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Budget : le plan de financement de l’Etat du Cameroun pour 2024

Les fonds à mobiliser via divers instruments de financement, serviront à la réalisation des projets à fort rendement afin que la rentabilité économique et financière soit assurée.

Pour assurer la mise en œuvre efficace de la Stratégie nationale de développement (SND 30), compte tenu des effets exogènes de la crise ukrainienne, et du durcissement des conditions d’accès aux financements pour les pays de la Cemac, le gouvernement du Cameroun va mettre l’accent cette année, sur la mobilisation de ressources propres. Mais ceci ne va pas éclipser son programme de misse œuvre des projets de développement qui est adossé à un plan de financement d’un montant de 853 milliards de Fcfa.

C’est la raison pour laquelle ses décisions d’orientation de l’endettement portent sur le financement des projets à fort rendement économique, social et financier. Ceux-ci portent sur la construction des infrastructures routières, des adductions d’eau potable et des logements sociaux. Pour cela, il aura besoin de rechercher sur le marché national et auprès des partenaires financiers internationaux. Aussi mobilisera-t-il trois instruments financiers que sont les bons du Trésor pour un montant de 110 milliards de Fcfa et les obligations du Trésor pour 25 milliards au premier trimestre.

Un emprunt obligataire de 200 milliards de Fcfa sera mobilisé au 2ème trimestre. Les deux instruments devront contribuer à hauteur de 180 milliards de Fcfa dont 100 milliards de Fcfa pour les bons du Trésor et 80 milliards de Fcfa pour les obligations du Trésor. Soit un total de 380 milliards de Fffa au 30 juin 2024 à collecter auprès des investisseurs du marché domestique.150 milliards de Fcfa et 180 milliards de Fcfa seront recherchés au 3ème et 4ème trimestre.

Le gouvernement va également recourir aux prêts extérieurs dédiés au financement de nombre de projets de développement identifiés pour un montant de 907 milliards de Fcfa ; les appuis budgétaires lui apporteront 152 milliards de Fcfa tandis que les dépôts bancaires seront levés à hauteur de 137 milliards de Fcfa. Quant aux émissions des titres publics, ils plafonnent à 375 milliards de Fcfa suite au décret du chef de l’Etat du 2 février 2024, habilitant le ministre des Finances à rechercher ce montant sur le marché financier.

Le Cameroun planifie ces interventions sur la base des succès réalisés sur les 13 dernières années dans le marché financier. En effet, entre 2010 et 2023, le pays a levé 5708,529 milliards de Fcfa dont 5707,629 milliards de Fcfa sur le marché local. À l’international, il a levé plus de 900 milliards en termes d’eurobonds. De plus, en 2023, le pays a réalisé un carton plein sur l’ensemble des opérations qu’il a initiées soit 1024 milliards de Fcfa sur les 998 milliards de Fcfa recherchés. Soit un taux de réussite de 102%.

Projets

Infrastructures routières, énergétiques et l’approvisionnement en eau potable constituent l’épine dorsale des grands chantiers pour lesquels le gouvernement ira chercher près de 1000 milliards de Fcfa sur le marché sous-régional. La phase 3 du projet d’électrification de 160 localités rurales par système solaire photovoltaïque va rentrer en activité. Elle va nécessiter la mobilisation de 65 milliards de Fcfa. Ensuite, le gouvernement, face aux difficultés de l’approvisionnement en énergie électrique des ménages et des entreprises, compte pour ce qui est de la région de l’Adamaoua, conclure les négociations avec la société britannique Savannah Energy, en vue de la construction en mode partenariat public-privé du barrage hydroélectrique de Bini à Warak pour 213 milliards de Fcfa.

Le projet d’interconnexion électrique entre le Cameroun et le Tchad, actuellement en phase de contractualisation avec des partenaires potentiels, va nécessiter la somme de 221 milliards de Fcfa. Pour ce qui concerne la contribution gouvernementale à la construction de la ligne de transport Nachtigal-Bafoussam et des ouvrages d’évacuation, il faudra débourser 160 milliards de Fcfa. La construction du barrage hydroélectrique de Cholet quant à elle, se situe au niveau des études. Le coût total de cet investissement qui va produire 600W est de 1200 milliards de Fcfa.

En matière d’eau potable, l’on va procéder à la reconfiguration du réseau dans le cadre de la réalisation du projet en eau potable de la ville de Yaoundé et ses environs (Paepys) pour un coût de 100 milliards de Fcfa. Ces fonds permettront aux ménages d’accéder à l’eau potable dans leurs domiciles. Dans le volet des infrastructures routières, la construction de l’autoroute Yaoundé –Douala se poursuit. Il faut encore mobiliser 374 milliards de Fcfa pour raccorder les 60 kms de tronçon qui ont déjà été construits sur la nationale N°3 à Yaoundé. Le tronçon Bigambo -Grand Nzambie d’un linéaire de 45 km, sur l’axe Yaoundé -Olama-Kribi qui engagera 125 milliards de Fcfa, ne connaît pas encore d’engouement de financiers. 

Ce scénario concerne aussi la route Batchenga-Ntui-Yoko-Tibati segmentés en trois lots. Si 15% du financement ont été mobilisés pour le lot N°2 et 5% pour le 3ème lot, la première section attend encore la manifestation d’un bailleur de fonds. Cependant, 170 milliards de Fcfa ont déjà collectés pour la construction de la route Olomo- kilomètre 20- frontière du Gabon. La route Edea–Kribi demande à être réhabilitée pour un montant de 141 milliards de Fcfa. La construction de la section urbaine de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen va nécessiter 408 milliards de Fcfa ; à ce sujet, les études sont finalisées et l’on intéresse davantage les banques locales dans l’ingénierie financière de ce projet. La capitale devrait aussi disposer de sa voie de contournement qui est fonction de la mobilisation de 1200 milliards de Fcfa. Le premier tronçon retenu exige 152 milliards de Fcfa et l’UE est prête à s’engager pour 65 milliards de Fcfa.

« Nous sommes en train de rechercher le montant résiduel, environ 110 milliards pour boucler les financements de cette voie de contournement », explique Isaac Tamba, directeur général des investissements publics au ministère de l’Economie qui faisait la présentation du portefeuille de projets de l’Etat retenus dans le budget 2024 et éligibles à l’emprunt obligataire 2024.

Pour le projet de mobilité urbaine de la ville de Douala, l’on a déjà mobilisé 270 milliards de Fcfa. Aussi Isaac Tamba appelle-t-il les institutions bancaires locales à s’intéresser à ces projets afin de boucler le financement global attendu. Dans le domaine ferroviaire, le projet de réhabilitation de la ligne Belabo-Ngaoundere demande une enveloppe de 193 milliards de Fcfa tandis que la construction de la ligne de chemin de fer Douala-Limbe-Idenau, d’un montant de 735 milliards de Fcfa, est encore dans la phase des arbitrages politiques.  

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