Business et Entreprises

Agro-industrie : plus de 30 milliards Fcfa d’arriérés de salaires à la CDC

Les employés qui réclament 28 mois d’impayés et qui menacent d’entrer en grève ont demandé au Premier ministre de trouver une solution à leur situation depuis le 08 août, en vain. Vers la paralysie totale du géant industriel.

Après deux ans d’arrêt d’activités dû à la crise anglophone, crise marquée notamment par des attaques à répétition sur ses installations dans le Sud-Ouest, la Cameroon Development Corporation (CDC) avait repris ses activités en juin 2020. L’Association bananière du Cameroun (Assobacam) rapporte qu’entre janvier et mai 2022, l’entreprise qui avait renoué dans la foulée avec les exportations a commercialisé 8443 tonnes de banane. En valeur absolue, ce volume représente trois fois moins la quantité de banane douce exportée à la même période en 2018 (23 495 tonnes), c’est-à-dire, avant la suspension de ses activités du fait de l’insécurité. L’année dernière, le géant de l’agro-industrie avait engagé la réhabilitation de 520 hectares de bananeraie qui sont en principe arrivés à maturité au moment où l’on entame le troisième trimestre 2022, si l’on en croit la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) dans son test prévisionnel de conjoncture. Le surcroit de production attendu de ces investissements permet en principe d’espérer sinon une éclaircie, du moins une légère amélioration de la situation de l’entreprise. Sauf que le personnel, qui réclame 28 mois d’arriérés de salaire au top management a perdu patience et se dit au bord de la dépression.

Le 08 août dernier, les employés ont lancé un énième cri de détresse à l’endroit du Premier ministre, Joseph Dion Ngute. Convaincus d’avoir été abandonnés par le gouvernement, ils ont requis son intervention afin qu’une solution soit trouvée à la situation avant la rentrée scolaire qui a eu lieu ce lundi, 05 octobre. Faute de quoi, ils paralyseraient l’entreprise par une grève illimitée. Dans un extrait d’interview diffusé sur les antennes d’Equinoxe télévision, le Directeur général de la CDC, Ngoni Njie Franklin Ikome confirme l’information au sujet des 28 mois de salaires impayés et explique que la situation est indépendante de la volonté du top management de l’entreprise. D’après lui, seule une intervention de l’Etat peut aider à régler la situation. Ngoni Njie Franklin Ikome évalue à plus de 30 milliards la dette salariale actuelle de la CDC. Cette lourde ardoise aggrave l’endettement de l’entreprise, chiffré en 2020 à plus de 88 milliards Fcfa, selon un rapport du Comité technique de réhabilitation des entreprises publiques (CTR), publié courant janvier 2022.

Cash-flow

Sans doute, un nouveau mouvement d’humeur ne ferait que compliquer la situation de la CDC qui, avec l’amélioration projetée de ses exportations grâce aux 520 d’hectares de banane plantés en 2021, espérait améliorer son chiffre d’affaires cette année. L’entreprise qui ne dispose plus de cash-flow, c’est-à-dire, de capacité d’autofinancement depuis 5 ans, nécessite l’injection de moyens conséquents. « Les coûts de réhabilitation de nos plantations de palmier à huile s’élèvent à 7,7 milliards Fcfa. Ils s’élèvent à 7,8 milliards Fcfa pour les plantations d’hévéas et à 14,1 milliards Fcfa pour les bananeraies », expliquait le Dg Ngoni Njie Franklin Ikome dans les colonnes du journal français « Le Point », en janvier 2019. L’an dernier, plus précisément en juillet 2021, le ministère des Finances (Minfi) avait lancé un appel à manifestation d’intérêt en vue du recrutement d’un consultant pour la réalisation d’une étude diagnostique la CDC sur les aspects, technique, organisationnel, comptable, financier et commercial.

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