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Beac: décollage réussi pour le marché monétaire en zone Cemac

Dans le cadre du dispositif d’apport de liquidités en urgence, en faveur des banques en difficulté, mais solvables, la Banque centrale a mis en adjudication avec succès 1885 milliards sur le marché monétaire de la sous-région.

La Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) va bientôt franchir la barre des 2000 milliards de FCFA de liquidités placées sur le marché monétaire de la zone Cemac (Cameroun, Centrafrique, Gabon, Guinée équatoriale, Congo et Tchad) en six opérations. En effet, en plaçant avec succès un montant de 270 milliards, le 24 juillet dernier, la Banque centrale a mis en adjudication, en l’espace de six semaines, et avec succès, un montant exact de 1885 milliards dans le cadre du dispositif d’apport de liquidités en urgence, en faveur des banques en difficulté, mais solvables. Ce 24 juillet-là, les offres exprimées se sont élevées à 323, 49 milliards FCFA. Soit un taux de souscription de 119,81%. Certains souscripteurs n’ont pas hésité à proposer un taux d’intérêt de 4% au lieu de 2,95% initialement prévu.

Avant l’adjudication du 24 juillet, la Beac a placé avec succès un montant de 270 milliards, le 17 juillet dernier, la Banque centrale a mis en adjudication, en l’espace de cinq semaines, et avec succès, un montant exact de 1615 milliards dans le cadre du dispositif d’apport de liquidités en urgence, en faveur des banques en difficulté, mais solvables. Ce 17 juillet-là, les offres exprimées se sont élevées à 309,8 milliards FCFA. Soit un taux de souscription de 114,75%. Certains souscripteurs n’ont pas hésité à proposer un taux d’intérêt de 4% au lieu de 2,95% initialement prévu.

Le 10 juillet, le vice-gouverneur, Dieudonné Evou Mekou a signé un avis d’offres de fourniture de liquidités au marché monétaire pour un montant de 275 milliards de FCFA. Les souscriptions sont valables du 12 au 19 juillet 2018. Le taux d’intérêt est de 2,95%. Ce nouvel appel d’offres de la Beac était le cinquième du genre depuis le 14 juin 2018. Depuis cette période, la Banque centrale a déjà réussi à placer avec succès, 1 120 milliards FCfa. Si les 275 milliards mis en adjudication le 10 juillet sont souscrits, cela fera un total de 1 345 milliards FCfa. Donc, près de 1 400 milliards dans le cadre du dispositif d’apport de liquidités en urgence, en faveur des banques en difficulté, mais solvables.

Du 5 au 12 juillet, la Beac a mis en adjudication un montant de 275 milliards FCfa, le taux de souscription s’est élevé à 123,51%, soit un besoin de liquidités exprimé de 339,6 milliards FCfa. Cela, en 24h. Le taux d’intérêt minimum proposé était toujours de 2,95%. Plus loin, le 26 juin 2018, c’était également un montant de 275 milliards qui a été placé sur le marché monétaire. Le lendemain, le secrétaire général de la Beac, Désiré Guedon (photo), a annoncé les résultats de l’appel d’offres : 313,968 milliards sollicités, soit un taux de souscription de 114,17%.

Lors des séances du 14 et 21 juin 2018, la Beac a placé à chaque fois, un montant de 285 milliards. L’on a atteint des souscriptions de l’ordre de 109,10% (310,9 milliards FCfa), lors de la première opération et 125,28% (357,04 milliards FCfa).

« Déséquilibre dans les comptes des banques commerciales »

Le journaliste analyse l’apport massif de liquidités diligentées par la Banque des Etats de l’Afrique centrale dans le marché monétaire sous régional.

Depuis le 14 juin dernier, la Beac (Banque centrale de la Cemac) a activé le dispositif d’apport de liquidités en urgence, en faveur des banques en difficulté, mais solvables. Au 24 juillet, Donc en moins de deux mois, plus de 1800 milliards FCFA de liquidités a été mises en adjudication avec succès. Est-ce un phénomène normal ? Pourquoi ?

Cela paraît être un phénomène nouveau parce que jusque-là la Banque centrale commune aux Etats de l’Afrique centrale n’avait pas forcement recours à ce mécanisme d’injection de liquidité, qui pourtant est actif depuis 1991. Mais dans le but de rationaliser la manière dont l’argent est créé et circule dans la sous-région, elle n’admet plus automatiquement au refinancement, tous les titres de créances qu’apportent les banques.

