Réuni ce lundi 04 mai, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a finalement apporté une réponse favorable à la demande d’appui du Cameroun dans la lutte contre le coronavirus. Il s’agit de manière concrète d’un décaissement au titre de la facilité de crédit rapide (FCR) de 226 millions de dollars soit plus de 135 milliards de F CFA. Ce montant permettra de soutenir les efforts des autorités visant à répondre aux besoins urgents de la balance des paiements du pays résultant de la pandémie de COVID-19 et des chocs des termes de l’échange résultant de la forte baisse des prix du pétrole.
« Le financement d’urgence du FMI au titre du
FCR soutiendra les efforts du gouvernement pour atténuer l’impact des deux
chocs » a déclaré Mitsuhiro Furusawa, directeur général adjoint et
président par intérim dudit conseil. Le FMI a également approuvé la demande des
autorités visant à proroger l’accord FEC, qui doit expirer le 25 juin 2020,
jusqu’au 30 septembre 2020 avec une nouvelle phase d’accès.
Un appui conséquent
qui vient s’ajouter aux efforts d’ores et déjà consentis par les pouvoirs
publics pour contenir la propagation de la pandémie et qui se heurtent à des
besoins de financement extérieurs et budgétaires en raison de la détérioration
importante des perspectives macroéconomiques.
L’appui du FMI contribuera à combler les besoins extérieurs immédiats et
à préserver l’espace budgétaire nécessaire aux dépenses de santé essentielles
liées au COVID-19. Il devrait également contribuer à catalyser un soutien
supplémentaire des donateurs.
Si le conseil appelle les partenaires au développement à soutenir davantage le pays, il ne cache pas ses ambitions d’être particulièrement regardant sur la gestion de ce soutien. «Des contrôles budgétaires stricts et la transparence seront nécessaires pour garantir que l’aide fournie dans le cadre du FCR atteigne ses objectifs » a déclaré Mitsuhiro Furusawa.
C’est le 30 avril
dernier qu’il avait été nommé par le
chef de l’Etat comme membre du conseil d’administration de la Société de
Recouvrement des Créances(SCR).L’ancien député de l’UPC dans le département du
Nyong et Kéllé n’a pas attendu longtemps pour prendre les devants. Ce lundi 04
mai, l’hon. Robert Bapooh Lipot a été porté par ses pairs à la tête dudit
conseil. Il a par ailleurs été installé ce jour même dans ses nouvelles
fonctions par le Ministre des Finances Louis Paul Motaze qui assure la tutelle
technique de l’établissement.
L’honorable Robert
Bapooh Lipot arrive à la tête de la SRC au moment où le chef de l’Etat a
assigné de nouvelles missions à l’établissement. En plus de ses missions traditionnelles,
la SRC se charge désormais du recouvrement des créances de toutes les
administrations, établissements et entreprises publiques. Elle se chargera
également du recouvrement des créances issues des condamnations judiciaires au
profit de l’Etat prononcées par toutes les juridictions.
Avant sa nomination, l’honorable Robert Bapooh Lipot avait été recalé pour la course aux élections législatives 2020 par le conseil constitutionnel. Il remplace à ce nouveau poste le Pr Joseph Owona, nommé quant à la lui membre du conseil constitutionnel.
La Cameroon
Radio télévision (Crtv) pourrait parachever son basculement vers la TNT si et
seulement elle obtient 40 milliards FCFA supplémentaires. L’information a été
révélée par la Commission de Technique de Réhabilitation(CTR) des entreprises
dans son rapport de 2019.
Chargée de la migration de l’analogie vers le numérique l’office de radio-télévision publique, la CTR affirme que six après son lancement, le processus n’est toujours pas achevé. Confié à l’entreprise chinoise StarTimes, la migration vers le numérique de la CRTV prends plus de temps que prévu à cause du manque de fonds pour financer l’achat des équipements nécessaires. Pour être précis, le rapport évoque un premier besoin chiffré à 40 milliards FCFA alors même que le coût global du projet est de 110 milliards de FCFA.
