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4ème revue FMI-Cameroun : les exigences du FMI pour le déblocage de 73 millions de dollars

Dépôt d’une loi des Finances rectificative au Parlement lors de la session de juin, intégration des subventions des produits pétroliers validées en 2023 dans le collectif budgétaire en préparation, améliorer la gestion des liquidités et limiter les dépenses exécutées sur procédures exceptionnelles constituent entre autres conditionnalités que devra honorer le gouvernement s’il veut accéder à l’appui budgétaire de 73,8 millions de dollars venant de l’institution de Bretton Woods.


C’est sur fond d’exigences que le FMI a bouclé la mission de la 4ème revue du programme économique et financier du gouvernement appuyé par l’Accord de Facilité élargie de crédit et du Mécanisme élargi de crédit. Même si le communiqué reconnaît quelques avancées et performances au gouvernement, c’est sur un ton plein de réserves que le Fonds conditionne le décaissement de l’appui budgétaire attendu à l’issue de cette revue.

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D’entrée de jeu, la mission du Fonds indique être parvenue à «un accord au niveau des services avec les autorités camerounaises sur les politiques économiques et financières qui pourraient soutenir l’approbation de la quatrième revue du Programme appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC) et le Mécanisme élargi de crédit (MEDC). La conclusion de la quatrième revue par le Conseil d’administration du FMI, prévu fin juin 2023, permettrait le décaissement de 55,2 millions de DTS (environ 73,8 millions de dollars des EU) ».

Collectif budgétaire

En d’autres termes, le  FMI a fixé des exigences aux autorités camerounaises si elles veulent accéder aux appuis budgétaires escomptés à l’issue de ladite revue. Celles-ci portent préalablement sur le dépôt au Parlement lors de la session de juin 2023, d’une loi des Finances rectificative, actuellement en préparation au niveau du ministère des Finances. Celle-ci est adossée à la création d’un espace budgétaire dédié aux investissements productifs et au financement des dépenses sociales. Ce qui devrait se faire par une mobilisation accrue des recettes intérieures, non sans améliorer l’efficacité des dépenses, tout en renforçant la discipline budgétaire.

Sur ce chapitre, le FMI déplore le fait que l’Etat actionne de manière récurrente des dépenses exécutées sur procédures exceptionnelles. Celles-ci ont le défaut d’exercer un effet d’éviction sur les dépenses prioritaires et renforcent le manque de transparence souvent objet de chaudes discussions lors des missions de cette envergure.

Pour le FMI, « un budget crédible et une exécution disciplinée de celui-ci, aideraient à éviter l’accumulation d’obligations intérieures impayées, et favoriseraient l’achèvement dans les délais, des grands projets d’infrastructure, en particulier dans les secteurs des transports et de l’énergie ».

Déficit et subventions des carburants

Autres exigences à satisfaire, la réduction du déficit budgétaire global à 1 % du PIB à environ 300 milliards de Fcfa ; et le déficit budgétaire primaire non pétrolier à 2,4 % du PIB en 2023. Ce dernier se situe actuellement à 4% du PIB soit plus de 1090 milliards de Fcfa alors qu’il était à 3,9% en 2021. Cet objectif n’est pas atteint entièrement parce que, souligne le FMI, le gouvernement, dépasse de temps en temps le seuil de non-accumulation d’arriérés de paiements extérieurs. 

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Ce qui amène le Fonds à enjoindre les autorités à améliorer la gestion des liquidités et à ajuster les chiffres sur la subvention des carburants, en intégrant  la partie substantielle du soutien aux produits pétroliers de 2022 qui ont coûté près de 775 milliards de FCFA en 2022, qui n’a été validée qu’en 2023, dans la loi des Finances rectificative en cours de préparation. Rappelons que ce montant est plus de trois fois le coût estimé (250 milliards de FCFA) de la reconstruction de la Sonara.

Sonara

Sur l’atteinte des objectifs de la SND-30 dont la réalisation des projets se chiffre sur 10 ans à 88 000 milliards de Fcfa, dont 8 950 milliards de Fcfa pour la seule année 2023, les autorités, face aux interpellations de la mission du FMI, ont reconnu l’extrême nécessité de mobiliser davantage de recettes non pétrolières, de mieux cibler les dépenses prioritaires, et d’améliorer l’efficacité des dépenses. Aussi promettent-elles la mise en œuvre de mesures permettant de mobiliser davantage de recettes intérieures non pétrolières et d’élargir l’assiette fiscale à la suite de l’étude diagnostique de la politique fiscale.

Quant à la gestion des entreprises publiques, la mission se satisfait des mesures prises par le gouvernement sur la gestion financière des entreprises publiques et du projet de réhabilitation de la SONARA. À ce sujet, les autorités de sources crédibles, préparent un plan social au sein de cette entreprise qui peine à se relever après l’incendie de 2019. D’autant plus qu’elle est lourdement endettée auprès des banques qui n’acceptent plus de délivrer une lettre de crédit. Du coup elle se trouve en incapacité d’importer des produits pétroliers pour approvisionner le marché camerounais.

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Si toutes ces exigences et conditionnalités sont respectées par le gouvernement camerounais, alors, au 30 juin, le Cameroun bénéficiera d’un décaissement au titre des appuis budgétaires du Fonds de 44,575 milliards de Fcfa

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