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BEAC : les gains du compte d’opérations bondissent de 244% alors que la CEMAC prépare une réforme monétaire

Tirés par la hausse des taux directeurs de la BCE, les avoirs en devise des pays de la CEMAC logés au Trésor français ont généré près de 43 milliards de FCFA, soit le rendement le plus élevé depuis au moins 7 ans.

En 2022, le Trésor français a versé à la Banque des États de l’Afrique centrale(BEAC), 42,915 milliards de FCFA (65,5 millions d’euros) représentant les intérêts générés par les avoirs en devises de cette Banque centrale logés dans le compte d’opérations. Ce paiement connaît une progression de 244% comparativement à celui de l’année dernière.

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Dans son rapport annuel qu’elle vient de publier, la BEAC justifie cette performance par une nette amélioration du taux de rémunération du compte d’opérations qui, lui, est corrélé aux taux directeurs de la Banque Centrale européenne(BCE). Concrètement, la BEAC doit, selon une convention, déposer 50% des avoirs en devises des pays de la zone CEMAC dans ce compte, ouvert dans les livres du Trésor français en contrepartie de la garantie de convertibilité offerte par la France. La rémunération de ce placement par le Trésor français est calculée  sur la base du Taux de facilité de prêt marginal(TFPM) de la BCE. Lorsqu’il est inférieur à 0,75% la BEAC perçoit 0,75% d’intérêts mais s’il est supérieur ou égal à 0,75% le rendement minimum pour la Banque centrale est de 1% du montant.

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Pour contenir l’inflation qui a atteint son niveau le plus élevé (10,1% en novembre 2022) depuis au moins 25 ans, la BCE a dû relever à 4 fois d’affilée ses taux directeurs en 2022. Par effet boule de neige, la rémunération sur le compte d’opérations a elle aussi grimpé jusqu’à atteindre 2,43% au 4e trimestre 2022. Alors que la conjoncture économique mondiale demeure incertaine avec la persistance de la guerre en Ukraine, la BCE est restée sur une politique plus agressive en 2023, ce qui signifie que les pays de la CEMAC pourraient capter beaucoup plus de ressources le compte d’opérations.

Clôture du compte d’opération ?

Cette conjoncture favorable intervient au moment où au sein de la zone CEMAC, le débat sur l’avenir du FCFA est évoqué en haut lieux. Le 17 mars dernier, les chefs d’États de la région ont reçu les résultats d’une étude commandée à la BEAC en 2019 laquelle propose « un schéma approprié, conduisant à l’évolution de la monnaie commune ». Les contours de cette proposition n’ont pas été mis à la disposition du public mais des sources médiatiques anticipent sur une réforme calquée sur le modèle de l’UEMOA c’est-à-dire clôture du compte d’opérations, rapatriement des réserves de change au siège de la Banque Centrale, retrait progressif des représentants français au sein du conseil d’Administration de la BEAC, ainsi qu’une nouvelle dénomination de la monnaie.   

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Si avéré, la réforme opérée dans l’UEMOA peut-elle réellement profiter à la CEMAC? Ayant clôturé son compte d’opérations depuis janvier 2020, la Banque Centrale de cette région Ouest Africaine(BCEAO) effectue elle-même des placements à l’international avec ses réserves de changes ce qui ne lui garantit pas pour autant une rentabilité certaine. Fin 2023, les réserves de la BCEAO ont chuté de 21% à 10 787 milliards de FCFA couvrant désormais 4,1 mois d’importations de biens et services contre 5,9 mois un mois plus tôt.  C’est sans doute les implications de cette réforme qui ont amené les chefs d’États à demander que la réflexion sur la réforme soit approfondie.

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