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Africa Food veut produire 350 tonnes de blé dur par jour

Le projet de l’entreprise détentrice de la marque «Broli» vise, entre autres, à minimiser le coût de production des spaghettis au Cameroun.

C’est en 2010 que Célestin Tawamba envisageait implanter au Cameroun, la toute première unité de fabrication de la semoule de blé dur au Cameroun. Projet finalement renvoyé aux calendes grecques par l’actuel président du Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam) et président du conseil d’administration de «La Pasta»: «un investissement de 2 milliards de FCFA, créateur potentiel de 100 nouveaux emplois…». 20 ans après ce fiasco, l’idée renaît de ses cendres. Cette fois, sur initiative  de l’entreprise Africa Food Manufacture (Afm), spécialisée dans la production des pâtes alimentaires. Une convention y relative a été signée avec l’Agence de Promotion des investissements (Api). La convention Afm/Api porte principalement sur la construction d’une semoulerie de blé dur. La toute première au Cameroun.

D’après les responsables d’Africa Food Manufacture, la nouvelle usine permettra d’améliorer la qualité des pâtes alimentaires, toute gamme. De bonnes sources, les importations de ce produit représentent en termes de volume 60 % de parts de marché. «La plupart de ces pâtes ne sont pas faites à 100% de blé dur, comme l’exigent les normes. Les pâtes importées sont un mélange de blé tendre et de blé dur. Mais il se trouve que lors de leur fabrication, ces pâtes subissent un chauffage important, un degré de température occasionnant la consumation  de l’amidon dans les pâtes», explique un promoteur du secteur. La disponibilité locale de semoule de blé dur aura, pense un responsable de l’entreprise, un impact sur la qualité des pâtes alimentaires qui seront produites désormais à base de semoule 100% blé dur. 

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Afm envisage par ailleurs appliquer à terme un meilleur rapport qualité-prix sur cette denrée alimentaire très prisée au Cameroun. Des spécialistes en négoce international propose une tonne de semoule de blé dur à 500 dollars la tonne, soit plus de 275.000 FCFA. Ce qui provoque inévitablement un surenchérissement du produit sur le marché. A terme, Afm vise une baisse substantielle de son coût de production, du prix de leurs gammes de pâtes alimentaires, ainsi qu’une compétitivité soutenue de leurs produits face aux importations. D’où ce rapprochement avec l’Api, avec pour objectif de bénéficier des exonérations fiscalo-douanières étalées sur 5 à 10 ans, conformément aux dispositions du Décret n°2005/310 du 1 septembre 2005.

Le projet Afm nécessite un financement global de 13 milliards de FCFA. Les responsables de cette entreprise tablent par ailleurs sur une production journalière moyenne de 350 tonnes. Environ 700 emplois sont attendus dès le début des activités de la nouvelle usine. Afm S.A produit la marque «Broli» sur plusieurs gammes de pâtes alimentaires longues «standard», «premium» et «spaghetto» en grammage de 250g, 500g, et 5 kg. C’est en 2015, que le groupe lance ses activités au Cameroun. Africa Food Distribution (Afd), filiale du groupe commercialise également divers produits: spread,  laits, beurre, vins etc….

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Double concurrence dans le secteur

Le marché de la pâte alimentaire au Cameroun reste largement dominé par les importations. 80% de ces produits, aux marques diverses, proviennent de France, d’Italie, de Chine ou de Turquie etc….Pourtant, c’est avec assurance que les industriels camerounais du secteur brandissent la qualité supérieure de leurs produits comparativement aux productions concurrentes. 

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Dans une interview-vérité accordée il y’a quelques années à nos confrères de Mutations, Célestin Tawamba, alors président  des conseils d’administration de La Pasta S.A et Panzani S.A, attribuait sans ménagement la responsabilité de la baisse de productivité locale en pâtes alimentaires au gouvernement camerounais : «…on n’est pas loin de fermer l’ensemble de nos entreprises dans le secteur des pâtes alimentaires. Le secteur est en sous-activité. Il tourne de 30 à 40% de sa capacité de production. C’est essentiellement dû aux importations», s’est indigné l’actuel Président du Gicam. Les résultats d’une étude de marché récemment publiée par PREZY, logisticien hongrois de présentation, indique clairement que les importations camerounaises de pâtes alimentaires ont atteint le pic de 204%. En 2019, les importations massives de  pâtes alimentaires n’ont guère faibli: elles représentent en termes de volume 60 % de parts de marché, et 85% en termes de référence. 

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L’option d’importation surabondante de la pâte alimentaire choisit par le gouvernement camerounais a provoqué l’abandon en 2010 par Célestin Tawamba, de son projet de création d’une semoulerie de blé dur. Projet de 2 milliards de FCFA. Sauf qu’entre industriels, négociateurs et courtiers du secteur, l’union sacrée affichée contre la concurrence étrangère s’effrite rapidement pour le contrôle des 20% de parts de marché réservés aux nationaux. Le dernier coup d’éclat provient du départ retentissant le 8 janvier 2019, d’Africa Food Manufacture, producteur et distributeur des pâtes alimentaires, du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), dont le président en exercice est par ailleurs président du conseil d’administration de La Pasta, leader du secteur, et concurrent d’AFM. Motif, AFM estime n’avoir  pas bénéficié du soutien du groupement patronal au moment où la polémique enflait sur la fiabilité et la qualité  de l’une de ses marques (Broli). On retiendra néanmoins qu’au-delà des tensions, les acteurs locaux se partagent un marché étroit de 20%. Il s’agit principalement des entreprises La Pasta, Africa Food Manufacture, Chococam, Société camerounaise des pâtes alimentaires etc….Le secteur des pâtes alimentaires, c’est environ 45.000 et 60.000 tonnes par an. D’après l’analyste hongrois PREZI, 8% du budget d’un ménage camerounais est consacré aux pâtes alimentaires dont le prix varie entre 300 FCFA à 650 FCFA.

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