Pour parvenir à réunir ce montant, la CTR suggère à l’office de radio-télévision publique un prêt auprès de la banque chinoise Eximbank. Cet argent permettra de réaliser le basculement vers le numérique, et d’activer le volet commercial des décodeurs. Ceci devrait générer des fonds pour rembourser le premier crédit, et financer les phases suivantes du projet. Seulement, une telle solution ne peut être envisagée que si le gouvernement inscrit ce projet dans la liste des projets sur financement extérieur du Cameroun à négocier avec le Fonds monétaire international (FMI) souligne le document.
L’avenir s’annonce
bien sombre pour les Aéroports du Cameroun (ADC). Le Directeur de l’exploitation
Léopold Longo, parle d’une baisse des activités de l’ordre de 70% depuis la
décision du gouvernement le 17 mars de fermer les frontières
aériennes. L’estimation pourrait s’alourdir au regard de la
situation de la pandémie du Covid-19 qui est loin d’être achevée. Depuis la
création des ADC le 12 août 1994 et la signature de convention de
concession avec l’Etat le 1er octobre de la même
année, c’est la première fois que ses Aéroports internationaux se
trouvent face à une situation de quasi-arrêt des activités « C’est un visage très sombre, les Aéroports
continuent uniquement à fonctionner avec les vols de rapatriement et les vols
cargo. Nous avons été obligés de mettre une bonne partie de notre personnel en
congé annuel anticipé » relate Directeur de l’exploitation chez ADC.
Samedi 2 Mai, à
l’Aéroport -international de Nsimalen c’est une ambiance peu ordinaire qui prévalait.
Quatre vols étaient programmés, mais seront malheureusement annulés.
« Pour le mois de mars, c’est plus de 70% des activités qui
sont en arrêt. Nous vivons dans cette situation depuis le mois de
février qui a eu son pic à la fermeture des frontières explique le directeur
de l’exploitation. Une baisse des activités qui a pour conséquence,
la baisse des activités dans les parkings » indique Basile Mbarga, chef de
la session des parkings. Il a cessé de compter les nombreux véhicules qui
transportent les passagers. Ses tickets d’accès au parc ne sont plus distribués
« Nous avons un effectif de 33
taxis, depuis l’apparition du coronavirus, l’effectif est totalement
réduit. Nous n’avons plus d’entrée concernant les recettes parkings »
s’indigne-t-il.
Face à cette pandémie qui fragilise les sept aéroports placés sous la concession des ADC, et surtout pour éviter à son personnel d’être infecté, Thomas Owona Assoumou, le Directeur général a adopté des mesures barrières tels que le départ de la quasi-totalité des personnels de l’exploitation et de l’assistance au sol et les personnels n’ayant pas bénéficié de leurs congés annuels en 2018 et 2019.
Le 30 avril, le Premier ministre Joseph Dion Ngute
procédait à l’assouplissement des mesures gouvernementales de riposte contre le
Coronavirus au Cameroun. 19 points avaient marqué son allocution du jour qui
avait fait de nombreux heureux. Parmi eux, les restaurateurs, exploitants de
débits de boisson, hôteliers dont les commerces pourront désormais ouvrir
au-delà de 18h tout en respectant les mesures édictées les 17 mars et 9 avril
2020.
Du côté du quartier Ngoa-ekelle à Yaoundé, les activités reprennent du poil de la bête. Thierry est un jeune gérant d’un débit de boisson et comme depuis le début de la pandémie il procède, chaque matin, au nettoyage minutieux de son espace de commerce. Ici la mesure du chef du gouvernement est bien accueillie mais l’on continue à mettre l’accent sur les mesures d’hygiènes. « Quand une personne arrive, j’exige qu’elle se lave d’abord les mains, le dispositif est installé à l’entrée. Vu que je n’ai pas un grand espace je limite le nombre de clients ce qui permet d’avoir une certaine distance entre eux. Pour ceux qui arrivent à plus de 18h, je n’admets pas plus de 7 personnes », confie-t-il.
Du côté des restaurants, c’est pratiquement la même chose.
