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Affaire Emmanuel Leubou : l’Etat a subi un préjudice de 5,587 milliards entre 2015 et 2016

Ce montant découle des suppressions frauduleuses des remboursements desdites avances au ministère des finances, ainsi que ceux relatives à la pension retraite des personnels encore en activité durant cette période.

L’Etat du Cameroun paie un lourd tribut dans la gestion du fichier solde. Entre la période allant de 2015 à 2016, le montant du préjudice subi par l’Etat du Cameroun est de 5,587 milliards de Fcfa. Cette perte financière est consécutive aux opérations de suppressions frauduleuses des remboursements des avances sur salaires et pensions au ministère des Finances.

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Au cours de l’audience du 7 février 2022, le témoin du ministère Public est interrogé sur le caractère dit frauduleux desdites annulations : « Elle est frauduleuse lorsqu’elle n’est pas accompagnée d’un reçu ou quittance de remboursement», a-t-il rétorqué suite à l’interrogation de l’accusé Emmanuel Leubou. Dans le cadre de son contre interrogatoire, le Dr Bell est interpellé sur les déclarations relatives à l’usage du compte 01X. De l’avis de l’expert, un individu non identifié se serait connecté à partir du poste 1255 à 31 dates différentes pour effectuer les opérations de suppressions et de créations des codes.  Le Dr Bell fait savoir que dans le domaine de l’informatique, on distingue  les hommes, des machines ainsi que l’organisation. « L’Homme n’est pas lié à la machine de manière permanente et constante.  Etant qu’il n’y avait pas de caméra de surveillance, les données recueillies ne permettent pas de savoir à quelle date et à quelle heure la personne se serait connectée à tel poste de travail. » Dès lors, 03 hypothèses sont envisagées : «  Soit l’utilisateur du compte 01X s’est déplacé physiquement pour aller s’installer sur le poste 1255 et initier ensuite les opérations de suppressions ; soit l’utilisateur du compte 01X ne s’est jamais déplacé, mais utilisait des paramètres du compte 1255 et réalisait des opérations ;  soit ni l’utilisateur du compte 01X, ni celui du compte 1255 ne s’est connecté. Mais, une tierce personne se connectait à ce poste en usurpant l’adresse Ip », développe-t-il à l’attention du Tribunal.

Modalités 

De plus, le témoin du Ministère public est interpelé sur les modalités d’octroi des avances sur salaires. De l’avis de Me Atangana Ayissi, ce dernier note en page 15 de son rapport d’expertise que l’attribution des avances de solde était faite entre autres personnes, par le chef de la cellule informatique. « Ma question est de savoir si ce chef de la cellule informatique est doté des pouvoirs réglementaires pour attribuer les avances, ou alors, seulement de les traiter ? » Le Dr Bell dit n’avoir pas eu de texte définissant les responsabilités. « Mais, il nous a été dit que dans la pratique, on envoie les dossiers au chef de la cellule informatique pour traitement. Les dossiers viennent du cabinet du ministre, du secrétaire général, parfois avec ou sans avis».  

A l’audience du 4 février dernier, le Dr Bell relève « 509 suppressions entre 18h28min et 18h55min. Le 20 mars 2016, le même utilisateur a fait 115 suppressions entre 16h03min et 16h46 min».

Lire aussi : Fichier solde de l’Etat : Emmanuel Lebou à nouveau épinglé

Dans le même sillage, le représentant du Parquet général indique que nombre d’agents de l’Etat ont bénéficié des avances sur salaire et de pension.  Parmi ceux-ci, de ceux-ci, figure dame Assiatou Boullo Bouba. Le 20 octobre 2015, cette dernière perçoit la somme de 3,822 millions de Fcfa. Ce montant lui a été attribué au moyen du User SO5A sur le poste de travail 1083. Dame Assiatou Boullo Bouba sera par la suite arrêtée et détenue à la prison centrale de Yaoundé Kondengui. Elle recouvre la liberté le 2 mars 2021. Ceci, après avoir procédé à la restitution du corps du délit à hauteur de 6,504 millions de Fcfa.

Cette affaire oppose le Ministère public, le ministère des Finances à Emmanuel Leubou, Lefang Célestina Nkeng, Amadou Haman, Pempeme Inoussa. Ces accusés sont poursuivis pour répondre des faits présumés de détournement de biens publics (Dbp), coaction et complicité de Dbp. La suite de l’affaire est prévue les 04 et 07 avril prochains.

René Ombalaz

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