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Affaire Vodafone : 9,5 milliards de f.CFA de dettes laissées par Afrimax

Elargissement de l’assiette fiscale, extension du champ des droits d’accises, sécurisation des recettes…sont entre autres sujets ayant captivés l’attention des participants au séminaire d’imprégnation organisé le 13 janvier 2017 à Douala, par le Cabinet Ngaleumo.

Me Paul Jing, le liquidateur désigné du patrimoine d’Afrimax B.V vient de vendre des actifs Vodafone Cameroun d’un montant de 10.000.000 de f.CFA. Sa qualité de liquidateur est pourtant contestée par ceux qui craignent que l’avocat ne défende que les intérêts des dirigeants d’Afrimax. Le data center, d’une valeur de 12 milliards de f. CFA vient d’être scellé.

La décision était tombée comme un coup de tonnerre. L’entreprise Vodafone décidait le 10 novembre 2017 de mettre la clé sous le paillasson. Cette société a cessé toute activité au Cameroun, 14 mois seulement après leur démarrage. Le communiqué donne les raisons de la volte-face: « après le retrait de sa licence par le ministère des postes et télécommunications et l’autorité de régulation des télécommunications et la longue suspension de ses services, l’entreprise Afrimax Cameroon a conclu à contrecœur qu’il n’était plus commercialement viable de reprendre ses activités au Cameroun. En conséquence, Afrimax Cameroon a cessé ses opérations avec effet immédiat».

A l’origine, il est nécessaire de rappeler que c’est Northwave Sarl qui était détenteur de la licence d’exploitation. Dame Halimatou Hassana représentait les intérêts de l’entreprise en qualité d’associée-gérante. Les actions Northwave Sarl seront plus tard rachetées par Afrimax B.V, devenant ainsi l’actionnaire unique. Afrimax B.V décide par la suite d’exploiter le nom de marque Vodafone au Cameroun, pour la vente et la distribution des solutions et produits Internet.

De sources crédibles, le non-respect des dispositions d’un accord complémentaire passé entre les dirigeants de Northwave Sarl et ceux d’Afrimax B.V sera à l’origine de la dégradation des rapports entre les deux parties. La même source renseigne sur des mouvements de fonds suspects entre les dirigeants d’Afrimax et des partenaires internationaux.

Une plainte sera ainsi déposée par le Centre du Commerce Extérieur et des Relations Extérieures (Ccere), représentant légal de Dame Halimatou Hassana, associée-gérante de Northwave Sarl, contre Lars Stork, Antoine Pamboro et Wilfried Sama, des dirigeants d’Afrimax B.V. La plainte du Ccere portait sur des présumés faits de «blanchiment d’argent, financement du terrorisme, fraude sur la législation des changes, abus de confiance, escroquerie aggravée, faux en écritures privées et de commerce.

Alors que les tribunaux sont en ébullition, Le 14 novembre 2017, Me Paul Jing du Cabinet Jing & partners, est désigné liquidateur des actifs de Vodafone par les représentants d’Afrimax B.V. Ce qui suscite la colère du Ccere, soutenu par un groupe d’ex-employés de Vodafone Cameroun. «Il appartient à la justice de prononcer la liquidation d’une entreprise. L’avocat d’Afrimax ne peut être également liquidateur de ses actifs», pense Ibrahim Zakari, le Directeur général du Ccere. Me Paul Jing confirme pourtant bel et bien sa qualité de liquidateur, car, dit l’avocat, «Afrimax étant actionnaire unique, la loi lui autorise de désigner son liquidateur selon la procédure de liquidation à l’amiable».

Les ex-employés Vodafone et le Ccere s’inquiètent d’une possible liquidation profitable uniquement aux dirigeants d’Afrimax, au détriment des autres créanciers, Etat du Cameroun, ex-employés, divers prestataires etc…. A ce sujet, le liquidateur se veut encore rassurant: «la priorité pour nous c’est de payer nos ex-employés que nous considérons comme nos enfants. Nos émoluments passent même après leur règlement», justifie Me Paul Jing. L’avocat avoue avoir déjà liquidé des actifs Vodafone d’une valeur de 10.000.000 de f.CFA. Cette première cagnotte a permis de payer les droits de 14 ex-employés, rassure-t-il. Au total, ce sont 81 ex-employés Vodafone qui sont concernés par la procédure de liquidation (79 nationaux et 2 expatriés), tous signataires novembre 2017, d’un procès-verbal de conciliation totale liant l’entreprise en liquidation.

L’ardoise débitrice totale laissée par Vodafone Cameroun s’élève à 9,5 milliards de f.CFA, dont 1,5 concernent les droits des ex-employés. «Le patrimoine de Vodafone peut largement couvrir ses dettes», selon Me Paul Jing. Sauf que, l’un des fleurons de cet actif, le data-center, d’une valeur de 12 milliards de f.CFA a été placé sous-scellés le 12 janvier 2018, par le Commissaire divisionnaire de police Oko Petis de la Direction des enquêtes économiques et financières, au moment où pendent plusieurs procédures judiciaires dans ce qui est désormais convenu d’appeler l’affaire Vodafone. «Une tentative de détournement du data center orchestrée par des personnes tapis dans l’ombre», s’insurge l’avocat, qui confirme au même moment, «être en pourparlers avancés avec des repreneurs du secteur des télécommunications camerounais», un repreneur britannique ayant jeté l’éponge au dernier moment. Me Paul Jing prévoit dès lors deux éventualités. Soit le repreneur achète les actifs, soit celui-ci rachète le patrimoine restant, en préservant les emplois les ex-employés. Un nouveau départ donc.

Vodafone Cameroun c’était un investissement de près de 14 milliards de f.CFA, 1,8 milliards de f.CFA de droits de douanes versés, 2,1 milliards de f.CFA d’impôts contribués, 116 emplois directs et 1000 emplois indirects. Pour le Ccere, l’investissement d’Afrimax B.V au Cameroun relevait tout simplement de la « supercherie «.

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