Jour : 11 juin 2020

  • Collectif budgétaire : Les explications de la Direction générale du Budget

    Trois objectifs majeurs ressortent de l’ordon­nance présidentielle qui entend corriger la loi de finances actuelle. Selon une note explicative préparée par la Direction Générale du Budget(DGB) et rendue public par la division de la Communication du minis­tère des Finances, le texte du chef de l’Etat vise à « adapter la loi de finances au contexte économique au contexte économique du moment », « recentrer la loi de finances sur la lutte contre le coronavirus » et « légaliser des mesures d’allè­gements fiscales annoncées en fin avril dernier par le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ».

    Lire aussi : Les gagnants et les perdants du collectif budgétaire 

    La crise sanitaire mondiale du Coronavirus qui frappe actuellement le monde n’a pas épargné le Cameroun qui a enregistré une baisse considérable de l’activité économique, bouleversant ainsi tous les indicateurs macroéconomiques. Le pays est rentré en récession de­puis le début de l’exercice courant et selon les prévi­sions gouvernementales, la croissance économique devrait connaître une baisse d’environ 5 points. Ceci est en grande partie dû à la baisse des ressources publiques de l’ordre de 768 milliards de F CFA, soit 11% du budget prévisionnel. « Cette baisse affecte toutes les compo­santes de recettes qu’elles soient fiscales, douanières ou non fiscales. Les recettes pétrolières en particulier baissent de presque 70%. Cela s’explique par le fait qu’initialement projetée à 54,54 dollars dans la loi de finances, le prix du baril de pétrole brut se situe à pratiquement 35 dollars aujourd’hui. Il y’a un mois, celui-ci se situait même à un plancher de 0 dollars » pré­cise la note de la Dgb. Dans un souci d’équilibre, la loi de Finances modifiée de­vrait ajuster les dépenses des administrations publiques qui connaîtront une baisse d’environ 20% de leur dota­tion budgétaire.

    Lire aussi : Covid-19 : Yaoundé attend plus de 400 milliards de ses partenaires 

    Compte d’affectation anti Covid-19

    Parmi les innovations majeures de cette loi de finances, telle que décrites dans l’ordonnance du pré­sident de la république, il y’a la création d’un compte d’affectation spécial dénom­mé « Fonds Spécial de Soli­darité Nationale pour la lutte contre le coronavirus et ses répercussions économiques et sociales ». Financé à hauteur de 180 milliards de FCFA, les dépenses dudit fonds devraient concourir à l’atteinte des objectifs visés dans le plan global de ri­poste contre la pandémie du coronavirus. « A travers cet acte, le chef de l’Etat a vou­lu donner une matérialité budgétaire à ce fonds dont le compte reçoit une enve­loppe conséquente de 180 milliards de FCFA » précise la Dgb. Concernant la ges­tion du Fonds, l’on note une levée de verrou au niveau législatif afin de permettre un fonctionnement optimal. « Dans la loi portant régime financier de l’Etat et autres entités publiques, il est dit qu’un fonds d’affectation spécial ne peut pas recevoir plus de 10% de son enve­loppe du budget général. Cette clause a été levée afin que le Fonds dispose de suf­fisamment de ressources.» Lit-on.

    Lire aussi : Rectification du Budget : des divergences au sein du gouvernement sur la baisse des revenus pétroliers 

    L’appui des partenaires aux développements

    Dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, l’or­donnance prend en compte l’appui des partenaires économiques et financiers du Cameroun. Le FMI, la Banque mondiale, l’AFD et l’Union Européenne entres autres se sont chacun mani­festés à travers des appuis financiers et des allègements de dette cumulé à 118 mil­liards de FCFA. D’après la DGB, « c’est en partie grâce à cet avantage que le fonds de solidarité sera financé.»

