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Biwong-Bane : Telcar cocoa aux prises avec les autorités locales

Telcar Cocoa Limited, négociant local de la firme américaine Cargill, fait l’objet d’accusations dans le cadre de ses activités dans l’arrondissement de Biwong-Bane, département de la Mvila, région du Sud. Les autorités municipales et administratives dénoncent la spoliation des cacaoculteurs, par le détournement de leur tonnage, le refus du paiement de l'impôt libératoire et autres taxes, la non-détention d’un calendrier de marché, sans oublier la non-conformité du cacao acheté selon la norme requise par l'Office national de cacao et de café (Oncc)…, de son côté, l’entreprise réfute en bloc ces accusations qui d’après elle, sont sans fondement et tissées de toute pièces par le maire de la commune et qui visent à ternir l’image de la société.

A Biwong-Bane dans le département de Mvila région du Sud, c’est un véritable  bras de fer auquel se livrent Joseph Liboire Angono maire de la commune et l’entreprise Telcar cocoa Limited, négociant local de la firme américaine Cargill. Le 14 novembre dernier, l’association Communes et villes unies du Cameroun(Cvuc) dont la mission est d’entretenir des liens de solidarité entre communes et villes du Cameroun rapportait sur ces plateformes sociales des allégations  et  pas des moindres, émises par le maire et qui  accablent la société Telcar cocoa dans le cadre de ses activités d’achat  de fèves de  cacao.

Dans le manifeste consulté par EcoMatin, Joseph Liboire Angono accuse « la société Telcar cocoa limited agence d’Ebolowa que dirige M. Ayuk  de s’illustrer de manière fort négative comme étant une structure d’achat de cacao aux allures de coxeur. Selon les plaintes des populations, la société excelle dans la spoliation des cacaoculteurs, par le détournement de leur tonnage. Pire encore, Telcar cocoa Limited agence d’Ebolowa assèche les caisses de la commune en refusant de payer l’impôt libératoire et autres taxes (taxes sur la chaussée, ndlr). Ses représentants encouragent le coxage et le produit qu’ils achètent n’obéit pas à la qualité requise par l’Office national de cacao et de café. Ici tout est bon à prendre ; cacao humide, moisissure, ardoisé, fèves plates, etc. Le prix minimum de 1000 frs requis par l’Association nationale des Producteurs de Cacao et Café Bureau du Sud est foulé au pied », déclare le maire de la Commune.

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Contacté  par EcoMatin, ce dernier confirme ces accusations et va plus  loin en indiquant que Telcar  fonctionne dans l’illégalité. Pour soutenir cette accusation, l’élu local indique premièrement que cette société ne dispose pas d’un calendrier de marché (document qui lui permet de procéder aux opérations d’achats de cacao auprès de coopératives, ndlr). Par la suite, il révèle que les populations riveraines n’ont jamais bénéficié de la moindre retombée des activités de Telcar. Car à en croire ce dernier, depuis qu’elle exerce dans cette localité,  l’entreprise n’a jamais réalisé des œuvres sociales (forages, dotation, accompagnement des producteurs…). L’autorité  municipale révèle avoir servi une mise en demeure de 8 jours à la société faute de se conformer, il engagera  des poursuites judiciaires  contre elle.

Contradiction 

Telcar Cocoa n’est pas restée de marbre face à ces graves allégations. Jointe par EcoMatin, elle nie en bloc et  crie à une campagne de sabotage orchestrée par le maire. A propos du non-paiement de l’impôt libératoire, Telcar dément en brandissant son dernier reçu de paiement datant du 5 octobre 2022. Également accusée d’acheter des fèves de cacao non-conformes, selon la norme requise par l’Office national de cacao et de café, elle rétorque en montrant un rapport de «vérification analyse physique de cacao dans le cadre du contrôle qualité de cacao» présent dans ses magasins, délivré par l’Office national de cacao et de café. Celui-ci atteste de la qualité de son cacao avec une mention de grade A délivrée en novembre.

Au sujet de l’accompagnement des producteurs, la société fait savoir que « depuis 2017, l’entreprise accompagne les producteurs à travers les primes de qualité, elle octroie aussi des bourses scolaires aux élèves et aussi des dotations aux populations. Le maire tient des propos infondés avec aucune preuve (…) », renseigne sieur Ayuk, responsable de l’agence de Telcar Ebolowa.

Pour Jean Felix Amougou, président de la coopérative Scoopcan  de Ngoazip qui commerce avec Telcar et dont la production annuelle est de 30 tonnes, «le maire raconte des mensonges. Parce que Telcar accompagne les producteurs et fait régulièrement des dons aux populations, le dernier en date c’est la construction d’un forage dans la localité. On ne sait pas comment un maire peut s’ingérer dans les affaires d’une coopérative jusqu’à menacer de  suspendre la coopérative, nous avons décidé de renouveler  notre contrat avec Telcar de commun accord», confie  Jean Félix Amougou contacté par EcoMatin.

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L’affaire fait  couler beaucoup d’encre et de salive dans cette commune aux allures plutôt calmes et qui pourrait être plongée dans un tourbillon juridico-médiatique  dans les tous prochains jours. Au demeurant, selon les données de l’Office national du cacao et du café, Telcar Cocoa est arrivé en tête des ventes de cacao avec 37,66% du volume global des ventes à l’issue de la campagne cacaoyère 2021-2022.

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