« Nous avons installé un robinet la
dehors pour que tous nos clients lavent leurs mains avant d’entrer »,
nous dit Hamidou, serveur dans un restaurant du même quartier.
Pour les transporteurs, l’on mise plus sur le port du
cache-nez, « moi je demande à mes
clients de porter leurs cache-nez étant dans mon véhicule, c’est vraiment la
moindre des choses », nous confie un conducteur de taxi rencontré.
Toutes ces personnes exerçant dans ses différents secteurs d’activités espèrent donc qu’avec ces mesures d’assouplissement, ils pourront se refaire des revenus assez conséquents.
C’est ce lundi 4 mai
2020 que les ex-délégués du personnel de la Communauté urbaine de Douala
reprennent officiellement service. L’annonce a été faite par Roger Mbassa
Ndine, le Maire de la ville de Douala, dans un message adressé ce 1er mai 2020
au personnel de cette institution. «Je
vous rappelle ma démarche vis-à-vis du personnel. Il s’agit tout d’abord de la
préservation de la qualité du climat social. C’est ainsi que je vous ai annoncé
mon désir de travailler avec tout le monde, sans chasse aux sorcières.
J’ai décidé de réintégrer les ex-délégués du personnel qui étaient en conflit
avec la communauté urbaine de Douala, après la perte de leur emploi»,
déclaré. Il s’agit plus précisément de Koussoh Andrianne, Charly Ekanga
Ntongla, Sosso Samuel, Doume Elolongue Louis, Bioto Paolo Isidoro, Ngwa Elombo
Jean Narcisse, Douala Sosso George, Mekinda Valentine, Piakiari Paul et Balla
née Ngo Tchek Hermine. Ils avaient été
suspendus de leurs fonctions en avril 2017, puis licenciés le 17 janvier 2020
en par le Dr. Fritz Ntone Ntone, alors délégué du gouvernement auprès de la
communauté urbaine de Douala, pour «faute lourde».
Les 10 délégués du personnel avaient observé un mouvement de grève, revendiquant la mise sur pied au sein de la communauté urbaine de Douala, d’une police d’assurance-maladie au profit du millier d’employés de la grande mairie du Wouri. Leur retour signe ainsi la fin d’un long bras de fer juridico-administratif qui aura duré 37 mois.
L’arrivée de Roger
Mbassa Ndine à la tête de la Mairie de Douala a en effet constitué un tournant
décisif pour ces derniers. De sources dignes de foi, la réintégration des
grévistes du 10 avril 2017 est le fruit de nombreuses négociations avec
l’exécutif communal. Une commission ad hoc mise sur pied par le Maire de Douala
conduisait le processus. Ladite commission présidée le secrétaire général de la
Mairie de Douala, Georges Wangue Liberté, était composée, du receveur
municipal, du contrôleur financier, du conseiller technique en charge des
ressources humaines et des services juridiques, et la directrice des ressources
humaines. Accompagnés de leurs avocats, les ex-délégués du personnel ont obtenu
leur réhabilitation au bout de quatre rounds de pourparlers houleux et parfois
tendus. « Il y’a eu beaucoup de
tractations de couloir, beaucoup de concessions pour arriver à un compromis
d’apaisement», a confié notre source.
Au moment où ces agents reprennent service un flou total persiste sur le consensus arrêté avec l’exécutif de la mairie. Les ex-grévistes ont-ils signé une clause de bonne conduite ? Recevront-ils rétroactivement leur 37 mois de salaires réclamés ? Auront-ils droit à une indemnité compensatoire? Réintégreront-ils leurs postes d’avant-suspension? Les points d’ombre sur leur nouvelle situation juridique au sein de la mairie de Douala ne désemplissent pas. «Les menus et détails ne sont pas à révéler au grand public, puisqu’il s’agit d’une affaire entre patron et personnel continuant la collaboration dans le cadre de l’administration publique qui exige de la réserve», dira in fine notre source.