  • Covid-19 : la BAD présente sa stratégie pour assurer la sécurité alimentaire

    Cette réponse, FAREC (« Feed Africa Response to Covid-19 »), vise à soutenir les gouver­nements africains dans leurs efforts pour atténuer l’impact potentiel de la pandémie sur la sécurité alimentaire dans les pays membres régionaux de la Banque. Elle ouvre la voie à une intervention globale de la Banque pour renforcer la résilience, la durabilité et l’auto­suffisance régionale des systèmes alimentaires africains et aider les agriculteurs à faire face aux pertur­bations de la chaîne de valeur agri­cole causées par la pandémie. « La réponse de la Banque en faveur du secteur agricole présente des mesures spécifiques visant à relever les défis auxquels sont confrontés les pays africains dans tous les aspects du secteur agricole. L’Afrique ne peut pas se permettre une crise ali­mentaire à la suite de la pandémie de Covid-19 », a déclaré Jennifer Blanke, vice-présidente de la Banque pour l’Agriculture, le développement humain et social.

    Lire aussi: -Covid-19 : la BAD mobilise plus de 6,2 milliards de F CFA pour la Cemac 

    La réponse de la Banque comprend des interventions immédiates, à court et à moyen terme, comme solu­tions pour aider le secteur agricole à faire face aux perturbations liées au coronavirus. Les solutions visent notamment le soutien à la distribu­tion des denrées alimentaires pour les plus vulnérables, la stabilisation des prix alimentaires, l’optimisation de la chaîne de transformation des aliments, le renforcement des ser­vices de soutien à la vulgarisation et la mise à disposition d’intrants agricoles par le biais de subventions intelligentes. La stratégie de la FAREC souligne également que ces solutions repré­sentent des étapes clés pour faire avancer l’Afrique vers des systèmes alimentaires plus résistants et du­rables. Elle indique que la Banque accordera la priorité au soutien poli­tique pour une meilleure circulation des intrants et des denrées alimen­taires. Seront également soutenues la création de groupes de travail sur la sécurité alimentaire au niveau des pays ainsi que les organisations ré­gionales pour le suivi des initiatives régionales.

    Lire aussi : La BAD accorde 26,9 milliards de FCFA pour la construction du pont sur le fleuve Logone

    Selon les rapports nationaux et les données recueillies auprès des pays membres régionaux, la volatilité des prix des denrées alimentaires de base s’est aggravée en raison de la pan­démie de covid-19. Cette volatilité accroît l’incertitude et rend plus dif­ficile la prise de décisions d’investis­sement appropriées par les acteurs du système alimentaire. La Banque redoute la mise en danger des moyens de subsistance des popu­lations et l’aggravation de l’insécu­rité alimentaire et la malnutrition. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), plus de 40 millions de personnes en Afrique de l’Ouest seront confrontées à des pénuries ali­mentaires dans les mois à venir.

    Lire aussi : Accusations de favoritisme : le président de la BAD lavé de tout soupçon 

    « Garantir la sécurité alimentaire des Africains, quelles que soient les cir­constances, est au coeur de la stratégie de la Banque pour nourrir l’Afrique. Notre institution coordonnera ses ef­forts avec les différentes parties pre­nantes à travers le continent pour ré­pondre efficacement aux besoins des pays membres régionaux», a déclaré Martin Fregene, directeur du dépar­tement de l’agriculture et de l’agro-industrie au sein de la Banque. La FAREC fait partie de la Facilité de réponse rapide dotée de 10 mil­liards de dollars américains, une ini­tiative mise en place par la Banque africaine de développement pour aider ses pays membres régionaux à faire face aux impacts sanitaires, so­ciaux et économiques de la pandémie de Covid-19.

  • La Sodecoton poursuit sa croissance produc­tion

    Selon des sources in­ternes à la Société de Développement du Coton du Cameroun (Sode­coton), celle-ci a pu boucler sa campagne de commercia­lisation (évacuation du coton graine des champs vers les usines d’engrenage), au 31 mai 2020, malgré la pandémie due à la Covid-19 qui secoue actuellement l’économie mondiale.

