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Business: comment Eneo floue ses fournisseurs

Malgré des résultats financiers sans cesse croissants ces dernières années, l’énergéticien continue de ne pas payer ses fournisseurs prétextant des créances importantes sur l’Etat et ses démembrements. Une explication très courte…

Le 8 juillet 2020, Gaz du Cameroun, qui fournit du gaz à Energy of Cameroon (Eneo) pour l’exploitation de la centrale thermique de Logbaba, à Douala, annonçait la résiliation de son contrat de fourniture de gaz naturel à l’énergéticien, pour factures impayées d’un montant de 9 milliards Fcfa, d’après le pointage-aujourd’hui récusé par Eneo-du fournisseur. Après lui avoir adressé début juin 2020 un avis de défaut resté sans réponse, GDC a décidé de résilier le contrat, et n’exclut plus de porter l’affaire devant la justice. En novembre 2019, Tradex, qui fournit le fioul de la centrale de Logbaba, avait déjà assigné Eneo en justice, pour le contraindre à régler une facture d’impayés, évaluée en novembre 2019 à 49,42 milliards Fcfa. Le 14 septembre 2019, Altaaqa Alternative Solutions, dont les générateurs produisent les 30 Mw de Logbaba, avait déjà éteint ses appareils à cause des impayés de l’énergéticien. Montant de l’ardoise : 5,6 milliards Fcfa. Ceux-là, ce sont ceux des fournisseurs de l’énergéticien qui ont décidé de porter sur la place publique, les mécomptes de leurs relations contractuelles. Mais la liste des entreprises créancières est loin d’être exhaustive.

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Selon des informations obtenues de sources généralement bien informées, les dettes de l’énergéticien vis-à-vis des entreprises du secteur de l’électricité (Sonatrel, EDC, Memve’elé) se montaient, en novembre 2019, à 76,6 milliards Fcfa. Celles vis-à-vis des entreprises publiques (Tradex et Sonara), se montait à la même période à 21,07 milliards Fcfa ; celle vis-à-vis des entreprises privées avec participation minoritaire de l’Etat (KPDC et DPDC) à 58,66 milliards ; et celle vis-à-vis des entreprises privées sans participation de l’Etat (Aggreko, Altaaqa et Gaz du Cameroun), à 12,07 milliards Fcfa, soit un total de 168,4 milliards F cfa. Dans son rapport d’activités 2018-celui de 2019 n’est toujours pas disponible selon des sources internes dans l’entreprise, Eneo évalue ses dettes fournisseurs à 171,3 milliards F cfa en 2018, contre 151,7 milliards F cfa en 2017. Des résultats financiers en croissance Jusqu’ici, la ligne de défense de Eneo, vis-à-vis de ses fournisseurs a toujours été qu’elle-même détient des créances sur l’Etat et ses démembrements.

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Selon la source de EcoMatin ci-dessus citée, ces créances se montaient, après rapprochement des créances réciproques des deux parties, à 67,6 milliards Fcfa à fin novembre 2019. Selon le rapport d’activité 2018 de l’énergéticien, ces créances sur l’Etat et ses démembrements se montaient à 38,9 milliards Fcfa en 2018, contre 26,2 milliards Fcfa en 2017. Même en tenant compte des chiffres de novembre 2019, cette ligne de défense reste, on le voit, très attaquable. Des créances sur l’Etat de 67,6 milliards Fcfa ne peuvent pas, elles seules, expliquer des dettes fournisseurs de 171,3 milliards Fcfa, tout comme celles de 2018 évaluées par Eneo elle-même à 38,9 milliards Fcfa ne sauraient expliquer des dettes fournisseurs de 151,7 milliards Fcfa.

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Cette ligne de défense est d’autant plus intenable que les différents soldes de gestion de l’entreprise n’ont cessé de s’améliorer ces dernières années. Selon ses propres chiffres, Eneo a réalisé un excédent brut d’exploitation (indicateur qui permet de mesurer la rentabilité d’une entreprise du point de vue de son exploitation) de 53, 11 milliards Fcfa en 2018, contre 43, 4 milliards Fcfa en 2017. Les résultats d’exploitation de l’entreprise sont passés de 22,4 milliards Fcfa en 2016 à 30,1 milliards Fcfa en 2018, après avoir connu un léger fléchissement à 19,6 milliards Fcfa en 2017. Le résultat net de l’énergéticien a lui aussi continuellement crû dans le même intervalle : 2,5 milliards Fcfa en 2016 ; 4,3 milliards Fcfa en 2017, avant de bondir à 11, 005 milliards Fcfa en 2018. Le 11 février 2020, le Directeur général de Eneo, Eric Mansuy, révélait à nos confrères de Energie Medias que l’Etat lui avait signé un chèque de 45 milliards Fcfa au titre d’avance de règlement de ces créances, chèque qui aurait ensuite, selon une source interne à l’entreprise, «intégralement» servi à ménager des fournisseurs de moins en moins compréhensifs. Même en accordant foi à cette source, cela reste très loin du compte.

Retrouvez l’intégralité de cette enquête dans l’édition 348 du Journal EcoMatin

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