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Carburants : vers une hausse du prix à la pompe ? 

En expliquant en marge d’une sortie médiatique que les subventions au titre du soutien aux tarifs des hydrocarbures devraient s’élever à 672 milliards Fcfa en 2022 contre 100 milliards Fcfa en 2021, le ministre du Commerce semble préparer l’opinion à un prochain réajustement des prix des carburants à la pompe.

672 milliards Fcfa. C’est, si l’on en croit le ministre du Commerce et non moins président du Conseil d’administration de la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (Csph), Luc Magloire Mbarga Atangana, le montant que devrait dépenser l’Etat du Cameroun en termes de subventions aux carburants pour la seule année 2022, en cas de maintien des prix à la pompe (650 Fcfa pour le super, 600 Fcfa pour le gasoil et 350 Fcfa pour le pétrole lampant). Dans le détail, 253 milliards Fcfa devraient aller au soutien du tarif du super, 376 milliards Fcfa à celui du gasoil et 43 milliards pour le pétrole. Dans le Document de programmation économique et budgétaire à moyen terme du gouvernement, il apparaît que ces subventions au titre du soutien des prix à la pompe étaient de 100 milliards Fcfa en 2021, soit une différence de + 572 milliards Fcfa par rapport à l’année dernière. Dans ce même document, les prévisions du gouvernement en termes d’accroissement  de ces subventions étaient de + 20 milliards Fcfa seulement sur la période 2022-2024. Celles-ci anticipaient, notamment, une remontée progressive du cours du baril après son effondrement du fait de la pandémie de la Covid-19.

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Cette remontée du cours du Brent a été, malheureusement, accélérée et s’avère plus prononcée depuis le déclenchement de la guerre entre l’Ukraine et la Russie, fin février. Le cours du baril de pétrole brut, qui avait progressé sur le marché international de 51 dollars à 91 dollars (+78%) entre janvier 2021 et janvier 2022, a bondi à 139 dollars début mars 2022 du fait de ce conflit dont les conséquences pour l’économie camerounaises semblent encore imprévisibles. En effet, depuis l’incendie de la Société nationale de raffinage (Sonara) en 2019, incendie qui a conduit à la fermeture de l’unique raffinerie du Cameroun,  le pays importe en totalité les produits pétroliers finis vendus sur son territoire. Or, selon le ministre du Commerce, qui a donné une conférence de presse le 30 mars dernier sur la hausse généralisée des prix au Cameroun,  le tarif hors subvention d’un litre de super  revient actuellement à 1016, contre 1027 Fcfa pour celui du gasoil et 849 Fcfa pour le pétrole lampant.

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La sortie de Luc Magloire Mbarga Atangana semble participer d’une stratégie visant à préparer l’opinion nationale quant à un éventuel réajustement du prix des carburants à la pompe, eu égard aux tensions de trésorerie auxquelles le Cameroun fait face. En tout cas le projet d’une hausse des tarifs des hydrocarbures est en cours de maturation au sein du gouvernement, qui subit depuis plusieurs années la pression du Fonds monétaire international (Fmi) pour un gel des subventions de ces produits à la pompe. Et si le gouvernement passait à l’action, quelle que soit la proportion de cette hausse, il faudrait s’attendre à un effet boomerang sur le coût des transports et des produits de première nécessité. Un scénario catastrophe pour l’immense majorité des ménages camerounais dont le pouvoir d’achat est déjà fortement mis à mal par l’affolement des prix à la consommation finale. Pour mémoire, la dernière hausse du prix des carburants au Cameroun, soit 81 Fcfa sur le super et 80 Fcfa sur le gasoil, remonte au 1er juillet 2014.

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