Politiques Publiques

Cameroon Digital Week : critiqués pour la qualité de service internet, les opérateurs imputent une part de responsabilité aux pouvoirs publics

Virulemment indexés par les parlementaires et les membres de la société civile en marge de la Cameroon Digital Week pour la qualité du réseau, de l’écoute téléphonique, du forfait internet, etc., les opérateurs de téléphonie mobile opérant au Cameroun en l’occurrence, Camtel, Orange et MTN, ont exposé à leur tour, des facteurs externes qui impactent négativement les résultats attendus d’eux.

La Cameroon Digital Week qui se tient au Cameroun depuis le 16 octobre dernier, est aussi un moyen pour les opérateurs de téléphonie mobile et autres fournisseurs d’accès internent de démonter leur apport dans la transformation numérique au Cameroun. C’est à ce titre qu’a été organisé le 17 octobre dernier au Hilton, le forum sur « People and technology » ou encore le « FutureScape » le lendemain. En effet, les préoccupations des parlementaires, des membres de la Société civile ont été résumées dans l’intervention de Marie Mbala Biloa, présidente de l’association des bayam-sellam(Asby) du Cameroun. Cette dernière a notamment décrié la qualité de service (rapidité du réseau, disponibilité, cout des appels, coût de la connexion internet..) ainsi que la couverture du réseau à l’échelle nationale surtout dans les zones rurales. Des plaintes à n’en plus finir qui justifieraient à juste titre, l’amende de 6 milliards de Fcfa que l’ART a infligée à ces compagnies en mai 2023. La plus lourde  sanction ayant été servie à Orange Cameroun (2,2 milliards). Nexttel, la filiale  locale de Viettel devra payer (1,6 milliard). Tandis que MTN et Camtel ont respectivement écopé 1,4 milliard et 800 millions de Fcfa.

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Interconnectivité  

Toutefois, si les opérateurs virulemment critiqués reconnaissent les griefs portés à leur encontre, ils plaident tout de même pour que les pouvoirs publics soient davantage impliqués pour arriver aux résultats escomptés. Une manière très courtoise de relever que les responsabilités sont partagées. « Quand on parle de qualité du service, c’est souvent un problème collectif qu’il faut régler. En réalité, on a nos réseaux qui sont interconnectés. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, pour peu qu’il y ait un de nos  réseaux qui a les problèmes, les autres aussi sont entrainés dans les problèmes de qualité de service », a répliqué le Directeur général d’Orange Cameroun Patrick Benon, à la question de savoir si les opérateurs travaillent en synergie (au-delà de la concurrence) pour servir les Camerounais.

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Régulation

Sur la question de la couverture et même de la qualité de service, Patrick Benon estime qu’« au-delà des opérateurs (parce que nous avons aussi beaucoup à faire), il faut aussi avoir en tête qu’il y a des éléments qui ne dépendent pas que des opérateurs. Et je pense qu’il faut qu’il y ait une collaboration un peu plus large avec les autorités (c’est déjà le cas)…nous avons des problèmes d’interférence. A Yaoundé en particulier, beaucoup de points qui viennent interférencer nos fréquences et qui font que, quel que soit ce qu’on mettra comme équipements, on ne peut pas fournir la bonne qualité de service parce qu’il y a d’autres émetteurs qui émettent sur ces fréquences-là. Est-ce que les opérateurs peuvent les démanteler ? Non ! Parce que les opérateurs sont des entreprises privées qui n’ont pas de droit d’intervenir sur certaines choses. Donc, nous avons également besoin d’aide des autorités pour qu’on puisse régler un certain nombre de choses ».

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Energie et vandalisme

Outre ces obstacles, le Top management d’Orange Cameroun déplore les difficultés liées à l’énergie (auxquelles il suggère la possibilité de vulgariser le solaire), de sécurité et  « énormément de vandalisme sur la fibre optique qui fait que, même si Camtel fait beaucoup d’efforts, tant que ces problèmes de vandalisme ne sont pas réglés, on aura toujours les problèmes de qualité de service ». 

Dans la même veine, Amadou Saïd, responsable technique à Camtel explique  que la qualité de réseau encore insatisfaite par les mêmes actes d’incivisme malgré de gros investissements de l’entreprise publique. «  Nous avons un câble sous-marin qui arrive à Kribi. Nous devions normalement sécuriser Kribi par au moins, deux fois passant par Edéa, par Ebolowa. Mais les entreprises forestières et autres entreprises de travaux routiers, ont détruit le chemin pendant des années… », déplore le cadre avant de demander : « quand bien même les opérateurs auront réglé le problème d’énergie à leur niveau…si le client dans son domicile n’a pas d’électricité, la solution c’est quoi ? Je crois que c’est revenir auprès du gouvernement… ».

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Coût d’internet

Pour sa part, Mitwa Nga’mbi, le DG de MTN Cameroun s’est appesantie sur l’accessibilité au smartphone ainsi que son utilisation par le grand public. Par contre, au milieu de toutes ces interventions se situe Aline Mbono Ngono, secrétaire exécutive du Gicam. « A la décharge des opérateurs, il y a plusieurs facteurs exogènes qui peuvent faire qu’on ne soit pas satisfaits de la connexion internet. Ce n’est pas pour rien que dans le l’étude, on a mis le renouvellement du parc informatique. Un matériel vétuste peut vous donner l’impression que votre connexion n’est pas bonne mais surtout, le facteur exogène le plus fort c’est l’énergie. La plupart des entreprises qui ont été retenues sont des industriels. La capacité énergétique non atteinte des industriels est estimée à 380 MW. Ça veut dire que, quand ils doivent produire, il faut des choix intelligents… », a-t-elle clarifié.

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 Du reste, le taux de pénétration à internet se situe à environ 37%. A travers le Projet d’accélération de la transformation numérique au Cameroun (Patnuc) financé à hauteur de 61,730 milliards de Fcfa par la Banque mondiale, le Cameroun vise à l’horizon 2027,  une réduction d’environ 30% du prix en détail de l’internet mobile, une couverture internet de 70% et un taux de pénétration internet de 25% dans les zones ciblées mais non encore desservies.

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