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Barrage hydroélectrique de Song-Loulou: où est passé le plan d’urgence de réhabilitation ?

Sur la base d’un diagnostic dressé par le cabinet français Isl Ingénierie sur son niveau d’amortissement, Electricity Development Corporation (Edc) a proposé depuis plus d’un des travaux de génie civil et de sécurité sur cette infrastructure construite en 1976.

Construit à partir de 1976 et inauguré en 1981 avec une capacité installée de 384 Mw – qui s’étend à 450 Mw aujourd’hui -, le barrage hydroélectrique de Song-Loulou dans le Littoral, continue de jouer un rôle central dans le dispositif énergétique au Cameroun, grâce notamment à la bonne santé de ses turbines et de ses équipements électromécaniques. Toutefois, selon des experts, l’infrastructure présente depuis quelques années un niveau de fragilité qui nécessite d’importants travaux sur le plan du génie civil et du renforcement de la sécurité du barrage. « Ce problème est d’autant plus important qu’on ne peut pas attendre. Il y a un minimum de paramètres qu’il faut modifier. Depuis bientôt huit ans, les rapports des différents consultants sont extrêmement alarmistes  », prévenait l’an dernier,  dans les colonnes de Mutations, le directeur général de Electricity Development Corporation (Edc), l’entreprise de patrimoine chargée de construire et gérer les barrages au Cameroun. Selon Théodore Nsangou, « on est arrivé à un niveau où on devrait mettre en place ce qu’on appelle un plan d’urgence de réhabilitation du barrage […] Après cela, on va passer à la grosse réhabilitation qui va nécessiter l’arrêt d’un groupe sur huit par an, afin de monter en puissance. Et cela va nécessiter de procéder à l’extension de Song-Loulou ». Au terme de cette opération, Edc avait dit s’attendre à 150 Mw supplémentaires de puissance garantie qui devaient s’ajouter aux 450 Mw actuels.


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Le montage financier de ces travaux est depuis bouclé, souffle une source proche du dossier, même si elle se refuse à donner les informations relatives  au coût desdits travaux d’urgence à réaliser. Depuis plus d’un an, le gouvernement n’a pas donné de suite à ce dossier, pour ce qui est de la mise à disposition des financements. Mais, dans le cadre de l’avenant n°2 au contrat de concession du service public de l’électricité, signé en août 2015 avec l’Etat du Cameroun,  Eneo Cameroon S.A s’était engagée à réhabiliter ce barrage à hauteur de 11 milliards Fcfa. Les travaux qui devaient s’étaler sur trois ans seraient en cours sur le terrain, mais, il s’agirait davantage de colmatage des fissures « pour régler un problème d’esthétique », que de réhabilitation. L’ex-ministre de l’Eau et de l’Energie, Basile Atangana Kouna aujourd’hui détenu à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui, au cours d’une visite de terrain en 2016, avait juré que «  le barrage était stable et que ces fissures n’entament en rien la stabilité de l’ouvrage ». Or, un diagnostic dressé en 2009 par le cabinet français Isl Ingénierie faisait état de ce qu’une rupture ou un grave dysfonctionnement des ouvrages en béton ou des équipements de la prise d’eau et de l’évacuateur du barrage hydroélectrique de Song-Loulou « n’étaient pas à exclure si aucun confortement n’était entrepris ».

Devant ces avis qui s’affrontent au sujet de l’état de santé du barrage hydroélectrique de Song-Loulou, il serait bon que le gouvernement commande un nouvel audit technique de l’infrastructure.

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