Ainsi les banques peuvent créer du crédit jusqu’à un certain seuil, mais en attendant que ces crédits soient remboursés, les titres de créances adossés à ces créances peuvent servir de garanties pour l’accès aux liquidités d’urgence, qui sont détruites lorsque ces dernières sont remboursées à la banque centrale

Cela permet dont de rendre plus fluide la circulation de l’argent, mais aussi de la rendre plus efficiente, car les banques se montreront moins complaisantes dans les ouvertures de crédits, vu qu’elles ne sont plus refinancées automatiquement, mais doivent accéder aux liquidités par réponse à des appels d’offre.

Lire aussi : Le Cameroun dispose de 675 milliards à la Beac.

Cette injection massive de liquidités par la banque centrale dans le marché monétaire traduit-elle une crise bancaire ?

Non pas forcément d’une crise bancaire, mais un déséquilibre dans les comptes des banques commerciales auprès de la banque centrale, qui nécessite que soit réalisé contrôle plus accentué de l’émission monétaire dans la sous-région. Techniquement, il y a une règle qui indique que ce sont les crédits qui font les dépôts.

Mais, au moment où les banques créent de la monnaie via le crédit elles n’ont pas forcément cette liquidité dans leurs coffres-forts. Or, les bénéficiaires du crédit accordé, généralement les Etats ou les entreprises publiques comme privées, ont parfois besoin derrière ce crédit, de sortir de la liquidité pour satisfaire à leurs différents besoins

Avant la BEAC répondait systématiquement aux besoins de refinancements des banques sur la base des crédits nouvellement créées. Désormais, la banque centrale dit : « vous gardez les titres de créances générés par le crédit accordé à l’économie, sur la base de la création monétaire, et si vous avez besoin de liquidités, vous les apportez en garantie et recevez de la liquidité de court terme lorsque vous avez remboursé nous vous remettons vos titres de créances qui suivront normalement le processus de refinancement conformément aux objectif de politique monétaire ».

Qu’est-ce qui suscite l’engouement pour ces liquidités ?

Le fait est qu’avec le rationnement des liquidités et la mise en compétition de toutes les banques de la sous-région pour ce guichet de financement, on en arrive à un schéma où les besoins sont plus importants que l’offre et dès ce moment, cela créée une compétition et c’est le plus offrant qui tire avantage.

Et les banques n’ont quasiment pas de choix, car si elles n’y vont pas elles vont se retrouver quasiment à court de liquidités et ne pourront répondre aux besoins à très court terme de leurs clientèles.

La Banque centrale ne prend-t-elle pas des risques en plaçant un montant aussi élevé de liquidités puisque d’autres adjudications sont annoncées ?

Les besoins de liquidité dans la zone sont bien plus importants que ces 1800 milliards et il ne faut pas voir ces injections comme un stock, mais comme un flux. Cet argent généré par la banque centrale est créée lorsqu’elle effectue l’appel d’offre, mais une fois que les banques ont remboursé, parfois sur le court terme, cet argent est détruit. C’est le principe même de création de l’argent.

Or, dans la zone CEMAC, cela marchait en sens inverse. Les banques créaient de l’argent via le crédit, et elles se faisaient refinancer au niveau de la banque centrale, sur la base du volume de liquidités disponibles pour chaque pays, parfois sans ancrage réel sur les besoins du pays. Et lorsque le crédit était remboursé, les banques ne rendaient pas toujours compte, et pouvait réinjecter de la liquidité reçue sur le marché bénéficiant d’une situation de longue période de refinancement.

Or en attendant que le refinancement arrive, les crédits remboursés pouvaient être de nouveau utilisés, ce qui n’est pas normal.

Combien de temps ces adjudications peuvent-elles durer ?

C’est désormais ainsi que la BEAC injectera de la liquidité sur le marché monétaire, elle reprend son rôle non seulement d’émission de la monnaie, mais aussi celui du contrôle de la création d’argent dans le circuit des banques commerciales.

D’ailleurs, elle a attendu longtemps pour rendre effective cette salle des marchés pour les injections de liquidité sur le marché monétaire, alors que dans plusieurs pays africains, on fonctionne déjà de cette manière.

Ainsi désormais, lorsqu’elle voudra, il y aura plus d’argent dans l’économie et lorsqu’elle sent que cela surchauffe déjà et qu’il y a trop d’argent, elle durci les injections de liquidités. C’est bien meilleur ainsi, car cela évite des situations où dans des pays comme le Gabon ou la Guinée Equatoriale, le trop plein de liquidité, adossé sur le PIB de l’année précédente, faisait en sorte que l’argent valent très peu de chose et qu’on se retrouve avec un niveau de vie très élevé, alors que techniquement les conditions de l’environnement économique naturel, ne sont pas forcément différents de ceux du Tchad,Camerounou encore Congo et RCA.

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