    Cette maîtrise du calendrier d’évacuation du coton graine des champs vers les usines, période qui s’étend du mois de novembre au mois de mai chaque année, fait partie des réformes mises en œuvre depuis 2016, par l’actuel Top- Management de l’entreprise. Côté production, les sources de EcoMatin internes à l’en­treprise parlent d’une produc­tion record de 328 448 tonnes pour la campagne 2019-2020, soit une augmentation de 8367 tonnes par rapport à la saison précédente. Cette production record vient détrôner celles de 2004-2005 et 2018-2019, qui étaient respectivement de 304 000 et de 320 000 tonnes.

    Lire aussi : – La Sodecoton reçoit 64,3 milliards de FCFA pour sa campagne 2019/2020 

    30 milliards de crédits aux producteurs

    Au plan financier, toujours selon des sources autorisées dans l’entreprise, le chiffre d’affaires de l’entreprise que dirige Mohamadou Bayero continue sa croissance depuis 2016 : 107,07 milliards Fcfa en 2016; 119,7 milliards en 2017, et 130,3 milliards Fcfa en 2018. Après avoir été né­gatif en 2016 (-7,4 milliards Fcfa), le bénéfice est redevenu positif et est en constante pro­gression : 1,3 milliards Fcfa en 2017; 5,1 milliards Fcfa en 2018. La marge brute du pro­ducteur à l’hectare après rem­boursement de crédit quant à elle, s’est ajustée à 336 000 Francs Cfa.

    Lire aussi : – Coronavirus : la Sodecoton crée une cellule de lutte contre la pandémie 

    Pour parvenir à ces résultats au cours de la campagne en cours, l’entreprise a dû dis­tribuer 30 milliards Fcfa de crédits en intrants (engrais, insecticides et pesticides) et matériel agricole aux produc­teurs.

    Toutes ces mesures font partie du plan de redressement de l’entreprise dont les capacités logistiques étaient tombées à moins de 50% en 2016. Il a fallu donc remettre tout l’équipement de production à niveau. C’est dans ce cadre que l’entreprise a acquis 60 camions polys-bens pour le ramassage du coton graine afin de réduire les délais de stockage en plein air dans les villages. Seulement, le mau­vais état du réseau routier ne permet pas l’évacuation optimale de cette production. L’entreprise a donc dû acqué­rir deux caravanes de génie civil de plusieurs engins cha­cune (pelleteuses, compac­teurs, etc…) avec pour objec­tif d’entretenir mais aussi de créer des pistes rurales pour faciliter l’évacuation non seu­lement du coton, mais aussi de toutes les productions agricoles des localités désen­clavées. A cet égard, et selon les sources de EcoMatin, pour la campagne 2019-2020, la Sodecoton a entretenu 8367 km de pistes rurales sur fonds propres.

    Lire aussi : – Infrastructure : le nouvel immeuble-siège de la Sodecoton coûtera 3 milliards FCFA 

  • Bourse : les souscripteurs des emprunts obligataires passent à la caisse ce mois

    Les souscripteurs de l’emprunt obligataire de l’État du Gabon « EOG 6 ,5% net 2016-2021 » percevront le principal de la somme levée, le 9 juin 2020, soit la somme de 33 735 125 000 (trente-trois mil­liards sept cent trente-cinq millions cent vingt-cinq mille) FCFA.

    Chaque titre de l’opération a une valeur totale de 2825 F CFA, dont 2500 pour le principal de la somme souscrite par la masse des personnes ayant souscrit à l’opération et 325 F CFA pour la valeur des intérêts de chaque titre. Le communiqué de la BEAC qui annonce le rembourse­ment de cet emprunt précise que les opérations d’encaissement auprès des banques (prestataires de services d’investissement) commencent le 8 juin 2020.

    Lire aussi: Financial House S.A veut entrer en bourse

    Le 15 juin prochain, ce sera au tour de Gabon Special Economic Zone (GSEZ), émetteur de la valeur « EOGSEZ 6,5% Brut 2018 – 2028 » de procéder à la mise en paiement des intérêts pour un montant de 228 773 513 (deux cent vingt-huit mil­lions sept cent soixante-treize mille cinq cent treize) FCFA, à l’échéance du 14 juin 2020.

