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Rapatriement des objets d’art : le Cameroun reste en marge du débat

Le pays dispose d’un immense butin colonial Europe, dont plus 7800 œuvres d’art exposées au seul musée du Quai Branly à Paris, mais il n’est pas intéressé aux procédures de restitution de ces objets.

L’Allemagne, la Belgique et la France sont engagés ces dernières années dans un processus de restitution des objets d’art africains jugés mal acquis durant la période coloniale. Le premier pays a consenti à rapatrier 1 100 sculptures béninoises présentes dans ses musées dès cette année 2022, de même que la France qui a signé en novembre 2021  un acte de transfert de propriété de 26 œuvres d’art béninoises à la République du Bénin. Il s’agit là d’un début de concrétisation de la promesse du président français, Emmanuel Macron, de « restituer le patrimoine africain à l’Afrique ». En dehors du Bénin, sur le continent, la République démocratique du Congo (Rdc) et le Nigeria font également feu de tout bois pour rentrer en possession des objets d’art pillés par les colons belges et britanniques. Malgré ce volontarisme des anciennes puissances colonisatrices, le Cameroun n’a jusque-là pas fait de demande formelle ni à l’Allemagne qui l’a colonisé jusqu’à la fin de la première guerre en 1918, ni à la France ou à la Grande-Bretagne qui l’ont administré sous le mandat de la Société des nations (Sdn) puis de l’Organisation des nations unies (Onu) jusqu’en 1960/1961, pour le rapatriement de son patrimoine culturel pillé.

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L’inventaire n’est pas exhaustif, mais le pays qui reste en marge du mouvement visant la restitution des objets d’art africains mal acquis, dispose  pourtant de 7 838 au seul musée du Quai Branly Jacques Chirac, à Paris (France). Le Cameroun affiche donc une attitude ambiguë sur ce dossier, comme cela a été le cas avec les 90.000 documents de la période 1950-1969 déclassifiés et disponibles au Centre des archives diplomatiques de la Courneuve, à Paris. Ce fonds d’archives du Cameroun rangé par thèmes dans plus de 600 cartons constitue pourtant une bonne partie de la mémoire des 10 dernières années du mandat onusien de la France dans la partie orientale du Cameroun et la première décennie d’indépendance du pays. Il est constitué de dépêches transmises à la métropole par les diplomates et militaires français du temps de la guerre d’indépendance du Cameroun, laquelle est restée en grande partie secrète.

Jean Omer Eyango

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