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Afrique centrale : pourquoi le Gabon est le pays le plus industrialisé

La Banque africaine de développement (BAD) et ses partenaires tels que l’Union africaine et l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi) ont rendu public le 24 novembre 2022, le rapport sur l’Indice 2022 de l’industrialisation de l’Afrique. Selon ce document qui retrace le niveau d’industrialisation des 52 pays de l’Afrique au cours des 10 dernières années, le Gabon arrive en tête du classement non seulement dans la zone Cemac, mais aussi sur l’ensemble de l’Afrique centrale.

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Douzième au classement général des pays les plus industrialisés du continent effectué par la BAD, le pays d’Ali Bongo Ondimba devance la Guinée équatoriale (15è), la République démocratique du Congo (16è), le Congo (23è), et surtout le Cameroun (24è). Ce dernier pays est pourtant présenté comme le mastodonte économique de la zone Cemac, communauté économique et monétaire constituée par le Cameroun, le Congo, le Gabon, le Tchad, la République centrafricaine et la Guinée équatoriale.

« Les pays les plus performants ne sont pas nécessairement ceux dont l’économie est la plus importante, mais ceux qui génèrent la plus forte valeur ajoutée manufacturière par habitant, avec une proportion importante de produits manufacturés destinés à l’exportation », précise la BAD. Cette précision de l’institution financière panafricaine justifie ainsi la position du Gabon dans ce classement par rapport au Cameroun ou encore la République démocratique du Congo, deux pays d’Afrique centrale aux économies pourtant plus robustes que celle présentée par la BAD comme étant la plus industrialisée de la sous-région.

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A l’analyse, selon les explications ci-dessus fournies par la BAD, le Cameroun et la RDC payent le prix de l’importance de leurs populations respectives (plus de 90 millions d’habitants pour la RDC et environ 25 millions d’habitants pour le Cameroun). En effet, l’obésité de cette population atténue la part de la valeur ajoutée manufacturière par habitant, en dépit des tissus industriels des deux pays beaucoup plus robustes et plus diversifiés que celui du Gabon, qui ne compte qu’un peu plus de 2 millions d’habitants. Les positions de la Guinée équatoriale (moins de 2 millions d’habitants) et du Congo (plus de 5 millions d’habitants) dans cet indice de la BAD obéissent à la même logique.

Covid-19 et crise entre Russie et Ukraine

Fort de cette logique justement, le Gabon et la Guinée équatoriale apparaissent même sur ce classement de la BAD dans le quintile (cinquième portion d’un ensemble) « moyen supérieur », juste derrière le « quintile supérieur » constitué des 10 pays présentés comme étant les plus industrialisés d’Afrique. Dans ce Top 10, l’on retrouve l’Afrique du Sud en tête du classement, suivie respectivement du Maroc, de l’Egypte, de la Tunisie, de Maurice, de l’Eswatini (ex-Swaziland), du Sénégal, du Nigeria, du Kenya et de la Namibie. Le Cameroun se retrouve dans le « quintile moyen » avec le Congo, tandis que le Tchad et la RCA sont classés dans le « quintile inférieur » et parmi les bons derniers au classement général.

Sur la base de cet indice décennal, Abdu Mukhtar, le directeur du développement de l’industrie et du commerce à la BAD soutient que l’Afrique a fait des progrès encourageants en matière d’industrialisation au cours de la période analysée (2010-2021), mais que la pandémie du Covid-19 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont freiné les efforts du continent dans ce domaine et ont mis en évidence des lacunes dans les systèmes de production. « Le continent a une occasion unique de remédier à cette dépendance en renforçant davantage son intégration et en conquérant ses propres marchés émergents. », soutient ce cadre de la BAD.

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Selon l’institution financière panafricaine, l’Indice de l’industrialisation de l’Afrique prend en compte 19 indicateurs répartis en trois « dimensions ». Concrètement, explique la BAD, la « dimension performance » mesure la capacité des économies africaines à produire et à exporter des biens industriels, ainsi que leur part dans le volume total des échanges commerciaux de l’Afrique ; tandis que la dimension « déterminants directs », elle, évalue certains facteurs clés du développement du secteur manufacturier, notamment les investissements du secteur privé et la main-d’œuvre du secteur manufacturier. La troisième dimension ou « déterminants indirects » prend en compte le climat des affaires, notamment la manière dont les actions gouvernementales facilitent le développement industriel à travers la politique macroéconomique, l’application de la loi, la sécurité et le développement des infrastructures.

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