Jour : 1 juin 2020

  • La Banque des PME perd annuellement au moins 1 milliard de F CFA

    La Banque camerou­naise des Petites et moyennes entre­prises (BC-PME) fait mau­vaise figure dans le rapport 2019 de la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR) sur les établissements pu­blics au Cameroun. L’on y apprend que la BC-PME affiche un résultat négatif depuis 2016. Dans le détail, c’est -1,3 milliard de FCFA en 2016 ; -1,15 milliard de FCFA en 2017 et -1,1 milliard de FCFA en 2018. C’est une perte cumulée de -3,55 milliards de FCFA.

    Comme explication de cette situation, le CTR indique que « la situation financière de la BC-PME est carac­térisée par un déséquilibre sur toute la période [sous revue] avec des pertes im­portantes et le produit net bancaire insuffisant pour couvrir les charges globales d’exploitations, notamment les charges du personnel ».

    L’on note également la faible stabilité de l’épargne collectée ; ce qui ne permet pas de satisfaire les besoins de financements des clients existants. En conséquence, l’activité commerciale et de marketing se retrouve contrainte. « Pour ce qui est des remboursements, la situation bien maîtrisée reste fragile dès lors que les PME éprouvent des dif­ficultés à honorer leurs en­gagements dans les détails. Cette situation, beaucoup plus prononcée à Yaoundé qu’à Douala, est justifiée par la nature de leurs acti­vités basées sur la réalisa­tion des marchés publics », apprend-on du rapport du CTR.

    Activité spécialisée miti­gée

    Par ailleurs, précise le do­cument, l’activité spéciali­sée de la BC-PME vers les PME reste mitigée avec une forte orientation en faveur du bas de bilan. Car, à peine 10% des crédits octroyés sont des crédits à moyen terme alors qu’en moyenne 90% sont des crédits à court terme.

    La BC-PME a officielle­ment ouvert ses portes le 20 juillet 2015. Le 31 août 2015, la Commission ban­caire de l’Afrique centrale (Cobac) y a constaté l’in­fraction de la norme rela­tive à la représentation du capital minimum. A la suite du non-respect de l’injonc­tion y relative de la Cobac, une procédure disciplinaire a été ouverte à l’encontre des dirigeants de la Banque en août 2018, pour non-res­pect de la règlementation prudentielle du capital mi­nimum.

    Afin d’éviter les sanctions liées à la violation des dispositions du règlement Cobac R-93/10 fixant les règles de représentation du capital minimum des établissements de crédit, modifiant par le règlement Cobac R-2001/04 qui pré­voient que « tout établis­sement de crédit doit jus­tifier à tout moment que son passif interne net est égal ou supérieur au capital minimum requis », et dans le but de se conformer à l’engagement de restruc­turation de la banque faite par l’Etat camerounais au Fonds monétaire interna­tional (FMI) dans le cadre du programme économique triennal (2016-2019) Faci­lité élargie de crédit (FEC), le gouvernement a émis 1 million d’actions nouvelles de 10 000 chacune, par ap­port en numéraires

    Augmentation du capital

    Finalement, lors de l’As­semblée générale du 16 novembre 2018, l’Etat, ac­tionnaire unique, a procédé à l’augmentation du capital de la Banque de 10 à 20 mil­liards de FCFA. Seulement, révèle le CTR, seulement 5 milliards ont été libérés par versement en numéraire en date du 30 juillet 2019.

    La BC-PME emploie un ef­fectif de 63 personnes au 31 décembre 2018 dont 44% de cadres, 46% d’agents de maîtrise, et 10% d’em­ployés-ouvriers, pour des charges de personnel glo­bales de 471 millions de FCFA.

    La Banque camerounaise des petites et moyennes entreprises a accordé des crédits d’un volume de 12,367 milliards de FCFA à 846 bénéficiaires, à fin 2018. La répartition des crédits totaux, suivant le type de crédit, montre que le crédit de trésorerie a la plus grosse part (70,6%), suivi du crédit équipement entreprise (29%), le crédit import/export (0,3%) et le crédit habitat (0,1%). Selon l’INS, le montant des cré­dits accordés en 2018 est en constante évolution si on compare avec les années antérieures : 3,3 milliards de FCFA en 2016 (pour 377 bénéficiaires), et 6,448 milliards de FCFA en 2017 pour 787 bénéficiaires.

