plus, il faut observer des mesures de distanciation, ce qui implique la dimi­nution du nombre de per­sonnes dans les salles ; ce qui a eu un impact sur l’or­ganisation des séminaires, des réunions, etc. Tous les hôtels se sont vu annuler toutes les réservations qui avaient été faites dans ces espaces-là. En fait, l’état des lieux dans ce secteur-là renvoie à la sinistrose. C’est très difficile. Ce sont des emplois qui sont mena­cés, l’activité elle-même risque de s’écrouler… Nous sommes en situation de catastrophe.

    Quelles étaient les pers­pectives de l’hôtellerie dans le pays avant cette crise ?

    Avant le Covid-19, le sec­teur de l’hôtellerie avait quelques soucis compte tenu de ce que les grands évènements sportifs atten­dus ont été reportés. Mais, nous étions préparés à la nouvelle programmation. Si vous voulez, le secteur était en ébullition, parce qu’on construit, on innove, on restaure, on attend les évènements sportifs d’en­vergure et même d’autres évènements comme la FIAC qui devait se tenir à Douala. En fait, le Ca­meroun étant un pays de grands évènements, le sec­teur s’enrichit aussi beau­coup de ces activités.

    Pouvez-vous, Madame la Présidente, nous présen­ter la situation de votre secteur d’activités en cette période de crise de Covid-19 ? Quelles sont les conséquences de cette crise sur le secteur ?

    S’agissant des consé­quences du Covid-19 dans notre secteur, on n’a pas besoin de toutes les citer. Les lieux de divertissement ont longtemps été fermés, les restaurants aussi. Les agences de voyages sont toujours fermées, les aéro­ports sont fermés, les com­pagnies aériennes sont en train de mettre la clé sous le paillasson – il y a beau­coup de compagnies qui ont déclaré faillite. Donc c’est vraiment une grosse catastrophe.

    Vous avez participé à une séance de travail avec le Premier ministre à pro­pos de la stratégie de riposte gouvernementale contre la pandémie de Covid-19. Qu’est-ce que les professionnels came­rounais de l’hôtellerie ont demandé en termes d’accompagnement de la part de l’Etat ?

    Nous avons eu une séance de travail avec le Premier ministre, sous l’impulsion du chef de l’Etat. Monsieur Joseph Dion Ngute nous a écouté et nous lui avons énuméré les difficultés qui sont les nôtres en cette période difficile. Nous avions quelques mesures que nous voulions porter à son attention afin qu’en les examinant, nous puissions tous trouver la sérénité et combattre ensemble ce vi­rus. Nous avons essentiel­lement souhaité une pause fiscale ; il était question de trouver le moyen d’alléger les cotisations sociales, les taxes, et autres impôts.

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    Nous avons sollicité un appui sur la prise en charge du personnel parce que dans notre secteur c’est le capital humain qui est le plus important. C’est vrai que les infrastruc­tures sont aussi impor­tantes, mais vous avez beau construire les palaces mais si vous n’avez pas de personnel vous ne pouvez rien en faire. Nous avons vraiment plaidé pour que des moyens puissent être trouvés pour sauvegarder l’emploi.

    Ensuite, nous avons évo­qué un partenariat pour la formation du personnel parce qu’il est question de repousser la stigmati­sation des clients. Avec le Covid-19 qui est arrivé soudainement, il y a une peur qui s’est installée au sein des personnels, les uns et les autres ont peur. Il faut une connaissance beaucoup plus avérée de la manière de se comporter avec des personnes poten­tiellement atteintes par ce virus. C’est vrai, le port du masque vous protège et protège les autres, mais il y a comme une espèce de stigmatisation qui s’est créée. Nous avons pensé qu’il serait souhaitable que le ministère de la Santé aide la profession à mieux juguler cette stigmatisa­tion en ayant une attitude psychologique d’accompa­gnement de sorte que ça ne choque personne.

    Certaines personnes ont été mises en quarantaine dans des hôtels dont les propriétaires sont membres du Syndicat. A ce jour, combien d’hôtels sont concernés et quelle est la facture de cette prestation ?

    Il y a plus d’une trentaine d’hôtels qui ont été réqui­sitionnés pour la mise en quarantaine des personnes ayant voyagé. En ce qui concerne les factures, ce que nous en savons c’est qu’elles sont en paiement. Nous ne pouvons pas vous donner les montants exacts parce que les factures sont adressées directement au ministère de la Santé pu­blique.

    Le gouvernement dit avoir déjà dépensé plus de 9 milliards de FCFA dans le volet sanitaire, notamment la prise en charge des malades, les différentes opérations de préventions ainsi que cette mise en qua­rantaine. Est-ce que les prestataires de votre secteur sont déjà rentrés dans leur dû ?

    Il faut juste noter que cer­taines factures ont été payées, d’autres sont en cours de paiement. Mais, je ne saurais pas vous dire la situation exacte des paiements ni comment est-ce que ces sommes sont perçues.

    Pour finir, et s’agissant spécifiquement des Hô­tels Lewat, comment est perçue cette crise et que faites-vous en interne pour y faire face ?

    Pour ce qui est de l’hôtel Lewat, nous avons installé dès les premiers jours un dispositif de lavage des mains pour les popula­tions environnantes, nous offrons également de l’eau gratuitement aux habitants du quartier. De manière concrète, nous avons fait une réunion de sensibili­sation, avec notre équipe médicale et notre médecin de travail de Lewat pour sensibiliser le personnel au sujet de cette nouvelle pandémie. Avant même que cela ne soit érigées en règles gouvernemen­tales, nous avons institué quelques précautions et mesures à observer. Nous avons essayé de prendre la mesure de cette pandé­mie et avons posé dans tout le quartier plus de 250 affiches afin de sensibili­ser et informer tous nos voisins de ce qu’il y avait un danger. Nous conti­nuons de le faire en insis­tant dans l’entourage de l’hôtel Lewat pour que les mesures barrières soient respectées.

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