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Cameroun : les bénéfices des entreprises publiques ont chuté  de 60% en 2022

Cette contreperformance est attribuable à la baisse drastique de la rentabilité financière de certaines entreprises notamment celles relevant du secteur primaire.

En 2022, le résultat net global des Entreprises et établissements publics(EEP) au Cameroun s’est établi à 52,9 milliards de Fcfa. Selon le « Concours financiers de l’Etat aux entreprises et établissements publics » ; un document annexé à la loi de finances 2024, ces bénéfices ont été réalisés par 44 entités sur les 47 du portefeuille de l’État les 03 autres (PAL, Shnc et Camtainer) ne transmettent pas d’états financiers depuis plus de trois exercices. Bien que positif, ce chiffre est en baisse de 79,6 milliards de Fcfa (-60%) par rapport aux 132,5 milliards de Fcfa enregistrés en 2021.

Les états financiers contenus dans ledit document permettent de constater que la contreperformance des entreprises publiques est liée à plusieurs facteurs. Tout d’abord, le secteur primaire constitué de l’agriculture, l’élevage et l’exploitation forestière affiche un déficit de -10, 887 milliards de Fcfa en 2022(-188,7% contre 1 924 milliards un an avant). Ceci est dû à l’aggravation de la rentabilité financière de deux entreprises. Il s’agit de la Cameroon Development Corporation(CDC) ; entreprise agricole basée au Sud-Ouest avec un déficit de -64,8% en 2022 contre -58,3% un an plus tôt. Malgré une nette amélioration (-19,5%) par rapport à -22,1% en 2021, les bénéfices de l’Anafor restent au rouge.

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Bien que le secteur secondaire ait globalement tréalisé une performance positive (7,3%), la branche construction comptabilise tout de même un repli de 2% notamment imputé au Parc National de Matériel de génie civil (Matgénie), qui connaît une chute de -21,3% de son bénéfice en 2022 comparés à 10,2% en 2021. Dans la même veine, l’Etat du Cameroun n’a pas tiré profit de la Compagnie camerounaise d’aluminium(Alucam) en 2022. Le bénéfice de l’entreprise s’est davantage creusé pour se situer à -100,6% comparativement à -5,7% en glissement annuel. Le Lavanet a aussi essuyé -16,3%(contre -1% en 2022) ou encore la Sodepa (-1%).

Au niveau du tertiaire, la rentabilité financière de la Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co) se situe à -14,6% en 2022 par rapport à -13,5% en 2021. De même, le Chantier naval et industriel du Cameroun(Cnic) a tiré le résultat net des entreprises publiques vers le bas avec un score de -41,5% contre -19,9% en 2021. Toute chose ayant abouti à un taux global de rentabilité financière des EEP de 6,1% au Cameroun en 2022 contre 15,1% un an plus tôt. Du coup, la marge bénéficiaire est passée de 27,1% en 2021 pour se situer à 23,6% un an après.

 Contrats de performances

Le rendement peu reluisant des entreprises et établissements publics au Cameroun démontre la nécessité d’implémenter les contrats de performances. Dans un rapport publié en juillet 2023 en marge de la validation de la quatrième revue du Programme économique et financier signé avec le Cameroun, le Fonds monétaire international(FMI) révélait une liste de 04 premières entreprises à mettre sous contrats de performances dès le mois de novembre dernier. Il s’agit, selon l’institution de Bretton Woods de : Cicam, l’ancien roi du textile en Afrique centrale devenu un simple figurant dans la filière  ; et le PAD, l’entreprise chargée de la gestion du port de Douala-Bonabéri, Camtel, l’opérateur historique des télécoms, Camair-Co, le transporteur aérien public.

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Pourtant, l’effectivité de ces instruments permettrait non seulement de doper les performances en réduisant les subventions de l’Etat, mais également, d’éviter les risques budgétaires. « Il a été donné de constater la faible performance des établissements et entreprises publiques dans l’accomplissement de leurs missions statutaires et dans la génération de profits ; le poids important de ces structures sur les finances publiques, à travers des opérations d’apport de trésorerie, de subventions ou de recapitalisation par l’État ; les risques budgétaires pour l’État, dont la responsabilité pourrait être appelée du fait du passif global et de l’encours importants des engagements financiers de ces structures », déplorait  le ministre des Finances, Louis Paul Motaze dans une circulaire signée le 6 juillet 2022.

En attendant, la situation des subventions d’exploitation versées aux EEP en 2022 fait état de 117, 264 milliards de Fcfa en 2022 en hausse de 26,387 milliards de Fcfa en glissement annuel. De l’autre côté, 370, 694 milliards ont été débloqués pour subventionner les investissements de ces entreprises publiques à la même période soit un bond de de 94,58 milliards de Fcfa par rapport à 2021. Ajouté à ces charges la dette interne et externe de ces mêmes entités, l’Etat se trouve forcément sous pression. Pour preuve, d’après la Caisse autonome d’amortissement(CAA) la dette des EEP est ressortie à 877 milliards de Fcfa à fin septembre 2023 soit 511 milliards (57,6%)  de dette extérieure et 375,6 milliards de Fcfa de dette intérieure (42,3%).

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