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Avec 4000 salariés, Camtel est considéré comme une entreprise « obèse et budgétivore » pour l’État (CTR)

Camtel a terminé l’année 2022 avec des indicateurs de base au vert ce qui n’en fait pas moins une entreprise à risque pour l’État du Cameroun selon le rapport de la CTR.

Selon le rapport annuel de la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR), la Cameroon Telecommunications (Camtel) a clôturé l’exercice 2022 avec des indicateurs de base au vert. Son chiffre d’affaires a progressé de 17,8% en rythme annuel soutenu par une densification de son parc d’abonnés (+189%) grâce notamment au lancement de Blue son service mobile. Le bénéfice de l’entreprise s’est également bonifié de 26,4% à 9,1 milliards de FCFA  contre 7,2 milliards un an en arrière, ce qui en fait la 2e entité publique en termes de bénéfice au cours de l’exercice, derrière la CNPS (72,2 milliards FCFA).

Le résultat d’exploitation, qui est la différence entre les produits et les charges d’exploitation, a bondi de 49,3% à 26,6 milliards FCFA. Cette embellie ne participe cependant, pas d’une amélioration réelle de l’exploitation mais plutôt d’une réduction opérée dans la rubrique « dotations aux amortissements, provisions et dépréciations » de 13,68% et d’une augmentation du montant des « reprises d’amortissement, provisions et dépréciations » 21,56 milliards de FCFA, soit 66,25% », explique la CTR.

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Malgré cette performance encourageante, la lecture que la CTR fait du bilan de la société laisse croire à une sous performance de son modèle économique. Cette lecture pessimiste repose sur plusieurs facteurs. D’abord la gouvernance qui, selon le rapport est caractérisée par « une organisation obèse et budgétivore ». La CTR déplore la prédominance d’un style administratif, bureaucratique et centralisé qui a été « contreproductif» pour la société. Par exemple, à fin 2022, Camtel comptait 3 996 employés  dont 170 collaborateurs directs pour le Directeur Général. Résultat des courses, les charges du personnel (34,7 milliards FCFA) sur l’exercice ont absorbé plus de 33% de la valeur ajoutée.

Par ailleurs, les autres charges de l’entreprise ont augmenté de 37% contre une hausse moins importante des produits (+10%) ; faisant reculer de 28% l’excédent brut d’exploitation (la capacité d’une entreprise à générer des ressources de trésorerie du seul fait de son exploitation) à 70 milliards FCFA. Ce qui signifie qu’en ayant une meilleure maîtrise de ses charges, la société pourrait optimiser son rendement.

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Entreprise à risque élevé

Bien plus, et malgré son résultat positif, Camtel continue d’être considérée comme une entreprise à risque élevée pour l’État en raison d’une dette colossale que l’entreprise traîne. Le stock global des dettes (fiscales, sociales, financières…) est de 648 milliards FCFA au 31 décembre 2022, soit 3,5 fois le chiffres d’affaires et 4 fois les capitaux propres à la période sous revue. L’opérateur affiche également des créances de 390 milliards FCFA, principalement dues par l’Etat et ses entités et dont le remboursement intégral reste incertain, selon les explications de la CTR. « S’agissant de la consommation des administrations publiques, l’étude diagnostic a révélé l’existence d’un nombre élevé de créances incertaines sur l’Etat, lesquelles sont issues des facturations contestables telle que la facturation des lignes téléphoniques hors service dans certaines Administrations, mettant ainsi en doute les soldes issus des opérations de compensation des dettes croisées Etat/CAMTEL ».

Des pistes d’assainissement

Pour assainir le bilan de l’opérateur et optimiser son rendement, la CTR propose la création de trois (03) filiales ( Fixe, Mobile et Transport) chapeautées par une Société mère. Après cette scission des activités, il est suggéré une augmentation du capital social  du mobile et du fixe aux investisseurs institutionnels nationaux, à l’instar de la CDEC, de la SNI, de la CNPS, de la CSPH etc… qui disposent d’une importante trésorerie. Cela permettrait d’accélérer le déploiement de l’opérateur sur ces segments de marché et ainsi accroître sa rentabilité. 

Au niveau financier, et en vue d’assainir le bilan de la société, la CTR suggère à l’Etat de reprendre une partie de la dette de Camtel notamment celle due à EXIMBANK-China d’un montant de FCFA 138,4 milliards FCFA. Objectif : « orienter l’espace de trésorerie dégagé vers des investissements prioritaires dans les filiales ; la société-mère devant procéder, au terme de la restructuration, au remboursement à l’Etat du montant total de la dette ainsi reprise ». Toujours dans l’optique d’alléger la dette de l’opérateur historique, l’Etat pourrait négocier avec les banques commerciales la transformation des découverts bancaires de CAMTEL d’un montant global de 14,893 milliards FCFA, en crédit moyen ou long terme.

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