Des certitudes tombent, pied à pied. Comme le dogme de la croissance, de la production industrielle. Emmanuel Macron, le président de la France est de ceux des dirigeants qui dessinent à grands traits ce monde de l’après. Ainsi, devant les 150 participant de la Convention citoyenne pour le climat dans les jardins du palais de l’Élysée le 29 juin dernier, en plein air sous le soleil, va-t-il inaugurer en mi-mandat, ce qu’il a appelé une démocratie délibérative, faisant recours directement aux citoyens pour des propositions thématiques concrètes sur la vie publique.
Au lendemain du second tour d’élections municipales qui ont consacré le contrôle des mairies de grandes villes de France par des écologistes, une première dans le pays, il a fait des annonces qui si elles se réalisent, vont transformer le modèle de développement de la France. Des mots, encore peu politiquement corrects ont été prononcés : la souveraineté alimentaire, l’indépendance, l’autosuffisance.
Ironie du sort, le thème de la souveraineté alimentaire a été pendant près de dix ans, entre 2005 et 2015, l’axe des campagnes de plaidoyer et de lobbying d’une organisation de la société civile camerounaise, l’ACDIC (Association Citoyenne de Défense des Intérêts Collectifs) pour que le Cameroun consomme ce qu’il produit et produise ce qu’il consomme.
Un autre mot revient dans le discours du présent français depuis le déconfinement du 11 mai, l’autosuffisance. S’autosuffire en produits pharmaceutiques, comme l’aspirine, jusqu’alors produite en Chine. Tirant des leçons de l’épisode douloureux de la première vague de la Covid-19, Emmanuel Macron souhaite « désexternaliser » la recherche et la manufacture pharmaceutique essentielle de son pays. La tendance jusqu’alors était à l’externalisation avec comme argument, la recherche de la compétitivité avec la main d’oeuvre bon marché asiatique.
Ainsi que nous l’avions annoncé dès le mois de mars dans votre bulletin Eco du Marché, la crise sanitaire d’ampleur planétaire inédite que connait le monde va faire revenir les pays à l’essentiel : autosuffisance alimentaire, autosuffisance sanitaire, autosuffisance scientifique et technologique, pour ceux qui en sont capables.
Autre tendance lourde, c’est la remise en question des modèles économiques et productifs polluants et déstabilisants pour la planète. Il n’y aura pas d’inversion de la tendance industrielle, mais un renversement en termes de choix productifs, de ressources énergétiques. Ainsi, les énergies fossiles (comme le pétrole) sont parties pour perdre la cote, et donc être remplacées progressivement par des énergies plus rapidement renouvelables avec un faible impact sur la biodiversité terrestre : hydrogène, électrique, éolien, solaire. 7 milliards d’euros de fonds publics ont été investis dans Air France pour sa transformation aux nouveaux enjeux, notamment la mise en exploitation des avions à hydrogène dans quinze ans.
Le chef de l’État français a encore annoncé le 29 juin devant les représentants de la Convention citoyenne pour le climat, le déblocage dans les deux années à venir, de la somme de 15 milliards d’euros pour une conversion écologique de l’industrie française.
Ces différentes annonces sont un signal également pour les pays Africains avec qui la France entretient des relations économiques et commerciales.