    Le coupon net à percevoir par obli­gation est de 162,5 FCFA, et la date d’ouverture des opérations d’en­caissement auprès des guichets des prestataires des Services d’Investis­sements (PSI) est fixée au 16 juin 2020. L’emprunt de la GSEZ avait été lancé en septembre 2018 sur le marché financier de la CEMAC et avait permis de lever la somme de 33 milliards de francs CFA pour une maturité de 10 ans.

    Suivra le 19 juin 2020 Alios Finance Cameroun, émetteur de la valeur « ALIOS 5,75% Net 2018 – 2023 », qui procèdera à l’amortissement du principal à hauteur de 444 444 444 (quatre cent quarante-quatre millions quatre cent quarante-quatre mille quatre cent quarante-quatre) FCFA et à la mise en paiement des inté­rêts pour un montant de 95 833 333 (quatre-vingt-quinze millions huit cent trois mille trois cent trente-trois) FCFA.

    Lire aussi : Cemac : pourquoi les entreprises publiques boudent l’entrée en bourse 

    Le coupon net à percevoir par obli­gation est de 675,34 FCFA, (soit 555,55 FCFA au titre au l’amortis­sement du principal et 119,79 FCFA pour les intérêts) et la date d’ouver­ture des opérations d’encaissement auprès des guichets des prestataires des Services d’Investissements (PSI) est fixée au 08 juin 2020. L’établis­sement financier, qui recherchait à la Bourse de Douala un montant de 8 milliards FCFA, soit 800 000 obliga­tions à 10 000 FCFA le titre, a levé 8,730 milliards FCFA. La période de souscription courait du 20 novembre au 11 décembre 2018.

  • Le personnel Nexttel Cameroun entre en grève

    «Nous sommes dans le regret de vous annoncer que les multiples tentatives pour faire respecter les revendications des salariés contenues dans le mémo déposé le 12 mai 2020 ont été vaines par votre fait. En concertation avec l’ensemble des travailleurs syndiqués et notre hiérarchie syndicale, nous avons pris la décision de déposer auprès de vous, Directeur général adjoint de Viettel Cameroun S.A, le présent avis de grève illimitée et pacifique». Le bureau du Syndicat national autonome des travailleurs des nouvelles technologies et l’information et de la communication (Syntic) adressait ainsi ce 10 juin 2020, à Haman Oumar, le Directeur général de Viettel Cameroun, leur intention de cesser toute activité pour l’opérateur de téléphonie mobile. Ce 11 juin en effet, les membres de ce syndicat ont mis leur menace à exécution. Munis de pancartes, ils campent, masques faciaux portés, devant la Direction générale de Viettel Cameroun à Akwa-Douala.

    Lire aussi: – Affaire Nextell : le vice-Premier ministre vietnamien attendu à Yaoundé le 1er novembre

    Dans l’avis de grève du bureau syndical du Syntic les réclamations sont plus explicites.  «En date du 23 mars 2020, vous avez décidé de façon unilatérale de réduire de 50% les salaires des employés déjà insignifiants, ceci au mépris des dispositions de Convention collective nationale des télécommunications et des métiers connexes» peut-on lire. La correspondance signée par Benjamin Lavoisier Bote Bakel, Rabelais Feutseu, Nadia Soun Mbock, Priso Dikongue, Armelle Monique Lemi, Paul Wilfried Mbang et Aude Djine indique également qu’en date du 12 mai 2020, «le mémo, ressortant certains abus de la non-application du Code du travail et de la convention collective a été déposé à votre attention, et demandant de vous que vous instauriez le dialogue social entre vous et nous. Au lieu de ça vous avez muté sans l’avoir consulté le coordonnateur syndical dans une zone dangereuse sans lui donner les moyens d’accompagnement tels que recommandé par le code de travail et la convention collective et vous avez licencié abusivement 7 de nos camarades, ceci pour fragiliser la dynamique mise en place».

