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Barrage hydroélectrique : Mekin sort le Dja-et-Lobo du noir

En attendant l’interconnexion de son énergie sur le Réseau Interconnecté Sud (RIS), les essais concluants de fonctionnement en mode iloté, avec deux sur trois groupes, permettent désormais aux villes de Meyomessala et de Sangmélima de bénéficier des 10 premiers MW de cet aménagement hydroélectrique, et les coupures d’approvisionnement en énergie électrique se raréfient de plus en plus.

Après le barrage hydroélectrique de Memve’ele, les premiers kilowatts de celui de Mekin sont disponibles depuis la semaine dernière. C’est sans nul doute le résultat du dynamisme et de l’abnégation de l’actuel ministre de l’Eau et l’Energie, Gaston Eloundou Essomba pour qui, la mise en fonctionnement de ces infrastructures était devenue un véritable défi. Surtout pour le barrage de Mekin qui, bien qu’il soit le plus petit barrage en termes de puissance installée de la génération des aménagements hydroélectriques des « Grandes réalisations » du président Biya, est le barrage qui a donné le plus de soucis au gouvernement. En effet, c’est depuis 2015 que Hydro-Mekin, en charge de l’exploitation du barrage hyponyme, annonce la mise en marche de cet ouvrage hydroélectrique en vain. En février 2018, après un autre rendez-vous manqué, une tentative de marche probatoire en îlotage de la centrale de Mekin s’est déroulée du 17 au 25 avril 2018 sans succès. Les villes de Meyomessala et de Sangmélima, dans le sud du pays, ont été alimentées. Mais des anomalies ont été constatées sur les groupes de la centrale. Cette fois-ci, c’est une autre mise sous tension, toujours en mode iloté, et avec seulement deux groupes sur trois, qui est en cours depuis quelques jours.


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Et, cette fois devrait être la bonne, si l’on en croit les assurances du ministre de l’Eau et de l’Energie, Gaston Eloundou Essomba qui est allé, vendredi dernier, sur le site constater l’effectivité de cette mise sous tension. Le Minee a rassuré que « les techniciens qui sont sur le terrain me font savoir qu’au cours des 24 premières heures, les essais sont concluants. Tous les moteurs fonctionnent bien, les températures sont bonnes, l’énergie est stable auprès des ménages. Cet ouvrage est équipé d’un transformateur qui permet de fournir l’énergie aux populations riveraines, dans les prochains jours, Eneo, Hydro-Mekin et le ministère de l’Eau et de l’Energie vont s’atteler à construire une ligne de distribution et pouvoir connecter les ménages ». Néanmoins, le barrage hydroélectrique de Mekin, d’une puissance installée de 15 MW et d’un coût initial de 25 milliards de FCFA, ne fonctionne toujours pas de manière optimale. Comme l’a indiqué le Minee, depuis le 23 mai au soir « les turbines 1 et 3 sont en production. La turbine No 2 a présenté certaines avaries au moment des premiers essais. Elle est donc en réhabilitation, et je pense qu’elle remise sur le site d’ici une trentaine de jours ».


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En effet, Le groupe n° 2 ayant connu des anomalies plus sérieuses au niveau de son arbre, en mai 2018, est actuellement en cours de révision. La marche probatoire des groupes 1 et 3 a eu lieu avec succès du 01 au 14 novembre 2018. Le Minee précise que « pour les besoins de tests, nous avons préféré fonctionner en mode iloté, on l’a circonscrit au Dja-et-Lobo, mais la puissance appelée de ces localités est à peine le tiers de ce que produit actuellement le barrage. Donc, les diligences sont en cours au niveau d’une équipe technique constituée d’Hydro-Mekin, de la Sonatrel, d’Eneo, afin de pouvoir intégrer l’énergie de Mekin dans le Réseau Interconnecté Sud, à travers une étude de synchronisation d’intégration ».
En ce qui concerne le Plan de gestion environnementale et sociale (PGES), l’on indique que tous les acteurs (Mintp, Minepded, Minfof, Mindcaf, Hydro-Mekin, entreprises cocontractantes, administrations et populations) sont en pleine collaboration pour la relocalisation des populations à déguerpir, la réhabilitation et la construction des ponts et la restructuration du réseau routier (33 km).