    Péchés congénitaux d’une banque

    Le CTR relève que, depuis sa création en 2011 jusqu’en 2017, la BC-PME a connu de nombreuses contraintes sur le plan de la gouvernance, notam­ment : la non-tenue des sessions d’assemblée gé­nérale depuis l’ouverture de la banque en 2015. Le CTR cite la non-confor­mité de l’entreprise avec certaines dispositions pertinentes de l’Ohada en ce qui concerne le droit des sociétés commer­ciales et du Groupement d’intérêt économique ; la non-conformité avec la loi n°2017/011 portant statut général des entreprises publiques ; la procédure disciplinaire instruite par la Cobac et la mise sous astreinte de l’entreprise ; le non-respect de l’ex­haustivité des normes prudentielles, notamment celles relatives à la repré­sentation du capital mini­mum et des fonds propres minimum. En outre, le CTR révèle que la Banque a vu la non-approbation des comptes pour les exer­cices 2014, 2015, 2016 et 2017.

    A l’issue de la 3ème re­vue du programme éco­nomique avec le Fonds monétaire international (FMI), Louis Paul Mo­taze, ministre des Fi­nances (Minfi), a confir­mé, le 12 novembre, la nouvelle selon laquelle la restructuration de la Banque camerounaise des PME (BC-PME) est en cours. « Il y a eu effecti­vement une réflexion pour la restructuration de la Banque camerounaise des petites et moyennes entre­prises. Nous avons tenu une réunion ici au minis­tère des Finances avec le président du conseil d’administration de ladite banque, le directeur de la Banque et le ministre de tutelle, celui des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Economie sociale et de l’Artisanat », a déclaré le ministre des Finances.

    Toujours selon le Minfi, il était question de réflé­chir sur le format de cette banque à capitaux publics et sur comment il faut changer de paradigme ou non. « Le conseil d’admi­nistration s’est déjà tenu et nous avons convoqué l’assemblée générale pour prendre des décisions. Les décisions qui seront prises seront, bien entendu, sou­mises à l’approbation de la hiérarchie et puis trans­mises au Fonds monétaire international », a précisé le membre du gouverne­ment.

    La Banque camerounaise des PME est dans le rouge après juste trois années de fonctionnement. Elle est sous le coup d’une procé­dure disciplinaire ouverte, depuis le 31 août 2018, par la Commission ban­caire de l’Afrique centrale (Cobac). Le gendarme du secteur bancaire reproche à cette banque publique de violer la norme relative à la représentation du capi­tal minimum. C’est-à-dire que la BC-PME ne dis­pose pas de fonds propres qu’elle doit justifier à tout moment.

    Le Fonds monétaire inter­national propose depuis lors de revoir le modèle économique de ladite banque. Par exemple, pro­pose le FMI, les banques commerciales devraient être mises à contribution pour sauver cet établisse­ment bancaire public qui a démarré ses activités avec un capital de 10 milliards FCFA.

  • Cemac : pourquoi les entreprises publiques boudent l’entrée en bourse

    C’était l’une des grandes annonces de la «Journée du marché financier» organi­sée par la Commission de surveillance du marché fi­nancier d’Afrique centrale (Cosumaf) le 3 mars 2020 à Brazzaville au Congo : la Guinée équatoriale avait déjà décidé d’introduire trois de ses entreprises à la Bourse des Valeurs mobi­lières de l’Afrique centrale (BVMAC). Il s’agit de Banque nationale de Guinée Équatoriale; Guinée Équatoriale de Télécommunications (­Getesa); Société d’électri­cité de Guinée Équatoriale (Segesa).

    Ces trois entreprises font partie de la liste d’entre­prises équato-guinéennes à introduire en bourse, liste transmise par le ministre des Finances, de l’Économie et de la Planification de Gui­née Equatoriale à la Beac le 31 janvier 2020, en appli­cation du règlement Cemac relatif à l’introduction en bourse d’entreprises à parti­cipation publique.

