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A cause des impayés de l’Etat, Eneo renoue avec les délestages dans le grand Nord

L’énergéticien camerounais refuse de se coltiner tout seul la responsabilité de cette situation, et l’impute par ailleurs à l’insolvabilité de ses clients, parmi lesquels l’Etat avec des factures impayées d’au moins un milliard par semaine.

Les populations des régions de l’Adamaoua et de l’Extrême-Nord, connectées au Réseau Interconnecté Nord (RIN) broient du noir, à la suite des coupures intempestives d’électricité. De nombreuses localités sont privées d’énergie électrique, parfois pour des journées entières, avec comme conséquence inéluctable un ralentissement de l’activité économique dans les trois régions, non sans compter le climat d’insécurité que favorise cette situation. Les habitants des trois régions ont fini par s’y habituer, et croient savoir qu’à l’origine des coupures de ces derniers jours, « l’entreprise Eneo ne dispose plus de gasoil pour alimenter les groupes électrogènes », a soufflé un habitant de Garoua à EcoMatin la semaine dernière.

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Une révélation que ne réfute pas pour autant le concessionnaire du service public de la distribution de l’énergie électrique au Cameroun, qui reconnait que « le niveau des apports en eau observé sur la retenue du barrage de Lagdo depuis le début des crues 2021 est particulièrement bas, traduisant une hydraulicité historiquement faible sur le bassin, pire que celle enregistrée l’année dernière », acquiesce Eneo, dans une note d’information publiée le dimanche 26 septembre 2021.

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Cette faible hydraulicité entraine inéluctablement une quantité insuffisante d’énergie électrique pour couvrir les besoins en énergie de la région. Par conséquent, Eneo se trouve contraint de recourir à des sources alternatives, notamment ses centrales thermiques, lesquelles sont également confrontées depuis quelques temps à une pénurie de combustibles pour assurer leur fonctionnement sans anicroches. « Le déficit qui en découle est aggravé par des difficultés dans l’approvisionnement en combustibles des centrales thermiques du Réseau Interconnecté Nord. Cette unique alternative actuelle nécessite des besoins importants et réguliers en trésorerie en constante croissance, en plus des complexités logistiques », ajoute Eneo.

L’Etat au banc des accusés

Au demeurant, l’énergéticien refuse de se coltiner tout seul la responsabilité de cette situation. Il estime que malgré la faible hydraulicité du barrage de Lagdo, le rationnement aurait néanmoins pu être meilleur si ses centrales thermiques de Djamboutou, Ngaoundéré et Maroua étaient approvisionnées incessamment en combustibles. Et surtout s’il ne faisait pas face à des tensions de trésorerie, conséquence de l’insolvabilité de certains de ses consommateurs, parmi lesquels l’Etat.

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« La tension de trésorerie à laquelle doit faire face le secteur de l’électricité tient aux impayés accumulés de certaines grandes entreprises publiques, ainsi qu’au non-paiement du milliard hebdomadaire de l’Etat habituellement destiné à couvrir ses dépenses courantes », déplore le distributeur de l’énergie électrique au Cameroun. Il va sans dire que si l’Etat réglait ses factures dans des délais raisonnables, la région du Nord subirait de moins en moins de coupures. « Si les centrales thermiques de Djamboutou, Ngaoundéré et Maroua sont ravitaillées régulièrement en combustibles, les délestages seront atténués dans une certaine mesure, compte tenu de la faible demande du secteur en ce moment ».

Au 31 mai 2021, la dette globale de l’État vis-à-vis d’Eneo s’élève à 163,078 milliards de FCFA, et en fait le plus débiteur de cette entreprise.

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