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Blanchiment d’argent et financement du terrorisme : l’Anif annonce des mesures correctives pour sortir de la liste noire du Gafi

Si cela n’est pas fait d’ici septembre 2025, indique le directeur de l’Agence, des soucis d’envergure pourraient commencer à travers des transactions financières au départ et à destination du Cameroun qui feront l’objet d’une surveillance renforcée.

Suite au blacklistage du Cameroun, le 23 juin dernier, par le Groupe d’action financière (Gafi), instance financière mondiale de lutte contre le blanchiment d’argent (LBC) et le financement du terrorisme (FT), Hubert Nde Sambone, le directeur de l’Agence nationale d’investigation financière (Anif), annonce des mesures correctives pour sortir le pays de cette situation.

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Dans une interview publiée ce 7 juillet dans le quotidien camerounais à capitaux publics, Cameroon tribune, le directeur de l’Anif déclare : « les défis majeurs à relever, qui ont été qualifiés de défaillances stratégiques du dispositif national de LBC/FT par les experts du Gafi, sont entre autres, la création et l’opérationnalisation du comité de coordination des politiques nationales de LBC/FT ; le renforcement de la coopération judiciaire internationale dans la gestion des dossiers de blanchiment d’argent ou de financement du terrorisme, du fait du caractère transnational de ces infractions ; la mise en place de dispositifs opérationnels de supervision en matière de LBC/FT, des professions non financières assujetties ; la mise en œuvre d’un mécanisme efficace d’identification des bénéficiaires effectifs des personnes morales et des constructions juridiques et d’accessibilité de ces informations par les autorités compétentes ».

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Hubert Nde Sambone, précise néanmoins que la plupart de ces problématiques ont déjà été amorcés. Il est maintenant question pour les autorités concernées, de prendre conscience de l’urgence de corriger ces défaillances. Le directeur de l’Anif ajoute que, le renforcement du dispositif de veille et de surveillance au Cameroun passe par deux volets. « D’abord, souligne-t-il, il s’agit d’amener les organismes de supervision, les entités d’autorégulation, les autorités de tutelle, à faire la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme une priorité dans leurs missions de contrôle. Ceci, dans le but d’amener les professions qui leur sont assujetties à mettre effectivement en œuvre l’ensemble des diligences règlementaires en la matière. Ensuite, il est question de poursuivre et même d’intensifier les actions de formation et de sensibilisation des professions assujetties, des secteurs financiers et non financiers ».

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Depuis le 23 juin dernier, le Cameroun figure dans la liste « grise » du Gafi. Cela repose sur le fait que, lors de sa dernière évaluation par les pairs, le pays a reçu 13 notations « partiellement conformes » (PC) en rapport avec le blanchiment d’argent et 8 notations « non conformes » (NC) en relation avec le financement du terrorisme. En effet, selon le Gafi, le Cameroun fait partie des pays qui sont « particulièrement exposés à des risques de blanchiment des capitaux liés à l’intégration dans le système financier des produits issus de la corruption, des détournements de deniers publics, de la fraude douanière et fiscale, du braconnage, du trafic d’espèces fauniques et d’essences forestières protégées ».

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Selon le Groupe d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique centrale (Gabac), membre du
Gafi, le Cameroun a échangé, entre 2013 et 2016 dans le change manuel, 1 964 milliards FCFA contre des euros et des dollars US. « Certaines origines et/ou destinations de ces fonds permettent d’envisager que ces derniers aient pu faire l’objet de blanchiment ou aient servi au financement du terrorisme, d’autant qu’il faut reconnaître que l’activité de transfert de fonds est essentiellement exercée par les sous-agents, généralement des établissements de microfinance, dotés de personnels peu formés et plus préoccupés par les commissions engrangées que par la prévention du blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme », révèle le Gabac.

Si le Cameroun n’apporte pas des mesures correctives appropriées d’ici septembre 2025, indique le directeur de l’Anif, des soucis d’envergure pourraient commencer. A ce moment, les transactions financières au départ et à destination du Cameroun feront l’objet d’une surveillance renforcée, tout comme beaucoup de partenaires étrangers pourraient être réticents pour faire des investissements directs dans le pays.

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