Comment renforcer les
moyens de lutte contre la propagation de la pandémie du Covid-19, tout en
garantissant le fonctionnement régulier de l’État dans un contexte de baisse
des recettes budgétaires ? Tout dépend du degré d’efficacité des politiques
sanitaires et macroéconomiques qui seront mises en œuvre, rétorque-t-on du
côté de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac). Le problème, c’est
que la marge de manœuvre du gouvernement camerounais semble bien limitée.
Par nature
économique, la loi de Finances initiale a reparti les dépenses budgétaires 2020
entre les dépenses courantes (2 735, 38 milliards de FCFA), les dépenses en
capital (1 496,31 milliards) et la dette publique (720,010 milliards). Les
spécialistes des finances publiques rappellent que pour crédibiliser sa signature,
l’Etat doit payer à bonne date les salaires, les pensions et sa dette. Les
trois rubriques représentent 2 027 milliards de FCFA, soit plus de 20% du
budget 2020.
Bouffée
d’oxygène, mais…
Le report du service
de la dette, décidé par le G20 le 15 avril dernier, pour près de 180 milliards
de FCFA, est une bouffée d’oxygène certes, mais bien insuffisante par rapport
aux besoins. Dans l’impossibilité de réduire la masse salariale, il va falloir
opérer des économies ailleurs. Dans les prévisions de dépenses en capital, les
lignes « Construction, agrandissement, réhabilitation d’immeubles » (151
milliards), « Achats, installations et rénovations des équipements des
immeubles » (144,5 milliards) pourraient être dégarnies.
Au niveau des
dépenses courantes et en raison de l’option de privilégier le télétravail, des
efforts supplémentaires peuvent être faits dans la réduction du train de vie
de l’Etat, notamment dans les lignes « Consommations des biens et services »
(516,2 milliards de FCFA).
En marge de ces coupes sur les prévisions des dépenses ; le gouvernement peut relever le volume des émissions des titres publics. Pour 2020, la loi de Finances a autorisé des émissions des titres publics pour un montant maximum de 350 milliards de FCFA.
« Il faut préserver à tous les prix les secteurs stratégiques et d’import-substitution »
DIEUDONNÉ ESSOMBA, Economiste
Malgré
des marges de manœuvres budgétaires limitées, l’analyste suggère un soutien
fort de l’Etat à tout le secteur d’exportation et d’import-substitution.
Comment
peut-on appréhender l’impact de la conjoncture internationale actuelle sur
l’économie nationale ?
Il faut noter que
dans cette crise, presque tous les secteurs sont touchés, en raison des
interrelations qu’ils entretiennent entre eux, mais pas dans les mêmes
proportions. Les raisons pour lesquelles un secteur peut être affecté par la
crise sont multiples. Il peut être frappé directement dans ses débouchés. Les
entreprises n’arrivent plus à vendre parce que le marché est directement frappé
par le confinement. C’est le cas des débits de boisson qui voient leur chiffre
d’affaires baisser drastiquement, ce qui se transmet naturellement aux
industries brassicoles, et par ricochet, sur les Finances publiques qui prélèvent
la taxe sur la valeur ajoutée. C’est également le cas du transport et du tourisme.
C’est enfin le cas du secteur d’exportation dont la demande est sérieusement
affectée par la crise. On peut notamment citer le pétrole qui a vu son prix
passer de 60 dollars à 25 dollars.
D’autres secteurs
sont affectés de manière assez indirecte, à travers les interrelations
qu’ils entretiennent avec d’autres secteurs. Ainsi, le confinement des populations
dans les villes réduit la consommation et par suite, la demande de tous les
secteurs et des fournisseurs de ces secteurs, et ainsi de suite.
Néanmoins, la lésion
subie par un secteur dépend de sa nature. Certains secteurs peuvent se
reconstituer spontanément après la crise, comme l’informel urbain ou
l’agriculture artisanale. A l’autre extrême, d’autres peuvent s’effondrer
définitivement, à l’instar de de la production pétrolière avec l’effondrement
des cours, les agro industries et les grands hôtels de luxe qui jouent un rôle
important dans le tourisme des étrangers.
Entre ces deux cas
extrêmes, on trouve une vaste palette d’impacts différentiés.
Quels
secteurs économiques ont le plus besoin du soutien de l’Etat ?