    Exigences

    Au rang des exigences des grévistes, il y’a la réintégration des employés licenciés abusivement depuis la mise sur pied du syndicat, le reclassement des employés selon leur ancienneté, le paiement systématique des frais de déplacement en cas de mutation, l’élection des délégués du personnel, et la réinstauration des congés annuels payés. A cela s’ajoute le respect des normes sécuritaires pour les employés des zones à haut risques (Noso et Extrême Nord), remplacement du Directeur général, du Directeur des ressources humaines et du Secrétaire général, reprise des visites systématiques annuelles d’entreprises, et l’allocation des ressources financières et matérielles pour l’atteinte des objectifs fixés entre autres.

    Lire aussi :  Affaire Nextell : Paul Biya valide les recommandations du Comité ministériel présidé par le PM Dion Ngute 

    Le BIT s’en mêle

    Acculé par plusieurs correspondances, la procédure de conciliation et la pression du Syntic, Haman Oumar avait vite fait de réagir le 27 mai 2020«Mesdames et messieurs les employés de Viettel Cameroun SA (Nexttel), l’occasion m’est donnée de m’exprimer à travers cette lettre pour vous informer de ce qui se trame dans notre entreprise depuis un certain temps, et émanant d’une poignée d’employés se réclamant d’un certain syndicat. Je voudrais à cette occasion, vous rappeler que Viettel Cameroun est une entreprise privée de droit camerounais qui a certes ses obligations et ses droits envers les employés, mais ceci dans le respect et la dignité. Pour ceux qui sont dans l’entreprise depuis sa création, ils savent pertinemment ce que le top management a fait pour qu’elle soit plus fournie en ressources humaines, comparativement aux deux autres entreprises concurrentes, plus anciennes et plus riches que nous parce qu’elles se sont installées quinze années avant notre existence. Et que vous n’êtes pas sans ignorer que depuis lors, notre entreprise cherche à imprimer sa marque en dépit d’une concurrence déloyale savamment entretenue par les opérateurs présents sur le marché. Quand vous aurez des problèmes, la seule chose que le syndicat peut faire pour vous, s’il a des moyens, c’est de vous chercher un avocat, et entre temps, vous auriez perdu l’emploi, et ce, avec toutes les conséquences sociales qui peuvent en découler », écrivait le Directeur général. 

    Lire aussi : – Affaire Nextell: le Vietnam menace de saisir la justice internationale 

    La sortie d’Haman Oumar a précédé celle de Karen Curtis sur cet épineux dossier. La responsable du Service de la liberté syndicale à l’Organisation internationale du travail (Oit) annonce dans une lettre  datée du 10 juin 2020 que le Bureau International du travail(Bit) a saisi le gouvernement camerounais sur les revendications du Syntic. « Le BIT est intervenu auprès du gouvernement».  Elle ajoute que le Syntic sera informé sur « toute observation que le gouvernement transmettra sur cette affaire ». Sur le terrain, les grévistes campent sur leur position malgré une présence discrète des éléments des forces de l’ordre. Nexttel Cameroun est la filiale camerounaise du vietnamien Viettel S.A. 3ème opérateur de téléphonie mobile au Cameroun, l’entreprise lance ses activités en 2014.

  • Rectification du Budget : des divergences au sein du gouvernement sur la baisse des revenus pétroliers

    Dans son interview accordée au quoti­dien national gou­vernemental Cameroon Tribune, le ministre Louis Paul Motaze en charge des Finances, a indiqué parlant de la modification de la loi des finances de l’exercice 2020, que l’une des raisons pour lesquelles il fallait pas­ser par cette étape de modi­fication, c’est le fait déjà que les prévisions des recettes pétrolières ont été revues largement à la baisse. «Les recettes pétrolières, en par­ticulier, baissent de presque 70%, car nous avons fait une hypothèse dans la loi de Finances 2020, d’un baril à 54,54 $ mais aujourd’hui nous sommes à pratique­ment 35 $, et il y a trois mois nous étions à pratique­ment zéro $ le baril », a fait savoir le membre du gouver­nement. Ce dernier semble avoir repris à son compte la notification que lui a faite la Société Nationale des Hydrocarbures, qui est en charge de commercialiser la part de production de pétrole et gaz revenant à l’Etat, et lui en rétrocéder les reve­nus, après avoir soustrait les charges dites dépenses asso­ciatives.

