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Barrages hydroélectriques : comment le retard de Nachtigal et la baisse de production à Memve’ele aggravent les délestages

Les villes de Yaoundé et Douala en proie à un nouveau pic de coupures électriques. EDC accuse Eneo de n’avoir pas anticipé cette situation et suggère le démarrage des centrales thermiques de Dibamba, Yassa et Limbe.

Publiée lundi 29 janvier 2024 à 11:51:01Modifiée lundi 29 janvier 2024 à 11:56:01Temps de lecture 5 minPar Jean Omer Eyango

coupure d'électricité
coupure d'électricité

Les villes de Yaoundé et Douala connaissent un nouveau pic de coupures d’électricité depuis plus ou moins une semaine, dues non pas à un arrêt des centrales à gaz de Kribi et à fioul lourd de la Dibamba (304 MW de capacités cumulées) comme cela a été le cas en novembre et décembre derniers, mais à une baisse drastique de la production du barrage hydroélectrique de Memve’ele (Sud), causée elle-même par la baisse de l’hydrologie sur le fleuve Ntem sur lequel est construit l’ouvrage. Il s’agit en réalité de rationnements rotatifs de l’électricité effectués à des fins d’équilibrage du système par le distributeur Eneo sur tout le réseau interconnecté sud (Ris), qui alimente les régions du Centre, de l’Ouest, du Nord-Ouest, du Sud, du Littoral, du Sud-Ouest, mais aussi de l’Est depuis novembre 2022 avec le raccordement des villes d’Abong-Mbang et Doume au poste de transformation d’Ahala, via des lignes haute tension de 225 kilovolts. Ceux-ci visent à minimiser les effets du creusement du déficit énergétique liés à l’étiage, qui plus est dans un contexte de hausse de la demande due aux 100. 000 nouveaux branchement effectué sur le Ris en 2023. « La durée moyenne de la rotation pourrait se prolonger ou réduire, en fonction de l’augmentation ou de la baisse du déficit de production, en temps réel. Des dispositions particulières sont prises pour réduire, autant que possible, l’impact de cette situation sur les ménages. Il s’agit notamment de la contribution des centrales thermiques et de certains industriels aux heures de grande sollicitation », explique Eneo dans un communiqué daté du 22 janvier.

lire aussi : Délestage: comment le barrage de Memve’ele a failli

Electricity Development Corporation (EDC), l’entreprise de patrimoine en charge de l’exploitation de l’aménagement hydroélectrique de Memve’ele, de son côté, rejette les informations d’Eneo faisant état d’un effondrement de la production de son ouvrage. « Cette année on a eu une très bonne hydrologie qui nous permet jusqu’à l’heure actuelle d’injecter plus de 170 MW. Cette année, Memve’ele a même produit plus de 1000 Gwh, et aujourd’hui nous avons encore une bonne hydrologie sur le Ntem », affirme une source autorisée contactée chez EDC. D’après ces explications, l’étiage sur le fleuve Ntem n’a fait perdre à Memve’ele que 41 MW sur sa capacité installée de 211 MW en temps normal. EDC accuse par ailleurs Eneo de n’avoir rien fait en amont pour éviter la situation en cours, qui se produit pourtant de manière cyclique chaque année, et qui aurait pu être catastrophique si la pluviométrie n’avait pas été plus clémente lors de la dernière grande saison des pluies qui s’est prolongée jusqu’à début décembre dernier, notamment dans la région du Sud. « A cette période, Eneo sachant les difficultés de Memve’ele, prend des dispositions pour faire fonctionner les centrales thermiques pour pallier à cela. Donc, il y a une planification sur le dispatching qui est connue. Eneo devait donc s’approvisionner en gasoil pour démarrer les centrales thermiques afin de compenser cette baisse de l’hydrologie qui est cyclique », souligne notre source.

Rapports distendus entre Eneo et l’Etat

L’alternative aux capacités perdues à Memve’ele pourrait notamment venir des centrales thermiques de la Dibamba, de Yassa (Douala) et de Limbe, dans le Sud-Ouest. Nos tentatives pour avoir des explications auprès d’Eneo sur les raisons de leur maintien hors service ont été vaines. Des sources dignes de foi font état de rapports distendus entre cette entreprise et l’Etat, qui, jusque dans un passé récent débloquait jusqu’à 1 milliard Fcfa chaque semaine pour l’achat du gasoil destiné à faire fonctionner le réseau des centrales thermiques. A noter que pour faire redémarrer les centrales à gaz de Kribi et à fioul lourd de la Dibamba, le 20 décembre dernier, ce même État s’était engagé à payer 30 milliards Fcfa représentant une partie de la dette due par Eneo au producteur indépendant Globeleq.

Actionner le levier des centrales thermiques permettrait également de pallier au retard du barrage hydroélectrique de Nachtigal, dont les travaux sont réalisés à 92% selon le dernier pointage du ministre de l’Eau et de l’Energie. « Ce barrage accuse un grand retard dans sa mise en service, qui était prévue au plus tard le 31 décembre 2023. Il devait injecter 60 MW dans le Ris, pour compenser la baisse due à la faible hydrologie du Ntem. Nachtigal étant sur le fleuve Sanaga, bénéfice en effet de l’approvisionnement en eau de Lom-Pangar, contrairement à Memve’ele qui n’a pas de barrage de retenue d’eau. Aujourd’hui, personne ne dit que les délestages sont aussi dus au retard de Nachtigal », souligne-t-on à EDC. A moins d’une mise en service effective du premier groupe de l’aménagement hydroélectrique de Nachtigal, d’une capacité de 60 MW, d’ici là, le rationnement de l’électricité sur l’ensemble du Ris devrait persister, voire s’accentuer jusqu’à fin mars prochain, période qui marque le retour des pluies.

lire aussi : Après une relative stabilité, Eneo annonce des délestages jusqu’au mois de mars

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