L’action à court
terme de l’Etat consistera à appuyer les secteurs stratégiques dont la lésion
peut être irréversible et qui stabilisent le système productif. Il s’agit
notamment de tout le secteur d’exportation qui doit être préservé à tous les
prix, à savoir, toutes les chaînes de production du pétrole, du cacao, du café,
du coton, de la banane, de l’aluminium, etc. Corrélativement, il faut à tout
prix sauvegarder le secteur d’import-substitution, autrement dit, les secteurs
dont l’offre locale est en compétition avec les importations. Il s’agit notamment
de l’industrie manufacturière comme la Cicam. A ces deux grands secteurs, on
peut ajouter le tourisme qui procure les devises, ainsi que des secteurs
d’accompagnement comme l’électricité ou les télécommunications.
Quels
instruments budgétaires faut-il mobiliser pour l’appui à l’économie soit aussi
efficace que possible ?
Le recours à
l’instrument budgétaire est très difficile dans notre contexte actuel, en
raison de contraintes multiples. La situation antérieure du budget de l’Etat,
avant même la pandémie n’était déjà pas bonne, et on sait que le FMI est là
depuis 2017. Or, le FMI se comporte comme un gendarme qui nous contraint dans
nos marges budgétaires. Les crises sécuritaires ont imposé une contrainte
supplémentaire qui absorbe d’importantes ressources. Dans ces conditions, le
Gouvernement ne peut faire que des efforts à portée plutôt symbolique. En
réalité, les Camerounais doivent intégrer le fait que leur Etat n’est pas
assez riche pour soutenir une politique sociale significative.
Dans
quels secteurs ou administrations opérer les économies nécessaires ?
Une fois de plus,
l’administration n’est pas un lieu des économies. C’est une erreur récurrente
très en vogue en Afrique Noire, créée et entretenue par les vecteurs du
libéralisme idéologique que sont les institutions de Brettons-Wood. Il vaut
mieux parler de la rationalisation de la dépense publique, autrement dit,
l’affectation optimale des ressources disponibles pour le développement du
pays.
Et de ce point de vue, l’une des dépenses les plus improductives pour une Nation est justement la guerre civile, surtout lorsqu’elle est alimentée par des motifs purement idéologiques ! Vous ne pouvez pas parler d’économie dans un pays qui traîne une sécession armée de l’ampleur de la Sécession anglophone ! A elle seule, ses impacts plombent le budget et paralysent tout le pays à travers un effet en ciseaux : d’un côté, elle distraie d’importantes sommes de sécurité et de reconstruction, et de l’autre, elle verrouille la production dans le NOSO, mettant le Gouvernement en devoir d’y consacrer des ressources qui auraient pu servir ailleurs. Sans une solution à cette crise, toute autre action relève des économies de bouts de chandelle qui ne peuvent avoir aucun impact significatif
Le ministère des
Finances (Minfi) est sans équivoque : les perspectives macroéconomiques et les
projections budgétaires 2020 seront négativement affectées par les
perturbations économiques causées par la pandémie du coronavirus (Covid-19). La
Chine et l’Union européenne, les plus grands partenaires commerciaux du
Cameroun sont durement touchés, ce qui aura des répercussions sur l’économie
camerounaise, tout comme la chute des cours du pétrole, que l’on observe
depuis le mois de mars 2020.
La Commission
économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) projette sur une chute de
3,1% du PIB du Cameroun alors que l’Union africaine craint une perte de 20 à
30% des recettes fiscales et douanières. De telles prévisions bouleversent
l’équilibre budgétaire initial, conduisant à un collectif budgétaire. Le budget
modifié devrait affecter les principales composantes des recettes et des
dépenses, consacrer le changement des priorités budgétaires avec une
réallocation des ressources publiques entre les départements ministériels et
les programmes.
Si les hypothèses des analystes de l’UA se réalisent, le Trésor public Camerounais pourrait se retrouver avec un manque à gagner variant entre 592,44 et 888,66 milliards de FCFA sur ses prévisions de recettes fiscales et douanières ; compte non tenu de la chute recettes pétrolières initialement projetées à 443 milliards de FCFA dont la redevance SNH (293,2 milliards), la redevance gaz (48,3 milliards) et l’impôt sur les sociétés pétrolières.
