Conjoncture

Cacao-café : ce qui va changer avec l’extension du Guichet producteurs

Le gouvernement mise désormais sur l’extension du Guichet producteurs qui ne couvrait depuis 2022 que le département du Moungo, pour soutenir durablement le redressement de ces filières. Ce qui va changer avec ce nouveau mécanisme.

Après la forte diminution de la production consécutive à la baisse des cours du cacao et du café d’il y a une trentaine d’années, l’on assiste ces dernières années à un redressement progressif des tonnages, redressement plus marqué dans le domaine du cacao où la production actuelle tourne autour de 300.000 tonnes par an. Dans le but de soutenir plus efficacement ce redressement, les ministres du Commerce (Mincommerce) et de l’Agriculture et du Développement rural (Minader), ont lancé, le 21 novembre dernier, la généralisation de l’octroi de subventions aux producteurs dans tous les bassins de production de cacao et café du Cameroun, à travers le Guichet producteurs mis en place dans le cadre du contrat de réforme signé entre l’Etat du Cameroun et l’Union européenne. Ce mécanisme créé en décembre 2020, puis officiellement lancé le 24 juin 2022 avec l’octroi des premières subventions à petite échelle. L’objectif du gouvernement est que le pays atteigne les objectifs économiques contenus dans sa Stratégie nationale de développement à l’horizon 2030 (Snd-30), c’est-à-dire, une production de 340.000 tonnes à court terme (2025) et 1,2 million de tonnes à moyen terme (2030). Pour ce qui est du café, la production ciblée est 160.000 tonnes contre 22 000 tonnes actuellement. L’extension du guichet ainsi décidée permettra à tous les producteurs de bénéficier de subventions, à savoir les intrants agricoles, les petits équipements et même les grands équipements agricoles.

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Les autorités assurent que des dispositions techniques et logistiques ont été prises pour que l’octroi desdites subventions démarre simultanément dans toutes les régions productrices. Entre autres résultats attendus, la phase pilote ambitionnait de subventionner 18000 producteurs. Cet objectif est en dépassement, à en croire le Minader. Au 31 décembre 2022, les données statistiques indiquent que 1023 producteurs ont été enrôlés et leurs vergers géolocalisés, 1023 producteurs bancarisés, 13424 parcelles levées, 5766 bons d’achat émis, 5766 bons d’enlèvement émis et les intrants agricoles y relatifs livrés aux producteurs. Les autorités ne communiquent cependant pas sur les montants octroyés. Les types de subventions dans le cadre du Guichet producteurs sont trois catégories (1) les subventions de masse pour un public large, à savoir les intrants et petits matériels agricoles. Elle est destinée aux producteurs individuels au moyen de bons d’achats d’électroniques et consiste au cofinancement des biens aux taux de 60 % et 40% du montant de la subvention, respectivement pour l’Etat et le producteur détenteur d’une exploitation d’au plus 2 hectares. La catégorie 2 concerne les équipements et machines agricoles, destinée aux sociétés agricoles collectives ou individuelles (organisations de producteurs, GIE, Sarl agricoles, etc.) Quant à la catégorie 3, elle s’intéresse aux infrastructures productives.

Charges de fonctionnement

Pourquoi donc le Guichet producteurs ? Le gouvernement explique en effet qu’après évaluation du Plan de relance en général et des ex-projets financés sur fonds Fodecc (Fonds de développement des filières cacao et café), trois constats conduisant à la même conclusion ont été mis en évidence : les charges de fonctionnement se sont avérées plus importantes que les dépenses d’investissement nécessaires au financement de la relance et au développement des filières cacao et café pour certains projets. Par ailleurs, les projets portés par les différents ordonnateurs de dépenses évoluaient sur le terrain sans synergie, de manière disparate, voire concurrente. Conséquence, le bilan du financement, soit 39 milliards Fcfa dépensés en 14 années, ne semble pas en corrélation vertueuse avec l’état du verger actuel, les volumes produits puis commercialisés, la qualité des produits commercialisés ainsi que le niveau de vie du producteur. Les constats précédents, apprend-on officiellement, ont conduit à la même conclusion : l’insatisfaction de tous les acteurs. Chez les producteurs, l’échec s’est notamment traduit par la réception tardive et insuffisante des appuis agricoles, ce qui impactait négativement les vergers et les rendements (défaut d’anticipation, délais de passation des commandes longs, produits livrés à contresaison).

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Système numérique

Du point de vue de ses objectifs, le Guichet producteurs vise à permettre aux producteurs de bénéficier sans intermédiaires de la subvention des intrants et petits matériels agricoles, équipements agricoles, infrastructures productives par la bancarisation et sa responsabilisation. Quant à son principe, la mise en œuvre de ce nouveau mécanisme qui se veut plus réaliste est adossée sur une base de données qui éclaire sur l’échiquier des producteurs de cacao et café du Cameroun. Le système aussi adossé sur le numérique, à travers deux principaux outils : les bons d’achats électroniques destinés aux producteurs et le cofinancement des plans d’affaires destiné aux organisations des producteurs.

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