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Business Development Forum : Diagnostic de la Commercial Bank sur le financement de l’agro-industrie

La problématique du financement de l'agro-industrie a été au centre des échanges entre divers acteurs au cours de la 3ème édition du Business Development Forum organisée par la Commercial Bank.

Trois thèmes spécifiques ont meublé les discussions entre responsables de Commercial Bank, banquiers, experts et clients, promoteurs des établissements de crédits, opérateurs économiques et institutionnels ce 3 novembre 2022, sous la présidence de Léandre Djummo, Directeur général de Commercial Bank. « Il s’agit pour la Commercial Bank de permettre aux clients de la banque et autres acteurs impliqués dans le développement des activités de services et de production du secteur agro-industriel, d’échanger, de dialoguer et de proposer des stratégies et des actions adaptées au contexte local qui leur permettront de renforcer la production agricole et la sécurité alimentaire », a indiqué d’entrée Léandre Djummo.

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Autour du thème général portant sur « Le financement de l’agro-industrie comme levier de la stratégie de substitution aux importations », les participants ont été édifiés sur « l’état des lieux et avancées les plus significatives en matière de substitution aux importations », exposé par l’expert en Analyse des Politiques Economiques, Babissakana, CEO du cabinet Prescriptor, « l’impact des stratégies de substitution aux importations sur l’économie », par Benjamin Fomba Kamga, économiste et enseignant à l’Université de Dschang, et « le rôle des banques dans le financement des projets de l’agro-industrie », par Nikolaos Milianitis, Chef de représentation régionale pour l’Afrique centrale de la Banque Européenne d’Investissement (BEI). 

Cinq produits considérés par le gouvernement comme prioritaires dans la transformation et la production nationale ont fait l’objet d’une analyse par l’expert Babissakana : le riz, le poisson, le blé, le lait, et le maïs. Des produits qui pourraient bénéficier d’un financement bancaire dans le cadre de la politique de l’import-substitution. Ce groupe de denrées représente 70% des importations alimentaires du Cameroun, soit 408 milliards de FCFA. Babissakana propose un important soutien financier de l’État ou des banques aux entreprises capables d’exporter massivement. L’expert financier plaide également pour une extension de la politique d’import-substitution aux produits non-alimentaires à l’instar des produits pétroliers qui creusent significativement le déficit de la balance commerciale du Cameroun. Rappelons que le secteur agro-alimentaire représente 1494 milliards de FCFA du PIB du Cameroun (16,7%).

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Dans son exposé, Benjamin Fomba Kamga a ressorti les limites de la stratégie d’import-substitution : la création des situations de rente sur les produits, l’augmentation de la durée d’apprentissage du fait de l’absence de concurrence et la création des poches de corruption pour maintenir les avantages liés à cette politique. L’enseignant propose un alliage sur le triptyque « import-substitution-industrialisation-promotion des exportations », dans des secteurs prioritaires : l’agro-alimentaire, le riz, le maïs, le poisson, le lait, le blé, le textile, la confection, le cuir, les mines, la métallurgie et la sidérurgie. Par ailleurs, Benjamin Fomba Kamga pense que les appuis financiers publics et privés pour réduire le déficit de la balance commerciale du Cameroun (environ 1000 milliards de FCFA en moyenne par an), doivent aller de pair avec les principes de bonne gouvernance. L’enseignant pense que la corruption, la gabegie, ou le favoritisme auront un effet négatif sur ces apports de fonds en soutien à l’import-substitution. Il reconnaît toutefois « l’urgence de promouvoir la politique de l’import-substitution inscrite dans la SND 30, en impliquant tous les acteurs et experts ». 

Nikolaos Milianitis a réitéré dans son exposé la possibilité d’obtenir des financements adéquats au profit de l’import-substitution (banque multilatérale, banques régionales, banques nationales de développement, banques commerciales locales, microfinances, coopératives etc.…). Ce, sous de strictes conditions, précise le Chef de représentation régionale pour l’Afrique centrale de la BEI (capital suffisant du promoteur, bonnes expertise technique et capacité managériale, business plan bien monté, études de faisabilité concluante, Co financement avec la BEI etc….). Les thèmes abordés par les participants à la 3ème édition du Commercial Bank Business Development Forum ont donné lieu à des échanges riches portant sur le difficile accès routier aux bassins agricoles, le faible investissement des banques dans les projets agricoles, le manque de clarté des business plan ou des projets irréalistes portés par certains promoteurs agricoles.

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« Nous espérons avoir fait l’état des lieux des opportunités de financement de l’agro-industrie à la lumière de la stratégie gouvernementale de promouvoir l’import-substitution et discuter de la contribution des entreprises locales à l’atteinte de ses objectifs. À travers le Business Development Forum, la Commercial Bank veut contribuer dans l’élaboration des outils pour optimiser les investissements du secteur agro-industriel et créer des synergies gagnantes pour développer ce secteur d’activité à la fois générateur de croissance et d’emplois », a conclu Léandre Djummo.

Réaction 1. « L’accès au foncier est très difficile pour les agro-industriels… »,  M. Tchoffo, Agro-industriel

Je me suis lancé dans la transformation du manioc. Sur un projet de 3500 hectares, j’exploite seulement 500 hectares, car je fais face à plusieurs difficultés. Le tout premier défi est celui du foncier qui est difficilement accessible. Celà ne concerne pas seulement la culture du manioc. Parlant de l’import-substitution, la responsabilité doit être partagée entre l’État et les opérateurs économiques agricoles. L’État pense qu’il peut réduire la dépendance aux importations en subventionnant à la fois les cultures de blé ou maïs, et en même temps apporter un soutien financier aux agro-industriels. Cette politique ne marchera pas. Il faut aussi penser à une baisse des impôts  et des droits de douanes à l’endroit des agro-industriels et des revendeurs, puis encourager ces derniers à régulièrement s’acquitter de leurs impôts. Les conditionnalités d’octroi des financements doivent aussi être assouplies par les banques. Le Business Development Forum nous permet ainsi de cerner ces différentes problématiques du financement de l’agro-industrie. 

Réaction 2. « Commercial Bank est une banque exceptionnelle en termes d’accompagnement », Gabriel Dombeu, PCA ADI 

Les difficultés liées à l’import-substitution sont de divers ordres. Toutefois, les agro-industriels que nous sommes les résument autour de deux facteurs. D’abord, l’accès à la terre, ensuite celui du financement. Nous ne pouvons également occulter cette concurrence d’investisseurs étrangers qui ne cadrent pas avec les objectifs de l’État. Pour la réussite de l’import-substitution au Cameroun, il faudra harmoniser les objectifs de l’État avec les préoccupations des opérateurs économiques et les indicateurs des banques. Il faut donc unir dans ce type de concertations, les pouvoirs publics, les opérateurs économiques et la Commercial Bank. Mais il faut reconnaître que le Directeur général de la Commercial Bank est un banquier exceptionnel, car il a le flair des préoccupations de ses clients, particuliers ou entreprises. Sa particularité est qu’il connaît autant les affaires que la banque. Nous allons tout simplement demander qu’il continue à nous accompagner comme c’est déjà le cas.

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