Si l’on prend en
compte que les sources de croissance du PIB du Cameroun, on peut anticiper sur
les types de recettes fiscales qui vont connaitre une contraction. Adossée sur
la consommation, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et le chiffre d’affaires
ne devrait pas rapporter les 1 210,928 milliards de FCFA escomptés dans le
budget initial. Il en sera probablement de même pour les droits et taxes à
l’importation (359,361 milliards de FCFA) qui vont subir l’impact et de
l’impact prévisible de la fermeture des frontières sur le secteur des exportations.
Le ralentissement de l’activité économique et les pertes d’emplois qui s’en
suivent vont se traduire par une baisse logique de la cagnotte des impôts sur
les bénéfices des sociétés non pétrolières (370 milliards) et les impôts sur
les revenus des personnes physiques (315,320 milliards).
Initialement, la
croissance devait être tirée cette année par le secteur tertiaire (+4,6%). Ce
secteur devait être porté par les branches « Transports, entrepôts et communications
» qui contribuerait pour 5%, devant la branche « Restaurants et hôtels »
(4,8%), suivie de « Commerce et réparation des véhicules » (4,4%) et « Informations
et télécommunications » (1,5%). Le secteur primaire devait contribuer pour
3,6% à la croissance nationale cette année, tiré par l’Agriculture des produits
vivriers (4,7%) suivie l’Agriculture industrielle et d’exportation (2,3%) puis
la Sylviculture et l’exploitation forestière (1%). Quant au secteur secondaire,
il devait contribuer pour 3,1% grâce aux Bâtiments et travaux publics (6%), les
Industries agroalimentaires (3,8%) et les autres industries manufacturières.
Cette désagrégation
des sources de la croissance économique permet d’entrevoir les déterminants
des arbitrages que le gouvernement peut être amené à faire dans la perspective
d’un plan de soutien à l’économie.
Pour son budget 2020,
le Cameroun a tablé sur une croissance du PIB réel de 4%, un taux d’inflation
de 2,2%, un prix du baril de pétrole camerounais à 54,4 dollars et une
production pétrolière de 26,5 millions de barils, un taux de change du dollar à
555,1 FCFA. Des hypothèses macroéconomiques devenues irréalistes, au regard de
l’impact de la pandémie du coronavirus (Covid-19) à travers le monde. A tel
point que les responsables de la direction générale du budget (DGB) du
ministère des Finances (Minfi) ont presque perdu le sommeil. Du moins, les responsables
du Programme 274 « Gestion budgétaire de l’Etat » ne cachent pas leur inquiétude.
La deuxième réunion de dialogue de gestion du programme 274, tenue le 20 avril 2020 dans les locaux de la DGB, a été consacrée à « l’évaluation de l’impact de la pandémie de Covid-19 sur la conduite du Plan de Travail Annuel 2020 ». Autour du directeur général du budget, Cyril Edou Alo’o, les responsables d’actions, le contrôleur de Gestion et l’assistant technique de la DGB se sont attelés à redéfinir les priorités de l’exercice 2020 au regard des contraintes liées aux mesures de riposte du gouvernement.
Le compte rendu de la
séance souligne « la nécessité d’un collectif budgétaire tenant compte des
hypothèses actuelles de récession économique et l’organisation du Fonds de
solidarité contre le Covid-19 ». En effet, on note une récession au niveau mondial
en général et de la zone Cemac en particulier avec la chute drastique et
continue des cours de pétrole et des matières premières agricoles. Les
prévisions de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) à fin mars 2020
et l’étude d’impact de la Commission économique des Nations Unies pour
l’Afrique (CEA), projettent un recul de 3% et 3,1% du produit intérieur brut
(PIB) du Cameroun cette année, du fait de la chute des recettes d’exportation.