    Cadres législatifs

    Réunis le 2 octobre 2019 à Yaoundé, les membres du Comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac) avaient en effet adopté le rè­glement relatif à l’introduc­tion en bourse des partici­pations des États et de leurs démembrements, dans les entreprises exerçant dans la Cemac. Selon ce règlement, dont le but est de dynamiser la bourse unifiée conformé­ment à l’article 8 de l’Acte additionnel du 19 février 2018, les États membres de la Cemac avaient jusqu’au 19 février 2020, pour « pro­céder à la cession partielle ou totale en bourse de leurs participations dans le capi­tal d’entreprises publiques, parapubliques, ou issues de partenariat public-privé, notamment dans le cadre de programme de privatisa­tion ».

    L’acte additionnel du 19 fé­vrier 2018 prescrivait aussi aux Etats de la sous-région, « l’adoption de cadres légis­latifs rendant obligatoire la cotation ou l’ouverture en bourse du capital d’entre­prises ayant pour profession habituelle, la gestion ou la conservation de l’épargne publique (banques, com­pagnies d’assurance, etc.) et d’entreprises multina­tionales ou filiales de mul­tinationales exerçant leurs activités sur le territoire des États membres ».

    Au moment où ces lignes sont écrites, cette échéance est dépassée. Seule la Guinée équatoriale a déjà entamé le processus de mise en conformité avec ce règle­ment. Plus préoccupant, les cadres législatifs rendant obligatoires ces entrées en bourse n’ont pas encore été adoptés (le cas du Came­roun par exemple). De plus, et en l’absence de démarche volontaire et claire de la part des Etats, les entreprises du secteur privé concernées par ce règlement attendent elles aussi.

    Explications

    Alors pourquoi ce règlement international est-il si large­ment foulé aux pieds par les parties qui l’ont adopté ? « Les conditions d’entrée en bourse sont particu­lièrement rigides », com­mence un haut responsable de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac). Qui poursuit : « Pour en­trer en bourse, l’entreprise doit être rentable, toute son information financière doit être disponible ; il faut qu’elle ait dégagé des béné­fices sur les 3 précédentes années ; qu’elle ait distribué des dividendes au moins une fois sur les trois précédentes années…Dans tous les pays de la sous-région, les entre­prises publiques remplissent rarement tous ces critères. Il y en a seulement quelques-unes, notamment celles qui ont des capitaux étrangers, qui peuvent atteindre un tel niveau de transparence ».

    Un ancien directeur général adjoint d’entreprise para­publique au Cameroun est plus prosaïque : « mon ex­périence de ces entreprises m’a appris une chose : ce n’est pas la rentabilité éco­nomique qui constitue le «Mindset» de leur gestion. Tant que le dirigeant d’une entreprise parapublique remplit les objectifs po­litiques et sociaux qui lui sont discrètement et même secrètement assignés, il a de bonnes chances de res­ter à la tête de cette entre­prise même si celle-ci perd de l’argent chaque année», commence-t-il, avant de poursuivre : «conscients de cette priorité du «politique » et du «social», les conseils d’administration valident en général-pour peu le Dg sache bien «gérer» ses membres-les comptes dont on aurait beaucoup à dire si on voulait être un peu rigou­reux.»

    La deuxième explication tient au règlement lui-même. « C’est un règlement communautaire, qui a donc valeur de traité internatio­nal qui, dans la hiérarchie des normes juridiques, est au-dessus des instruments nationaux. Les Etats qui l’ont dûment signé, doivent s’y conformer ! », S’énerve un cadre de la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique Cen­trale (COSUMAF).

    « C’est un règlement non contraignant, puisqu’il n’est pas assorti de sanctions en cas de non application. Donc les Etats prennent leur temps. Et c’est l’une des fai­blesses majeures de ce rè­glement : on ne peut pas de­mander aux Etats d’amener leurs entreprises en bourse, sans les y contraindre aux moyens de sanctions. Cela est à la limite ridicule » ré­pond le responsable de la Beac cité plus haut.

  • Calendrier budgétaire 2020 : le gouvernement hors délais

    28 sur 100. C’est la note que le Cameroun a obtenu le 30 avril 2020 dans le rapport mondial 2019 sur l’enquête des bud­gets ouverts (EBO). Dans le précédent classement, en 2017, le pays avait obtenu 7/100. De quoi relever donc « une avancée importante et appréciable », comme le souligne Charlie Martial Ngounou, président exécu­tif de l’ONG Afroleadership qui oeuvre pour la trans­parence et la participation citoyenne dans la gestion des finances publiques. Le pays se situe pourtant bien en deçà de la moyenne mon­diale (45/100) et fait moins bien que le Benin (49/100), le Sénégal (46/100) ou la Côte d’Ivoire (34/100).

