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Eau potable : bilan de Camwater, un an après la fin de l’affermage

L’unique entreprise désormais de charge du service de l’eau potable au Cameroun réclame une augmentation de la production nationale de 160 000 m3/jour.

La fin de l’affermage dans le secteur de l’eau potable au Cameroun, il y a un an n’aura donc pas complètement asséché les robinets. Au contraire, la Camwater Utilities Cameroon (Camwater) qui, après sa fusion avec l’ex-Camerounaise des Eaux (CDE), réclame même une augmentation de la production nationale de 160 000 m3 par jour. Cette performance, explique-t-on, a pu être possible grâce à la mise en service par Camwater des nouvelles unités de production. C’est notamment le cas de plus de 25 000m3/jour en provenance de Yato pour renforcer la desserte dans la ville de Douala, la mise en service de deux nouvelles unités de production à Akomnyada pour l’approvisionnement en eau potable de la ville de Yaoundé, avec un apport d’un volume supplémentaire de 85 000m3/jour qui a permis d’atténuer le rationnement d’eau dans la capitale du Cameroun. Tout comme la mise en service des nouvelles unités de traitement dans les villes de Bafoussam, Kribi, Sangmélima et  Meyomessala. D’autres projets visant à booster la production nationale en eau potable sont en cours de réalisation. Notamment, le projet de réhabilitation et d’extension de l’alimentation en eau potable des villes de Bertoua, Edéa et N’Gaoundéré.

Ces  trois villes explique-t-on, verront en fin d’année 2019, leur offre en eau potable doublée, voire triplée, puisqu’elles passeront respectivement de 2880  m3/j à 10.500 m3/j, de 3.600 m3/j à 10350 m3/j et de 9.760 m3/j à 26.800 m3/j. En marge du réseau qui sera densifié en vue de rapprocher le réseau de la population, de nouvelles bornes fontaines seront mises en service, dont le choix de l’implantation se fait avec la collaboration des mairies. C’est ainsi que ces 3 villes disposeront chacune de 60 bornes fontaines payantes, et même de 70 à N’Gaoundéré, explique-t-on. Il y a aussi le projet d’alimentation en eau potable de des villes de Meyomessala, Nkongsamba, Melong et Kekem. Ce projet vise à renforcer les capacités de production et de stockage de ces villes, en alimentant au passage également la ville de Baré. Si les travaux de Meyomessala sont déjà terminés avec un accroissement de production de plus de 2.000 m3/j, ceux de Nkongsamba, Melong et Kekem s’achèveront d’ici juillet 2019 et permettront d’augmenter l’offre en eau potable de ces villes de près de 15.000 m3/j. les capacités de stockage seront également renforcées respectivement de 750 m3 et de 3.250 m3. L’on n’oublie pas les projets d’alimentation en eau de tous les stades et les structures hôtelières devant recevoir la Coupe d’Afrique des nations (Can).

Toutes les extensions de réseau nécessaires pour alimenter les complexes sportifs, stades et hôtels ont été réalisées dans les délais et leur mise en eau est effective, apprend-on. Il s’agit notamment des infrastructures des villes de Douala, Yaoundé, Garoua, Bafoussam, Limbe et Buea, renseigne Camwater. Il y a aussi le projet d’alimentation en eau potable de 9 villes dont la première phase porte sur 4 villes : Sangmélima, Kribi, Bafoussam et Bamenda. La mise en service des systèmes d’alimentation en eau potable des 3 premières villes, informe Camwater, a été effective grâce au raccordement au réseau Eneo des usines de traitement et des stations de reprise.

 Camwater de plus en plus réactif

C’est une image que les habitants des villes couvertes par le réseau de distribution d’eau potable sont déjà habitués : les ruptures des canalisations d’eau potable avec l’eau qui s’écoule dans la nature, pendant que les robinets sont à sec. Mais depuis un an, Camwater est de plus en plus présente sur le terrain pour parer à ces situations. Avec notamment, son dispositif d’intervention à réaction rapide (DIRR) sur l’étendue du territoire national pour les interventions diverses (réseau, équipements électromécaniques, etc.). Ce dispositif, informe-t-on, a été créé en octobre 2018 par le directeur général, Gervais Bolenga, à l’effet de renforcer les structures locales en cas de rupture d’eau dans le réseau pour plus de célérité dans les interventions afin de répondre aux multiples attentes des abonnés. Et en termes de réalisations, l’on fait état de la mise sur pied de plusieurs plateformes d’échange avec les populations (groupe Wathsapp, numéros utiles, page facebook); plus de 90 interventions sur les casses de conduites par mois depuis la création. Mais aussi, plus de 2600 ml de réseau d’approvisionnement en eau potable réalisés, renforcés ou mis en profondeur ; environ 480 branchements repris et réalisés. Le tout pour un taux moyen de réactivité aux plaintes des populations à travers les plateformes estimé à 75%.