    Lire aussi : – Covid-19 : le Cameroun va perdre 300 milliards de F de recettes pétrolières en 2020 

    Deux choses importantes at­tirent l’attention. Lorsqu’on fait le différentiel entre les prévisions du gouvernement sur le prix du baril de pétrole et son prix de référence ac­tuel, la baisse n’est que de 35%. Par ailleurs, le pétrole camerounais est de la caté­gorie du Brent qui lui, à son plus bas niveau, a baissé à seulement 19,6 $ le baril, et c’était au premier avril 2020. Depuis cette date, il a repris sa course vers le haut, et atteignait les 42 $ au 05 juin 2020. Aussi, selon la loi pétrolière, le prix du baril camerounais est fixé sur la base de celui de la moyenne du Brent tel qu’indexé sur les marchés, avec une dé­cote pour deux variantes, et une surcote pour une des variantes.

    Prévisions du marché

    Si on fait la moyenne des cours entre le prix du baril à l’ouverture le premier janvier 2020 (67,16 $) et le dernier cours en date à la fin du mois de mars 2020 équivalent à un trimestre, on obtient une moyenne de baril pour le pétrole came­rounais au deuxième tri­mestre qui sera situé entre 40 et 42 $ le baril, ce qui ne fait qu’une baisse de 26% et non de 70%. Dans le même temps, les revenus pétro­liers incluent aussi ceux du gaz naturel liquéfié dont les contrats de vente sont conclus sur une base future avec le trader retenu, notam­ment la filiale du groupe Russe Gazprom.

    Lire aussi : – Voici pourquoi les prix du carburant ne baissent pas à la pompe 

    Même en tenant compte des décotes des produits pétro­liers camerounais et de la hausse de compensation en barils de pétrole pour rembourser les dépenses associatives, l’ordonnance signée par le président de la République constate une perte de 181 milliards de FCFA des recettes pétro­lières pour le compte de l’année 2020. Cela repré­sente une baisse de seu­lement 46% comparé aux prévisions de 531 milliards de Francs CFA initialement prévues dans la loi de Fi­nances de 2020.

    Rappelons que par recette pétrolière, la loi de Finances intègre aussi bien les taxes pétro­lières, que les revenus du Gaz et ceux du pétrole brut. Il semble donc que le docu­ment signé par le président de la République soit plus conforme aux prévisions du marché, si aucune autre crise ne vient le perturber. Aussi, l’ordonnance prési­dentielle est en harmonie avec des déclarations faites par le ministre en charge de l’Energie sur les antennes de la radio officielle. Ce dernier expliquant les raisons pour lesquelles la baisse des prix du pétrole n’avait pas im­pacté celle des prix de l’es­sence au Cameroun, a révélé que la baisse n’était pas si importante et que d’ailleurs les prix remontaient, ce que semble confirmer les ten­dances sur le marché inter­national.

    Lire aussi : – Coronavirus : la Cemac pourrait perdre 2653,7 milliards de F CFA de recettes pétrolières 

    Free of Board

    La gestion des revenus pé­troliers demeure difficile à décrypter, malgré les efforts de transparence effectués par la SNH. Sur de nom­breux rapports pourtant offi­ciels, les données présentées montrent souvent certaines disparités, même après avoir écarté des éléments comme le coût de transport et des assurances. En plus de cela et selon des documents internes de l’entreprise, le pétrole camerounais est vendu Free of Board, c’est-à-dire, sans inclure les coûts de transport, même s’ils sont pris en compte, dans la dé­termination du prix.

  • Moratoire sur la dette : Pékin entérine l’initiative du G20

    La Chine a annoncé ce 7 juin qu’il suspendait le remboursement de la dette de, dont le Cameroun, dans le cadre de l’initiative d’allégement de la dette du G20. C’est le vice-ministre chinois des Affaires étran­gères, Ma Zhaoxu, qui a fait l’annonce au cours d’une conférence de presse à Bei­jing.