    Selon les analystes de l’EBO, la note du Cameroun est tributaire d’une part de la non publication en 2019 de la « Revue de milieu d’année » ; il s’agit d’une « mise à jour complète de l’exécution du budget à par­tir du milieu de l’exercice budgétaire [qui] comprend un examen des hypothèses économiques et une prévi­sion actualisée des résul­tats budgétaires ». D’autre part, le gouvernement a « produit pour usage interne uniquement », le budget citoyen 2019 et le rapport d’audit. Le budget citoyen est une version plus simple et moins technique du pro­jet de budget ou du budget approuvé de l’Exécutif, conçue pour transmettre les informations essentielles au public. Publié par l’institu­tion supérieure de contrôle des finances publiques, le rapport d’audit examine la solidité et l’exhaustivité des comptes de fin d’année du gouvernement.

    Pour l’année en cours, le ca­lendrier de publication des statistiques des finances pu­bliques 2020 est disponible depuis le 31 janvier 2020. A la direction générale du bud­get, l’on rappelle que l’ob­jectif de ce calendrier est de « garantir un large accès du public aux informations budgétaires, comptables et financières de l’Etat. » En effet, les documents et les délais qui y sont ins­crits sont répertoriés sur la base des échanges avec les administrations impliquées (ministère de l’Economie, ministère des Marchés publics, direction générale des Impôts, direction géné­rale de la Douane, direction générale du Trésor…) en co­hérence avec les standards internationaux en matière de publication des statistiques des finances publiques.

    Transparence et bonne gouvernance

    La spécificité du calendrier de cette année est qu’il in­tègre toutes les exigences en matière de publication induites par le décret pré­sidentiel du 31 mai 2019 fixant le calendrier budgé­taire de l’Etat. Ce qui laissait penser à un respect scrupu­leux par les administrations concernées. Mais, force est de constater que nombre de publications qui y sont inscrites ne sont pas encore produites ; les délais prévus étant largement dépassés.

    Rendu au cinquième mois de l’année budgétaire, les équipes du ministère des Finances s’attellent à la rédaction de la Note sur la première version du cadrage macroéconomique de l’exer­cice 2021. Toutefois, aucune des publications statistiques du mois d’avril n’est encore disponible sur les sites Web de ce département ministé­riel, de la direction générale du budget, ou celui de la di­rection générale du Trésor et de la Coopération financière et monétaire. Jusqu’au mo­ment où nous allions sous presse, il n’y avait toujours aucune trace du rapport an­nuel sur l’exécution du bud­get 2019, situation résumée des opérations du Trésor au premier trimestre 2020, cadre de dépenses à moyen termes initial 2021-2023.

    Même certaines publications qui auraient dues être dis­ponibles depuis le mois de janvier sont toujours atten­dues. Il s’agit, par exemple, du Rapport sur les dépenses fiscales 2018, du rapport sur l’évaluation sur les risques budgétaires encourus par l’administration centrale, du plan de trésorerie 2020, du plan de passation des mar­chés publics 2020, du rap­port sur l’activité financière des collectivités territoriales décentralisées, du rapport d’exécution du budget pour le compte du quatrième tri­mestre 2019.

    Pourtant, le Cameroun a adopté une loi portant « Code de Transparence et de Bonne Gouvernance dans la gestion des Finances Pu­bliques » mais les habitudes ont manifestement la peau dure. En effet, la transpa­rence à elle seule ne suffit pas à améliorer la gouver­nance. Une participation du public est essentielle pour obtenir les résultats positifs associés à une plus grande transparence budgétaire.

  • Décentralisation : l’indice de développement local aux oubliettes ?

    Les communes devraient disposer cette année d’un outil pertinent de mesure de leurs besoins. Attendu depuis 2015, l’indice de développe­ment local (IDL) a été adopté le 7 août 2018 au cours de la première session du Conseil national de la Décentrali­sation au titre de l’année. Il devrait faire l’objet d’une impression et une large diffu­sion auprès des différents ac­teurs en charge de la mise en œuvre de la décentralisation.

