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Camair-co : les employés broient du noir

Entre arriérés de salaire, absence de couverture santé, non-paiement des cotisations sociales...le personnel de la Camair-co broie véritablement du noir à la veille d'une énième tentative de restructuration et d'un processus d'ouverture de la majorité du capital social de l'entreprise à un partenaire stratégique.

Les syndicats de la Camair-co (Cameroon airlines corporation) apportent un démenti formel sur la manifestation déroulée ce 21 juillet 2020 n’était pas un mouvement de grève. «Notre mouvement venait en soutien aux travailleurs sinistrés mais résilients de notre compagnie aérienne», s’est exprimé Jules Frédéric Benga Nseke, le président de l’un des syndicats nationaux des transports aériens de la Camair-co.

Cette sortie inattendue d’une quarantaine d’employés syndiqués de la Camair-co survient au lendemain  de la mise en chômage technique  de 371 employés  de la compagnie aérienne, de la correspondance de restructuration et de relance de la Camair-co adressée par Ferdinand Ngoh Ngoh, le Secrétaire général à la Présidence de la République, au Secrétaire général des services du Premier ministre Séraphin Magloire Fouda. En plus des difficultés  de trésorerie qui plombent le fonctionnement de cette entreprise, le climat social reste tendu entre les employés, les 6 syndicats nationaux des transports aériens de la Camair-co et le Directeur général, Louis Georges Njipenji Kouotu. 

Si les présidents des syndicats se réjouissent de l’initiative du Président  de la République datée du 14 juillet 2020 portant restructuration et relance de la Camair-co, ainsi que de l’élaboration en urgence d’un plan d’ouverture à hauteur de 51% du capital social de la compagnie à un partenaire stratégique privé, ils restent néanmoins inquiets sur la situation du personnel. A la fin de ce mois de juillet, les employés de l’entreprise publique cumuleront exactement 5 mois d’arriérés de salaire. C’est en effet au mois de février 2020 que le personnel Camair-co a perçu son dernier traitement salarial. Estimé à près de 350 millions de Fcfa par mois, il provient essentiellement des perfusions financières de l’Etat, l’entreprise étant en quasi-cessation de paiement. La dernière enveloppe reçue par la compagnie aérienne camerounaise se chiffre à 500 millions de FCFA, débloqués par le ministre des finances. Sur 3 milliards de FCFA attendus du Directeur général Louis Georges Njipenji Kuotu.

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Autre point d’achoppement entre les employés et la direction générale, la police d’assurance maladie: «suspendue depuis fort plusieurs mois», confie un employé  de la compagnie. Tout comme le paiement bloqué du solde de tout compte des retraités  de la Camair-co, et  les cotisations sociales «prélevées, mais jamais payées», ajoute-t-il. Plusieurs employés de la Camair-co contactés par nos soins évoquent également «la crise de dialogue social» entre la direction générale et les employés, «malgré les instructions du ministre des transports et du président du conseil d’administration», précisent nos sources. Qui s’appuient sur plusieurs décisions unilatéralement prises par le directeur général, dont celle portant suspension de contrats d’une quarantaine d’employés, «en violation des dispositions su Code du travail (Art. 32 et 40)», indique un syndicaliste. 

La condition précaire de certains employés de la Camair-co coince par ailleurs entre le conflit latent entre Jean Ernest Masséna Ngalle Bibehe, l’actuel président du conseil d’administration de la Camair-co, ministre des transports, et le directeur général de la compagnie aérienne. Pour preuves, des résolutions du conseil d’administration du 19 janvier 2018 et du 17 mars 2018 prises par Louis Georges Njipenji Kouotu, alors président du conseil d’administration de la Camair co, peinent à être appliquées par ce dernier devenu directeur général. Ce malgré de fermes instructions de l’actuel président du conseil d’administration (régularisation des situations contractuelles et normalisation des carrières de certains personnels de la Camair co, assainissement du fichier du personnel de la Camair-co). 

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Le conseil d’administration tenu ce 18 mai 2020 est plus caricatural du climat social au sein de la Camair-co : «faisant suite à la réunion que j’ai présidé le vendredi 15 mai 2020, relative à la récurrence des tensions sociales et à l’opportunité de mise en chômage technique des personnels de la Camair-co, à laquelle le collectif des Syndicats nationaux des transports aériens  de la Camair-co et vous-même aviez pris part, je vous prie de bien vouloir mettre en place une plateforme de dialogue permanent pour mieux communiquer sur les actions de l’Etat propriétaire et échanger sur les pistes de développement  de la compagnie, initier au plus tard le mardi 19 mai 2020, une concertation avec le collectif des syndicats nationaux des transports aériens de la Camair-co, afin d’échanger sur l’opportunité  de la mesure  de mise en chômage technique et des modalités de leur mise en oeuvre, le cas échéant… », signait Jean Ernest Masséna Ngalle Bibehe à l’intention de Louis Georges Njipenji Kuotu. 

D’après le collectif des syndicats nationaux des transports aériens, le directeur général de la Camair-co va royalement ignorer les résolutions dudit conseil, ainsi que les instructions du président du conseil d’administration. «Il s’agit d’une insubordination», fait remarquer un membre du  collectif des syndicats. Les partenaires sociaux de la Camair-co encore sous contrat craignent d’ailleurs leur licenciement pur et simple dans les prochaines semaines.

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