    Cette décision devrait sou­lager les autorités camerou­naises qui estimaient « déli­cat » les négociations avec Pékin en vue de conclure un accord sur moratoire sur le service de la dette due à l’Empire du Milieu pour la période du 1er mai au 31 décembre 2020.

    Lire aussi : Report de la dette publique : le G20 essaye de neutraliser la Chine en Afrique 

    La délicatesse venait cer­tainement du fait que le Cameroun avait déjà béné­ficié en juillet 2019 d’une restructuration de la dette due à Eximbank. La banque d’import-export a en effet accepté de rééchelonner 70 % de la somme (intérêts non compris) que devrait lui rembourser le pays sur la période allant de juillet 2019 à mars 2022. Ce mon­tant, qui concerne 22 projets du portefeuille, est estimé à environ 150 milliards FCFA et sera finalement payé au cours des années suivantes.

    Par ailleurs Pékin envoyait des signaux contradictoires vis-à-vis de cette initiative. Selon le Club de Paris entre le 15 et le 26 mai, une de­mi-dizaine de pays, dont le Cameroun, ont conclu un accord avec certains de ses membres pour le report du paiement de leurs créances des huit derniers mois de l’année 2020. Mais la Chine n’était partie prenante à au­cun de ces accords, même pas en tant qu’observateur alors Pékin a des créances sur des pays débiteurs concernés par ces arrange­ments avec le Club de Paris.

    Lire plus : Autoroute Kribi-Lolabé : les dessous de l’attribution du marché à la chine 

    Comme pour répondre à ces doutes, le ministre chinois des Affaires étrangères avait indiqué le 24 mai 2020, lors d’une conférence de presse, à l’occasion de la 3e session annuelle de la 13e assem­blée populaire nationale, que « La Chine travaillera acti­vement à la mise en œuvre de l’initiative de la suspen­sion du service de la dette du G20, pour alléger le fardeau des pays africains ». Wang Yi avait même ajouté que l’Empire du Milieu « envi­sagera d’accorder un sou­tien supplémentaire par voie bilatérale aux pays africains confrontés à de grandes dif­ficultés ».

    Divergences d’approche

    « C’est juste une question de timing et probablement de la nature et l’ampleur du sou­tien supplémentaire que sou­haite apporter la Chine aux pays africains frappés par la pandémie du nouveau coro­navirus », analysait Roger Ngaya dans une interview accordée à nos confrères de Investir au Cameroun. Mais le CEO de Strategy, une agence de communica­tion financière et corporate proche des milieux diploma­tiques et d’affaires chinois, ne nie pas que Pékin a des raisons de regarder avec méfiance l’initiative du G20.

    Certaines dispositions de l’initiative des 19 pays les plus industrialisés du monde plus l’Union européenne pourraient contrarier certains intérêts chinois. Il en est par exemple du renoncement à conclure de nouveaux des prêts non concessionnels sur la période du moratoire exi­gé aux pays éligibles. Mais à en croire l’expert en finances internationales, les défis à la collaboration entre la Chine et les pays occidentaux, qui dominent en nombre le G20, sont beaucoup plus structu­rels. « Pékin n’est tout sim­plement pas prêt à rejoindre les standards occidentaux en matière de prêts ».

    Lire aussi : Remboursement de la dette : Le bol d’air qui vient du G20 

    À titre d’exemple, illustrait-il, « pour la Chine, les condi­tionnalités comme la protec­tion des droits de l’Homme et les problèmes de gouver­nance des pays récipien­daires relèvent des affaires intérieures. Elles ne peuvent être considérées comme une exigence pour l’obtention d’un prêt en vertu d’un des piliers fondamentaux de la politique étrangère chinoise à savoir la non-intervention dans les affaires intérieures des partenaires. »

    Or, pour réussir « “les appels de données” qui précèdent les restructurations des dettes, il faut un partage des critères communs d’octroi de crédits pour poser les bases d’une initiative pour la transparence de la dette », ajoutait le patron de Stra­tegy.

