Cameroun : pourquoi les objectifs de recettes douanières baissent de 31 milliards en 2023
Selon la Direction générale de la Douane, cette révision est due à la situation et des perspectives de l’économie mondiale.
Les objectifs de collecte sur les recettes douanières au Cameroun pour le compte de l’exercice en cours ont été revus à la baisse. Annonce a été faite à Douala le 18 août dernier par Edwin Fongod Nuvaga, le Directeur général de la Douane (DGB) à l’occasion de la cérémonie d’évaluation trimestrielle des contrats de performances dans les secteurs des douanes du Littoral I, du Littoral II et du Sud II.
En effet, fixés en début d’année budgétaire à 1004,7 milliards de Fcfa, les objectifs prévisionnels de recettes des Douanes camerounaises ont été ramenés « par le collectif budgétaire de juin 2023 », à 973,7 milliards de Fcfa. Soit une diminution de 31 milliards de Fcfa (-3,2%) par rapport au montant initial.
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Sommairement, le DGD lie cette révision à « la situation et des perspectives de l’économie mondiale ». Dans le détail, apprend-t-on de bonnes sources, cette revue à la baisse s’explique par 03 principales raisons. Il s’agit en premier, de la crise russo-ukrainienne avec pour corollaire la contraction des flux commerciaux à l’international. En effet, ce conflit déclenché le 24 février 2022(et qui se poursuit), continue d’impacter les chaines d’approvisionnement à l’échelle mondiale. Ce qui de cause à effet devrait affecter le volume des échanges commerciaux du Cameroun. Dans le Bulletin du Patronat édition de novembre 2022, le Gicam relève entre autres conséquences de cette crise, le blocus des principaux ports ukrainiens ; les effets pervers des sanctions croisées entre la Russie et l’Union européenne qui aggravent les difficultés de transactions internationales.
Pourtant, l’Ukraine et la Russie sont les principaux partenaires commerciaux du Cameroun. Du moins, à en croire la Note sur le Commerce extérieur du Cameroun en 2021 publiée par l’Institut national de la statistique(INS), l’Ukraine est le 10e fournisseur du pays avec une valeur de 102, 9 milliards de Fcfa(soit 2,7% des importations totales). D’après la même source, la Russie est 4e avec une enveloppe de 263,8 milliards de Fcfa(6,8%).
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APE et Zlecaf
L’autre facteur pouvant expliquer la baisse des prévisions de recettes de la douane réside sur les pertes fiscales liées aux Accord de partenariat économique(APE). Le 4 août dernier, la 8e phase de démantèlement tarifaire est entrée en vigueur. « Les marchandises originaires de l’Union européenne sont éligibles au bénéfice du tarif préférentiel à l’importation, aux taux de démantèlement du droit de douane ainsi qu’il suit : 100% pour les produits du Groupe 1 ; 100% pour les produits du Groupe 2 ; 40% pour les produits du Groupe 3 », indiquait le minière des Finances. Toute chose qui aura sans doute des répercussions sur les caisses du Cameroun. Déjà, le Rapport sur l’économie camerounaise en 2022 dressé par le Minepat relevait que le Trésor public camerounais a enregistré des pertes fiscalo-douanières de 13,4 milliards de Fcfa pour la seule année 2022. Sur les cinq dernières années, le pays a enregistré des pertes de l’ordre de plus de 52 milliards de FCFA.
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De plus, la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale (Zlecaf) avec le lancement en octobre 2022, du commerce guidé qui vise 7 pays du continent dont le Cameroun, est un autre souci. Le pays de Paul Biya ne sera donc pas épargné de cet objectif de la Zlecaf à éliminer progressivement les droits de douanes sur 90 % des marchandises même si le commerce interafricain ne représente qu’à peine 20% pour le moment. Rappelons que le 2 juillet 2023, le Cameroun accueillait, à partir du Port de Kribi, un volume de 20 tonnes de résines importées de la Tunisie par l’entreprise Inoda Industry Sarl sous le régime préférentiel de la Zlecaf.
Autant dire que le collectif budgétaire s’est juste voulu prudent et vigilant car, malgré ce contexte défavorable à la collecte des recettes, la Direction générale de la Douane a collecté au premier semestre 2023, des recettes de l’ordre de 486,4 milliards de Fcfa. Or, la DGD la DGD s’est fixé un objectif de 470,4 milliards de Fcfa au cours de cette période, soit un taux de réalisation de 103,4%. Ces réalisations budgétaires sont en hausse en glissement annuel de 78,6 milliards de Fcfa (+19,3%) par rapport aux 407,8 milliards de Fcfa mobilisés au premier semestre 2022.
En termes de perspectives, le Fonds monétaire international prévoit que la croissance mondiale devrait passer de 3,5 % en 2022 à 3 % en 2023 et 2024.
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