Chute
des recettes
Depuis plus d’un mois,
le baril de pétrole s’échange à moins de 30 dollars, tombant même à moins de 20
dollars le 20 avril 2020. Difficile dans ces conditions d’atteindre l’objectif
de 443 milliards de FCFA projetés pour les recettes pétrolières en 2020. De
même, « nous savons également qu’avec la diminution des échanges extérieurs,
les importations vont baisser. Et si les importations baissent, les recettes
douanières vont baisser », a expliqué le ministre des Finances, Louis Paul
Motaze, à l’issue de la session extraordinaire du programme de réformes économiques
et financières de la Cemac (Pref-Cemac), le 28 mars 2020 à Brazzaville au
Congo.
Bien que chaque pays tente de tirer son épingle du jeu, la démarche du Cameroun s’inscrit dans une action concertée au niveau sous régional. Au cours de la session du Pref- Cemac du 28 mars 2020 de Brazzaville, les ministres en charge des Finances et de l’Economie ont ainsi recommandé aux Etats de l’espace communautaire « d’adopter, dans les plus brefs délais, des lois de Finances rectificatives 2020 pour aligner la gestion des finances publiques sur des prévisions actualisées et réalistes des recettes budgétaires et des dépenses publiques, en vue de renforcer les moyens de lutte contre la propagation de la pandémie du Covid-19, tout en garantissant le fonctionnement régulier de l’État ».
Madame
la présidente, cela fait déjà deux mois que la pandémie du coronavirus sévit
au Cameroun, avec toutes les conséquences que cela implique dans divers
secteurs d’activités, dont la branche hôtellerie et tourisme. Peut-on avoir un
état des lieux de ce secteur d’activités avec la crise du Covid-19 ?
Depuis deux mois que
le Covid-19 est arrivé dans notre pays, l’économie toute entière est en berne.
Evidemment, le secteur du tourisme et de l’hôtellerie parce que nous sommes les
premières victimes, étant entendu qu’on parle de déplacements, de voyages. Avec
toutes les frontières qui sont fermées, nous avons vu l’essentiel de nos
activités s’effondrer. C’est donc un secteur vraiment sinistré. Les premières
mesures gouvernementales qui ont été prises, notamment la fermeture des établissements
de tourisme et de loisirs dès 18 heures, n’ont pas donné une bonne visibilité
au secteur. En plus, il faut observer des mesures de distanciation, ce qui
implique la diminution du nombre de personnes dans les salles ; ce qui a eu
un impact sur l’organisation des séminaires, des réunions, etc. Tous les hôtels
se sont vu annuler toutes les réservations qui avaient été faites dans ces
espaces-là. En fait, l’état des lieux dans ce secteur-là renvoie à la
sinistrose. C’est très difficile. Ce sont des emplois qui sont menacés,
l’activité elle-même risque de s’écrouler… Nous sommes en situation de
catastrophe.
Quelles étaient les perspectives de l’hôtellerie dans le pays avant cette crise ?
Avant le Covid-19, le
secteur de l’hôtellerie avait quelques soucis compte tenu de ce que les grands
évènements sportifs attendus ont été reportés. Mais, nous étions préparés à la
nouvelle programmation. Si vous voulez, le secteur était en ébullition, parce
qu’on construit, on innove, on restaure, on attend les évènements sportifs d’envergure
et même d’autres évènements comme la FIAC qui devait se tenir à Douala. En
fait, le Cameroun étant un pays de grands évènements, le secteur s’enrichit
aussi beaucoup de ces activités.
Pouvez-vous,
Madame la Présidente, nous présenter la situation de votre secteur d’activités
en cette période de crise de Covid-19 ? Quelles sont les conséquences de cette
crise sur le secteur ?
S’agissant des conséquences
du Covid-19 dans notre secteur, on n’a pas besoin de toutes les citer. Les
lieux de divertissement ont longtemps été fermés, les restaurants aussi. Les
agences de voyages sont toujours fermées, les aéroports sont fermés, les compagnies
aériennes sont en train de mettre la clé sous le paillasson – il y a beaucoup
de compagnies qui ont déclaré faillite. Donc c’est vraiment une grosse
catastrophe.
