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Au Cameroun, 90% des projets à financement extérieurs accusent un retard

Sur 174 projets en cours d'exécution évalués lors des Conférences élargies de programmation budgétaire et de performance associées en août 2021, 137 accusent un retard par rapport au chronogramme. Certains projets ont été lancés depuis 15 ans tandis qu’aucune information n’est disponible pour cinq projets, afin d’en évaluer la performance.

414,5 milliards de FCFA C’est le financement que le Cameroun vient d’obtenir du groupe de la Banque mondiale, pour quatre projets. Les conventions y relatives ont été signées le 13 septembre 2021 entre le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et centrale, Ousmane Diagana et le ministre de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire, Alamine Ousmane Mey. Malgré la circonstance plutôt joyeuse, l’hôte du Cameroun n’a pas manqué d’attirer l’attention de son partenaire sur quelques zones d’ombre. “Même si des changements sont observables, il faut aller plus vite, que la réalisation des projets tienne sur le délai de départ, que le rythme soit plus rapide et ainsi, l’impact sur les populations sera mieux apprécié”, a souhaité Ousmane Diagana.

La préoccupation n’est pas nouvelle. En réalité, M. Diagana entonne une antienne bien connue par les parties prenantes dans la gestion du portefeuille de la Banque mondiale (15 projets actifs pour un montant de 997,5 milliards de FCFA) et, d’une manière générale, par tous les acteurs intervenants dans l’exécution des projets à financement extérieurs. Les Conférences élargies de programmation budgétaire et de performance associées (Cepb-PA) tenues du 23 au 31 août 2021 pour affiner la programmation des dépenses de l’Etat pour la période 2022-2024, ont une de plus mis en exergue la problématique du rythme d’exécution des projets à financements extérieurs. Le rapport de synthèse est sans équivoque.

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Au terme des Cepb-PA 2021, il apparaît que 174 projets à financement extérieurs sont en cours au Cameroun pour un coût total de 8174,67 milliards de FCFA. De l’évaluation faite sur la base du ratio “exécution physique par rapport à la consommation des délais”, il ressort qu’il n’y a que 12 projets dont le ratio d’exécution est jugé “performant” soit 6,89% du portefeuille. Le niveau de réalisation de 29 projets est jugé “peu performant » (16,66%). “Il s’agit de projets qui ont un léger retard dans l’exécution au regard du chronogramme et qui peut être justifié par les retards au démarrage généralement observés dans l’essentiel de nos projets”, explique-t-on au Minepat. 42 projets (24,71%) affichent un ratio d’exécution “préoccupant” alors que le sort de 65 projets (37,36%) est qualifié de “très préoccupant”. “Il s’agit de projets qui accusent un retard important et pour lesquels les délais d’exécution peuvent nécessiter trois fois plus”, précise-t-on au Minepat.

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Très préoccupant

Cette analyse a été faite sur la base des performances déclarées (taux d’exécution physique) des coordonnateurs de projet. “Elles peuvent donc être surestimées », reconnaît-on. Par ailleurs, 25 projets sont  “non classés”, soit parce qu’ils sont en cours de préparation (en attente des conventions de financement) soit il n’y a pas d’informations pour calculer leur ratio d’exécution. 

Si l’on ne tient compte que des 149 projets suffisamment renseignés, on se retrouve avec 137 projets qui accusent un retard dans l’exécution soit 91,95%. Même si on considère l’ensemble du portefeuille (y compris les projets en cours de préparation (22), la situation ne n’améliore que légèrement puisque les projets qui présentent un retard ne représentent plus que 78,73% du total. En outre, parmi les projets en cours d’exécution, 34 bénéficient des conventions de financement signées entre 2006 et 2014. La période de mise en œuvre de ces projets varie alors de 8 à 15 ans soit plus de deux fois la durée moyenne d’exécution des projets qui est de 3 à 5 ans.

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Quand on sait que les prêts (5415,5 milliards) constituent 77,7% des ressources mobilisées pour le financement de ces projets, on imagine un peu ce que le pays paye (en pure perte) comme intérêts pour des projets qui ne sont pas exécutés à temps et les populations qui ne peuvent bénéficier des effets socioéconomiques induits.

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