    Le communiqué rendu public le 7 août 2018 indique que l’IDL repose sur 36 indicateurs répartis en sept domaines du développement local, à travers une analyse du cadre juridique national, combinée à celle du Docu­ment de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE) et des Objectifs du Développement Durable (ODD) auxquels le Came­roun a souscrit. Pour son opérationnalisation, une ap­plication informatique a été développée en vue de calcu­ler cet indice ; et un plan de renforcement des capacités des Communes en produc­tion des statistiques est envi­sagé.

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    L’IDL se veut être un outil de mesure unique et évolu­tive du bien-être de la popu­lation d’un territoire donné, obtenue à partir de la mesure synthétique de l’existence de certains biens et services et de leur appropriation par ladite population. Sous cet angle, il apparait comme un critère efficace et efficient dans le cadre de l’affectation des ressources aux collecti­vités pour le développement harmonieux et équilibré de l’ensemble du territoire.

    L’adoption de l’IDL s’inscrit dans le cadre de l’accéléra­tion du processus de décen­tralisation. Cet outil a été conçu pour mieux évaluer la portée et les impacts des actions de développement sur les populations locales, s’assurer que les interven­tions gouvernementales ciblent les territoires les plus nécessiteux, et identifier le niveau de développement des territoires.

    Développement harmo­nieux

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    Les domaines de mesure de l’Indice, auxquels sont asso­ciés des indicateurs ont été classés par les populations et les experts dans l’ordre sui­vant : l’éducation, la santé, l’eau et l’assainissement, l’énergie, le transport et les infrastructures de communi­cation et de télécommunica­tion, le logement, l’économie locale et la gouvernance. Selon l’Institut National de la Statistique (INS), les si­mulations ont été faites dans les communes de Douala 3e, Mayo-Darlé, Kumba 1er et Nguelemendouka et ont montré que les dotations sont bien utilisées et les effets vi­sibles sur la population.

    Selon les spécialistes, l’In­dice de Développement Local va permettre au gou­vernement d’assurer un développement harmonieux et équilibré des territoires et de disposer d’outils com­plémentaires permettant une allocation équitable des res­sources aux territoires les plus nécessiteux. Le direc­teur général du Feicom, Phi­lippe Camille Akoa, souligne l’approche participative qui a accompagné l’élaboration de cet outil d’aide à la décision.

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  • Une technopole industrielle pour remplacer la Cellucam

    Après plus de 30 ans d’inactivité, le site de 37 hectares qui abritait les installations de la Cellucam sombre dans l’abandon, la vétusté, vols de matériels, mais surtout dans l’attente une hypothétique renaissance. Après de longues tractations sanctionnées par la signature d’un mémorandum d’entente avec l’Etat du Cameroun  ce 12 mai 2020, la Société camerounaise d’industrialisation et d’exploitation de bois (Scieb) s’implante progressivement dans la ville-lumière, Edéa. 

    Les repreneurs de l’ex-fleuron de la filière forêt-bois du Cameroun sont descendus sur le site de la Cellucam. Avec pour objectif  de toucher du doigt les réalités de l’investissement attendu après trois décennies d’hibernation. Entre tas de ferrailles, restes de bois transformés et hautes herbes, Mohamadou Hamida, le Directeur général de la Scieb a en effet pris le poul de l’aire abandonnée, ainsi que celui du challenge à relever : «cette descente est un premier contact avec le site. Nous voulons aller vite. C’est la raison de notre visite sur le site qui va accueillir le complexe», a indiqué Mohamadou Hamida. La visite n’aura duré que le temps pour l’équipe de la Scieb de constater l’ampleur du chantier. 