  • Covid-19 : Yaoundé attend plus de 400 milliards de ses partenaires

    Du fait de la crise du Coronavirus, le Cameroun va revoir à la baisse son budget 2020. Selon l’ordonnance modi­fiant et complétant certaines dispositions de la Loi de Fi­nances 2020, signé le 3 juin par le président de la Répu­blique, l’exécutif envisage une réduction de 11%. Si l’ordonnance présidentielle est voté par le Parlement, ce qui est plus que probable au regard de la coloration politique des chambres, le budget 2020 va donc pas­ser le budget 2020 de l’État passe de 4 951,7 milliards de FCFA à finalement 4 409 milliards de FCFA, soit une baisse de 542,7 milliards de FCFA en valeur absolue.

    Lire aussi : Les gagnants et les perdants du collectif budgétaire 

    À la lecture de l’ordonnance présidentielle, les pertes de recettes du fait de la pan­démie de la Covid-19 sont en réalité estimées à 768,6 milliards de FCFA (impôts, douanes, pétrole et gaz, etc.). Cette baisse de plus de 15% des recettes publiques sera partiellement compen­sée par « l’aide de ses par­tenaires financiers », selon le ministère des Finances. « Celle-ci s’est traduite en terme d’allègement de la dette et d’appuis financiers exceptionnels ».

    Initialement prévu à 232,2 milliards de FCFA, le ser­vice de la dette est ramené à 134 milliards de FCFA, soit un gain de trésorerie de 98,2 milliards de FCFA. En plus, les appuis budgétaires passent de 115,5 à 440,5 milliards de FCFA soit une hausse attendue de 325 mil­liards de FCFA. Ce qui fait un financement supplémen­taire de 423,2 milliards de FCFA.

    Lire aussi : Report de la dette : le Club de Paris prend les devants au Cameroun 

    Les appuis budgétaires viennent de plusieurs parte­naires. On peut notamment citer le FMI qui a accordé un prêt de 135 milliards de FCFA au titre de la Faci­lité de crédit rapide (FCR), la Banque mondiale qui devrait octroyer au pays un financement supplémentaire de 60 milliards de FCFA, de la Banque Africaine de développement, de l’Union européenne ou de l’Agence française de développement (AFD) avec qui le gouver­nement a récemment signé trois conventions de finan­cement d’un montant de 18 milliards de FCFA.

    À sa demande, les membres du Club de Paris, créanciers du Cameroun, lui ont accor­dé un report du rembourse­ment de leur argent prévu entre le 1er mai et 31 dé­cembre 2020. L’annonce est contenue dans un communi­qué de presse publié par ce groupe de pays industriali­sés le 22 mai dernier. Selon ce document, l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, la France, le Japon, la Répu­blique de Corée et la Suisse sont les pays qui ont concé­dé ce moratoire à Yaoundé. Ces pays traduisent ainsi en acte la décision prise le 15 avril 2020 par le G20. La Chine a également annoncé 7 juin dernier avoir fait de même.

    Lire aussi : Coronavirus : le FMI approuve un décaissement de plus de 135 milliards de F CFA au Cameroun 

    Le 16 avril au sortir d’une audience avec président Paul Biya, l’ambassadeur de France au Cameroun, Chris­tophe Guilhou, a indiqué que la France allait renon­cer provisoirement dans le cadre de cette initiative à montant de 60 milliards de FCFA. On ignore pour l’ins­tant les sommes liées aux autres pays du G20. Mais au regard de la réduction du service de la dette prévue par le collectif budgétaire (98,2 milliards de FCFA) sur les 232,2, le Cameroun s’attend certainement à ne pouvoir conclure un accord d’allègement de la dette cer­tains pays membre du G20.

    Lire aussi : Covid-19 : la BAD mobilise plus de 6,2 milliards de F CFA pour la Cemac 

Bouton retour en haut de la page