Cameroun le gouvernement ressuscite le projet de délocalisation de la prison de Yaoundé
Lors de son passage devant les membres de la Commission du Budget et des Finances de l’Assemblée nationale en novembre dernier, le ministre de la Justice a égrené le chapelet de difficultés qui retardent le lancement de ce projet annoncé depuis 10 ans, ainsi que les nouvelles orientations qu’il souhaite y apporter.
En 2020, une nouvelle prison a été réceptionnée à Ngoma, un quartier-village, dans l’arrondissement de Douala 5eme, situé à 19 kilomètres du centre-ville. A plus de 250 km de la capitale économique, plus précisément à Yaoundé, le gouvernement nourrit la même ambition depuis 2014. Malheureusement le projet connaît des fortunes diverses. Il s’agit essentiellement de difficultés qui retardent le lancement de la mise en œuvre de cette initiative, dont l’objectif ultime est de désengorger la prison centrale de Yaoundé, largement surpeuplée. Au mois de novembre, lors de son passage devant les membres de la Commission du Budget et des Finances de l’Assemblée nationale, Laurent Esso, ministre de la Justice, garde des Sceaux a fait l’économie de ces obstacles.
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Le projet de délocalisation de la prison centrale de Yaoundé, consistait en la construction d’une maison d’arrêt de 300 places dans la petite bourgade de Mbankomo, située à 30 minutes de la ville de Yaoundé. Le site qui devait en principe accueillir le nouvel établissement carcéral a même été identifié. Malheureusement, le gouvernement s’est heurté à l’hostilité des populations qui déploraient la proximité entre la nouvelle prison et les habitations. Ces incompréhensions n’ont pas été levées depuis lors. Le gouvernement songe actuellement à délocaliser le projet vers un autre site qui respecte l’impératif soulevé par les populations de Mbankomo. «Il serait opportun pour les administrations concernées d’envisager, pour l’avenir, une ceinture de sécurité domaniale autour des projets de construction de prisons. Cela aurait l’avantage d’empêcher l’émergence de nouveaux pôles de développement à forte population dans ces zones initialement éloignées des centre-ville», ont préconisé les parlementaires.
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Pour mémoire, c’est en mars 2014 que le ministre de la Justice, garde des Sceaux a lancé un appel à manifestation pour la sélection d’un bureau d’étude technique chargé de réaliser les études «architecturales techniques, et géotechniques pour la construction d’une prison principale de 300 places à Mbankomo». A l’époque, ce département ministériel indiquait que ledit projet est partie intégrante d’une vaste stratégie de décongestion des prisons camerounaises, célèbres pour leur promiscuité.
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