Le projet Mekin en raccourci
L’aménagement hydroélectrique de Mekin est situé sur le fleuve Dja, dans l’arrondissement de Meyomessala, département du Dja et Lobo, région du Sud. Il comprend une centrale hydroélectrique d’une puissance installée de 15 MW, associée à une ligne d’évacuation d’énergie de 110 kilovolts sur 33,1 km le long de Mekin jusqu’au lieu-dit Ndjom-Yekombo, station d’interconnexion au Réseau Interconnecté Sud (RIS), et d’un poste de transformation de 110/30 kilovolts à Ndjom-Yekombo. A cela, il faut également ajouter une voie d’accès de 12,6 km. Ce projet a été réalisé sous forme d’un contrat de construction clé en main (EPC), par l’entreprise chinoise China National Electric Engineering Corporation (CNEEC). L’énergie du barrage doit essentiellement alimenter des arrondissements de la région du Sud et quelques-uns de la région du Centre.PGES : une épine sous le pied des administrations concernéesCertes, elles sont à pied d’œuvre, mais le site de relocalisation devant accueillir les déguerpis n’est pas encore prêt et la menace des inondations des populations riveraines n’est pas encore écartée.Le barrage de Mekin produit donc depuis la semaine dernière ses mégawatts. Du moins, de manière circonscrite pour les villes de Meyomessala et de Sangmélima, à partir des salles de commande de l’usine de Mekin et du poste de Ndjom Yekombo. Mekin étant raccordé aux lignes électriques du concessionnaire Eneo pour es villes concernées. L’interconnexion au Réseau Interconnecté Sud (RIS) devant intervenir après les résultats de l’étude d’intégration en cours, apprend-on. Mais, les problèmes socio-environnementaux qui se sont posés lors des premiers essais de la mise en fonctionnement restent entiers. C’est notamment le cas des inondations des populations riveraines de cet aménagement hydroélectrique. Le site de relocalisation devant accueillir les déguerpis n’est toujours pas prêt. En effet, s’agissant des travaux de recasement des personnes par le projet, l’on informe que la route reliant la digue secondaire au site de recasement est en arrêt. L’entreprise attendant la réfection intégrale du bac de Nlobesse qui est en cours depuis quelques temps sous la supervision du Mintp.

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A Hydro-Mekin, la structure en charge de la gestion du barrage de Mekin, l’on informe que, suite au courrier No 686/19 Minee/SG/DEL/SDPE/oenf du 12 février 2019 relatif à la mise en œuvre des recommandations sur les études d’impact environnementales et sociales, le directeur général d’Hydro-Mekin a saisi le président du conseil d’administration, le 12 février 2019 pour solliciter l’autorisation d’un gré à gré en vue de la délimitation par Lidar de la zone d’ennoiement et de déclaration d’utilité publique de l’aménagement hydroélectrique de Mekin. A la suite de l’accord du PCA, le 05 mars 2019, les prestataires ont été saisis le 02 mai 2019, afin de soumettre leurs offres techniques et financières. Il s’agit, apprend-on, Sepret Cameroun, Ngomez Engineering et de Geoservices Innovation. Aussi, plusieurs tronçons, informe-t-on, font l’objet d’entretien dans le cadre de la gestion des dégâts du barrage. Notamment, la construction et la réhabilitation des ponts sur les routes communales du tronçon de Nlobessse, vers le pont sur le fleuve Dja à Ngalla et Olembe vers Minla. Ces travaux, indique-t-on, font l’objet d’une procédure de passation des marchés de gré à gré au niveau de la région du Sud, suivant autorisation No 003360/L/Minmap/SG/DGMI/DMAI/CE5/CEA5 du 28 mai 2018. Le tronçon Nlobesse-pont sur le Dja à Ngalla, précise-t-on, est financé le Budget d’investissement public (BIP) du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (Minepat), tandis que Olembe-Minla’a ainsi que la maîtrise d’œuvre sont sur financement du BIP du ministère des Travaux publics.


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Pour ce qui est des travaux des ponts de Ngalla et Assock, les études d’exécution sont en cours de validation par le BET et le maître d’ouvrage (Mintp) pour la reprise des travaux en considérant un certain nombre d’éléments. Notamment, la prise en compte des marchés de base et avenants pour tenir compte de la modification de la zone d’exécution du projet suite à la fermeture des vannes. Mais également, l’élaboration et la signature des deux marchés complémentaires pour les ouvrages et au bénéfice des premiers adjudicataires pour tenir compte du coût des accès.

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