Politiques Publiques

Cameroun : le lancement du 4e recensement de la population et de l’habitat conditionné par la mobilisation de 22 milliards de Fcfa

Le Premier ministre vient d’instruire le ministre de l’Economie d’accélérer les démarches pour boucler les financements de ce projet gouvernemental annoncé depuis 10 ans.

Institué par décret présidentiel du 15 septembre 2015, le 4e recensement général de la population et de l’habitat (Rgph) couplé au Recensement général de l’agriculture et de l’élevage (Rgae), n’a pas encore été réalisé 10 après. D’après les conclusions du Conseil de Cabinet présidé par le Premier ministre Joseph Dion Ngute le 28 mars 2024, c’est le manque de financement qui freine le projet gouvernemental. A date, seuls les 65 % de l’enveloppe requise sont déjà disponibles contre 35% qu’il reste encore à mobiliser. « Une enveloppe de l’ordre de 42 milliards de Fcfa sur un budget total de 64 milliards de Fcfa a d’ores et déjà été mobilisée. Compte tenu des contraintes inhérentes à la disponibilité des ressources, il est apparu opportun de mutualiser les opérations de dénombrement du 4e recensement avec celles du module de base du recensement général de l’agriculture et de l’élevage. Toute chose qui nécessiterait des besoins cumulés d’environ 22 milliards de Fcfa pour les activités de collecte et post-censitaire », fait savoir le communiqué des Services du Premier ministre.

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A en croire le ministre de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire Alamine Ousmane Mey, l ’ensemble des activités préalables sont parachevées à l’instar de l’élaboration des documents techniques, de la formation du personnel d’encadrement ainsi que la réalisation de la cartographie censitaire (procédé qui consiste à délimiter le territoire national en zone de travail, Ndlr) et du recensement pilote. Toutefois, apprend-t-on, il faudrait encore procéder à la sélection et la formation des agents recenseurs, la conduite de la communication censitaire et le comptage de la population.

Des sources proches du dossier renseignent que « l’absence de réalisation de ces opérations à la fin du premier trimestre 2024 conduirait à un nouveau décalage de manière à rendre obsolètes, les données issues de la cartographie censitaire ». Pour éviter un énième report, « le Premier ministre a prescrit au Minépat d’engager ou de compléter dans les meilleurs délais possibles, des démarches requises pour le bouclage financier des opérations ».

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Pour rappel, en 2023, le Bureau central des recensements et des études de la population (Bucrep) a lancé un appel d’offres visant à recruter 32 059 agents recenseurs. Au 12 septembre 2023, le Bucrep comptait déjà, après Joël Hervé Efon, chef d’unité cartographique au sein de l’institution publique, 21 000 candidats signalés en ligne.

Option numérique

Dans un entretien accordé au quotidien national Bilingue Cameroon Tribune en 2023, André Mbairano Dji, chef d’unité cartographie du 4e Rgph soulignait que « le recensement implique la descente effective sur le terrain des agents recenseurs parce que c’est au niveau des ménages qu’ils administrent les questionnaires, pourtant, quand il y a insécurité, ce n’est pas évident de réaliser sereinement le recensement ». Pour pallier cette inquiétude, le gouvernement camerounais a opté pour une approche numérique. « Des informations qui dorénavant seront mobilisées à travers les tablettes ; c’est le choix que le Cameroun a fait ; celui d’un recensement digital qui intègre des instruments de collecte qui vont aider la collecte, le traitement et la diffusion et l’archivage qui sera fait le moment venu », a expliqué au média national, le ministre de l’Economie.

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Importsubstitution

Après un énième report de novembre 2023, il n’y a pas de nouvelle projection pour le démarrage effectif du 4e Recensement général de la population après ceux de 1976 ;1987 et 2005. Cependant, sa matérialisation s’avère indispensable dans la mesure où elle pourrait servir de boussole au Plan triennal intégré d’import-substitution 2024-2026 qui vient d’être lancé par les pouvoirs publics. Dans ce contexte, le Rgae permettrait de produire des informations statistiques sur toutes les exploitations de l’agriculture et de l’élevage et leur environnement, à contribuer à la mise en œuvre d’un Système permanent et intégré des statistiques agropastorales (Spisa).

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