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Beac : cacophonie autour du recrutement de 45 agents d’encadrement supérieur

S’appuyant sur des « situations » qui auraient altéré la crédibilité du recrutement de ces agents, le PCA de la Beac ordonne la suspension du processus en cours. Une instruction, considérée par le gouverneur comme une immiscion dans les affaires internes de la Banque centrale, qu’il n’est pas prêt d’exécuter.

Hervé Ndoba ne s’est pas encombré d’usages diplomatiques pour s’immiscer dans le processus de recrutement des agents d’encadrements supérieurs récemment initié par la Banque des Etats de l’Afrique Centrale(Beac). Dans une correspondance adressée le 1er août 2022 au gouverneur de la Beac, le président des deux structures constituants les organes décisionnels de l’institut d’émission (Conseil d’administration de la Beac et Comité ministériel de l’Umac), ordonne la suspension « immédiate » du processus de recrutement en cours. La raison ? Le concours organisé à cet effet aurait, selon le ministre centrafricain des finances, été « émaillé d’incidents significatifs de nature à en altérer la crédibilité ». Pour lui, les premiers résultats (liste des candidats admissibles, à la suite des épreuves écrites du 28 mai 2022) donnent à constater des « situations et exemples » qui « portent indubitablement et gravement préjudice à l’image de la Banque ». Hervé Ndoba ne précise pas les situations décriées mais instruit qu’une évaluation du processus soit faite par le conseil d’administration au cours d’une session extraordinaire qu’il demande d’ailleurs au gouverneur de convoquer « promptement ».

Principe de subsidiarité

La réponse du gouverneur ne s’est pas faite attendre. Dans une correspondance adressée le 2 août, soit 24 heures plus tard, Abbas Mahamat Tolli déplore le manque d’illustrations de ces situations dénoncées par son interlocuteur, qui auraient entaché le déroulement du concours. Tout en rassurant que le processus de recrutement en cours est organisé par un cabinet international(AfricSearch) de renom avec l’appui d’une commission ad hoc, le gouverneur déplore l’immixtion du PCA dans une affaire qui ne relèverait pas de sa compétence. « L’article 1.4 du statut régissant les Agents d’Encadrement Supérieur donne compétence au gouverneur pour scruter, nommer et révoquer le personnel dont la nomination ne relève pas du conseil d’administration… aucun organe ne saurait s’immiscer dans les attributions du Gouverneur de la Beac exercées en toute transparence et dans l’intérêt supérieur de l’institution sans causer entorse aux principe de subsidiarité et de gouvernance sus évoqué, ainsi qu’au sacro saint principe de l’indépendance de la Banque centrale » peut-on lire.  

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Soupçons de favoritisme

Pourtant, la correspondance du ministre centrafricain des finances n’est pas ex nihilo. Le 31 mai 2022, soit deux jours après le déroulement des épreuves écrites dudit concours, une note interne du Directeur général du contrôle général de la Beac rédigée à l’intention du gouverneur et consultée par EcoMatin, déplore une série d’irrégularités susceptibles d’entacher la sincérité du processus. Dans les centres d’examens de Yaoundé par exemple, ce cadre de la banque centrale explique que certaines épreuves sont arrivées de manière tardive (au-delà de 19H) et se sont achevées le lendemain autour de 2 heures du matin alors même que les salles d’examens étaient privées d’électricité. Toujours à Yaoundé, des candidats ayant choisi de passer les épreuves en anglais n’ont pas pu le faire dans la langue choisie. « Ils ont dû composer en français se voyant ainsi pénalisés du fait de l’organisation du concours » déplore Bienvenu Marius Roosevelt Feimonazoui. Au Gabon, les candidats ont été autorisés à accéder à la salle au-delà de 9 heures. Suffisant pour que ce cadre suggère à sa hiérarchie de reprendre le concours dans l’ensemble des centres (Cameroun, Gabon, Congo, RCA, Tchad, Guinée Équatoriale et Paris car « le traitement des copies des Centres de Yaoundé et Libreville, au même titre que celles issues des autres Centres, fausse entièrement les règles du jeu en même temps qu’il contrevient aux dispositions définies et publiées encadrant ledit concours » justifie-t-il.

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À cela il faudrait ajouter la polémique sur les soupçons de favoritisme dans ce recrutement qui ne cesse de s’enliser. Sur la liste des 36 candidats admissibles au Tchad, 13 sont présentés, sur les réseaux sociaux, comme des proches du gouverneur Abbas Mahamat Tolli. À la Beac, cette accusation est considérée comme un « Fake News ». Selon une source interne approchée par EcoMatin, « ce recrutement ne tient pas en compte l’équilibre entre les pays mais juste la performance ; il n’y a donc pas un nombre de places arrêtées pour le Tchad ». S’agissant des soupçons de favoritisme notre source est claire, il s’agit d’un Fake News ; aucune des personnes présentées sur cette liste n’est familière au gouverneur. « Tous les tchadiens qui se nomment Mahamat ne sont pas des frères ou des sœurs du gouverneur de la Beac. Ce Fake News est malheureusement partagé par des officines obscures exposant ces candidats à tort ».

Pour rappel, les postes à pourvoir sont ouverts dans des secteurs tels que la gestion des réserves de change, les études et stabilité financières, la programmation et politique monétaires, les systèmes d’information comptable, l’audit et contrôle de gestion, l’informatique, la gestion des ressources humaines, le droit, la monétique, l’ingénierie civile, l’actuariat et le management de projets.

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