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Cameroun : désaccords entre les syndicats autour de la revalorisation du Salaire minimum intergarenti (Smig)

A l’origine de ces désaccords, certains syndicats des travailleurs estiment qu’il faille inéluctablement réajuster le Salaire minimum intergarenti (Smig) à la suite de l’augmentation des prix à la pompe. Une position que ne partagent pas d’autres qui exigent au préalable, une application stricte du Smig entériné d’abord en 2014 puis revalorisé en février 2023.

En réponse à la hausse des produits pétroliers intervenue le 1er février 2023 au Cameroun, le gouvernement avait pris une batterie de mesures d’accompagnement. L’une d’elle consistait à faire passer  le Salaire minimum intergarenti (Smig) de 36 270 Fcfa à 41 875 Fcfa pour les agents de l’État relevant du Code du travail ; de 36 270 Fcfa à 45 000 Fcfa pour les employés du secteur agricole et de 60 000 Fcfa pour tous les autres secteurs d’activités. Avec la nouvelle hausse des prix à la pompe entérinée le 3 février 2024 soit un an après (le super augmenté de 15% pour se situer à 840 Fcfa tandis que le gasoil se situe à 828 Fcfa soit 13% de plus, Ndlr), les pouvoirs publics ont annoncé l’ouverture d’un dialogue avec le secteur privé sur la question du Smig.

Désaccords

Près de trois semaines après ce réajustement des prix du carburant, le Smig est resté inchangé. Les groupements syndicalistes ne s’accordent pas encore sur la formule à adopter. Pendant que certains invitent le patronat à s’arrimer à cette réalité en proposant une revalorisation du Smig, d’autres estiment qu’il faille plutôt commencer par appliquer de façon stricte, les deux précédents Smig qui ont été actés. C’est en tous cas, l’essentiel à retenir de la rencontre à Yaoundé le 19 février 2024 entre le ministre du Travail et de la sécurité sociale (Mintss) Grégoire Owona et les syndicats des travailleurs. « Nous avons demandé un Smig à 100 000 F, l’augmentation des pensions des retraités, etc. », fait savoir au poste national, Pierre Louis Mouangue, le secrétaire général de la Conférence des syndicats autonomes du Cameroun.

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Cette proposition de Pierre Louis Mouangue ne fait pas l’unanimité au sein de l’Union générale des travailleurs du Cameroun (Ugtc). « L’Ugtc n’est pas d’accord sur la discussion d’un nouveau Smig », tranche Isaac Bissala, président dudit mouvement syndical. Ce dernier justifie sa position par le fait que « les déterminants du Smig ne sont pas encore analysés au regard de la Convention n°131 de l’OIT concernant la fixation des salaires minima (qui en son article 1 stipule que tout membre de l’Organisation internationale du Travail s’engage à établir un système de salaires minima protégeant tous les groupes de salariés dont les conditions d’emploi sont telles qu’il serait approprié d’assurer leur protection , Ndlr) ». De plus, poursuit-il, « nous n’avons pas d’impact sur les entreprises et les conséquences économiques ; nous n’avons pas la situation globale et cas des filières majeures particulièrement impactées ; les Smig de 2014 et de 2023 ne sont toujours pas appliqués dans les branches d’activités ».  

Il faut dire que les doléances des syndicalistes ne sont pas fortuites dans la mesure où elles questionnent en toile de fond, l’efficacité des mesures concrètes prises par les autorités pour contraindre les entreprises à respecter les dispositions en vigueur en matière de Smig. Dans une interview accordée au média à capitaux publics Cameroon Tribune en avril 2023, Grégoire Owona indiquait pourtant, que le  principal défi est désormais de veiller à l’application du Smig. Pour lui, « les mécanismes de contrôles sont disponibles et l’Inspection du travail s’en sert lors des contrôles auprès des employeurs », rassurait-il. Toutefois, cinq mois plus tard, notamment au cours des 36ème et 37ème sessions du Comité de concertation et de suivi du dialogue social le 26 septembre 2023, le membre du gouvernement revenait à la charge en réitérant aux employeurs récalcitrants d’appliquer le Smig à leurs employés.

lire aussi : Appel à la grève des syndicats des travailleurs pour contester le Smig fixé par le gouvernement à 41 875 FCFA

Mesures d’accompagnement                                         

Le secteur privé camerounais est visiblement prêt à accueillir une nouvelle augmentation du Salaire minimum intergarenti mais il plaide tout de même pour des mesures d’allègement fiscal pour ne pas s’effondrer sous la pression des charges. « Nous avons parlé avec le ministre du Travail et nous lui avons dit que les industries vont devoir avoir les compensations parce que le coût des charges aujourd’hui pour les industries devient étouffant et on a décidé de continuer des discussions  mais par filière. Parce que vous avez des filières qui sont plus sinistrées que d’autres. Nous avons le souci de l’augmentation du transport. Si on veut véritablement que le socle du développement (et dont l’industrie en est le fer de lance) soit vive, il va falloir des mesures d’accompagnent », a déclaré Samuel Kondo, président du Syndicat des industries du Cameroun.

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