ConjonctureA la Une

Camair co : echec du plan de relance Boeing

La Compagnie aérienne camerounaise peine à mettre en œuvre le calendrier de redressement proposé par Boeing Consulting. Les différents axes contenus dans ce vaste programme ont été renvoyés aux calendes grecques. Faute de pouvoir atteindre ces objectifs, l'entreprise se contente d'un service minimum de survie sous fond de sécheresse de trésorerie, climat social tendu et flotte quasi-inexistante.

Approuvé en juillet 2016, voici en substance ce que prévoyait le plan de Boeing Consulting, le constructeur aéronautique américain, pour la relance de la Cameroon Airlines Corporation (CamairCo): augmentation de la flotte par l’acquisition de 9 nouveaux appareils à l’horizon 2020, extension du réseau des dessertes à 27 destinations nationales, régionales et internationales, remboursement de la dette évaluée lors du lancement du plan de relance à 35 milliards de FCFA. 60 milliards de FCFA devaient également être injectés par l’Etat du Cameroun dans les caisses de la CamairCo. Réajusté en 2017 après l’arrivée d’Ernest Dikoum, l’actuel directeur général de la compagnie, ce plan connaît plusieurs ratés.
Le projet d’optimisation de la flotte CamairCo de 6 à 14 avions de 2016 à 2020 est en passe d’accoucher d’une souris. Les dernières nouvelles venues des entrepôts ne sont guère rassurantes pour la compagnie camerounaise. Qui ne dispose que de deux avions opérationnels au mois d’avril 2019: un Dash Q 400 Bombardier et un petit aéronef du constructeur brésilien « Embraer« , loué en Guinée Equatoriale. Le Boeing 737-300 ER « Le Dja », les Boeing 737-700, deux MA (Modern Ark) 60, au total 5 avions de sa flotte, étant hors service.


>> Lire aussi – Transport aérien: Camair co obtient sa certification IOSA


Face à cet impressionnant déficit d’aéronefs, la fréquence des vols CamairCo a chuté de 100 vols par semaines à une cinquantaine de vols hebdomadaires. Eloignant davantage la compagnie aérienne de son objectif de dessertes de 27 destinations nationales, régionales et internationales. Malgré les bons résultats enregistrés en 2018 avec un chiffres d’affaires de 26,6 milliards de FCFA réalisés, CamairCo reste lourdement endettée à l’endroit des Aéroports du Cameroun (Adc), de la Cameroon Telecommunications (Camtel), Eneo, ou encore à de plusieurs fournisseurs et prestataires de services.
Après 4 ans de mise en œuvre, aucun objectif contenu dans les axes de relance du plan Boeing consulting n’a été atteint.

Au 31 décembre 2018, le déficit de la compagnie aérienne camerounaise avait atteint 1,2 milliard de FCFA

Engagé par Frédéric Mbotto Edimo, alors directeur général de la compagnie, après sa validation en juillet…. par le président de la République, aucun manager n’a réussi à le concrétiser. Ni Jean-Paul Nana Sandjo, directeur général de la encore moins Ernest Dikoum, à ce poste depuis le 22 août 2016. Pourtant, d’après ses derniers résultats d’exploitation, l’entreprise aérienne affiche de bons chiffres. Certes insuffisants pour la redresser : ventes de 26,6 milliards de FCFA, en augmentation de 62% par rapport à 2017, 343.000 passagers transportés sur un réseau de 14 destinations dont 7 régionales et 7 domestiques, 200 tonnes de fret transportées, un taux de remplissage de 53%, de ponctualité de 49,9%.
Encore attendu du gouvernement camerounais, le décaissement de quatre enveloppes dans le cadre de la restructuration de l’entreprise : 5,5 milliards de FCFA destinés à la réparation du moteur des Boeing 737-700 cloués au sol, le reliquat de l’enveloppe de 2,5 milliards de FCFA pour l’acquisition d’un deuxième Dash Q 400 et un Boeing 737, 6,1 milliards de FCFA pour le lancement du mécanisme d’escompte, 48 milliards de FCFA destinés à la poursuite d’un plan de relance qui semble être voué à l’échec. Au 31 décembre 2018, le déficit de la compagnie aérienne camerounaise avait atteint 1,2 milliard de FCFA. CamairCo, c’est 3600 emplois indirects, 300 sous-traitants, 6 directions opérationnelles et 545 employés dont le traitement salarial connaît des fortunes diverses. Pour preuve, la correspondance des délégués du personnel de cette entreprise sommant les dirigeants de la compagnie de régulariser deux mois d’arriérés de salaires. Un conseil d’administration très tendu a tout de suite été convoqué. Au sortir duquel des solutions urgentes de sortie de crise ont été arrêtées, malgré celui de 2015 proposé par Boeing Consulting.

Le nouveau plan de relance d’urgence de CamairCo
Au lendemain de l’ultimatum lancé par les délégués du personnel de la Cameroon Airlines Corporation (CamairCo), s’est tenu à Yaoundé, un conseil d’administration. Parmi les points inscrits à l’ordre du jour, figurait celui de l’interminable situation de crise de la compagnie aérienne: l’état des aéronefs, la rentabilité des dessertes, le climat social au sein de l’entreprise entre autres. Au terme de plus de trois heures de travaux présidés par Louis Georges Njipendi Kuotu, les membres du conseil d’administration prendront un train de mesures transitoires de redressement, sur très hautes instructions du président de la République.
Le ministre des Transports, l’Autorité de l’aviation civile et le Conseil d’administration se sont accordés sur un cahier de charges à très court terme, compte tenu de la situation déliquescente de la Camair co. Il a ainsi été décidé de la réduction des fréquences et des dessertes non rentables. Sont ainsi visées, certaines lignes budgétivores régionales, internationales et même nationales.


>> Lire aussi – Transport aérien : Camair-Co appâte la clientèle des entreprises publiques et privées


Il est également prévu à très court terme, « une stabilisation de la flotte, avec au moins 1 MA60, 1 Q400, le B737 de Karinou et un autre avion de location ». Par ailleurs, dans un climat d’entreprise déjà suffisamment austère, de nouvelles mesures d’austérité ont été prescrites par le conseil. Autre mesure, une « reconstitution » de la flotte de la compagnie à très moyen terme avec l’acquisition au moins de 2 Boeing 737 NG en échange.

Le Conseil a prescrit au directeur général de déclencher sans délai le paiement des arriérés de salaire. Grande première au terme du conseil d’administration, les administrateurs en solidarité n’ont pas perçu leurs frais de session.

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page