    Expertise chinoise

    D’après le mémorandum d’entente signé avec le Cameroun représenté par le Ministre de l’industrie, des mines et du développement technologique, la technologie forêt-bois proposée par la Scieb vise à implanter entre 2020 et 2027 à Edéa, une chaîne industrielle d’exploitation et de multi transformation du bois. La réalisation du projet s’établit sur trois principales phases. La Scieb prévoit dans l’intervalle 2020-2022, la construction d’un complexe industriel  de haut niveau de production de 1ère, 2ème, 3ème et 4ème transformation du bois, un centre de formation aux métiers du bois, une zone de recherche et de développement, et des structures commerciales et d’accompagnement des entreprises, petites et moyennes entreprises nationales de ce secteur. La Scieb envisage ensuite réaliser entre 2022-2024, une unité de production de bioénergie à base de rebuts de production de l’usine. Au final, verra le jour sur le site de la Cellucam entre 2024 et 2027, une usine de production de pâte à papier grâce à un partenariat entre la Scieb et des ingénieurs chinois. Coût global du projet, 80 milliards de Fcfa à terme, 2000 emplois directs et 6000 autres, indirects attendus. 

    Cet investissement majeur entre dans le schéma du plan directeur d’industrialisation (Pdi) du Cameroun dans lequel la filière forêt-bois occupe un axe important. Elle représente plus de 3% du Produit intérieur brut camerounais et 10% des recettes d’exportation du pays. Les volumes d’exportation du bois (grumes) camerounais se sont fixés entre octobre 2018 et septembre 2019 à 800.000 m3. Alors que le pays dispose de 160 unités de transformation de bois opérationnelles. L’entrée en scène de la technopole Scieb viendra sans doute accroître l’offre de transformation industrielle dans la filière. Important à relever, les vestiges de la Cellucam resteront intacts. D’après Mohamadou Hamida, le complexe industriel Scieb sera érigé près de l’ancienne infrastructure Cellucam.

  • Les éditeurs camerounais enrichissent les pays étrangers

    Pour l’année scolaire 2020/2021, une cinquantaine d’éditeurs sont concernés par les livres inscrits au programme officiel. Ils étaient plus de 120 en 2017. Business florissant, le secteur occupe une place très importante dans le marché de l’édition. Frénétique à l’occasion des rentrées scolaires, il attire une myriade d’acteurs, allant des éditeurs aux libraires en passant par les distributeurs et les bourses du livre. Son chiffre d’affaires avoisine les 200 milliards de FCFA, selon des estimations. Un juteux marché qui nourrit une âpres bataille entre éditeurs locaux et étrangers.

    Depuis l’année scolaire 2018-2019, les éditeurs locaux sont les plus représentés dans la liste officielle des manuels scolaires inscrits au programme. Selon des statistiques disponibles aux éditions Clé à Yaoundé, les nationaux s’en tirent avec près de 75% du marché. Nettement mieux que les 5% engrangés entre 2015 et 2016, ou encore 12,7% en 2004-2005, 15% en 1997-1998.

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    Il y aurait donc matière à se féliciter de ce gain des parts de marchés par les éditeurs locaux. Malheureusement, le pays fait face à une rareté des livres à chaque rentrée scolaire. En 2019, le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, a dû instruire l’ouverture exceptionnelle des bureaux le samedi 18 août, sur toute l’étendue du territoire, dans les principaux secteurs de la douane du pays. Cette mesure, « étendue sur tous les jours éventuellement déclarés fériés du mois d’août courant» visait à « permettre aux importateurs de manuels scolaires de procéder aux opérations de dédouanement de ces ouvrages.» Il apparait ainsi qu’une part non négligeable des manuels scolaires au programme au Cameroun est produite à l’étranger.

    Délocalisation

    Selon l’enquête camerounaise sur les ménages (Ecam), réalisée en 2001 par l’institut national de la statistique (INS), plus de 90% du chiffre d’affaires généré par le manuel scolaire sortent des frontières nationales pour renflouer les caisses des multinationales basées en Occident. Le Cameroun a ainsi déboursé Près de 80 milliards en 2012 pour les comptes des éditeurs occidentaux contre 45 milliards en 2009.

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    La situation ne semble pas s’être améliorée depuis lors. Raison pour laquelle le président national du syndicat national des employeurs de l’industrie d’arts polygraphiques et activités connexes du Cameroun (Syneiapac), René Tchuitcheu, plaide auprès du gouvernement pour l’obligation de produire localement le livre scolaire. « L’Etat doit donner la priorité aux producteurs locaux en matière de produits finis d’imprimerie. Cela va assainir le secteur et favoriser de nouveaux emplois », a-t-il expliqué le 4 mai 2020 aux responsables de l’agence de promotion des PME. Le syndicat est en pourparlers avec le conseil national d’agrément du manuel scolaire.