Vous
avez participé à une séance de travail avec le Premier ministre à propos de la
stratégie de riposte gouvernementale contre la pandémie de Covid-19. Qu’est-ce
que les professionnels camerounais de l’hôtellerie ont demandé en termes d’accompagnement
de la part de l’Etat ?
Nous avons eu une séance de travail avec le Premier ministre, sous l’impulsion du chef de l’Etat. Monsieur Joseph Dion Ngute nous a écouté et nous lui avons énuméré les difficultés qui sont les nôtres en cette période difficile. Nous avions quelques mesures que nous voulions porter à son attention afin qu’en les examinant, nous puissions tous trouver la sérénité et combattre ensemble ce virus. Nous avons essentiellement souhaité une pause fiscale ; il était question de trouver le moyen d’alléger les cotisations sociales, les taxes, et autres impôts.
Nous avons sollicité
un appui sur la prise en charge du personnel parce que dans notre secteur c’est
le capital humain qui est le plus important. C’est vrai que les infrastructures
sont aussi importantes, mais vous avez beau construire les palaces mais si
vous n’avez pas de personnel vous ne pouvez rien en faire. Nous avons vraiment
plaidé pour que des moyens puissent être trouvés pour sauvegarder l’emploi.
Ensuite, nous avons
évoqué un partenariat pour la formation du personnel parce qu’il est question
de repousser la stigmatisation des clients. Avec le Covid-19 qui est arrivé
soudainement, il y a une peur qui s’est installée au sein des personnels, les
uns et les autres ont peur. Il faut une connaissance beaucoup plus avérée de la
manière de se comporter avec des personnes potentiellement atteintes par ce
virus. C’est vrai, le port du masque vous protège et protège les autres, mais
il y a comme une espèce de stigmatisation qui s’est créée. Nous avons pensé
qu’il serait souhaitable que le ministère de la Santé aide la profession à
mieux juguler cette stigmatisation en ayant une attitude psychologique
d’accompagnement de sorte que ça ne choque personne.
Certaines
personnes ont été mises en quarantaine dans des hôtels dont les propriétaires
sont membres du Syndicat. A ce jour, combien d’hôtels sont concernés et quelle
est la facture de cette prestation ?
Il y a plus d’une
trentaine d’hôtels qui ont été réquisitionnés pour la mise en quarantaine des
personnes ayant voyagé. En ce qui concerne les factures, ce que nous en savons
c’est qu’elles sont en paiement. Nous ne pouvons pas vous donner les montants
exacts parce que les factures sont adressées directement au ministère de la
Santé publique.
Le
gouvernement dit avoir déjà dépensé plus de 9 milliards de FCFA dans le volet
sanitaire, notamment la prise en charge des malades, les différentes opérations
de préventions ainsi que cette mise en quarantaine. Est-ce que les
prestataires de votre secteur sont déjà rentrés dans leur dû ?
Il faut juste noter
que certaines factures ont été payées, d’autres sont en cours de paiement.
Mais, je ne saurais pas vous dire la situation exacte des paiements ni comment
est-ce que ces sommes sont perçues.
Pour
finir, et s’agissant spécifiquement des Hôtels Lewat, comment est perçue cette
crise et que faites-vous en interne pour y faire face ?
Pour ce qui est de l’hôtel Lewat, nous avons installé dès les premiers jours un dispositif de lavage des mains pour les populations environnantes, nous offrons également de l’eau gratuitement aux habitants du quartier. De manière concrète, nous avons fait une réunion de sensibilisation, avec notre équipe médicale et notre médecin de travail de Lewat pour sensibiliser le personnel au sujet de cette nouvelle pandémie. Avant même que cela ne soit érigées en règles gouvernementales, nous avons institué quelques précautions et mesures à observer. Nous avons essayé de prendre la mesure de cette pandémie et avons posé dans tout le quartier plus de 250 affiches afin de sensibiliser et informer tous nos voisins de ce qu’il y avait un danger. Nous continuons de le faire en insistant dans l’entourage de l’hôtel Lewat pour que les mesures barrières soient respectées.