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Cameroun : le FMI redoute un risque sur la viabilité du budget en 2024

L’institution de Bretton Woods fonde ses inquiétudes sur le fait que les subventions aux produits pétroliers devraient encore causer une forte incidence sur le budget de l’Etat alors que le gouvernement dans son programme économique et budgétaire table plutôt sur une baisse de ces subventions à hauteur de 56% en 2024.

Au cours de l’exercice 2024, le Cameroun pourrait encore peiner à satisfaire aux exigences du Fonds monétaire international(FMI) ; celle de procéder à la réduction  voire la suppression de la subvention aux carburants. Ce qui aurait un impact sur le Budget annoncé en « légère hausse » comparé aux 6 726,9 milliards de la loi de finance rectificative 2023. C’est du moins, ce que révèlent les conclusions des  5emes revues du programme appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC) et le Mécanisme élargi de crédit (Medc) dont le communiqué a été rendu public le 17 novembre dernier.

En effet, alors que le gouvernement dans son Document de Programmation économique et budgétaire 2024-2026(publié en juillet 2023) table sur une baisse des subventions aux produits pétroliers passant de 453,3 milliards en 2023 à 200 milliards de Fcfa en 2024 soit une chute de 253,3 milliards de Fcfa(-55, 8%), l’on apprend plutôt que l’allocation y afférente pourrait aussi être conséquente sinon, plus consistante que prévue. « Les subventions aux combustibles pèseront encore lourdement sur l’exécution du budget en 2024, mettant en péril sa viabilité, à moins que des mesures ne soient prises pour en modérer les coûts », prévient le FMI. Le Fonds explique ces prévisions haussières par le fait qu’«  une part substantielle des subventions en 2023 devrait également être reportée en 2024 ».

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Autant dire qu’il s’annonce difficile pour le Cameroun, de satisfaire à l’exigence du FMI ; celle de la réduction de 30%, la subvention aux carburants afin d’assurer le retour de l’équilibre budgétaire d’autant plus que le pays n’est nullement épargné par l’inflation mondiale. «Le Cameroun ne peut pas faire autrement que de continuer à subventionner face à cette situation d’inflation du pétrole », confie une source au Minfi avant de nuancer « mais, si on veut conclure en beauté le programme en juin prochain et négocier la conclusion d’un nouveau programme en juillet, on n’aura pas d’autres choix que de satisfaire cette exigence qui se justifie malheureusement».

Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques(Ocde), « la viabilité budgétaire correspond à la capacité d’un État à maintenir les finances publiques dans une position crédible et fonctionnelle sur le long terme ». Et pour garantir cette viabilité, le gouvernement camerounais, rapporte le FMI, s’est engagé à réduire encore le déficit primaire hors pétrole pour le ramener à moins de 2 % du PIB et l’encours de la dette publique à 40 % du PIB en 2024. A l’immédiat, « l’encours de la dette publique devrait passer de 45 % du PIB fin 2022 à moins de 42 % fin 2023 », indique le communiqué.

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Toutefois, il y aurait d’autant plus péril sur la viabilité du budget dans la mesure où, le Cameroun projette déjà une baisse des recettes pétrolières passant de 902 milliards en 2023 à 807 milliards de Fcfa en 2024(-25%). Toute chose qui pourrait entre autres se justifier par la production du brut qui s’établirait à 21,4 millions de barils (-9,7%). Pour soutenir ces pertes, le pays devrait instaurer de nouveaux impôts, d’après une récente annonce du  ministre des Finances Louis Paul Motaze. Mais il faudrait encore que ces nouvelles mesures fiscales soient effectivement mises en  pratique pour atteindre les résultats qui seront fixés par la loi de finances que vont examiner les parlementaires sous peu.

Perspectives optimistes

A regarder de près, le FMI qui reconnaît que « le Cameroun a encore fait preuve de résilience face aux différents chocs extérieurs qui se sont succédé », reste néanmoins optimiste sur les perspectives économiques du pays. A titre d’illustration, à court terme, le FMI prévoit une réduction du déficit global passant de 1,1% du PIB en 2022 à 0,7% en 2023 tandis que le déficit primaire hors pétrole devrait baisser de 3,9 à 2,5 % sur la même période. A long terme, « après une augmentation de 4 % en 2023, la croissance du PIB réel devrait s’accélérer pour atteindre 4,3 % en 2024. L’inflation globale sur 12 mois devrait s’atténuer, passant de 7,2 % en 2023 à 5,9 % en 2024 », note l’institution bancaire.

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Le respect de ces indicateurs permettrait sans doute au pays de Paul Biya de bénéficier d’un financement supplémentaire d’environ 89 milliards de Fcfa (145,4 millions de dollars) au titre du FEC-Medc dont l’accord de prorogation d’une durée de 12 moins (jusqu’en juillet 2025) vient d’être trouvé entre les deux parties.

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