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Bafang: pourquoi l’usine de poulets de Christophe Eken a fait banqueroute

Selon le ministre des Finances, les produits issus de cette unité financée à hauteur de 5 milliards Fcfa manquaient de compétitivité du fait des coûts élevés des facteurs de production.

Lancée en grande pompe le 14 octobre 2011 par Louis Paul Motaze, alors ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), l’usine multinationale d’abattage automatique et de conditionnement de poulets construite par la Société des produits avicoles du Cameroun (SPAC) à Bafang (Haut-Nkam), dans la région de l’Ouest, de Bafang, avait mis la clé sous le paillasson quelques mois seulement après. La banqueroute de cette unité industrielle d’une capacité nominale de traitement de plus de 3000 poulets en une heure et dont le coût de l’investissement s’élevait à un peu plus de 5 milliards Fcfa était apparue en parfaite contradiction avec le discours officiel qui assurait qu’elle allait structurer une chaîne de valeur poulet dans la région avec, en amont, de nombreux fermiers professionnels et producteurs de provende dont les revenus étaient destinés à s’améliorer.

Interpellé devant l’Assemblée nationale par deux députés de l’opposition, le 17 novembre dernier, Louis Paul Motaze qui occupe actuellement le poste de ministre des Finances (Minfi) a dit ne pas regretter le soutien apporté par lui-même et le gouvernement à ce projet, bien qu’il ait subi un échec. « A l’inauguration de ce projet, j’ai été avec l’ambassadeur du Japon, qui a apprécié ce qui a été fait. Un très bon projet sur le plan technique. C’est sur le plan commercial qu’il n’a pas marché, et c’est tout à fait autre chose. Un peu comme ce que nous avons avec le riz. On a beau en planter, on finit toujours par vous dire que le riz thaïlandais coûte moins cher ! Et vous verrez que les ménages préfèrent plutôt celui-là. C’est exactement ce qui s’est passé avec le projet de poulets ». Le promoteur de la SPAC n’est autre que le président de la Chambre de commerce, d’industrie et des mines du Cameroun, Christophe Eken.

En effet, contrairement aux informations rapportées à la représentation nationale, selon lesquelles l’usine de Bafang avait été financée par le gouvernement à travers le fameux chapitre 94, le Minfi a précisé que la SPAC plutôt bénéficié d’un don hors-projet que négocié par le gouvernement avec le Japon. « Nous avons contacté le Japon. Il a dit, nous voulons vous aider à faire un certain nombre de choses, mais nous n’avons pas beaucoup d’argent. Choisissez un produit que vous allez vendre et ça vous fait des revenus pour financer ce que vous voulez. Nous avons choisi les tôles. Ce qui fait que le projet de poulets de Bafang a été financé par un don hors projet du Japon », explique Louis Paul Motaze. Qui soutient, du reste, que l’économie libérale admet qu’un projet marche ou qu’il ne marche pas. Toujours est-il que les promoteurs doivent prendre des risques.

Sous le feu des critiques depuis plusieurs mois pour sa gestion des chapitres communs (94 et 64), le Minfi assure que les interventions de ces lignes se font dans la plus grande transparence. A l’en croire, le seul critère pour les privés d’en bénéficier est d’avoir des projets économiquement pertinents. Pour ce qui est de l’Etat, « ces chapitres gèrent les dépenses qui ne peuvent pas être affectées à des administrations ».

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