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Barrage de Nachtigal : la sécurité sur le chantier remise en cause après le décès d’un ouvrier

Un homme de 38 ans a été retrouvé mort sur le site de construction du barrage de Nachtigal dans la nuit du 25 au 26 août. S’il s’agit du premier mort à déplorer sur ce gigantesque projet, la sécurité des personnes déployées sur ce chantier suscite des interrogations.

Qu’est ce qui a conduit au décès du nommé Alexandre Noah Noah dans la du 25 au 26 août à Nachtigal ? C’est à cette question que les autorités judiciaires et celles de la gendarmerie de Nanga dans la Haute-Sanaga tentent de répondre depuis l’annonce du décès de l’infortuné.

C’est par un communiqué diffusé en interne que le chef du projet de construction du barrage de Nachtigal, le français Christophe Denat, avait annoncé le décès de cet employé de la compagnie CCN en charge des ouvrages de génie civile, au lendemain des évènements qui se seraient produit entre 2h00 et 3h00 du matin. Selon ce dernier, l’incident s’est produit au niveau de la centrale de concassage.

« Les circonstances exactes ne sont pas encore établies, mais vraisemblablement il s’agirait d’une chargeuse qui serait montée involontairement sur un employé CCN, le nommé Alexandre NOAH NOAH, a expliqué le chef de projet dans sa communication. Le conducteur de l’engin ne s’est pas rendu compte de l’accident. C’est quelque temps après que ses collègues, ne le voyant pas, sont allés à sa recherche et ont retrouvé le corps inanimé ».

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Selon des sources sur place, le médecin urgentiste, l’ambulance et les pompiers qui sont immédiatement arrivés sur le site n’ont pu que constater le décès de la victime. Le corps a été placé à la morgue de l’hôpital d’Obala où une autopsie devrait être exécutée. Ses résultats devraient donner un coup d’accélérateur à l’enquête en cours supervisée par le procureur du tribunal de première instance de Nanga-Eboko, afin de déterminer les circonstances exactes de l’accident.

En attendant, la question de la sécurité sur ce site de construction qui ne reçoit pas moins de 7000 âmes par jour reste en débat. Car si après les mouvements d’humeur récemment observé dans ce chantier, des mesures de sécurisation de l’Infrastructure ont été adopté notamment avec le renforcement des équipes de la gendarmerie et de l’armée, ainsi qu’avec le déploiement de près de 150 vigiles, la surement demeure le tendon d’achille de l’entreprise de construction.

Selon des informations internes auxquelles EcoMatin a pu avoir accès, la sécurité du chantier de construction de Nachtigal n’a jamais été auditée depuis son lancement en 2018, contrairement aux normes internationales qui exigent un minimum d’un audit externe par an. Pour contourner cette réglementation, l’entreprise s’est adjoint les services d’un auditeur interne dont la capacité de contrôle ne peut qu’être diluée en raison de son statut d’employé de CCN.

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Les mêmes sources dénotent d’un ensemble de griefs susceptible d’impacter négativement sur la sécurité des employés sur le site notamment le nombre très insuffisant de vestiaires, l’absence de procédures JSA (Job safety analysis), ou les faibles rotations des équipes de nuit. « Il est inadmissible qu’il y ait des gens qui mettent près de 6 mois à travailler uniquement de nuit. Ça affecte leur lucidité et peut être cause d’accidents », indique un employé de la compagnie sous anonymat.

Depuis l’annonce de ce décès, les responsables du chantier de construction du barrage de Nachtigal ont adopté de nouvelles mesures de sécurité afin d’éviter la survenance de ce type d’incident. Une réunion s’est notamment tenue avec les agents du département santé, sécurité, environnement et qualité afin de mettre en application lesdites mesures. Il s’agit notamment d’un contrôle plus minutieux du déploiement des personnels sur le site, du port des équipements de premières nécessités ou encore de l’usage des engins ou encore de l’implémentation des procédures JSA.

Toutes choses qui, espèrent les responsables de la construction de cet ouvrage, permettront de poursuivre sereinement les travaux dans un environnement plus sûr.

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