    Pour les analystes, le choix de l’impression à l’étranger tient surtout aux coûts de production. Le Cameroun ne produisant pas de papier, déjà, l’importation des intrants nécessaires à la conception du livre se heurte au non-respect de la part de la douane camerounaise des accords de Florence et de leur protocole de Nairobi (1956 et 1976) rédigés par l’Unesco et pourtant ratifiés par le Cameroun. Ces accords exonèrent de frais de douanes les produits nécessaires à la production du livre. Conséquence : un livre produit localement ne reviendra pas moins cher qu’un ouvrage produit à l’étranger, par exemple.

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  • Livre scolaire : les éditeurs locaux gagnent 75% du marché

    Au moins huit millions de jeunes Camerounais reprennent le chemin de l’école au mois d’octobre prochain. D’après le Rapport sur la situation et les perspectives économiques sociales et Financières de la Nation 2018, près de 600 000 élèves étaient inscrits à la maternelle en 2016-2017, cinq millions au primaire et deux millions dans l’enseignement secondaire général soit un total de 7,6 millions d’apprenants. En tenant compte de la moyenne de manuels inscrits dans chaque niveau d’enseignement, on obtient un total de 72 millions de livres à produire pour satisfaire chaque élève.

    En parcourant la liste officielle des manuels scolaires, il apparaît que les prix de certains ouvrages sont relativement bas par rapport à ceux de l’année écoulée. A titre d’exemple, le livre d’anglais de la classe de 6ème coûtait 4900 FCFA en 2017. Sur la nouvelle liste publiée par le Minesec, le prix du livre d’anglais est fixé à 3 400 FCFA. Idem pour le livre d’histoire qui est utilisé à la fois en classe de 6ème et 5ème, coûte 4000 FCFA au lieu de 5900 FCFA par le passé. Une bonne nouvelle pour les parents, quand on sait que le budget affecté par les ménages à l’éducation de leurs progénitures grimpe au fil des ans, devenant le principal poste de dépenses des familles.

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    En multipliant le nombre de livres par classe par le prix moyen du livre à la maternelle (1200 FCFA), au primaire (2000 FCFA) et au secondaire (4000 FCFA), on obtient la dépense moyenne d’un parent par enfant et par niveau d’enseignement. Soit en moyenne 3600 FCFA pour acheter tous les livres de la maternelle, 16 000 FCFA au primaire et 47 000 FCFA pour le secondaire général dans le sous-système francophone et 92 000 FCFA dans le sous-système anglophone.

    Si chaque élève est doté de tous les livres au programme cette année, les librairies devraient escompter un chiffre d’affaire de près de 200 milliards de FCFA à la rentrée. Même si les autorités parlent jusque-là de 50 milliards de FCFA, les éditeurs, eux, estimaient à 134 milliards de FCFA la taille du marché du livre scolaire. Autant dire qu’avec la réforme, c’est une valorisation d’au moins 70 milliards de FCFA de plus que les estimations les plus optimistes.

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    Depuis l’année scolaire 2018-2019, les éditeurs locaux sont les plus représentés dans la liste officielle des manuels scolaires inscrits au programme. Selon des statistiques disponibles aux éditions Clé à Yaoundé, les nationaux s’en tirent avec près de 75% du marché. Nettement mieux que les 5% engrangés entre 2015 et 2016, ou encore 12,7% en 2004-2005, 15% en 1997-1998.

    Moins de livres, plus de fric

    Par une circulaire du 23 novembre 2017, le Premier ministre a instruit l’adoption d’un livre par matière pour tout le système scolaire. Finie l’époque où l’élève se retrouve obligé de trainer un sac d’école dont le poids est parfois supérieur à sa masse corporelle. Adieu l’affliction, le tourment et la peine des parents devant les librairies ne disposant pas de ressources suffisantes pour acheter tous les livres inscrits au programme scolaire de leurs enfants. Les spécialistes des questions d’éducation pense que la politique du livre unique devrait permettre aux parents de acheter le maximum, sinon tous, des livres au programme cette année.

