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Camrail: comment l’Etat s’apprête à injecter 7,8 milliards sans l’audit de la concession

Sur la base du rapport d’enquête incriminant la filiale du groupe Bolloré dans la catastrophe d’Eséka, le chef de l’Etat avait promis, en mai 2017, un audit de son contrat en vue d’une plus grande implication des pouvoirs publics dans le secteur ferroviaire.

Cité par Jeune Afrique en septembre 2018, le directeur général de la Cameroon Railway (Camrail), le Français Pascal Miny, faisait savoir que son entreprise manquait de trésorerie. Il espérait en urgence un apport financier de l’Etat du Cameroun d’un montant de 1,2 milliard Fcfa pour réhabiliter onze véhicules cinquantenaires, remisés depuis des lustres. On n’en sait rien des tractations menées depuis lors en vue de la satisfaction de cette attente, mais le président de la République vient de décider d’une intervention beaucoup plus importante. Le 27 janvier dernier, Paul Biya a habilité, dans deux décrets respectifs, le ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, Alamine Ousmane Mey, à signer des conventions de crédit acheteur avec la Standard Chartered Bank, d’un montant cumulé de 7,8 milliards Fcfa, pour l’acquisition de quatre locomotives pour le compte de Camrail. Lesdites locomotives seront affectées au transport des voyageurs. Cette décision est prise en respect des engagements pris par l’Etat du Cameroun dans le cadre de la convention signée il y a 20 ans (1999) avec le groupe Bolloré.

Certains préalables semblent simplement n’avoir pas été remplis avant une telle intervention. Notamment l’audit de la concession de 1999 en passant par les avenants de 2005 et 2008, pour savoir si effectivement les tâches dédiées à la société Camrail ont été bien remplies

Certains préalables semblent simplement n’avoir pas été remplis avant une telle intervention. Notamment l’audit de la concession de 1999 en passant par les avenants de 2005 et 2008, pour savoir si effectivement les tâches dédiées à la société Camrail ont été bien remplies. C’était d’ailleurs l’une des prescriptions phares du rapport d’enquête commandé par le chef de l’Etat à la suite de l’accident ferroviaire du 21 octobre 2016, qui avait fait officiellement 79 morts et 575 blessés. Celui-ci proposait, entre autres, des mesures visant à limiter les risques de survenue d’une telle catastrophe à l’avenir. Paul Biya avait surtout, au terme de cette enquête, promis une plus grande implication de l’Etat dans le secteur ferroviaire, en tant que garant de la sécurité des Camerounais. L’Etat du Cameroun entendait ainsi reprendre la main dans le volet transport des personnes en termes de contrôles, de procédures, de ressources humaines, etc.

Pour respecter tous les engagements pris par le Cameroun dans le contrat de concession, Paul Biya avait par ailleurs annoncé qu’une société de patrimoine serait créée pour gérer le chemin de fer qui demeure le patrimoine de l’Etat. Cette entreprise est censée prendre la forme de l’Autorité aéronautique civile du Cameroun ou l’Autorité portuaire nationale. Mais avant, il est attendu une relecture du contrat avec le groupe Bolloré. Préalable pour lequel un avis d’appel à manifestation d’intérêt pour la présélection des cabinets, entreprises ou groupements, avait été lancé en 2015. Sans suite.

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