L’amélioration de la qualité du service offert de Camwater pourrait aussi s’expliquer par la dépense de moins en moins vis-à-vis de l’opérateur de distribution d’énergie électrique. Face à l’insuffisance de la couverture des besoins énergétiques qui impacte fortement sur sa production, et partant, sur la qualité de son service, Camwater informe qu’un programme de mise en place de groupes électrogènes a été entrepris. Pour ce faire, cette entreprise a procédé à l’évaluation de tous les besoins et contraintes des sites à doter d’un groupe électrogène, pour une adéquation des équipements aux besoins. Parallèlement, dans la perspective de réduire les charges énergétiques liées à la production et à la distribution, Camwater envisage l’éventualité de construire à terme des stations photovoltaïques, et a pour ce faire, tenu quelques séances de travail avec spécialistes d’énergie solaire.

Un effort semble également avoir été fait par la Camwater pour améliorer la qualité de l’eau mise à  la disposition des populations. Ainsi, sur le plan de la qualité de l’eau, l’entreprise de de production et de distribution d’eau potable au Cameroun indique qu’il y a eu un renforcement des contrôles aux niveaux central et régional ; l’intensification du nettoyage des ouvrages et purges dans le réseau, pour un nombre d’échantillons contrôlés de 7500, un taux de conformité bactériologique de 96% et un taux de conformité physicochimique de 93%.

Un climat social pourtant malsain au sein de Camwater

Les résultats de Camwater depuis l’arrivée de Gervais Bolenga à la tête du top management de cette entreprise tranchent net avec le climat social au sein de cette entreprise. Selon certaines indiscrétions, il existerait des clans au sein de la structure. Les responsables nommés par les anciens directeurs généraux de cette entreprise leur étant restés totalement fidèles. Toute chose qui ne garantit une saine et bonne collaboration avec la nouvelle dirigeante. Cette situation serait à l’origine des dysfonctionnements managériaux préjudiciables à la distribution de l’eau à Douala, lesquels ont amené la tutelle, le ministre de l’Eau et de l’Energie, Gaston Eloundou Essomba, à demander des comptes au DG de Camwater. En effet, le Minee a saisi, le 29 avril dernier, le directeur général de la Camwater au sujet de l’approvisionnement de la ville de Douala.

« Par note d’information du 23 avril 2019 dont j’ai reçu copie, le directeur régional de Douala agglomération de la Camwater rend compte au préfet du département du Wouri d’un certain nombre de dysfonctionnements managériaux, préjudiciables à la continuité du service public de l’eau potable, au maintien de l’ordre et à la préservation de la paix socio-politique dans la ville de douala », écrit le Minee. Cette correspondance relève plusieurs dysfonctionnements au sein de la Camwater à Douala. Notamment, l’insuffisance des fonds alloués au paiement des tâcherons ; le risque de rallonge des délais de paiement desdits tâcherons ; la mise à disposition tardive de l’accréditif mensuel ; le fonctionnement des équipements sans autres équipements de secours et l’insuffisance des ressources financières pour la conduite des interventions techniques.

Pour remédier à la situation, Gaston Eloundou Essomba demande à Gervais Bolenga de prendre, « de toute urgence, les mesures idoines qui s’imposent, tendant dans un bref délai, à mettre un terme à ces dysfonctionnements». Le cas de douala est symptomatique du problème de distribution de l’eau potable dans les grandes villes au Cameroun. Mais en février 2019, le concessionnaire public du secteur de l’eau a annoncé un « plan d’investissement prioritaire » pour réhabiliter les infrastructures de distribution en délabrement. Le DG de Camwater, lui-même, reconnaissait à cette période que le vieillissement des infrastructures de distribution de l’eau est tel que certaines connaissent un rendement inférieur à 25 % de leur potentiel.

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