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Agriculture: la Capef ressuscite le projet de construction d’une usine d’engrais au Cameroun

Bousculé par la pénurie à cause de la guerre en Ukraine, le Cameroun veut produire lui même ses propres engrais. Le pays entends ressusciter le projet de construction de cette usine, annoncé depuis 2010 mais qui n'a jamais pris forme.

Les représentants des sections agriculture, pêche, élevage et forêt qui composent la Capef se sont réunies le 1er septembre dernier à l’occasion de leur deuxième session statutaire de l’année après celle d’avril. L’objectif principal était de valider les recommandations formulées lors de la première réunion de l’année, mais également d’en consigner de nouvelles qui seront soumises à l’appréciation du président de cet organe, Martin Paul Mindjos Momeny. Comme consigne phare formulée lors de cette session de travail, on peut citer le vœu de voir sortir de terre une usine d’engrais chimiques, émis par les représentants des 4 sections de la CAPEF. « Les producteurs ne peuvent plus aller dans leurs champs parce que les prix des intrants ont grimpé. Nous avons donc jugé qu’il était important de porter nos recommandations à l’attention du président afin que l’on construise une usine d’engrais au Cameroun pour faire face à cette pénurie», a déclaré Rebecca Kamgue, président de la section agriculture de la Capef.

Bien qu’il ne s’agisse que d’une doléance que Martin Paul Mindjos Momeny se chargera de relayer vers les instances décisionnelles, elle est tout de même dictée par une conjoncture particulièrement difficile, qui menace la survie des petits comme des grands producteurs. A titre d’illustration, à Garoua, un sac de 50kg d’engrais est vendu désormais à 35 000 FCFA, contre 18 000 FCFA il y a 12 mois, soit une hausse de 94,4%. Dans le même temps, l’urée, un intrant dérivé du pétrole et utilisé comme fertilisant dans l’agriculture, est vendu à plus de 40 000 FCFA dans la capitale régionale du Nord, contre 17 000 FCFA il y a un an, soit une augmentation de plus de 100%.

Au vu de ce qui précède, la construction d’une usine d’engrais au niveau local se présente donc comme une sérieuse alternative à la pénurie. Sauf que, ce n’est pas la première fois qu’on y pense. Au début des années 2010, la nouvelle politique agricole dite de deuxième génération lancée par le Président de la République du Cameroun, prévoyait la construction de plusieurs usines de fabrication d’engrais à travers le pays afin d’approvisionner le marché local et sous régional. Dans un communiqué publié à l’époque par Philemon Yang, le Premier ministre, le gouvernement indiquait qu’il est disposé à travailler est «avec toute entreprise nationale ou étrangère possédant de bonnes connaissances en matière de conception, de construction et de gestion des unités de production d’engrais ou appartenant à un consortium d’entreprises ayant une expérience avérée dans la construction et l’exploitation de telles unités». En 2013, l’allemand Ferrostaal et la Société nationale d’hydrocarbures s’y sont essayés. Avec un investissement de 1?250 milliards FCFA, les deux structures envisageaient de produire 600?000 tonnes d’ammoniac et 700?000 tonnes d’urée par an. 9 ans après, le projet en est encore à ses balbutiements.

En attendant la concrétisation du plaidoyer des membres de la Capef, le Cameroun a récemment décroché un financement d’urgence d’un montant de 42 milliards de FCFA au titre de la facilité de 927,5 milliards de FCFA annoncée en mai 2022 par la Banque africaine de développement (BAD) et destinée à aider les pays africains à prévenir une crise alimentaire. Avec cet argent l’État compte subventionner à hauteur de 30% le prix des engrais.

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