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Cameroun : le risque de surendettement extérieur reste élevé

Selon le Think Tank Nkafu Policy Institute, le Trésor public pourra difficilement, dans un futur proche, honorer ses engagements financiers sur les marchés obligataires.

Le Nkafu Policy Institute, un Think Tank au sein de la Fondation Denis & Lenora Foretia, qui produit une analyse indépendante pour renseigner les débats publics, publie ce jour son rapport sur le budget 2021 de l’Etat du Cameroun. Cette année, il a marqué un point d’arrêt sur la viabilité de la dette publique. Il en ressort, principalement, que la dette publique du Cameroun, bien qu’elle reste soutenable (estimée à 46,9 % du Pib, demeurant ainsi en dessous du seuil communautaire de 70 %), « fait peser sur l’économie un risque de surendettement extérieur encore élevé. Ce résultat signifie qu’en l’absence d’actions concrètes et radicales du gouvernement pour réduire son rythme d’endettement, le Trésor public camerounais pourra difficilement, dans un futur proche, honorer tous les engagements financiers de l’État sur les marchés obligataires, notamment en ce qui concerne le paiement du service de la dette ».

Le rapport signale que certains indicateurs de la dette et du service de la dette dépassent de manière considérable les seuils de référence à court terme sur toute la période de l’étude comprise entre 2021 et 2030. « Face à une telle situation, il est urgent que le gouvernement définisse et mette en œuvre une politique budgétaire efficace et efficiente, capable de porter le Cameroun vers le niveau de développement espéré d’ici 2035. Ceci passe notamment par une importante réallocation plus optimale des ressources afin de garantir des investissements productifs et un développement humain durable. Le rapport met l’accent sur la nécessité de garantir la compétitivité des entreprises nationales, laquelle passe, notamment, par la promotion des investissements privés nationaux et le choix des prêts à taux préférentiels qui exigent le rachat et ou l’annulation de certaines composantes de la dette publique du pays », souligne le document.   

L’étude préconise un certain nombre de propositions de politique économique au gouvernement camerounais afin de réduire le fardeau de la dette. Concrètement, le Cameroun doit davantage promouvoir la compétitivité de son économie ainsi qu’une plus grande diversification de sa production. « Ces options sont aujourd’hui incontournables pour éviter que le surendettement extérieur qui pèse actuellement sur le pays n’affecte la croissance et l’investissement », relève-t-elle. Deuxièmement, le pays doit privilégier des conditions concessionnelles lorsqu’il décide d’emprunter sur le marché international pour financer son déficit budgétaire, l’enjeu étant d’assurer un paiement régulier du service de la dette correspondant. « En plus d’intégrer des conditions de concessionnalité, l’endettement public au Cameroun devrait apporter une contribution significative au développement économique. Pour y parvenir, il faut naturellement privilégier les dépenses d’investissement qui servent à la production, au détriment des dépenses de fonctionnement. Une telle stratégie pourrait permettre à l’État d’identifier au préalable la source du remboursement du service de la dette ainsi que les moyens de rembourser le principal à échéances ». En troisième lieu, le renforcement du partenariat public-privé est également indispensable pour éviter le surendettement extérieur du Cameroun. « L’avantage de ce système de financement est qu’il permet à l’État ainsi qu’aux citoyens de bénéficier des innovations conçues par les entreprises privées. Le partenariat public-privé apparaît ainsi comme un mode de financement alternatif plus abordable à court terme pour le secteur public », explique le Nfafu Policy Institute.

Jules Omer Eyango

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