    Depuis l’année scolaire 2018-2019, l’on retrouve donc 12 livres à la maternelle, 91 au primaire et 200 à l’enseignement secondaire général. En 2017, pas moins de 745 livres étaient homologués dans les sous-systèmes francophone et anglophone dont 73 manuels inscrits au programme de l’enseignement maternel, 261 pour l’enseignement primaire, 160 pour l’enseignement secondaire technique et 232 pour l’enseignement secondaire général. On est ainsi passé de 11 à 03 livres au programme à la maternelle ; de 11 à 08 dans le primaire francophone ; de 08 à 06 dans le primaire anglophone… 

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  • Intrants agricoles : comment le groupe Sabc soutient la production locale

    Au cours des huit pre­miers mois (de jan­vier à août) de l’an­née 2019, le groupe Société anonyme des brasseries du Cameroun (Sabc) a indi­qué avoir dépensé 21 mil­liards de Fcfa pour l’achat de ses intrants agricoles au niveau local. Une somme qui représenterait 29,6% de ses dépenses en achats de matières premières, lesquels sont estimés à un peu plus de 71 milliards de Fcfa par an selon le groupe. Durant cette période, 9,5 milliards de Fcfa ont été investis dans l’achat du gritz de maïs et du sucre auprès des producteurs camerounais. Parmi les four­nisseurs du groupe, figurent en bonne place Maiscam, une unité agroindustrielle basée dans la partie septen­trionale du pays.

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     100% de sa production annuelle de gritz de maïs estimée à un peu plus de 10.000 tonnes est achetée par le groupe des Sabc. Dans le même sillage, 58% des achats du groupe en sucre proviennent de la Société sucrière du Came­roun (Sosucam) basée dans le département de la Haute Sanaga, région du Centre. Les besoins du groupe Sabc en sucre sont de l’ordre de 30.000 tonnes. Toute chose qui a contribué à l’augmen­tation du chiffre d’affaires de Sosucam au cours de la période susvisée.

    En outre, le groupe Sabc a indiqué avoir injecté plus de 11,6 milliards de Fcfa pour l’achat des intrants agri­coles locaux. D’autant plus que 32,5 milliards de Fcfa des 71 milliards de Fcfa de dépenses globaux du groupe en intrants, sont investis chaque année dans l’achat des matières premières agri­coles. Ce qui n’a visible­ment pas eu d’impacts néga­tifs sur les performances du groupe. Bien au contraire, son chiffre d’affaires en 2018 a connu une augmen­tation de 3,2% par rapport à 2017 pour se situer à 345,6 milliards de Fcfa selon les statistiques fournies par le groupe l’année dernière.

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    Une performance qui l’a sans doute encouragé à re­chercher des solutions inno­vantes au plan local. C’est la raison d’être du prix Pierre Castel initié depuis 2018 pour soutenir des projets initiés par des jeunes entre­preneurs du pays en particu­lier, et du continent africain en général, particulièrement dans les domaines de l’agri­culture et de l’agroalimen­taire. L’objectif au-delà des visées capitalistes, est de fa­voriser l’autonomisation des jeunes et des femmes par le biais de l’entrepreneuriat et la formation. L’initiative reçoit un écho favorable au vue de l’engouement ob­servé cette année. En effet, 105 projets dont 34 remplis­sant les critères d’éligibilité prescrits par le Fonds Pierre Castel pour l’édition 2020 du prix éponyme ont été reçus le 15 mai dernier. La présélection de la dizaine de projets à soumettre à l’exa­men du jury Cameroun dudit prix, le 4 juin 2020, débou­chera sur la désignation de deux lauréats.

    Le premier remportera 15.000 euros, soit 9.825.000 Fcfa assorti d’une formation et d’un accompagnement person­nalisé, tandis que le second repartira avec 3.275.000 Fcfa, soit 5000 euros en plus d’une formation. Dr Diana Mfondoum, médecin généraliste de profession a déjà bénéficié du prix Pierre Castel en 2019 grâce à sa tisane à base de Moringa dont les vertus sur le renfor­cement du système immu­nitaire notamment chez les personnes vivantes avec le VIH/Sida sont avérées. De tels exemples devraient être dupliqués par les entreprises en activité sur le territoire camerounais.

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